SudMag #23, avril 2025

GRATUIT L'ACTUALITÉ DE LA PROVINCE SUD www.sudmag.nc | #023 | Avril 2025 Place à la relance

3 ÉDITO RESPONSABLE DE LA PUBLICATION : Soni a Backès | RÉDACTEUR EN CHEF : Ni col as Pannier. RÉDACTION : Di rect ion de l a communi cat ion de l a prov ince Sud. P H OT O S : N i c o l a s B o n n e a u , F a b r i c e We n g e r, S u d To u r i s m e . MO N TA G E : D i r e c t i o n d u S y s t è m e d ' I n f o r m a t i o n e t d u N u m é r i q u e ( D S I N ) . I MP R E S S I O N : 3 5 0 0 0 e x e m p l a i r e s - E I P E d i t i o n s & I m p r e s s i o n s d u P a c i f i q u e , s u r d u p a p i e r g é r é d u r a b l e m e n t F S C | I S S N 2 4 9 7 - 6 9 0 3 . MAGAZINE INTERACTIF RETROUVEZ-NOUS EN LIGNE Vous trouverez des QR Codes dans les pages du Sud'Mag. Ils vous permettent d’accéder à du contenu supplémentaire et détaillé en lien avec les articles du magazine. Utilisez votre smartphone et flashez-les. Toute l’actualité de la province Sud à tout moment, disponible sur votre ordinateur, tablette et smartphone : sudmag.nc Dites-nous ce que vous en pensez ! Donnez-nous votre avis sur le SudMag que vous avez entre les mains afin que les prochains numéros répondent toujours à vos attentes. Formulaire en ligne : province-sud.nc/form/suggestion-sudmag À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles I ls étaient les grands oubliés de la crise, ceux qui ont été parmi les plus vulnérables et les moins soutenus au lendemain de l’insurrection ayant débuté le 13 mai 2024. Durant ces derniers mois, les patentés n’ont pas pu bénéficier du chômage partiel et les très petites entreprises de dispositifs spécifiques pour les accompagner. Beaucoup de ces chefs d’entreprise ont pourtant décidé de se battre pour maintenir leur activité et nous avons décidé de les rencontrer afin de mieux comprendre de quelle façon nous pourrions les accompagner. Tous nous ont précisé ne plus vouloir d’aides directes, mais simplement vouloir travailler… C’est ainsi qu’est né le dispositif Sud Pro. Une plateforme numérique destinée à mettre en relation des professionnels qui ont besoin d’investir, de lancer des travaux, et voir leurs factures réglées par la province Sud. Au total, la collectivité a prévu une enveloppe d’un milliard de francs pour financer ce dispositif innovant en faveur de près de 4000 entreprises. Le cercle se veut vertueux : l’argent n’est dépensé que lorsqu’il est consommé dans l’économie, les entreprises ont du travail, elles peuvent payer leurs charges et donc des impôts et assurer le financement de nos missions de service public. Afin de redonner de la confiance, notre souhait a également été de venir en aide à nos jeunes arrivant sur le marché du travail qui, depuis que l’économie a été mise à terre, peinent à trouver un emploi stable. Sud Jeunes a été imaginé pour eux, sous forme d’une prime à l’emploi versée à l’entreprise afin de stimuler leur embauche en province Sud. Puis nous avons enfin décidé de prendre à bras-le-corps le problème de la pénurie aggravée de personnels soignants, notamment d’infirmiers en créant Sud Santé qui se veut être un package expérimental afin de faire en sorte que notre territoire dispose de tous les talents dont il a besoin. Nous allons ainsi proposer des kits attractivité pour ces professionnels, une aide à la mobilité des infirmiers stagiaires et des aides financières pour les étudiants des filières soins infirmiers afin de pourvoir les postes vacants au plus vite et ainsi participer à l’efficacité de la réponse médicale. En déployant Sud Pro, Sud Jeunes et Sud Santé, ce sont plus d’1,7 milliards de francs qui seront investis dans des actions concrètes, ambitieuses, innovantes et je le souhaite efficaces, afin d’impulser une relance ambitieuse. Enfin, la province est la première collectivité à avoir engagé les travaux de reconstruction de ses voiries et bâtiments incendiés ou vandalisés l’an dernier, l’objectif est de donner un maximum de visibilité au secteur du bâtiment et des travaux publics sur ces 16 chantiers. Presqu’un an après avoir vécu l’une des pires périodes de l’histoire de la Nouvelle‑Calédonie, je peux vous l’affirmer : nous sommes toujours à vos côtés pour reconstruire et, ensemble, rien ne nous arrêtera. Sonia Backès, Présidente de l’assemblée de la province Sud.

4 #23La lettre d’information de la province Sud pour rester informé chaque semaine Abonnez-vous en suivant le lien : province-sud.nc/mon-compte SOMMAIRE Sud Pro, Sud Jeunes et Sud Santé : trois dispositifs pour une relance ambitieuse 6 Les points sur les aides aux études supérieures 10 Païta, une commune en reconstruction 18 3 Édito 28 Un nouvel outil pour lutter contre les violences intrafamilialest 29 138 millions pour l'association ACCUEIL 30 Explorez le lagon de la province Sud autrement 16 La DEL : En première ligne de la fracture sociale

