Sud'Mag #017

Octobre 2024 | SUD'MAG #17 7 Une économie à l’agonie et une deuxième vague de victimes économiques des exactions. Depuis le 13 mai, la Nouvelle-Calédonie se débat pour ne pas sombrer, maintenue à la surface par l’État dont nous n’avons, ironie du sort, jamais été aussi dépendants. De cette ivresse de destruction, les premiers effets se font ressentir. Et ce sont surtout les populations les plus fragiles qui en pâtissent. L’économie calédonienne est à l’agonie. Selon la dernière note de l’IEOM du 7 septembre 2024 (Institut d’Émission d’Outre‑mer), l’indicateur du climat des affaires au deuxième trimestre s’effondre à un niveau historiquement bas. Les importations et les exportations connaissent une forte baisse, la production de crédits à l’habitat des ménages est en chute libre (-49 %), et la production métallurgique est en forte baisse. Le secteur touristique est quasiment à l’arrêt. Ces indicateurs conjoncturels mettent en évidence une situation économique catastrophique. Elle se traduit d’ores et déjà par un taux de chômage de plus de 30 % dans le secteur privé (il était de moins de 10 % avant le début des exactions). Toutes les entreprises qui n’ont pas été brûlées accusent une baisse de leur chiffre d’affaires de près de 50 % au mois d’août. Par effet domino, les recettes fiscales s’effondrent. Le congrès de la Nouvelle-Calédonie a estimé cette perte fiscale à plus de 40 milliards de francs. La province Sud, collectivité regroupant 75 % de la population néo-calédonienne, déplore déjà une perte de près de 10 milliards de francs, soit 30 % de recettes perdues en moins de trois mois. Face à ce terrible constat, et pour tenter de maintenir une assistance aux victimes, la province Sud doit une fois de plus rogner sur ses propres finances. Ce sont autant d’associations qui ne pourront être accompagnées, de dispositifs destinés à accompagner la jeunesse qui ne seront pas financés ou encore de nouveaux investissements qui ne pourront être lancés pour soutenir l'économie. L’heure est à la survie pour l’institution et aux choix douloureux. La présidente de la province Sud, Sonia Backès, a déploré à de nombreuses reprises, face à certains qui tentaient de faire de la récupération politique de ces sujets sensibles, « l’audace de dire des choses comme si rien ne s’était passé le 13 mai. Mais je vais vous dire une chose. Concernant le collège de Rivière-Salée que nous devons fermer, la réalité est qu’il aurait déjà dû l’être suite aux dégâts qu'il a subi bien avant. Comme d’autres collèges, d’ailleurs. Mais parce que nous avions la possibilité, parce que la Province a fait des efforts de gestion depuis des années, nous avions la possibilité de nous permettre le luxe d’avoir des collèges remplis à 60 %. Depuis le 13 mai, c’est fini. » La province Sud ne pourra plus faire preuve de générosité et, face à ce cataclysme économique, devra se serrer la ceinture, au détriment de tous. Comment faire venir des médecins quand ils se font voler tous les jours, quand ils se font menacer, quand ils reçoivent des insultes racistes tous les jours ? Mais même lorsqu’elle en a encore les moyens, c’est le contexte d’insécurité qui l’empêche d’agir. Comme au dispensaire de Yaté, Thio où l’île des Pins, où les centre médico-sociaux se retrouvent contraints d’avoir un fonctionnement dégradé, voire de fermer. « Notre collectivité fait tout ce qu’elle peut pour avoir des médecins. Mais comment faire venir des médecins quand ils se font voler tous les jours, quand ils se font insulter, quand ils se font menacer, quand ils reçoivent des insultes racistes tous les jours ? Comment attirer des médecins ? Mais à un moment donné, il faut se poser les bonnes questions. » La reconstruction, le retour au dynamisme économique, ne se fera une fois de plus qu’avec l’aide de l’État, qui répond présent depuis le début des émeutes. Mais l’avenir du pays ne pourra être pris en compte qu’avec une prise de conscience de tous les Calédoniens. Les effets dévastateurs des exactions se font ressentir

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