Sud'Mag #026

Juillet 2025 | SUD'MAG #26 | 9 AMBITION Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, le Grand Lagon Sud (GLS) est un trésor écologique et paysager de 672 607 hectares, où cohabitent récifs coralliens, et espèces emblématiques comme les oiseaux marins, les tortues marines ou les baleines à bosse. Cette carte postale est soumise à de nombreux facteurs d’influence : pêche, mine et métallurgie, incendies, tourisme et plaisance, espèces envahissantes et dérèglement climatique... Pour conserver ce patrimoine naturel exceptionnel, la province Sud vient d’adopter un second plan de gestion (2025-2034) construit demanière participative avec scientifiques, élus, comités de gestion locaux, associations environnementales, opérateurs touristiques et économiques et usagers du lagon. Son objectif : « préserver la valeur universelle exceptionnelle du site, condition de son maintien au patrimoine mondial, tout en assurant un développement durable ». Si cette valeur venait à être altérée ou compromise, le site pourrait perdre son statut de bien inscrit au patrimoine mondial. « La préservation de l’environnement ne se faisant pas au détriment des populations locales, ce plan de gestion permet des activités économiques, sociales et culturelles compatibles avec la conservation du site » indique Christiane Verger, membre de la commission de l’environnement et élue provinciale. Le document se décline en quatre grands objectifs à long terme : préserver le patrimoine terrestre (flore micro-endémique, forêts, reptiles, bulimes), conserver la biodiversité marine (tortues, oiseaux marins, baleines, récifs), encadrer les usages (pêche, plaisance, tourisme), et renforcer l’appropriation locale. Une évaluation est prévue à mi-parcours, en 2028. La méthode d’élaboration, fondée sur des ateliers Moroni mêlant savoirs scientifiques et vécus locaux, a permis de caractériser les enjeux cruciaux du site : les récifs coralliens, les paysages pittoresques, les espèces rares et menacées, mais aussi les pressions et les menaces diffuses comme les incendies ou le dérèglement climatique. Un zonage par secteurs (Goro, île des Pins, île Ouen, Corne Sud, réserve naturelle intégrale Yves Merlet, etc.) permet d’adapter les mesures aux réalités du terrain. Des défis subsistent et appellent à l’action collective : poursuivre l’acquisition de connaissances scientifiques, sur les habitats, les espèces marines remarquables et les ressources halieutiques. Le changement climatique, avec ses effets concrets sur la résilience de cet écosystème remarquable, impose également une vigilance renforcée. Dans cet environnement d’exception, chaque effort compte : ici, la biodiversité n’est pas un simple paysage, elle est au cœur de l’équilibre et du futur du territoire. GRAND LAGON SUD, 10 ans pour préserver un joyau calédonien Les CHIFFRES clés du parc 672 607 ha de superficie totale 17 088 ha en réserve intégrale (Yves Merlet) 314 500 ha inscrits au patrimoine mondial 14 espèces d’oiseaux marins nicheurs 250 pontes de tortues grosse tête en 2021 1 311 ha de réserve saisonnière (Grand Port) Des espèces sous haute surveillance • Bulimes de l’île des Pins, endémiques et menacés • Phoboscincus bocourti, scinque géant quasi-mythique. • Tortues marines : une zone d’alimentation pour les vertes, un site majeur de ponte pour les grosse tête (pour 30% de la population du Pacifique Sud). • Puffins : 95 000 terriers actifs sur l’îlot Kutomo. • Baleines à bosse : site majeur de reproduction d’une des plus petites populations du monde. Des pressions et des menaces présentes • Incendies (notamment sur la zone tampon terrestre de l’île des Pins) • Espèces invasives (rats, chats harets, chiens ensauvagés, pins des Caraïbes) • Érosion côtière accélérée par le dérèglement climatique • Braconnage • Sédimentation • Mauvaises pratiques de pêche

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