5 C’est une bouffée d’oxygène pour les petites entreprises et un signal fort pour tous les Calédoniens : l’aide de l’Etat à hauteur de 144,8 millions de francs est un pas de plus vers la relance économique, « essentielle pour les entreprises et pour le moral des Calédoniens » a assuré le Haut‑commissaire. Au sein du Pôle technique de la province Sud (PTPS), Louis le Franc a réitéré le soutien de l’État « pour redonner des perspectives et restaurer la confiance en NouvelleCalédonie ». À ses côtés, la présidente Sonia Backès a réaffirmé la détermination de la collectivité pour accompagner efficacement les acteurs économiques locaux dans cette phase de relance qui a bel et bien commencé : « La reconstruction publique avance et elle représente 1,7 milliards de francs de soutien de l'Etat. Merci Monsieur le Haut‑Commissaire pour votre engagement, afin que nous puissions avancer et reprendre de l’activité au plus vite. Merci d’être à nos côtés. » La province Sud tournée vers la relance Le Haut-Commissaire a vivement salué l’engagement de la présidente Sonia Backès : « C’est la première fois que je me déplace pour marquer la concrétisation de l’aide de l’Etat dans le cadre de la reconstruction. Merci à la province Sud pour son initiative et son efficacité à mettre en place cette commande publique qui vous permet de reprendre de l’activité. Le soutien financier publique de l’Etat passe aussi par ce canal pour vous aider. » Jean-Pierre Breymand, directeur de la DAEM, et ses équipes techniques, ont également été mis à l’honneur pour leur travail acharné : « Nos services et les petites entreprises locales sont pleinement mobilisés pour permettre à 150 agents de retrouver leur bureau. » À ses côtés, Sonia Backès a tenu à remercier les agents provinciaux pour leur engagement sans faille face aux destructions : « Vous n’avez pas baissé les bras et avez même protégé votre outil de travail parfois au péril de votre sécurité. Merci pour votre courage et votre détermination à ne rien lâcher. » Reconstruire pour tous les Calédoniens Dans cette phase de reconstruction publique le Haut-commissaire a enfin réitéré le soutien de l’Etat pour tous les Calédoniens : « La Calédonie est précieuse pour la France et la reconstruction sera pour tous les peuples en Nouvelle‑Calédonie et pas qu’un seul. » Et parce que la justice doit passer, « ceux qui ont commis les dégradations auront à rendre des comptes » a assuré le Haut‑commissaire avant d’ajouter : « Ensemble, ne baissons pas les bras. La relance est engagée. Gardons confiance en l’avenir. C’est tous ensemble que nous reconstruirons. » Rénovation du Pôle technique , un chantier symbolique ZOOM SUR

6 SUD'MAG #23 | Avril 2025 ACTUALITÉS Les chiffres sont glaçants : 5 % des entreprises calédoniennes interrogées en février 2025 par la CCI ont définitivement mis la clé sous la porte après les émeutes de mai 2024. 10 % sont encore à l’arrêt. Et 66 % ne croient plus en l’avenir de leur activité. Face à ce désastre économique, la province Sud met en place Sud Pro, un dispositif d’aide à la trésorerie 100 % numérique. Pour Nicolas Pannier, secrétaire général de la province Sud, l’objectif est clair « accompagner la reprise d’activité, tout en soutenant les échanges économiques au sein de la collectivité. Dans toutes les rencontres que nous avons pu avoir avec les entreprises, le manque d'activité est systématiquement cité. Pour aider les TPE, il nous fallait trouver un mécanisme innovant et ciblé ». Sud Pro repose ainsi sur une logique simple et structurée. Les entreprises éligibles, dites « Acheteurs », se voient attribuer à l’inscription 250 CREDISUD, soit l’équivalent de 250 000 francs. Ces points sont à utiliser exclusivement auprès d’autres entreprises implantées en province Sud, inscrites comme « Prestataires » sur la plateforme numérique. « Concrètement, l’Acheteur choisit un bien ou un service dans l’annuaire des prestataires, valide un devis, puis une facture. La province Sud règle directement le Vendeur à hauteur du montant engagé. Ce mécanisme garantit un soutien direct à deux acteurs économiques pour chaque opération, tout en assurant transparence et traçabilité grâce à l’interface numérique ». Une plateforme 100 % numérique Pour pouvoir bénéficier du dispositif, les entreprises doivent répondre à des conditions simples : être immatriculées avant le 1er mars 2025, disposer d’un effectif entre zéro et deux salariés, et avoir leur siège et leur activité principale en province Sud. Certaines activités sont exclues*. « Le cadre imposé va permettre de cibler l’aide sur les structures les plus vulnérables et d’orienter les fonds publics de manière rigoureuse et cohérente comme nous l’avons toujours fait », précise Nicolas Pannier. Pour Sonia Backès, présidente de la province Sud, « ce dispositif illustre une nouvelle façon d’agir pour l’économie. Les petites structures étaient jusqu’à présent les grandes oubliées des dispositifs ou mécanismes mis en place pour faire face à l’urgence. Sud Pro traduit notre volonté de construire une réponse adaptée, réactive et durable » aux effets de la crise engendrée par les exactions lancées en mi 2024. La simplicité d’utilisation de la plateforme, combinée à un système de suivi intégré, en fait un outil moderne et accessible. Il permet aux entreprises de bénéficier d’un appui rapide, tout en renforçant les liens entre acteurs économiques locaux. * Notamment les sociétés civiles immobilières, les holdings, ainsi que les secteurs de l’industrie extractive, du tabac, des boissons alcoolisées ou encore des télécommunications et des activités financières. Dans la continuité des plans d’urgence déployés par la collectivité depuis mai 2024, la province Sud lance un dispositif innovant d’aide à la trésorerie pour les très petites entreprises (TPE) tourné sur le soutien concret à l'activité. Sud Pro Unmilliard pour le cœur économique de la Province

Les patentés et les TPE étaient jusqu’à présents les grandes oubliées de la relance économique Sonia Backès, présidente de la province Sud. 7 ACTUALITÉS CREDISUDEN5 ETAPES 1. Une plateforme 100%numérique Sud Pro repose sur une application simple d’utilisation, accessible aux entreprises de la province Sud. 2. Deux types d’acteurs Les bénéficiaires (Acheteurs) : les patentés et les très petites entreprises (TPE) répondant aux critères d’éligibilité. Les prestataires (Vendeurs) : entreprises locales proposant des biens ou services. 3. Un principe de points Chaque entreprise bénéficiaire reçoit 250 CREDISUD, soit 250 000 F CFP. Ces points servent à régler des prestations (biens ou services) auprès des prestataires inscrits sur la plateforme. 4. Un circuit d’échange local L’Acheteur choisit un prestataire dans l’annuaire intégré à l’application. Un devis est validé, puis la prestation réalisée. La facture est transmise et validée via la plateforme. La province Sud verse directement au prestataire la somme correspondant aux points utilisés. 5. Une aide encadrée Les dépenses sont exclusivement réalisées auprès d’entreprises implantées en province Sud. Le dispositif garantit la transparence grâce à un système de suivi intégré. 6. Des bonifications Un bonus est accordé pour les entreprises qui utilisent tout ou partie de leurs CREDISUD auprès soit : - d’un patenté ou d’une TPE (effectif salarié = 0, 1 ou 2 salariés) - d’une entreprise dont l'activité principale est située auMont-Dore Sud. Ce bonus est crédité à l’entreprise acheteuse et correspond à 20%du nombre de CREDISUD utilisés dans ces conditions. CHIFFRE 1 milliard de francs C'est lemontant, en francs, que la province Sud va investir dans le dispositif Sud Pro

