Sud'Mag #025

GRATUIT L'ACTUALITÉ DE LA PROVINCE SUD www.sudmag.nc | #025 | Juin 2025 Budget Participatif vos idées passent à l'action

3 ÉDITO RESPONSABLE DE LA PUBLICATION : Soni a Backès | RÉDACTEUR EN CHEF : Ni col as Pannier. RÉDACTION : Di rect ion de l a communi cat ion de l a prov ince Sud. P H O T O S : N i c o l a s B o n n e a u , F a b r i c e W e n g e r . M O N T A G E : D i r e c t i o n d u S y s t è m e d ' I n f o r m a t i o n e t d u N u m é r i q u e ( D S I N ) . I MP R E S S I O N : 3 5 0 0 0 e x e m p l a i r e s - E I P É d i t i o n s & I m p r e s s i o n s d u P a c i f i q u e , s u r d u p a p i e r g é r é d u r a b l e m e n t F S C | I S S N 2 4 9 7 - 6 9 0 3 . MAGAZINE INTERACTIF RETROUVEZ-NOUS EN LIGNE Vous trouverez des QR Codes dans les pages du Sud'Mag. Ils vous permettent d’accéder à du contenu supplémentaire et détaillé en lien avec les articles du magazine. Utilisez votre smartphone et flashez-les. Toute l’actualité de la province Sud à tout moment, disponible sur votre ordinateur, tablette et smartphone : sudmag.nc Dites-nous ce que vous en pensez ! Donnez-nous votre avis sur le SudMag que vous avez entre les mains afin que les prochains numéros répondent toujours à vos attentes. Formulaire en ligne : province-sud.nc/form/suggestion-sudmag Transformer vos idées en projets Relancer le budget participatif en 2025, malgré les vents contraires, relevait d’un pari. Celui de continuer à faire confiance. Nous aurions pu suspendre l’initiative, la reporter à des jours meilleurs. Mais nous avons choisi de maintenir le cap, convaincus qu’il n’y a pas de meilleur antidote à la défiance que l’action partagée. Depuis cinq ans, le budget participatif en province Sud a fait ses preuves. Plus de 650 projets déposés. Une dynamique citoyenne qui ne cesse de grandir. Des réalisations concrètes dans toutes les communes. Et derrière chaque projet, une volonté simple : améliorer le quotidien. Construire un bien commun, à hauteur d’humain. Nous croyons fermement que la démocratie ne se joue pas seulement dans les urnes. Elle se cultive au jour le jour, dans les idées échangées, les projets portés, les rêves mis en chantier. Le budget participatif est l’un de ces outils qui reconnecte tout comme l’est l’appel à projets « collège nouvelle génération ». Il répare des liens distendus. Il réveille des vocations. Il fait naître des collectifs, parfois là où l’on n’attendait rien. Ce dispositif n’est pas qu’une ligne de crédit. C’est une méthode. Une autre manière de penser la relation entre l’administration et les citoyens. Plus concrète, plus exigeante aussi. Car faire participer, ce n’est pas déléguer : c’est accompagner, former, écouter, parfois expliquer pourquoi un projet ne peut pas être retenu… mais sans jamais refermer la porte. Cette cinquième édition, nous la voulons plus inclusive. Plus ouverte. Car l’innovation ne sort pas toujours des cénacles. Elle surgit aussi d’une cour d’école à La Foa, d’une carrière pour cavaliers à Dumbéa, d’une machine à écrire dans un centre culturel de Nouméa, d’un va’a à Boulouparis. Chaque idée compte, chaque voix mérite d’être entendue. Alors oui, nous avons relancé le budget participatif, parce que nous croyons que la participation est un moteur. Parce que les idées naissent aussi là. Parce qu’il y a, dans chaque habitant, une part de solution. Continuons à faire vivre cette promesse. Ensemble. Vous avez jusqu’au 20 juillet pour déposer vos projets ! Sonia Backès, Présidente de l’assemblée de la province Sud.

4 #25La lettre d’information de la province Sud pour rester informé chaque semaine Abonnez-vous en suivant le lien : province-sud.nc/mon-compte SOMMAIRE 6à 11 Le Budget Participatif, opus 2025 Découvrez la genèse du dispositif et des projets inspirants pour participer à votre tour. Pour cette édition 2025, vous avez jusqu’au 20 juillet pour déposer votre dossier. 16à 17 Des cendres à la ressource Suite aux exactions de mai 2024, la province Sud a dû faire face à une montagne de déchets. Près de 20 000 tonnes ont déjà été valorisées. 14 Lancement de Sud Jeunes Après Sud Pro et Sud Santé, la Province met l'accent sur une aide active pour la jeunesse diplômée. Un dispositif dynamique en faveur de l’économie et de l’embauche des jeunes. 18à 19 Boulouparis en pleine expansion Unmarché repensé, unwharf enconstruction, des aménagements urbains... Boulouparis poursuit son développement dynamique accompagné par la Province.

