SudMag #23, avril 2025

28 VIVRE MA PROVINCE Auteurs de violences intrafamiliales , Un nouvel outil dans leur prise en charge Ouvert depuis le 3 décembre dernier, le centre de prise en charge des auteurs de violences intrafamiliales a ouvert ses portes. Il a pu voir le jour grâce à une collaboration entre l’État, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la province Sud. Deux questions à… PHILIPPE PALOMBO, Président de l’association pour la réinsertion des auteurs de violences intrafamiliales (ARAVIF), gestionnaire du centre. Comment se passe la prise en charge dans ce centre ? Ce qui fait l’originalité du dispositif est sonmode de fonctionnement. C’est un séjour encadré, il y a des protocoles, ce n’est pas un hôtel. Il y a des obligations, à travers des chartes d’engagement et un règlement intérieur très précis. Concrètement, quelles sont leurs responsabilités ? Les résidents doivent prendre part aux tâches communes de nettoyage des locaux et participer financièrement au fonctionnement de la structure en s’acquittant de leur droit de résidence (pour ceux qui ont une situation professionnelle) de 10%de leurs revenus. C’est une responsabilisation que nous leur demandons à travers cette contribution. 7,6% À l'occasion de l'enquête Cadre de vie et sécurité (CVS) menée pour la première fois en 2021 en Nouvelle‑Calédonie, 14 500 personnes ont révélé avoir subi des violences physiques ou sexuelles en 2019 et 2020 - commises en dehors ou au sein duménage -, soit 7,6% des personnes âgées de 18 à 75 ans. En 2025, au centre pénitentiaire de Nouvelle-Calédonie, un détenu sur trois incarcérés a été condamné pour des faits de violences intrafamiliales. En Nouvelle-Calédonie, les violences intrafamiliales restent un fléau qui touche majoritairement les femmes. En 2020, le Grenelle contre les violences conjugales avait pointé du doigt la faiblesse des dispositifs à l’égard des auteurs. Après deux ans d’un travail collégial et concerté entre les différents acteurs impliqués, ce nouveau centre a pu voir le jour et permet de compléter les outils déjà existants. Pour Isabelle Champmoreau, membre du gouvernement instigatrice de ce projet, « la prise en charge des auteurs est toujours quelque chose de plus complexe en termes de communication et de conviction et on le comprend. » Ce projet a été soutenu financièrement par la province Sud à hauteur de 20 millions de francs et sa réalisation confiée à la SIC qui a entrepris des travaux d’aménagement de la résidence Juvéna, à Nouméa. « Nous sommes très satisfaits, d’autant plus que nous sommes l’un des premiers territoires d’outre-mer qui a pu se doter de ce type de structure », précise la membre du gouvernement. Un placement sous contrôle judiciaire Les personnes placées dans ce centre sont « sous contrôle judiciaire ordonné par le juge des libertés et de la détention sur réquisition du Parquet », rappelle Yves Dupas, le procureur de la République. Les profils sont sélectionnés avec un double objectif : « Le premier est de favoriser l’éviction du conjoint violent du domicile, pour éviter une double peine pour la femme qui, en plus d’être victime, est obligée de quitter le domicile familial avec des conséquences importantes pour les enfants s’il y en a. Le deuxième, c’est de mettre en œuvre une prise en charge pluridisciplinaire qui comprend le suivi psychologique ou psychiatrique, ainsi qu’un suivi au niveau de l’addictologie. Tout ceci pour permettre un déclic en vue de prévenir la récidive ». Le centre a aujourd’hui une capacité de 10 places et accueille 8 personnes depuis le 3 décembre. La durée du séjour est de 3 mois, renouvelable une fois dans la limite de 6 mois. Une évaluation mensuelle des progressions est assurée par un comité technique pluridisciplinaire. Laura Vendegou, la présidente de la commission provinciale de la condition féminine, parle ici « d’un énorme travail réalisé par le Relais avec les auteurs de violences dans la prise en charge globale de ce dispositif. »

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