8 SUD'MAG #23 | Avril 2025 ACTUALITÉS Les textes votés par les élus en assemblée auront un fort impact dans les jours qui viennent et donneront un sérieux « coup de pouce à la reprise économique » comme l’a souligné la présidente de l’assemblée de la province Sud. « Les dispositifs ont vocation à soutenir la relance économique d’une part et à améliorer la situation sanitaire de la Nouvelle-Calédonie d’autre part. » Pour relancer l’activité économique, la Province met sur la table 1,7 milliard de francs : 1 milliard pour les patenté et les TPE (lire page 6 et 7), 500 millions pour aider à l’embauche de jeunes salariés de moins de 30 ans et 200 millions pour l'attractivité et le pack à destination des infirmiers. Des mesures saluées par Naïa Wateou, présidente de la commission du développement économique : « Ces dispositifs répondent à une urgence. L’effort budgétaire est massif, ces fonds restent sur notre territoire et soutiennent le tissu économique en province Sud et participeront à de futures recettes fiscales. » En faveur des jeunes … La crise économique liée aux émeutes a engendré deux autres conséquences : d’une part la destruction d’emplois salariés, d’autre part la pénurie de professionnels de soins et le manque d’attractivité pour les métiers du secteur. La Province a donc décidé d’agir pour encourager l’embauche de jeunes de moins de 30 ans qui peinent à trouver une place et favoriser l’attractivité des professionnels de soins sur le territoire. En complément des aides déjà existantes, la Province a donc renforcé son engagement via le dispositif Sud Jeunes. L’objectif est d’inciter les entreprises à embaucher des jeunes de moins de 30 ans. « Le premier constat est que les jeunes se retrouvent en concurrence avec des personnes plus expérimentées prêtes à être moins payées pour retrouver du travail, souligne Sonia Backès. Le deuxième constat est que malheureusement les entreprises faute de visibilité n’embauchent que pour des périodes très courtes. L’objectif est de donner un coup de pouce à ces jeunes en Jeudi 24 avril, l’assemblée provinciale a voté à l’unanimité un plan de relance d’envergure de 1,7 milliard de francs CFP. L’occasion de découvrir, en plus du dispositif Sud Pro, deux autres mesures. L’une pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes et l’autre afin de répondre à la pénurie d’infirmiers grâce à un pack attractivité. Desmesures fortes pour redonner confiance

Avril 2025 | SUD'MAG #23 9 ACTUALITÉS encourageant les entreprises à les embaucher pour des contrats plus longs. » L’aide prend alors la forme d’une prime à l’emploi versée à l’entreprise, modulée selon la durée du contrat de travail. Cette aide constituera un levier direct pour stimuler l’emploi des jeunes Calédonien en province Sud devrait permettre l’embauche de plus de 1 000 jeunes en province Sud. … et pour le recrutement des infirmiers Autre préoccupation majeure pour la population est donc la province Sud : lapénuriedepersonnelssoignantsnotamment d’infirmiers s’est aggravée avec les émeutes de mai 2024. Il manque actuellement 200 infirmiers dans le secteur privé en province Sud. « Dans les établissements de santé, les Ehpad ou encore les cliniques, le manque de personnels infirmiers génèrent des fermetures de lits et une surcharge pour les équipes médicales », déplore la présidente de l’assemblée de la province Sud. « Quant au gouvernement, il doit agir pour pourvoir tous les postes manquants au Médipôle dont il a la charge. » Face à ce constat, la province Sud a donc décidé de mettre en place un plan, nommé Sud Santé, en trois temps. Tout d’abord à court termes, avec la possibilité d’offrir une prime d’installation, une aide au loyer et au billet d’avion pour attirer rapidement du personnel qualifié. Mais également sur le moyen termes, avec un accueil de stagiaires en fin de formation venus d’ailleurs. Et enfin à long termes, avec l’octroi de 10 bourses par an pour former localement de futurs professionnels de santé. Avec ce plan de relance, la province Sud assume pleinement son rôle moteur dans le développement économique du territoire. Elle agit avec pragmatisme, dans un esprit d’efficacité et de solidarité. Dans ce contexte inédit, elle confirme sa capacité à proposer des solutions concrètes et durables, au plus près des besoins des Calédoniens.