Juin 2025 | SUD'MAG #25 5 ZOOM SUR 26 juin 1988, une création inédite : les trois Provinces L’accord acte un tournant décentralisateur fort : désormais, la collectivité se dote de trois provinces —Sud, Nord et Îles — dotées de compétences propres, de budgets distincts et d’une représentation politique. Ce sont ces entités qui auront la charge de mettre en œuvre les politiques de développement, notamment en matière d’éducation, de santé, d’aménagement, ou de culture. Pourquoi ce choix ? « Pour répondre à une exigence de justice territoriale. Le Sud, historiquement développé, concentrait l’essentiel des infrastructures et des ressources économiques, précise Fanny Pascual, maitre de conférences à l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC). Le Nord et les Îles, à majorité kanak, restaient en retrait, tant économiquement qu’administrativement. L’accord de Matignon entend corriger ce déséquilibre : il donne aux Provinces les moyens d’agir localement, au plus près des populations ». Un levier pour le rééquilibrage Dotées de compétences étendues et d’un financement conséquent – assuré par un mécanisme de répartition de la dotation globale – les provinces deviennent le bras financier du rééquilibrage voulu par Matignon. Dans le Nord et les Îles, des internats sont construits, des dispensaires rénovés, des lycées techniques créés. L’université s’implante à Koné. Le pari est de désenclaver les territoires kanak, de leur offrir les moyens de leur développement propre, dans le respect des identités locales. Dans le Sud, la Province reste un moteur économique, mais elle doit aussi composer avec une forte urbanisation et des inégalités croissantes ainsi qu’un fort exode de la population malgré cette volonté de rééquilibrage. Les politiques sociales deviennent un enjeu majeur avec des moyens de plus en plus contraints. Trente-sept ans après, le modèle provincial a-t-il tenu ses promesses ? « Oui, si l’on regarde la montée en puissance du Nord et des Îles. Des zones autrefois marginalisées sont aujourd’hui dynamiques, portées par des projets structurants comme l’usine du Nord, les programmes de formation locale ou encore l’essor d’un tissu associatif et culturel propre », explique Fanny Pascual. Adapter le rééquilibrage Mais ce modèle, pensé à une époque de reconstruction, montre aujourd’hui ses limites. Et c’est particulièrement vrai pour la province Sud, qui concentre environ 75 % de la population, l’essentiel de l’activité économique et les infrastructures majeures du territoire… mais qui ne perçoit qu’environ 50 % de la dotation globale de fonctionnement. Le cœur du problème : la clé de répartition. Cet outil budgétaire, prévu par les accords, vise à favoriser le rééquilibrage en affectant une part plus importante des ressources aux provinces Nord et Îles. Jusque-là, rien d’illogique. Sauf que cette clé, figée depuis des décennies, ne tient pas compte des réalités actuelles : explosion démographique dans le Grand Nouméa, extension des compétences transférées, pression croissante sur les services publics (santé, éducation, social). Résultat : la province Sud, bien que sursollicitée, doit parfois rogner sur ses programmes ou différer des projets, faute de moyens. « Aujourd’hui, on prend en charge des milliers de personnes dans nos dispensaires, nos collèges, nos dispositifs sociaux… mais avec un budget calculé sur des critères obsolètes. C’est intenable à moyen terme, » souligne la présidente Sonia Backès. La demande, côté Sud, n’est pas de supprimer le rééquilibrage. Elle est de l’adapter : actualiser les données, revoir les indicateurs, mieux répartir les charges. En clair, sortir du logiciel de 1988 pour entrer dans celui de 2025. Et derrière cette question budgétaire, c’est toute l’architecture institutionnelle qui vacille. Car une collectivité, même décentralisée, ne peut survivre durablement si elle est fragilisée dans sa capacité à assumer ses missions de base. Ainsi, si les Provinces restent l’un des piliers de la paix calédonienne, leur avenir repose désormais sur une réforme profonde — à la fois technique et politique — de la solidarité interprovinciale. Faute de quoi, c’est le contrat même de Matignon qui pourrait se fissurer. Le dimanche 26 juin 1988, au terme d’une nuit de négociations à Matignon, l’histoire de la NouvelleCalédonie bascule. Ce jour-là, Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur signent, sous l’égide de Michel Rocard, un accord politique sans précédent. Au cœur de ce texte : la reconnaissance de la pluralité des mémoires, un engagement vers un rééquilibrage économique et, surtout, la naissance des trois Provinces qui vont structurer durablement la vie institutionnelle calédonienne.

6 SUD'MAG #25 | Juin 2025 Et si la meilleure idée pour améliorer notre quotidien venait… de vous ? Depuis cinq ans, la province Sud invite ses habitants à prendre part aux décisions publiques d’une manière inédite en Nouvelle-Calédonie : grâce au budget participatif. Cette année, vous avez jusqu’au 20 juillet pour déposer votre projet. Ce dispositif original permet à chacun, à partir de 12 ans, de proposer un projet utile à la collectivité, de le défendre et, parfois, de le voir se concrétiser. Plus qu’un simple outil de financement, « c’est une véritable école de la citoyenneté qui s’est mise en place sur le territoire provincial, explique Sonia Backès, présidente de l'assemblée de la province Sud. Ce dispositif a été lancé en 2020 pour réinventer le lien entre les institutions et les habitants de la Province. Le contexte mondial était particulièrement oppressant avec la crise COVID. Nous avons voulu dès le départ donner le pouvoir d’agir au citoyen, un acteur à part entière de la politique publique. ici, on ne parle pas au nom des habitants. On leur ouvre les portes. Et on leur dit : “Proposez. Imaginez. Construisez avec nous.” ». Chaque édition repose sur une règle simple, mais audacieuse : la Province réserve jusqu’à 5%de son budget d’investissement annuel pour financer les projets proposés par les habitants eux-mêmes. « Ces projets doivent être d’intérêt général, réalisables dans un délai de deux ans, ne pas générer de frais de fonctionnement, et surtout, répondre aux compétences de la collectivité. C’est‑à-dire : l’éducation, l’environnement, la jeunesse, la culture, le sport, l’insertion, les infrastructures de proximité…, rappelle Marion Bastogi, chargée de mission en charge du budget participatif. Dès la première année, le succès est au rendez-vous. Plus de 160 projets ont été déposés en 2020. En 2021, le chiffre grimpe à plus de 200 ». En 2023, le taux de projets recevables explose : 71 % des propositions remplissent les conditions pour être approfondies. Une dynamique qui montre que les citoyens se sont approprié le dispositif. « Ils ont compris ses règles, ses contraintes, mais aussi tout son potentiel. Le budget participatif est devenu un levier de transformation ». Des idées simples, des impacts concrets Car les projets lauréats sont rarement spectaculaires… mais ils changent la vie. Un abribus sécurisé à proximité d’une école. Un sentier de randonnée balisé pour relier deux quartiers. Une aire de jeux inclusive pour les enfants handicapés. Un jardin partagé animé par une association d’insertion. Une machine à écrire mise à disposition dans une bibliothèque pour les jeunes passionnés d’écriture.Autant d’idées de micro-équipements à l’impact macro, qui tissent du lien, réparent les inégalités, embellissent le quotidien. « Et surtout, ces projets ont une valeur symbolique immense : ils montrent que l’initiative citoyenne n’est pas qu’un slogan. Elle peut déboucher sur du concret. Sur du durable. Sur du visible », complète Marion Bastogi. Mon idée pourma Province, quand les citoyens prennent lamain

