10 SUD'MAG #22 | Mars 2025 FOCUS Fidèle à sa ligne de conduite en matière d’anticipation, la collectivité n’attend pas pour continuer de réduire ses coûts de fonctionnement. Un choix responsable en attendant la concrétisation des annonces de l’État pour le soutien et la reconstruction. Gérer une province qui accueille à elle seule sur son territoire plus de 75 % de la population n’est pas une mince affaire. La gestion financière des institutions et collectivités publiques interroge régulièrement alors que nombre d’entreprises, leurs salariés et leurs familles, sont quotidiennement touchés par le chaos économique engendré par les exactions de mai 2024. « La province Sud, faisant déjà figure de modèle en matière de gestion depuis 2019, nous allons accroître nos efforts de réduction des coûts de fonctionnement en 2025, explique Nicolas Pannier, secrétaire général de la collectivité. L’objectif de ces économies sur nos dépenses courantes est de conserver notre capacité d'investissement pour relancer très rapidement la commande publique et soutenir l’ensemble des secteurs de l’économie calédonienne ». À marche forcée Pour 2025, la collectivité va ainsi devoir geler 140 postes, baisser ses crédits de remplacement et le niveau du dispositif PPIC, le Programme provincial insertion citoyenne. La province Sud se voit également contrainte de réduire drastiquement ses frais de déplacement et ses dépenses de formation. « Les mois ayant suivi les exactions, la province Sud avait déjà dû prendre des décisions drastiques afin de maintenir son équilibre budgétaire, souligne Nicolas Pannier, en réduisant notamment de plus de 4,5 % la masse salariale des fonctionnaires avec le non-renouvellement de trois départs sur quatre, mais aussi en réduisant les horaires d’accueil de certains de ses services. Un effort qui était déjà conséquent ». La collectivité a également voté en faveur d’un ticket modérateur sur les dépenses d’aide médicale et un contrôle accru des actes. Mises bout à bout, ces adaptations ont permis d’économiser un milliard de francs en 2024. Un milliard d’économies supplémentaires sont attendues avec les nouvelles dispositions en 2025, en attendant l’aide de l’État. Des efforts continus depuis 2019 « Ce n’est pas la première fois que la province Sud consent à des efforts importants, rappelle Nicolas Pannier. En réalité, depuis 2019, nous avons largement diminué nos charges de fonctionnement pour augmenter le niveau d’investissement. Jusqu’en mai 2024, c’était un pari largement gagnant. Mais à ce moment-là, c’était un choix volontariste ». Ainsi, entre 2019 et 2024, la province Sud avait déjà baissé ses dépenses de fonctionnement de 12 %, notamment par une maitrise de la masse salariale et une réduction drastique des dépenses d’interventions. 150 postes ont été supprimés entre 2020 et 2022, avec un effectif initial de 2550 agents. Des directions ont été fusionnées et les dépenses de fonctionnement ont marqué une baisse de 2,5 milliards de francs pour une gestion plus efficace de l’argent public avec notamment la réintégration à la Province de programmes comme la MIJ, les mesures d’assistance éducative ou encore le Parc des Grandes Fougères. Une baisse sans précédent depuis le début de l’accord de Nouméa. La Province a également travaillé à la dématérialisation tant en interne que pour ses usagers de la plupart des services qu’elle peut offrir. Des ajustements ont en outre été engagés et des propositions formulées quant aux délégations de compétences du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, insuffisamment compensées. « L’objectif a toujours été le même : mettre fin aux inégalités, mutualiser les moyens mis à la disposition des différentes institutions de la Nouvelle‑Calédonie et au-delà avoir une gestion plus juste et éclairée de l’argent public calédonien ». Toutes ces décisions, jusqu’en mai 2024, ont bénéficié directement à l’ensemble de la population dans l’enseignement, les transports, l’environnement, l’équipement communal, la santé, l’habitat, l’aménagement, l’économie et l’emploi, la jeunesse, le sport ou encore la culture. Autant de domaines qui ont pu se développer par ce biais. « Aujourd’hui nous pouvons parler d’un ajustement forcé, et aussi d’un devoir d’anticipation au regard des conséquences catastrophiques induites par la destruction aveugle du tissu économique calédonien, plus particulièrement en province Sud, précise Nicolas Pannier. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre pour agir ». Les dispositifs déjà en place depuis les exactions demai 2024 -Proposerauxagentsdepasser leurtemps detravailet leursalaireà90%. -Mettreenplaceuneboursedemobilité internepourpourvoirtouslespostes nenécessitantpasdediplômeoude formationspécifique. -Optimiser lecoûtencarburantdes véhicules. -Ajuster ledispositifdesboursesscolaires quivoitsonbudgetpasserdeplusd’un milliarddefrancsà675millionsdefrancs. -Réduirelesplagesd’ouverturedecertains services. -Diminuer lessubventionsaccordéesde l’ordrede30%. Coûts de fonctionnement La Province intensifie ses efforts Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre pour agir. Nicolas Pannier, Secrétaire général de la province Sud
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