10 La Direction de l’emploi et du logement Enpremière ligne de la fracturesociale

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12 SUD'MAG #23 | Avril 2025 Renforcer lesmoyens humains, déployer les innovations numériques à plus large échelle, et poursuivre le travail partenarial engagé avec les acteurs économiques et sociaux. Ces trois objectifs fixés par la DEL de la province Sud ont été largement malmenés l’année dernière suite aux violence initiées depuis le 13 mai et qui a touché en premier lieu l’emploi en province Sud. « Du jour au lendemain, des familles se sont retrouvées sans revenus et le chômage partiel est loin d’être accessible à tous. Avec 9 500 demandeurs d’emploi actifs en mars 2025, la province Sud fait face à une hausse de 35 % en un an, explique Marie Benzaglou, directrice de la DEL. Certaines de nos antennes ont été directement touchées. Certains de nos agents aussi et pourtant, dès la mi-juin, nous avons réouvert, et au même titre que nos demandeurs d’emploi, nous avons été émotionnellement impactés. La première chose que nous avons dû gérer, c’est l’état de choc », ajoute Christophe Bergery, secrétaire général adjoint.. Des mots durs, mais qui soulignent une réalité qui semble vouloir s’installer dans la durée. « Si depuis dix mois nous avons sû réagir en urgence notamment en travaillant et en ouvrant désormais en continu, nous sommes aujourd’hui confrontés à une forte augmentation du nombre de demandeurs d’emploi. Il n’y a qu’à regarder le hall pour comprendre l’ampleur de la situation». 9500 demandeurs En effet, l’accueil de la DEL de Ducos, c’est le même scénario qui se répète depuis sa réouverture en juin dernier. Les guichets ne désemplissent pas. Si l’effervescence est visible, l’inquiétude des administrés est également palpable. Ici, ils viennent chercher des réponses, parfois immédiates, à leur difficulté. Pour Jean-Claude, 43 ans et quatre enfants, habitant de Robinson « la situation est très compliquée. J’étais salarié sur la zone de Kenu-In et pour moi venir ici, c’est un peu chercher de l’aide pour trouver un emploi. Ce n’est pas la première fois que je viens, mais moralement, c’est difficile à accepter ». Travailler sur la confiance en soi, la revalorisation de son expérience et prendre conscience que l’aide publique si elle ne peut pas tout, reste une force. Le “vivier” de la province Sud est éclectique et regroupe « toutes les catégories socio‑professionnels, tient à souligner l’équipe encadrante. Les entreprises ne doivent pas avoir une mauvaise image de notre vivier. Nous avons des personnes très “employables” et notre travail consiste à aider les deux parties à se rencontrer ». Pour y parvenir, la DEL s’est dotée de nouveaux outils pour répondre avec agilité au marché du travail calédonien. Mais il faut parfois aussi reconstuire la confiance en soi. Pour y parvenir, la DEL a lancé un ensemble de formation et coaching ouverts aux demandeurs d’emploi. Gaëlle Nastasi, l’une des formatrices agrées, a entièrement repensé son atelier “Softs Skills” suite aux émeutes. « J’ai créé de nouveaux modules au sein de cet atelier car j’ai vu arriver un public fragilisé par la situation, souvent en perte de confiance et sans avoir conscience de toutes les compétences qu’ils peuvent avoir développé au cour de leur carrière. Demander à une personne qui a travaillé dans la même société depuis 20 ans de retrouver un emploi, c’est pour certains une démarche qu’ils jugent impossible. Il faut s’adapter à un nouveau ryhtme, de nouvelles méthodes. Il est important de se prouver à quel point nous sommes capables de rebondir. Je suis là pour les aider et accompagner la direction dans cette voie ». Postuler utile… Une voie qu’il n’est pas toujours facile de trouver pour les demandeurs d’emploi. À l’exemple de Thérèsa, licenciée en mai dernier suite à l’incendie de la société qui l’employait depuis une vingtaine d’années. « Pour moi ça a été un choc total. Je me suis retrouvée à près de 50 ans sans emploi. Après 50 CV sans réponse, j’ai décidé de me faire aider dans mon parcours. J’ai eu le réflèxe de m’inscrire en ligne auprès de la DEL et j’ai ensuite suivi un atelier d’employabilité et une formation plus longue pour me reconvertir. Aujourd’hui j’ai retrouvé un CDD, mais je vais continuer à me former. Je n’ai pas le choix. » Un « choix » que c’est également imposé Kévin qui, à 40 ans et père de deux enfants, a décidé de prendre un nouveau départ. « Je travaillais sur Goro et les allers-retours ne correspondaient plus à ce que je voulais pour moi et mes enfants. Mais se retrouver sur le marché du travail pour entamer une reconversion, il faut beaucoup de volonté si on est seul. J’ai décidé de prendre contact avec la DEL pour changer de métier et vivre sur Nouméa car dans mon expérience précédente, le secteur est devenu compliqué. Je passe d’opérateur logistique à brancardier et après une formation et toute la paperasse administrative, je suis maintenant dans l’attente de réponses des employeurs ». Pour les demandeurs d’emplois, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans un marché en total mutation depuis le début des exactions. La DEL propose de multiples services qui ne se limitent pas « venir pointer, loin de là ! précise Marie Benzaglou. Nous aidons aux démarches administratives, à la reconversation, à la création d’entreprise, au développement des compétences professionnelles et aux techniques de recherche d’emploi. Nous avons choisi de poursuire notre accompagnement de proximité. Il est nécessaire de venir nous voir car on voit beaucoup de personnes qui ne savent pas s’y prendre ou qui ont besoin d’aider pour postuler utile. ». Avec 45 conseillers emploi/logement et 3 conseillers insertion, la DEL propose un suivi personnalisé. 65 % sont polyvalents, capables de traiter à la fois les problématiques d’insertion professionnelle et d’accès au logement. Depuis sa création, la DEL a renforcé sa présence hors de Nouméa, doublant presque ses effectifs dans l’agglomération et les communes rurales. Une organisation mise à mal depuis mai 2024. … et maximiser ses chances Même si la palette de solutions et opportunités proposées par la DEL n’est pas exhaustive, elle a le mérite de pouvoir répondre quasi de manière quasi individualisée à chaque demandeur d’emploi. La difficulté actuelle réside dans le nombre de demandeurs face à un marché du travail restreint, mais il ne faut pas se décourager. Pour Antoine, à 57 ans, la pilule reste difficile à avaler. Ce cadre n’avait jusqu’à présent rencontré aucune difficulté pour trouver du travail, « mais dans la situation actuelle, après mon licenciement et avoir cherché sans résultat, j’ai fini par récemment contacter la DEL car j’avais le sentiment que ma carrière professionnelle en tout cas en Nouvelle-Calédonie était terminée. Les conseillers m’aident aujourd’hui à ouvrir le champ des possibles pour me reconvertir. Reprendre une entreprise, faire un bilan de compétence ou encore changer de secteur ou de profession. Voire même me mettre à mon compte ! J’ai compris qu’il fallait s’ouvrir à de nouvelles opportunités pour maximiser mes chances de rebondir et pour cela il est nécessaire d’être accompagné ». Ne pas se sentir seul. Ne pas s’isoler, c’est aussi l’une des missions de la direction de l’Emploi et du Logement. Et pourquoi pas se former en partenariat avec les organismes présents sur le territoire. C’est le choix de Charlotte qui a décidé de se lancer « dans une formation individuelle avec la CCI. Je ne savais pas que la DEL pouvait m’aider à financer en partie cette formation et cela a été un grand soulagement. Je remplissais l’ensemble des critères pour y parvenir et j’ai décidé de faire de mon licenciement quelque chose de positif. Il faut absolument avancer et se réinventer ».