Juin 2025 | SUD'MAG #25 7 L'équipe du Médipôle devant le jardin botanique proposé au budget participatif. Un effet levier Pour Nicolas Pannier, secrétaire général de la collectivité, « le budget participatif en province Sud n’a pas seulement permis de financer des projets : il a modifié en profondeur la manière dont les habitants perçoivent leur pouvoir d’agir. Il a aussi fait évoluer les pratiques institutionnelles. Moins visible que les inaugurations ou les conventions, ce changement culturel est pourtant l’un des effets les plus puissants du dispositif. Ce qui distingue le budget participatif des politiques d’investissement classiques, c’est sa capacité à cibler des besoins très locaux ». Autre impact mesurable : le regain de vitalité de certaines associations. Pour elles, le dispositif est un véritable tremplin. Il donne accès à un financement structurant, oblige à formaliser un projet, à se constituer en personne morale, à faire équipe. Il redonne de la confiance. Dans certains cas, des associations en sommeil ont été relancées. Dans d’autres, de nouveaux collectifs sont nés autour d’un projet précis. Chaque projet est aussi une aventure éducative. Déposer une idée, suivre son instruction, dialoguer avec l’administration, suivre un chantier, rendre compte de son impact… Cela demande des compétences. Et cela en développe. Le budget participatif devient ainsi un outil d’éducation populaire, mais aussi de professionnalisation. Il rapproche le citoyen de la décision publique, sans filtre ni idéologie. Il le met en situation de responsabilité, de négociation, de gestion. « Je n’ai jamais autant appris que depuis que nous nous sommes lancés avec notre APE pour des pergolas dans l’école de nos enfants », confie Eric, porteur du projet à Nouméa. « Je comprends mieux comment fonctionnent les institutions, comment on passe de l’idée au budget, comment on priorise. Et maintenant, je peux aider d’autres APE à faire pareil ». Un changement de posture institutionnelle Côté province, le changement est tout aussi réel. Les agents impliqués dans le dispositif ont dû adapter leurs pratiques. Être plus à l’écoute, plus pédagogues, plus souples aussi. Passer du rôle d’instructeurs à celui de facilitateurs. « Ce n’est pas toujours simple, mais c’est très enrichissant », explique un agent du service Aménagement. « On sort du cadre classique. On entre dans un dialogue. On apprend à dire non sans décourager, à expliquer les contraintes sans fermer la porte. » Cette nouvelle relation à l’usager‑citoyen est un marqueur fort. Elle oblige l’administration à se réinventer dans ses relations de proximité, à rééquilibrer le rapport au savoir, et à faire preuve de pédagogie. Dans un contexte souvent anxiogène en Nouvelle-Calédonie, le budget participatif est un signal positif. Il montre que des choses fonctionnent, que des citoyens et des élus peuvent collaborer, que l’action publique peut être lisible, utile, partagée. Il participe à restaurer une forme de confiance, là où tout semble parfois bloqué. Il permet de parler politique autrement : par les actes, par les projets, par le concret. Bien installé dans les zones urbaines, le budget participatif est aussi une opportunité pour développer le tissu associatif des communes plus rurales. Pour cela, la Province envisage d’intensifier les actions de sensibilisation hors des grands centres. Une rencontre a été organisée à Nouméa, mais aussi à La Foa, au plus près des habitants pour faire tomber les freins psychologiques (« ce n’est pas pour nous », « on ne saura pas remplir le dossier », etc.) et techniques (manque d’équipement informatique, maîtrise du langage administratif écrit…). Au-delà du budget participatif lui-même, l’objectif de la province est clair : faire émerger une culture plus vaste de la participation citoyenne. Cela passe par l’éducation — en introduisant la logique de projet dans les collèges et lycées —, par la formation des agents publics, par la valorisation des expériences réussies. Une promesse d’avenir Côté Province, les équipes saluent la qualité des interactions. « Ce dispositif change aussi notre façon de travailler. On est dans l’échange, dans le sur-mesure. C’est de la co-construction. » Marion Bastogi insiste : « Ce qui nous frappe, c’est la sincérité des projets. On n’est pas dans l’effet d’annonce. Ce sont des gens qui veulent vraiment améliorer quelque chose autour d’eux. Notre rôle, c’est de rendre cela possible. » Alors que la cinquième édition vient d’être lancée, l’enjeu est clair : poursuivre l’élan, élargir encore le cercle des participants, aller chercher celles et ceux qui ne se sentent pas légitimes à proposer. Dans les quartiers populaires, chez les jeunes, chez les personnes âgées. Car c’est là, souvent, que résident les meilleures idées. Le taux de sélection a lui aussi évolué, passant de 24 % en 2020 à 45 % en 2023. Cela s’explique par une meilleure compréhension des critères par les participants, un accompagnement renforcé et une volonté affirmée de faire vivre le dispositif. À terme, le budget participatif pourrait s’inscrire dans un écosystème plus large : chat en ligne, conventions citoyennes, budgets climat, co‑construction des politiques publiques… Autant d’outils complémentaires pour renforcer la démocratie locale. Avec cette cinquième édition, la province Sud confirme son engagement en faveur d’une gouvernance plus ouverte, plus collaborative, plus moderne. Le budget participatif n’est pas une mode. C’est un signal fort envoyé à tous les habitants : ici, vos idées comptent. Vos voix sont entendues. Et votre Province est aussi votre levier d'action.

