202503 - mars MD

Mars 2025 | SUD'MAG #22 23 VIVRE MA PROVINCE C’est un pari gagné qui a pris fin le mardi 25 février dernier, six ans après le premier lâcher de moustiques porteurs de la bactérie Wolbachia par la mairie de Nouméa, le 9 juillet 2019, place des Cocotiers. Un projet salvateur qui a permis de répondre rapidement et efficacement à des enjeux économiques, sociaux et sanitaires majeurs avec l’explosion des cas de dengue, la pression sur les établissements publics, les épandages d’insecticides devenus inefficaces et de moins en moins tolérés par les populations, les coûts astronomiques pour la Nouvelle‑Calédonie et ses collectivités, « de l’ordre d’un à deux milliards de francs par épidémie » à l’époque, comme l’a rappelé Claude Gambey, membre du gouvernement chargé de la santé et de la protection sociale au cours de cette réunion-bilan à la CPS, la Communauté du Pacifique Sud. Aujourd’hui, le World Mosquito Program (WMP) tient toutes ses promesses. « Avec près de 90 % des moustiques porteurs de Wolbachia sur l’ensemble du Grand Nouméa, la Nouvelle-Calédonie enregistre sa cinquième année consécutive sans épidémie et aucun cas de dengue n’a été recensé depuis le 1er janvier 2025 », se réjouit Nadège Rossi, coordinatrice du programme en Nouvelle-Calédonie. Une réussite rendue notamment possible grâce à l’engagement de milliers de bénévoles-citoyens et à l’action collective des partenaires, parmi lesquels la province Sud, qui a rejoint le WMP en 2020 pour « aider à lutter contre les épidémies de dengue et étendre ce dispositif sur l’ensemble du territoire provincial », a souligné l’élue, Léa Tripodi. La vigilance reste de mise Même si le programme est un succès, la vigilance reste de mise, comme l’a rappelé Marc Jouan, directeur général de l’Institut Pasteur en Nouvelle-Calédonie. « La surveillance devra être maintenue et renforcée pour éviter l’introduction d’autres espèces de moustiques et déclarer les cas de dengue introduits. » Enfin, le travail collectif a été vivement salué par l’ensemble des partenaires publics, parmi lesquels : l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, la province Sud, l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, ainsi que les communes de Nouméa, Dumbéa, Mont-Dore et Païta. La recherche et l’innovation au service de la santé publique Au nom de la présidente de la province Sud, Sonia Backès, Léa Tripodi a vivement remercié l’ensemble des partenaires pour cette belle initiative collective qui met en lumière l’importance de soutenir la recherche scientifique, « pilier essentiel du développement des pays. En tant qu’institution, nous avons le devoir de favoriser au maximum la recherche et l’innovation pour améliorer la qualité de vie des populations et répondre aux défis mondiaux. » Aujourd’hui, le WMP a démontré son efficacité dans diverses régions du monde, y compris en Amérique latine et en Asie, où des projets similaires ont été lancés. Le programme vise à lutter contre les maladies transmises par les moustiques comme la dengue, mais aussi le Zika et le chikungunya. Les résultats positifs en Nouvelle-Calédonie renforcent l’idée que cette méthode peut être appliquée avec succès dans d’autres contextes insulaires et tropicaux. Après six ans, le programme de lutte contre la dengue en Nouvelle-Calédonie prend fin. Investie depuis 2020, la province Sud a engagé 13 millions de francs contre ce fléau planétaire. LeWorld Mosquito Program, une victoire collective contre la dengue POURQUOI EST-CE IMPORTANT? Il existe différents types de dengue, causés par quatre sérotypes distincts du virus de la dengue, appelés DENV-1, DENV-2, DENV-3 et DENV-4. Chaque sérotype est suffisamment différent pour que l’infection par l’un d’eux ne confère pas une immunité complète contre les autres. Cela signifie qu’une personne peut être infectée par la dengue à plusieurs reprises, une fois par chaque sérotype. En Nouvelle-Calédonie, les quatre sérotypes du virus de la dengue ont circulé régulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale. Le nombre de cas de dengue dans le monde a considérablement augmenté ces dernières décennies. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les cas signalés sont passés de 505430 en 2000 à 5,2 millions en 2019. Cependant, la majorité des cas sont asymptomatiques ou bénins et ne sont donc pas signalés, ce qui signifie que le nombre réel de cas est probablement beaucoup plus élevé. On estime que 100 à 400 millions d’infections surviennent chaque année.

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