Avril 2025 | SUD'MAG #23 13 Un kit d’attractivité pour les métiers de la santé Confrontée à une pénurie critique d’infirmiers – 216 postes vacants sur l’ensemble du territoire – la province Sud a décidé de lancer une offensive coordonnée afin de faire venir des professionnels et de soutenir la formation locale et éviter l’effondrement du système de soins. À travers une série demesures concrètes, elle cherche à répondre à l’urgence tout en préparant l’avenir. Le premier levier, un « kit attractivité » est proposé aux infirmiers venant de l’extérieur pouvant aller jusqu’à 730 000 francs en aides individuelles, et jusqu’à 1,24million de francs pour une famille. Billets d’avion, loyer payé trois mois, installation équipée, cartes loisirs, tout est prévu pour adoucir l’installation. En contrepartie, les infirmiers s’engagent à exercer a minima18mois en province Sud. En parallèle, une aide à lamobilité cible les étudiants infirmiers formés hors du territoire, leur offrant stages rémunérés et trajets pris en charge, à condition de s’engager un an sur place. Enfin, la province renforce aussi les bourses étudiantes à l’IFPSS – jusqu’à 90 000 francs par mois – pour soutenir le vivier local et éviter que les jeunes Calédoniens ne se détournent dumétier. L’ensemble de cesmesures votées à la dernière Assemblée de province (24 avril) prendront la forme d’une expérimentation jusqu’en 2027, vise à enrayer l’hémorragie des soignants et à redonner un peu d’oxygène aux structures de santé à bout de souffle. Informations pratiques Adresse principale : 30 route de la Baie-des-Dames, Ducos le Centre, Nouméa. Téléphone : 20.36.00 Courriel : https://www.province-sud.nc/alohaweb/app Horaires d'accueil du public : Du lundi au vendredi, de 8h à 15h en continu. Nous avons choisi de poursuivre notre accompagnement de proximité.. Marie Benzaglou, directrice de la DEL 3 QUESTIONS À MARIE BENZAGLOU, DIRECTRICE DE LA DEL Comment la Province a simplifié les démarches des demandeurs d’emploi ? En lançant en 2020 une plateforme numérique appelée « Mon Espace Emploi », véritable guichet numérique pour les demandeurs. Cette espace en ligne personnalisé permet la consultation d’offres, de candidatures, le dépôt de CV, le téléchargement d’attestations, le pointage en ligne… En parallèle, un espace numérique dédié aux employeurs, a également été refondu en 2022, qui facilite le dépôt et le suivi des offres, y compris celles des jobs d’été, désormais entièrement dématérialisés. Depuis les émeutes, nous avons également simplifié les inscriptions en ligne en tant que demandeurs d’emploi. Que peut faire la province pour accompagner les employeurs dans leurs recrutements ? Nous pouvons orienter les entreprises vers les bons candidats. Comme dans tout système informatisé il y a parfois des dissonances, mais dans la majorité des cas, nous orientons vers l’employeur potentiel les bons profils si t’en est que nous ayons des candidats. Nous pouvons aussi accorder des aides au recrutement ou des mesures de type « stage » pour que les employeurs puissent tester un candidat. Est-ce que votre rôle peut aller plus loin ? Effectivement nous allons bien plus loin que de seulement mettre en contact des employeurs et des demandeurs. Nous proposons des accompagnements personnalisés et nous venons tout juste d’inaugurer un nouvel espace d’accueil baptisé Boost Emploi (voir p.14).

14 SUD'MAG #23 | Avril 2025 Aux côtés de la plateforme numérique « Mon espace emploi », et de son accueil physique « classique », la DEL a récemment lancé un espace physique baptisé Boost Booste Emploi, pensé comme un lieu d’accompagnement plus global, , confidentiel, sur-mesure et sans rendez-vous pour les demandeurs d’emploi ayant besoin d’un appui renforcé. Ce nouvel espace d’accueil est comme un « sas de décompression avant d’entamer un parcours. Souvent, ces nouveaux demandeurs ont avant tout besoin de parler, d’exprimer leur inquiétude face à l’insécurité sociale qu’ils subissent, explique Stéphanie Galliot, responsable de l’emploi pour leGrandNouméa. Ce nouvel espace sera aussi l’occasion de rencontrer des conseillers pour le logement, l’emploi mais aussi sociaux. C’est devenu primordial ». Implanté au sein de la DEL à Ducos, cet espace a été conçu dans une logique de cocon : bureaux vitrés, ambiance apaisée, accueil sans file d’attente, prise de rendez‑vous individualisée. Il s’adresse en priorité aux personnes en parcours d’accompagnement renforcé, aux publics fragiles ou en reconversion, ainsi qu’aux jeunes sans réseau ni qualification. Aux côtés de la plateforme numérique « Mon espace emploi », Boost Emploi est donc pensé comme un lieu d’accompagnement intensif, confidentiel et sur-mesure. Les entretiens y sont menés par des conseillers experts, dans une approche bienveillante et proactive : bilan de compétences, test d’intérêts professionnels, accompagnement vers la formation, appui à la recherche d’emploi, mobilisation des aides (permis, stages, chantiers d’insertion…). Des ateliers collectifs (confiance en soi, image de soi, estime de soi, simulation d’entretien) y sont aussi organisés, en partenariat avec des prestataires spécialisés. Le nouvel espace Boost Emploi