8 SUD'MAG #25 | Juin 2025 3 QUESTIONS À MARION BASTOGI, CHARGÉE DE MISSION POUR LE BUDGET PARTICIPATIF Le budget participatif repose sur un processus assez exigeant. Comment garantissez-vous à la fois l’équité entre les territoires et la faisabilité des projets ? La mécanique est bien huilée. Elle repose sur un cadre clair, avec des étapes d’instructions précises et des critères partagés. Cela garantit l’équité entre les territoires, tout en assurant la faisabilité technique des projets. Et pour maintenir un haut niveau de transparence, l’avancement des projets peut être suivi en ligne, sur le site de la Province. De la même manière, le comité de sélection et de suivi est composé pour moitié de citoyens. La voix des habitants de la province Sud compte donc à toutes les étapes du processus : du dépôt du projet à sa sélection. Comment accompagnez-vous les citoyens tout au long de la démarche ? Nous mettons à leur disposition plusieurs outils : réunions publiques, permanences locales, chat, assistance téléphonique, plateforme numérique. L’objectif est de ne laisser personne seul face à la complexité administrative. Nous partageons également des exemples concrets pour inspirer, rassurer et aider à formaliser les idées. Peut-on dire que ce dispositif est aussi un levier d’éducation citoyenne ? Absolument. Derrière chaque projet, il y a un apprentissage. Les participants découvrent comment se monte un dossier, quelles sont les contraintes techniques ou budgétaires, comment dialoguer avec l’administration. Ce savoir-faire irrigue peu à peu le territoire et renforce les compétences locales. Le budget participatif, ce n’est pas juste du financement : c’est un processus d’éducation civique grandeur nature. C’est également un moyen pour l’administration de mieux comprendre les besoins et les attentes citoyennes et ainsi de s’adapter, de se simplifier, de se rendre plus accessible.

Juin 2025 | SUD'MAG #25 9 Comment ça marche ? Le budget participatif n’est pas qu’un concept séduisant : c’est un mécanisme rigoureux, encadré, pensé pour transformer des idées citoyennes en réalisations concrètes. Depuis 2020, la province Sud a progressivement affiné son dispositif, en rendant plus lisibles les règles du jeu, en renforçant l’accompagnement des porteurs et en mettant en place une vraie ingénierie administrative et technique au service des habitants. Qui peut participer ? Toute personne physique de plus de 12 ans résidant en province Sud peut déposer un projet. Mais le champ est bien plus large : les associations, les collectifs citoyens, les établissements scolaires, les structures de l’économie sociale et solidaire (ESS) peuvent également se lancer. La seule condition est que le projet bénéficie à la collectivité, sans but lucratif, et qu’il soit porté par un acteur ancré localement. Quels projets sont recevables ? Les projets doivent répondre à plusieurs critères : • être d’intérêt local ou général, • s’inscrire dans le champ de compétences de la province Sud (jeunesse, culture, environnement, sport, éducation, insertion, santé, etc.), • ne pas générer de frais de fonctionnement à la charge de la collectivité, • être réalisable dans un délai de deux ans. Concrètement, on peut proposer un équipement, un aménagement léger, un programme d’animation ou d’éducation, un mobilier urbain, un outil pédagogique… mais pas la réfection d’une route territoriale ou la création d’un lycée. La Province s’engage à financer jusqu’à 80 % du coût total du projet, et dans certains cas, peut même en assurer la maîtrise d’ouvrage. UN PROCESSUS EN PLUSIEURS ÉTAPES 1 - Dépôt des projets : avant le 20 juillet pour l’édition en cours. 2 - Analyse de recevabilité : menée par les services provinciaux. 3 - Étude de faisabilité : technique, juridique, financière. 4 - Comité de sélection : réunis des élus et représentants de la province, des représentants des communes et des citoyens volontaires 5 - Mise enœuvre : à partir de début 2026.

10 SUD'MAG #25 | Juin 2025 Des pommes de terre et des gouttes d’eau — La Foa, 2022 À l’école publique Yvonne Lacourt de La Foa, la récréation a changé de visage grâce à l’imagination des parents d’élèves. Lauréat du budget participatif 2021, le projet «Quand l’eau et la pomme de terre s’invitent à l’école» a permis d’aménager un espace éducatif et écologique dans la cour. Avec le soutien de la province Sud, à hauteur de 31,84 millions de francs, la cour s’est transformée en un véritable terrain d’apprentissage : système de récupération des eaux de pluie, jardin potager, cabanes en forme de gouttes d’eau, allées en sol souple… et même un faré pédagogique en forme de pomme de terre. « Aujourd’hui le projet est finalisé et cela n’a pas été une mince affaire, raconte le président de l’APE, Sélélino Keletaona. L’équipe de l’APE a changé et avec l’aide de la mairie et de la direction de l’école, nous sommes arrivés au bout ! La cour est transformée et les enfants sont extrêmement heureux. Les structures sont très fréquentées et nous venons de terminer notre espace en pelouse synthétique et toile ombrière. Ce projet, énorme, nous a donné envie de participer à l’édition 2025. Nous étions ravis de voir que la Province avait relancé le dispositif. Dans des communes comme La Foa, c’est un véritable levier pour les projets citoyens ». Loin d’être un simple décor, cet espace ludique sensibilise les enfants à l’environnement, à la gestion de l’eau et au plaisir de lire ou de cultiver un jardin. Un projet qui illustre parfaitement l’ambition du dispositif : donner aux citoyens —même les plus jeunes — les clés pour construire un futur durable, un pied dans la terre et l’autre dans l’imaginaire. Unminibus pour briser l’isolement – Grand Nouméa, 2021 Pour sa toute première édition du budget participatif, la province Sud soutient le projet de l’association AS Magenta Touch Rugby, qui vise à acquérir un minibus de 9 places. L’objectif : permettre à de jeunes sportives issues de quartiers prioritaires et de squats du Grand Nouméa de rejoindre, en toute sécurité, les entraînements et les activités du club. Grâce à une subvention de 3,2 millions de francs, l’association met en place un ramassage régulier sur les communes de Dumbéa, Nouméa, Mont‑Dore et Païta. Au-delà du sport, le projet renforce la cohésion sociale, développe des actions autour de la lecture, de l’environnement ou encore de la condition féminine. En responsabilisant les jeunes sur l’entretien du véhicule et leur engagement associatif, ce projet mobile devient un véritable outil d’émancipation collective. Une ressourcerie solidaire à — Boulouparis 2023 Porté par l’association Boulouparis Solidarité, le projet de création d’une ressourcerie voit le jour dans le cadre du budget participatif 2023. L’objectif : mettre en place un lieu de collecte, de revalorisation et de redistribution d’objets du quotidien (vêtements, vaisselle, petit mobilier), tout en favorisant l’insertion et l’économie circulaire. Ce projet est validé, avec une participation de la province Sud à hauteur de 9,6 millions de francs. La structure envisagée comprendra une boutique de 13 m², une terrasse de 52 m², pour une surface totale de 90 m². Ce projet répond à des besoins concrets dans la commune : réduction des déchets, soutien aux personnes en difficulté, création de lien social. Il témoigne d’une capacité à allier écologie, solidarité et innovation sociale. SURLETERRAIN Projets concrets, porteursmotivés Derrière chaque projet retenu, il y a une histoire. Une idée née d’un constat ou d’un espoir. Et surtout, des hommes et des femmes qui ont osé franchir le pas. En province Sud, ils s’appellent Yasmina, Mireille, Sélélino, Joëlle ou Jean-Marie. Aucun d’eux ne se définit comme «militant» ou «expert». Tous sont animés par la volonté d’améliorer les choses. Et tous ont découvert, à travers le budget participatif, un outil concret pour le faire.

Juin 2025 | SUD'MAG #25 11 Casques vissés, regards lucides —Sensibilisation routière—2022 Lauréat du budget participatif 2021, le projet porté par l’association Prévention Routière Nouvelle-Calédonie visait à frapper fort… et juste. Objectif : sensibiliser les collégiens aux dangers de la route, à l’aide d’un outil innovant de réalité virtuelle. Grâce à une subvention de 1,19 millions de francs accordée par la province Sud, « l’association a pu développer un simulateur immersif, compléter son équipement avec des casques VR et organiser des sessions pédagogiques dans les établissements scolaires, explique Mireille Lecourtier. Nous avons participé plusieurs fois au budget participatif et nous participerons encore cette année, car ce dispositif nous a permis de renouveler en partie notre matériel de sensibilisation aux dangers de la route auprès des plus jeunes. Nous avions d’ailleurs commencé avec des vidéos pédagogiques en collaboration avec Kingtäz ». L’expérience, aussi ludique que percutante, place les futurs automobilistes face à des mises en situation réalistes, les confrontant à leurs propres réflexes — ou imprudences. Le but : susciter une prise de conscience durable, loin des discours moralisateurs. Ce projet incarne l’esprit du budget participatif : faire émerger des idées utiles, concrètes et ancrées dans le quotidien. En misant sur le numérique et l’éducation, l’association espère bien faire baisser le nombre d’accidents… un casque à la fois. Redonner vie au Camp Brun — Boulouparis, 2022 Situé dans les hauteurs de Boulouparis, le Camp Brun est un ancien site pénitentiaire datant du bagne. En 2022, l’association Marguerite propose de le valoriser en y menant des actions de nettoyage et de médiation. Le projet «Redonner une nouvelle jeunesse au Camp Brun» est retenu dans le cadre du budget participatif. Selon les informations rendues publiques, un premier volet est financé à hauteur de 3,6 millions de francs. Le but est de rendre accessible ce lieu chargé d’histoire, en sensibilisant le public à son passé, tout en lui redonnant une place dans le paysage culturel local. Là encore, le projet illustre une autre facette du dispositif : permettre aux habitants de s’approprier leur patrimoine, de transmettre la mémoire, et de faire vivre les lieux délaissés. Les sabots sur de la fibre recyclée —Dumbéa, 2024 C’est dans le quartier de Yala, à Dumbéa, que l’association des Cavaliers de Dumbéa a vu grand pour ses montures. Le terrain : une carrière équestre rénovée, mais pas comme les autres. Grâce à une subvention de 3,2 millions de francs accordée dans le cadre du budget participatif, l'association a pu aménager une piste en fibre géotextile, un matériau recyclé issu de l’industrie textile. Ce sol innovant limite les blessures chez les chevaux, améliore le confort de monte, et réduit les besoins en arrosage. Résultat : un impact positif pour les cavaliers, les animaux… et l’environnement. Le projet a été inauguré le 19 octobre 2024, preuve que le budget participatif peut aussi galoper vers l’innovation. Un petit refuge à roulettes pour une grande idée —Dumbéa, 2021 Installée à l’entrée du parc provincial de la Dumbéa, une tiny house accueille désormais les visiteurs. Ce mini-bâtiment de bois, imaginé et porté par l’association Dumbéa rivière vivante, a vu le jour grâce à une aide de plus de 11millions de francs dans le cadre de l’édition 2021 du budget participatif. Pour l’association, « l’objectif était de créer un lieu d’information et de sensibilisation aux enjeux environnementaux du parc. La tiny house baptisée aujourd’hui NébuloBus est conçue comme un espace modulable, fonctionnant en autonomie énergétique, avec une ambition claire : faire le lien entre nature, pédagogie et sobriété, explique Anne de Haas. Nous proposons des jeux, des maquettes sur les différents environnements. On voulait créer plus d’interaction avec les visiteurs et nous n’avions pas l’argent nécessaire pour le faire. La Province nous a aidés à concrétiser le projet et aujourd’hui nous accueillons des services civiques et un personnel PPIC. Ces jeunes interviennent également dans le parc et bénéficient de formation à la fois avec la Province, la police ou encore les pompiers. C’est un investissement gagnant-gagnant pour tout le monde ».