Avril 2025 | SUD'MAG #23 15 La direction de l'Emploi et du Logement s’attache à construire un lien direct, structurant et durable avec les entreprises du territoire. Son objectif : favoriser le recrutement local, répondre aux besoins en main-d’œuvre et accompagner les mutations du marché du travail, dans une logique gagnant-gagnant. Depuis la refonte des mesures d’aides à l’emploi en 2024, la DEL propose aux employeurs des outils ciblés et simplifiés pour sécuriser les embauches et accompagner la montée en compétences. Aides au recrutement, aides à la première embauche, stages d’insertion professionnelle…, offrent aux entreprises un soutien concret, conditionné à un accompagnement en interne et à la mise en place de formations. Au-delà du soutien financier, la DEL mise sur la proximité et le dialogue. Quatre « cafés de l’emploi » ont été organisés en 2023 autour de secteurs en tension comme l’hôtellerie‑restauration ou l’inclusion des personnes handicapées. « Ces rencontres permettent d’identifier les besoins réels, d’adapter les outils et de construire des réponses sur mesure. Dans le même esprit, la méthode de recrutement par simulation (MRS), proposée par les conseillers entreprise, permet de sortir des critères classiques de sélection pour mieux révéler les aptitudes, rappelle Nicolas Pannier, secrétaire général de la province Sud. » Le numérique a également permis de fluidifier la relation : un espace employeur en ligne, lancé en 2022, simplifie le dépôt des offres, le suivi des candidatures et la gestion administrative. Ce portail a été utilisé par plus de 2 100 entreprises, notamment lors des campagnes de jobs d’été, avec plus de 2 900 conventions signées électroniquement.. Le soutien à l’emploi s’articule ici autour d’un ensemble de mesures destinées à accompagner les entreprises dans leurs recrutements. L’objectif est double : faciliter la création de nouveaux postes et promouvoir l’embauche, notamment dans les petites structures. Pour ce faire, des aides ciblées visent à encourager l’acquisition de nouvelles compétences, la formation en interne, ainsi que les premières embauches. D’autres dispositifs permettent également d’évaluer les capacités professionnelles des candidats en amont de leur intégration. Un coup de pouce bienvenu pour dynamiser l’économie locale tout en renforçant l’employabilité. TÉMOIGNAGE « c’est un pari gagnant-gagnant » Christine Assiéné-Ambassa a lancé son activité il y a deux ans. Avec deux glaciers sur Dumbéa et Nouméa, cette jeune cheffe d’entreprise a choisi en 2023 de s’attacher les services de la DEL pour « mettre toutes les chances de mon côté en termes d’employabilité. Les conseillers m’ont beaucoup aidé côté ressources humaines qui était mon point faible et m’ont fait gagner également beaucoup de temps ». Christine a misé sur les stages d’insertion pro pour lancer sa boutique et permettre en échange à des jeunes travailleurs de découvrir un métier et de se former en entreprise. C’est pour elle un « pari gagnant-gagnant et elle a surtout été agréablement surprise par la rapidité du service avec des embauches réalisées en moins d’une semaine. Trouver les bons candidats n’était pas évident pour moi et aujourd’hui j’ai même pu embaucher en CDI ». Les entreprises et la Province Un partenariat gagnant pour l’emploi

La campagne des aides aux études supérieures a été réorganisée pour mieux s’adapter aux besoins des étudiants. Désormais, elle est scindée en deux périodes : en avril pour les études en Europe ou aux USAet Canada (rentrée de septembre 2025). En septembre pour les études en Nouvelle-Calédonie, Australie et Nouvelle-Zélande (rentrée de février 2026). Pour cette première phase, la date butoir était fixée au 30 avril. « Ce changement permet aux étudiants partant en Métropole de faire leur demande la même année que leur rentrée, au moment où leur projet est plus abouti. Cela s’aligne aussi sur le calendrier du CROUS, offrant plus de cohérence et de simplicité dans les démarches, explique Florence Seytres, directrice de la Direction de l’éducation et de la réussite de la collectivité. Cette première phase s’adresse aussi aux étudiants qui souhaitent renouveler leurs aides pour la rentrée 2025‑2026. Actuellement, nous suivons près de 400 étudiants. » Bourses d’élite Les élus de la province Sud ont par ailleurs donné un avis favorable à l’actualisation de la liste des établissements ouvrant droit à la Bourse d’Accès aux Grandes Écoles Aides aux études supérieures une campagne en deux temps 16 SUD'MAG #23 | Avril 2025 ACTUALITÉS

Étudier à l’étranger, La Province facilite la voie vers l’Australie (BAGE). La BAGE accompagne chaque année une dizaine de jeunes prometteursenfinançantnonseulement leur scolarité, mais aussi les concours, le transport, et l’installation dans l’Hexagone. « Nous accompagnons actuellement 39 bénéficiaires de l’année 2024 et attribuerons potentiellement 10 nouvelles bourses. Pour mettre toutes les chances de leur côté, nous leur proposons également des aides à l’entretien d’admission et aux concours dont les formulaires dédiés seront en ligne à compter du 1er juin jusqu’au 30 septembre ». La nouvelle liste inclut notamment des écoles d’ingénieurs, ainsi que des établissements prestigieux comme Sciences Po, l’ESJ Lille, la FEMIS ou encore l’École du Louvre. Elle intègre aussi les changements de nom de certaines écoles. Par ailleurs, la province Sud pourrait bien prochainement instaurer un « contrat moral » pour encourager les étudiants à partager leurs parcours et incite toujours plus de vocations.. Ce nouveau dispositif voté en assemblée de province est destiné à la mobilité universitaire des étudiants calédoniens. La province Sud prendra désormais en charge 50% des frais à la charge de l’étudiant dans les établissements partenaires, dans la limite de deux millions de francs par an. Ce dispositif, saluée par la Consule générale d'Australie venue spécialement en assemblée devant les élus pour son vote, vient compléter les dispositifs d’aides existants (bourses, primes d’installation, aide aux transport, filière d’excellence, accompagnement au départ) en levant le frein majeur aux choix de l’Australie comme destination pour les étudiants. « Elles sont déjà deux universités à avoir confirmé leur volonté de s’associer à ce programme et nous ne nous arrêterons pas là, précise Sonia Backès présidente de la province Sud. Avec cette possibilité de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur à l’international, nous entendons bien renforcer également les liens avec la région. La demande est croissante des jeunes Calédoniens à se former à l’étranger, et plus particulièrement en Australie. En raccourcissant la distance entre l’étudiants et sa famille on augmente leurs chances de réussite ». En plus de la moitié des frais d’inscription, la collectivité ajoute une bourse mensuelle de 30 000 francs destinée à soutenir les frais de vie sur place. Deux universités prestigieuses du Queensland – James Cook University et University of Queensland – ont déjà confirmé leur volonté de s’associer à ce programme, amorçant ainsi une dynamique de coopération régionale dans le domaine de l’enseignement supérieur. D’autres établissements pourraient suivre. « La volonté reste la même, tient à souligner la présidente de la province Sud : renforcer les compétences locales et surtout former des profils adaptés aux besoins économiques du territoire provincial. En soutenant les parcours universitaires en Australie, la province Sud investit dans son avenir, celui d’une jeunesse formée, mobile, et prête à relever les défis économiques et sociaux d’une Nouvelle-Calédonie résolument tournée vers le monde. C’est aussi la continuité logique des parcours bilingues (12 écoles bilingues à la rentrée 2025) mis en place par la Province et continués aux collèges et lycées (filières SIA) ». POUR VOUS AIDER La seconde campagne aura lieu du 1er au 30 septembre. Avril 2025 | SUD'MAG #23 17 ACTUALITÉS Démarchesadministratives, bourses, aidesau transport, viequotidienne, conseils pratiques…Chaque année, la Province organise des rencontres qui permettre à chaque famille de mieux se projeter et de se préparer leursenfantsàcettebelleaventurequesont lesétudessupérieures.