12 SUD'MAG #25 | Juin 2025 ACTUALITÉS Réunis le 19 juin dernier en assemblée de Province, les élus ont voté plusieurs projets structurants, à commencer par un budget supplémentaire 2025 « sincère, responsable et centré sur l’action » a assuré la présidente, Sonia Backès.Adopté à la majorité, le budget supplémentaire 2025 se traduit par une hausse des recettes de +3,15 milliards de francs (+6 %) pour un total de 54,3 milliards de francs de dépenses réelles. Ce redéploiement budgétaire se traduit par trois axes majeurs : la reprise des résultats de 2024 (7,75 milliards de francs), des investissements massifs portés à 13,75 milliards de francs grâce à 78 % des crédits supplémentaires; et le fonctionnement ciblé (699 millions de francs, pour la santé, l’éducation, le social et l’emploi). Logement social : vers un tournant stratégique Les émeutes de mai 2024 ont révélé la fragilité du secteur du logement social. « La SEM Sud Habitat est en grande difficulté » a affirmé Nina Julié, élue provinciale, dénonçant la dérive de certains quartiers devenus foyers de tensions : « Aujourd’hui, malgré l’environnement extrêmement favorable des quartiers et des logements sociaux, des foyers d’émeutiers se sont créés, et il faut avoir le courage d’arrêter cela. » Une vision partagée par l’exécutif : « L’idée n’est pas de mettre un coup de peinture, mais d’avoir une démarche globale de réhabilitation (destruction, réaffectation…), et l’État doit nous accompagner. » a confirmé la présidente. « D’ici la fin de l’année, 160 logements seront à démolir avec une réutilisation du foncier pour rendre la vie plus agréable de ces populations. Pas de projection de construire plus de logement mais d’en réduire la densité. » a ajouté Gil Brial, 2e vice-président de la collectivité. Des collèges renommés L’assemblée a voté à l’unanimité la dénomination de deux collèges. Le collège de Magenta devient ainsi le collège Jean LEQUES, en hommage à « Fifils », maire de la Ville de Nouméa de 1986 à 2014, qui aura consacré plus de 28 années à l’amélioration des conditions de vie des Nouméens, au développement de la commune et à la promotion de l’éducation. Le collège de Porte-de-Fer portera quant à lui le nom de François OLLIVAUD, enseignant, chansonnier et figure populaire du monde éducatif. Son engagement auprès de la jeunesse et de la culture locale fait de lui un symbole fédérateur. Ces dénominations « offrent une identité, une histoire et un exemple de mérite aux générations futures », a salué Marie-Jo Barbier, présidente de la commission de l’enseignement de la collectivité. Vœu pour la route du Mont-Dore L’assemblée a également été saisie d’un vœu déposé par Nina Julié concernant la route du Mont-Dore, “projet longtemps repoussé mais essentiel à la sécurité des Mont-Doriens”. Le lancement des études géotechniques est confirmé : « Le sujet est souvent oublié entre deux crises. Il est temps de construire une solution pérenne, transparente et partagée avec tous les acteurs et surtout, nos concitoyens du Mont-Dore », a affirmé Sonia Backès. Budget voté, cap maintenu, investissements relancés, la province Sud affiche une stratégie tournée vers la reconstruction, la cohésion sociale et l’efficacité de l’action publique. Fautes de défis structurels clairement identifiés, la majorité entend démontrer que la rigueur et la responsabilité peuvent aller de pair avec solidarité et vision à long terme. Dans un contexte marqué par les crises successives et les destructions du 13 mai 2024, l’exécutif réaffirme ainsi sa volonté de maintenir le cap de la rigueur et de l’investissement, tout en continuant à aller de l’avant. Il a aussi souhaité moderniser les règles d’inscription scolaire. Budget supplémentaire 2025, renforcer l’investissement et les services publics prioritaires

13 ACTUALITÉS INSCRIPTIONS SCOLAIRES une réforme pour plus d’efficacité Face au chaos de la campagne d’inscription 2024 (50% de demandes d’inscription déposées hors délais, certaines après la rentrée scolaire), un cadre juridique clair a été voté pour mieux organiser l’affectation des élèves dans les écoles primaires de la province Sud. Objectif : « Ne laisser aucun enfant sans établissement scolaire, mais remettre de la discipline pour un minimum de respect des procédures car c’est de pire en pire : lors de la dernière campagne d’inscription, 50% de demandes d’inscription se sont fait hors délais avec des conséquences sur la carte scolaire…. Comme les délais ne sont pas contraignants, il y a moins de rigueur. Il faut donc remettre de la discipline dans l’exercice», explique la présidente. Conséquences de ces retards : une carte scolaire caduque créant « des déséquilibres entre les places disponibles et les besoins réels, mettant en difficulté nos services et notre système éducatif », insiste la présidente qui a mis en place l’objectif de ne pas dépasser 25 élèves par classe. Pour garantir l’équité et la transparence dans l’accès à l’éducation pour tous les enfants de la province Sud, cette réglementation claire et structurée impliquera : • l’obligation de primo-inscription en ligne. • le contrôle strict des justificatifs de domicile. • la clôture des dossiers incomplets relances. • des dérogations strictement encadrées. Enfin Gil Brial a tenu à rassurer : « Il n’y a pas d’enfant non scolarisé, mais nous devons exiger le respect des procédures pour clore les inscriptions et ne pas devoir courir après les parents dont les enfants sont finalement scolarisés ailleurs. »

14 SUD'MAG #25 | Juin 2025 ACTUALITÉS Sud Jeunes, un dispositif pour lutter contre l’exode des jeunes diplômés Vous avez moins de 30 ans, êtes titulaire d’un diplôme et résidant en province Sud depuis au moins 10 ans ? Alors Sud Jeunes est fait pour vous. La Province lance le troisième volet de son dispositif dynamique en faveur de l’économie et de l’embauche. Cette fois-ci, place aux jeunes. Face aux difficultés d’insertion professionnelle des jeunes diplômés et à la tentation du départ vers l’Hexagone ou l’étranger, la province Sud déploie un nouvel outil d’aide à l’embauche : Sud Jeunes. Favoriser l’ancrage local des jeunes diplômés tout en soutenant l’emploi dans le tissu économique calédonien : c’est le double objectif de la nouvelle mesure. « Cette aide entrée en vigueur le 24 avril dernier s’adresse avant tout à toutes les entreprises implantées en province Sud, à l’exception de celles opérant dans les secteurs primaire, rappelle Christophe Vergès, secrétaire général adjoint de la collectivité. Concrètement, l’aide se matérialise par la prise en charge d’une partie du salaire brut chargé : un mois et demi pour un CDD d’un an, trois mois pour un CDI, dans la limite de deux millions de francs ». Cinq embauches par entreprise « C’est une mesure souple, efficace et directement mobilisable. Elle peut faire la différence pour une PME hésitant à créer un poste », souligne Raphaël Larvor, à la Direction du développement économique de la province Sud. Il suffit juste de respecter les critères : être en règle vis-à-vis des obligations fiscales et sociales, et déposer une demande en ligne via le site de la province. Pour faciliter l’accès à ce nouveau levier, la province a mis en place une procédure entièrement dématérialisée. La demande s’effectue via un formulaire en ligne, accessible depuis le site province‑sud.nc. Une fois les pièces justificatives déposées (contrat, pièce d’identité, justificatif de résidence, ...), le dossier est instruit par les services. « Le but était de ne pas rajouter de la complexité administrative à des entreprises déjà sursollicitées. Nous avons conçu une démarche rapide, réactive et surtout transparente », ajoute Christophe Vergès. L’aide est prévue pour cinq embauches par entreprise et n’est pas cumulable avec d’autres dispositifs d’aide à l’emploi. Elle fait par ailleurs l’objet d’un suivi : un premier bilan est attendu dans un an pour mesurer son impact réel sur l’insertion professionnelle des jeunes Calédoniens. « Il était temps d’envoyer un signal clair à notre jeunesse : votre place est ici, et nous vous voulons dans le monde du travail », résume Naïa Wateou, présidente de la commission du développement économique. SUD JEUNES, MODE D’EMPLOI Qui peut en bénéficier ? • Toute entreprise installée en province Sud, hors secteurs primaire. • Un jeune diplômé de moins de 30 ans, résidant depuis 10 ans en province Sud. Montant de l’aide • 1,5 mois de salaire brut pour un CDD de 12 mois. • 3 mois pour un CDI. • Plafond de 2 millions de francs par embauche. Démarche : • Dépôt de la demande en ligne sur le site de la Province. • Fourniture des pièces justificatives (RIB, RIDET, contrat, pièce d’identité, ...). • Instruction dans un délai de trois mois. • En cas d’accord : versement d’une aide par arrêté. À noter • L’aide n’est pas rétroactive. • Elle ne se cumule pas avec d’autres dispositifs d’aide à l’emploi.

Juin 2025 | SUD'MAG #25 15 ACTUALITÉS Samantha Facon, l’éclat d’une reconversion réussie Sam a fait de sa passion son métier, et de son salon, un cocon de douceur. Cette enfant du Caillou a bâti un espace à son image : chaleureux et humain. Soutenue par le dispositif Sud Pro, elle se relève des émeutes de mai 2024, plus déterminée que jamais à faire grandir son activité pour sublimer sa clientèle jusqu’au bout des ongles. Profondément attachée à la Nouvelle-Calédonie qui l’a vue naître, Sam a choisi d’y construire sa vie, portée par « l’univers du détail, de la beauté et du lien humain ». C’est d’abord seule qu’elle apprend les bases de la prothésie ongulaire : « Au début, je faisais ça juste pour moi, pour le plaisir… et puis c’est devenu une passion, une évidence. » Après un bac pro logistique à la CCI, elle décide de se former et enchaîne plusieurs stages. Très vite, elle comprend qu’elle ne veut pas seulement poser du vernis, mais offrir une parenthèse. « Je voulais que mes clientes se sentent bien. Comme si elles venaient boire un café chez une amie. » Dans son salon, on ne se sent jamais pressée. Chaque rendez-vous devient un moment suspendu, où Sam prend soin de ses clientes venues de toute la Calédonie. Beaucoup la suivent depuis ses débuts, fidèles, reconnaissantes, touchées par sa générosité, sa douceur et son professionnalisme. « Je travaille sur rendez-vous uniquement, pour vraiment prendre le temps avec chacune. J’ai à cœur de créer du lien et d’offrir un service de qualité, dans un cadre convivial et sécurisé. Je veux que chaque cliente reparte avec le sourire… et l’envie de revenir pour une nouvelle manucure. » Un choc, un soutien, un nouvel élan En mai 2024, son activité s’arrête brutalement. « Les exactions ont été un vrai choc. Moralement, c’était très dur. Le stress, l’inquiétude, l’insécurité de notre avenir… Tout cela a laissé des traces. Financièrement, mon activité a été complètement à l’arrêt pendant plusieurs semaines. » Plus de rendez‑vous, des annulations en cascade, des clientes elles‑mêmes affectées par la crise. Samantha venait tout juste d’investir dans du nouveau matériel. « J’ai eu des moments de découragement, comme beaucoup. Mais j’ai une petite fille, et je devais me battre pour elle aussi. J’ai choisi de garder espoir en notre pays et en son avenir. J’étais dans un état d’esprit combatif, et surtout, plein d’espoir. » Pour redémarrer, elle déménage dans un environnement plus sûr. C’est alors qu’elle découvre le dispositif Sud Pro sur les réseaux sociaux : « Un vrai coup de pouce », dit-elle, « qui a permis de donner plus de valeur et de professionnalisme à mon entreprise, à un moment où j’en avais vraiment besoin. » Grâce à cette aide, elle peut racheter un an de stock, investir dans de nouveaux meubles, retravailler sa communication et la signalétique de son enseigne. « Je ne savais pas si j’allais être éligible. Et puis on m’a accompagnée. Ça m’a redonné confiance. » Pour elle, au‑delà du soutien financier, il y a eu autre chose : « Ce n’était pas juste une aide, mais une reconnaissance, une valorisation de mon travail. Et ça, ça n’a pas de prix. » Aujourd’hui, Sam travaille aux côtés de Mireille, une consœur avec qui elle partage son salon. Les idées ne manquent pas : élargir les prestations, former, faire grandir son entreprise « sans jamais perdre cet esprit humain et accessible ». Et surtout, elle continue de croire en son île : « La Calédonie m’a vue grandir, comme plusieurs générations avant moi. Ma fille y est née. Mes racines sont là. C’est en cette Calédonie que je crois, en ce beau pays que nous sommes fiers d’appeler chez nous… et que nous ne sommes pas près de quitter. »