18 SUD'MAG #23 | Avril 2025 VIE D'UNE COMMUNE Dans un paysage encore meurtri, les signes de la relance commencent à apparaître. À quelques mètres des stigmates des pillages, le projet emblématique de l’Hyper U a finalement vu le jour. « C’est une véritable bouffée d’air pour les habitants avec la disparition de très nombreux services, explique Maryline D’Arcangelo, maire de la commune. Depuis son ouverture il y a quelques semaines, nous le voyons comme une promesse de renouveau, de reprise de l’activité économique, mais aussi de retour à une certaine normalité ». Particulièrement impacté, le cœur du village reprend vie. Banque, agence postale et commerces de proximité retrouvent de l’activité après des mois de travaux. Malheureusement, certaines enseignes restent dans l’attente de financements pour procéder à leur tour aux très lourds chantiers de rénovation. La commune n’est pas en reste et a lancé la démolition des bâtiments publics les plus touchés. Les chantiers de voirie et d’éclairage sont également à l’ordre du jour. La réhabilitation du poste de police municipale, rouverte en novembre 2024 avec l’appui d’une subvention de 16 millions de francs de la province Sud, a aussi marqué une autre étape importante. Le Centre de Supervision Urbain est à nouveau fonctionnel, et dix caméras détruites ont été remplacées, renforçant le filet de sécurité dans les quartiers les plus exposés. Les chantiers de la résilience Mais la province Sud n’a pas attendu les crises pour miser sur Païta. Depuis 2019, les investissements s’enchaînent : aménagements routiers, assainissement du Mont-Mou, travaux sur l’échangeur de Païta Nord financé par la province Sud et l’Etat dans le cadre du contrat de développement 2017-2023, pour un montant total d’1,2 milliard de francs. Sur ce territoire aux multiples visages, de l’aéroport international aux vallées agricoles, des brousses à l’Arène du Sud, une nouvelle histoire est en train de s’écrire. À Païta, rien ne s’efface, mais tout se transforme. Si Païta semble avoir retrouvé son calme, les stigmates des émeutes sont bien là. La commune, et notamment son village, a perdu de très nombreux services de proximité après plusieurs semaines de violence. Elle aurait pu vaciller. Mais Païta s’est relevée. La commune la plus étendue de la province Sud n’a pas baissé les bras. Païta garde le cap, portée par ses habitants, ses agents municipaux, sa maire et l’appui déterminé de la province Sud. Païta, une commune en reconstruction

Bio express • 24563 habitants (recensement 2019) • 698 km² • 1 aéroport international • Quatre grandes zones d’activités : les lotissements ZIZA, ZICO et ZIPAD et le site de Gadji • Environ 1 000 entreprises • 17 établissements scolaires (maternelles, primaires et secondaires) • Un engagement financier constant depuis 2019 Avril 2025 | SUD'MAG #23 19 ZIZA-ZICO et ZIPAD LE SITE DE GADJI L’AÉROPORT INTERNATIONAL LA TONTOUTA Les trois grandes zones d’activité située à l’entrée sud de la commune ont, de longue date déjà, fait la preuve de leur attractivité. Globalement épargnées par les exactions, elles constituent aujourd’hui encore une opportunité tant pour les activités industrielles et commerciales que pour les services. Un écosystème riche et dense y a vu le jour qui fait chaque jour davantage de Païta une commune où il est possible de s’installer et de travailler. Païta abrite une installation de stockage des déchets à Gadji, desservant l’ensemble de la province Sud. Cette infrastructure témoigne des efforts de la commune en matière de gestion environnementale. Ce site a désormais vocation à agglomérer les activités liées à ce secteur encore novateur. C’est la seule porte d’entrée aérienne vers l’international, à la fois pivot stratégique pour les échanges internationaux et l’approvisionnement de laNouvelle‑Calédonie et un moteur économique fort avec des emplois directs et indirects dans la logistique, la sécurité, le transport et le commerce. Le cœur de Païta, avant mai 2024 Le nouveau centre commercial

EN B 20 SUD'MAG #23 | Avril 2025 VIVRE MA PROVINCE Visite Les femmes cheffes d’entreprises de Boulouparis à l’honneur La mairie de Boulouparis a organisé le 22 mars dernier avec l’association Boulouparis Solidarité une matinée de rencontres et de partage d’expérience avec les femmes cheffes d’entreprises de la commune. L’objectif était de mettre en lumière ces femmes qui contribuent au développement économique et au rayonnement de Boulouparis. Une thématique suivie par Naïa Wateou, présidente de la commission du développement économique et Laura Vendegou, présidente de la commission de la Condition féminine. Cette rencontre a mis en exergue le dynamisme de la commune et « le potentiel que représente Boulouparis aujourd’hui. Il y a de l’aquaculture, du tourisme, de l’agriculture, des métiers très spécifiques qui sont représentés par des femmes qui font la démarche de venir présenter leur passion », a précisé Naïa Wateou. Diplomatie Visite de Tomasoburo Esaki Fin mars, Sonia Backès a rencontré le ministre de l’Ambassade du Japon en France, Tomosaburo Esaki, chargé des affaires politiques. Ce dernier était accompagné de la consule générale Yuko Hotta et de Kohei Yamamuro, 2e secrétaire de l’Ambassade du Japon en France. Cet échange, qui s’est déroulé en présence de Naïa Wateou, élue et présidente de la commission provinciale du développement économique, a été l’occasion de souligner les liens historiques et amicaux qui unissent la Nouvelle-Calédonie et le Japon. Il a permis de réaffirmer le soutien mutuel entre les deux territoires et d’explorer les opportunités de développement économique potentielles. Soutien à la reconstruction La réouverture du traiteur de Magenta Soucieuse d’encourager au plus près les entreprises et entrepreneurs calédoniens qui ont choisi de reconstruire et de relancer leur activité saccagée pendant les exactions lancées en mai, Sonia Backès s’est rendu chez le traiteur japonais Furusato. Installé face aux Tours de Magenta, haut lieu des troubles, ce dernier avait vu son local partir en fumée. C’est à quelques mètres de là que les équipes ont choisi de relancer leur affaire.