16 SUD'MAG #25 | Juin 2025 ACTUALITÉS Les déchets des émeutes, des cendres à la ressource Suite aux exactions de mai 2024, la province Sud a dû faire face à une montagne de décombres. Plutôt que d’enfouir ou d’exporter ces milliers de tonnes de déchets dont le coût aurait été prohibitif pour l’économie locale, la Collectivité a mis en place une stratégie proactive de valorisation. Dès les premières semaines suivant les exactions initiées en mai 2024, la province Sud a sorti les gants. Objectif : organiser au plus vite la collecte, le tri et le traitement de déchets d’une ampleur inédite. Ceux issus des bâtiments incendiés ou saccagés sur tout le territoire, mais aussi les véhicules. « Une cellule de crise mêlant acteurs publics et privés (chambres consulaires, FCBTP, cluster ACOTRED…) a été mise en place dès le 12 juin 2024 pour apporter une réponse rapide et évolutive, encore active aujourd’hui », précise Françoise Suvé, rapporteure de la commission de l'environnement et élue provinciale. Le cadre juridique a suivi avec l’adoption, le 12 septembre 2024, d’une délibération imposant la traçabilité des déchets issus des chantiers de déblaiement et lançant des filières de traitement adaptées. « Il fallait une réponse rapide, pragmatique, et coordonnée. C’est ce que nous avons mis en place, rappelle Nicolas Pannier, secrétaire général de la province Sud. Parmi les aménagements majeurs, on note la modification de l’arrêté de Gadji : une alvéole spécifique a été créée à Gadji pour recevoir les déchets brûlés, limitant les coûteux envois à l’export ». Koutio-Kouéta : un site clé Entre août 2024 et mars 2025, ce sont 68 visites de sites qui ont été menées par les agents de la DDDT pour accompagner les entreprises et vérifier la conformité des opérations. Des parcelles à Koutio‑Kouéta ont également été ouvertes à quatre entreprises pour stocker temporairement leurs déchets inertes (gravats, béton…), destinés à être revalorisés sur place, notamment par concassage. À l’ISD de Gadji, l’alvéole dédiée a réceptionné environ 3000 tonnes. L’entreprise EMC, quant à elle, a déjà traité plus de 5400 tonnes de ferrailles et 1 050 tonnes de véhicules incendiés. Sur la même période, 12 000 tonnes de déchets issus de 57 chantiers ont été déposées à Koutio-Kouéta. « Situé à Ducos, en bord de baie, le site de Koutio-Kouéta est un espace d’endigage réglementé, géré par la province Sud, dédié aux déchets inertes comme le béton, la caillasse ou les briques non polluées. Depuis 2018, les dépôts y sont encadrés par une tarification et un système de traçabilité et chaque entreprise doit remplir un bordereau de suivi (BSDI), et s’enregistrer dans un registre officiel », rappelle Françoise Suvé. Résultat : moins d’enfouissements sauvages, une meilleure valorisation des matériaux, et un site qui tourne à plein régime.

Juin 2025 | SUD'MAG #25 17 ACTUALITÉS Des filières sous contrôle Depuis 2009, la province Sud a structuré sa politique de gestion des déchets autour de huit filières réglementées (pneus, DEEE, huiles, piles, VHU…). Ce socle a permis de répondre efficacement à la crise. En 2022, ce sont 14260 tonnes de déchets qui ont été valorisées via ces filières. « Cette crise a validé notre stratégie de longue haleine sur l’économie circulaire. On ne partait pas de zéro, rappelle Françoise Suvé. En misant sur l’économie circulaire même dans l’urgence, nous montrons qu’une crise peut aussi devenir une opportunité — celle de transformer nos déchets en ressources, et nos ruines en leviers de transition ». Avec son schéma provincial 2023-2027, la Province entend aller plus loin. Aux côtés de l’ADEME, elle a mobilisé 600 millions de francs sur cinq ans pour soutenir des projets innovants, renforcer les filières REP, organiser des campagnes de collecte ou encore sensibiliser les scolaires. Les chiffres clés de la gestion post-incendies (nov. 2024 - mars 2025) • 68 visites de chantiers par la DDDT • 12000 tonnes de déchets stockés à Koutio‑Kouéta • 3000 tonnes de déchets accueillies à Gadji • 5412 tonnes de ferraille traitées par EMC • 1050 véhicules incendiés valorisés • Près de 19460 tonnes de déchets valorisées au total

18 SUD'MAG #25 | Juin 2025 VIE D'UNE COMMUNE Le 9 avril dernier, la première pierre du marché Les Terminalias, à Boulouparis, a été posée notamment en présence de Sonia Backès, présidente de la province Sud, Pascal Vittori maire de Boulouparis, mais aussi Stanislas Alfonsi, secrétaire général du haut-commissaire de la République. Pendant plusieurs semaines, des entreprises calédoniennes vont travailler à l’agrandissement du site : deck, espace de restauration et étals supplémentaires viendront compléter les installations actuelles, afin d’offrir aux habitants de la commune un lieu de vie chaleureux, sécurisé et convivial. Pour Corine Colleux, présidente du marché, ce nouvel espace « est là pour créer le lien social, pour faire sortir les gens. On prévoit des animations, sans doute des nocturnes, voire même des concours culinaires ». Le projet représente un investissement de 11,3 millions de francs, financé par l’État, la commune et la province Sud. « C’est très important pour la collectivité de participer à ce genre d’opération d’une part parce que cela donne du travail aux entreprises calédoniennes, d’autre part parce que ça répond à une attente de proximité » rappelle Sonia Backès. Une base nautique à Bouraké Ce marché modernisé n’est pas le premier - ni le dernier - projet soutenu par la province Sud. Depuis quelques mois, Boulouparis lance des signaux forts en matière d’aménagement stratégique. La création d’une base nautique à Bouraké, inaugurée symboliquement par la pose d’une première pierre fin avril en est la preuve tangible. Pour Pascal Vittori, « ce projet vise à structurer le littoral communal autour d’un équipement public à fort potentiel économique ». Portée par la commune avec le soutien de l’État et de la Province (qui y consacre 9,8 millions de francs, soit 25 % du financement), la base nautique ambitionne de devenir un levier de développement pour les activités nautiques, sportives, touristiques et associatives. Il s’agira de la deuxième base nautique publique en province Sud, signe d’une volonté claire de mailler le territoire en infrastructures cohérentes et adaptées. Pour Pascal Vittori, « ce projet vise à structurer le littoral communal autour d’un équipement public à fort potentiel. Boulouparis, une commune enmutation Un marché repensé, une base nautique, des aménagements routiers… La commune de Boulouparis change d’échelle et les projets emblématiques viennent moderniser le visage de la commune porté par une même dynamique : celle d’un territoire qui affirme ses ambitions, avec le soutien appuyé de la province Sud et de l’État.

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