BREF Avril 2025 | SUD'MAG #23 21 VIVRE MA PROVINCE Rencontre Rencontre avec de jeunes entrepreneurs Soutien Le Vill’Âge Jeunes ouvre ses portes Partenariat Le projet CROSS sur sa lancée Mi-avril, Sonia Backès a reçu aux côtés de Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de l’économie et de Naïa Wateou, présidente de la commission du développement économique à la Province, de jeunes entrepreneurs et patentés du territoire. L’occasion pour la présidente de la collectivité de découvrir des parcours, identifier des besoins et échanger sur les projets portés par ces acteurs émergents de l’économie locale. Cette rencontre a permis d’identifier des leviers concrets pour mieux accompagner les initiatives entrepreneuriales en province Sud, dans une logique de soutien à l’emploi, à l’innovation et au dynamisme économique. Un dialogue constructif, qui marque une étape dans la réflexion collective sur les outils et les dispositifs à renforcer pour faire grandir l’entrepreneuriat local. Soutenu par la province Sud et sous l’impulsion du Conseil de la jeunesse de l’enseignement catholique, cet espace participatif implanté dans l’ancienne école normale de la rue Jean‑Jaurès est ouvert depuis le 1er mars. Ce nouveau lieu ouvert aux jeunes de 12 à 30 ans propose à ces derniers un espace coworking, un accès numérique, un café associatif et des arts vivants. Le mot d’ordre : entraide, liberté d’initiative et bien-vivre ensemble. Dès son lancement, il comptait déjà 150 adhérents. Soutenu par la province Sud, les deux autres provinces ainsi que le vice-rectorat, le projet CROSS (Carrefour pour la Réussite de l’Orientation du Secondaire vers le Supérieur) de l’université de la Nouvelle-Calédonie a obtenu un soutien de 307 millions de francs. Ce dispositif vise à accompagner les élèves vers l’université avec en ligne de mire la réduction des inégalités d’accès aux études supérieures, en particulier pour les jeunes des zones reculées. Représentant la présidente de la Province, Léa Tripodi, élue provinciale, présidente de la commission emploi, travail et formation professionnelle, a souligné lors de la signature tout l’intérêt de cet « investissement stratégique pour éviter l’échec post‑bac et ouvrir le champ des possibles à toute une génération ».

Avril 2025 | SUD'MAG #23 23 ACTUALITÉS Aujourd’hui, c’est tout un écosystème numérique performant et moderne que nous avons mis en place. Christophe Bergery, secrétaire général adjoint de la province Sud ODI 6 pour 2026 Après ODI5 NG, qui a installé et entretenu tout ce qu’il fallait pour que les enseignants et élèves aient accès à des outils numériquesmodernes, ODI 6 va continuer dans cette lancée tout en optimisant les coûts et l’organisation. L’année 2025 sera une phase de transition avec lemême budget que 2024, avant de passer à un nouveau modèle à partir de 2026. L’idée est de garder un système simple et efficace, avec un budget mieux réparti et des équipements bien entretenus, pour que tout lemonde puisse continuer à en profiter sans souci. Il est prévu que la participation financière des communes soit calculée en fonction du nombre de sites, de classes et d’élèves, avec un budget prévisionnel d’environ 24 millions de francs par an sur la période 2026-2030, soit environ 5700 francs par élève. Le patrimoine numérique au service du primaire La province Sud a déployé un vaste réseau d’équipements numériques pour accompagner élèves et enseignants du primaire dans l’apprentissage et l’usage des nouvelles technologies : • 18000 élèves bénéficiaires • 1200 enseignants formés aux outils numériques • 850 Tableaux Blancs Interactifs (TBI) installés en classe • 3200 ordinateurs (portables, fixes, hybrides) pour l’enseignement • 500 tablettes adaptées aux usages pédagogiques • 260 photocopieursmultifonctions pour la gestion scolaire • 1800 équipements réseau assurant une connexion fluide et sécurisée

24 SUD'MAG #23 | Avril 2025 LES PHOTOS DUMOIS Nommépar lepapeFrançois le14 janvierdernier,MonseigneurSusitinoSionepoeaétéofficiellement installédansses fonctions d’archevêque de Nouméa le 12 avril, lors d’une cérémonie empreinte de ferveur et de solennité en la cathédrale Saint-Joseph. Il succèdeainsi àMgrMichel-MarieCalvet, 80ans, qui occupait cette fonctiondepuis43ans. Présente, SoniaBackès, présidente de l’assemblée de la province Sud, a tenu à adresser ses salutations et son profond respect au nouvel archevêque.

Avril 2025 | SUD'MAG #23 25 Mi avril, le Château Hagen s’est animé au rythme du rendez-vous d’art, offrant au public une immersion ludique et conviviale dans le monde de la création artistique. Gravure, encre de Chine, linogravure, collage, dessin, peinture…Desartistes talentueuxont partagé leurs techniqueset leur passion à travers des ateliers ouverts à tous, pour petits et grands curieux. Le 22 mars, une quinzaine de femmes a participé à l’atelier de remise en selle organisé par l’associationDroit au véloNCprès de la garemaritime àNouméa. Cette opération baptisée « Elle en selle » a été lauréate de l’appel à projets « Objectifs égalité » de la province Sud. La caserne Meunier a accueilli le 4 avril dernier une cérémonie en l’honneur de la 14e promotion d’élèves gendarmes adjoints volontaires, célébrant la réussite de leur stage. Jean-Gabriel Favreau, président de la commission de la jeunesse, des sports et des loisirs a souligné leur dévouement au service de la sécurité et de la population.

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