SudMag, octobre 2025

Octobre 2025 | SUD'MAG #29 | 11 DÉCRYPTAGE 2024 : l’année noire des entreprises calédoniennes Selon l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM), l’année 2024 restera comme l’une des plus graves crises économiques qu’ait connue la Nouvelle-Calédonie depuis la fin des années 1980. Dès les émeutes du 13 mai, l’économie s’effondre sous le choc des pillages, incendies et blocages prolongés. Les commerçants de la province Sud sont en première ligne. Une enquête IEOM menée entre le 24 mai et le 6 juin 2024 révèle que 88 % des entreprises interrogées ont été directement impactées par les violences. Parmi elles, 56 % font état d’une perte de chiffre d’affaires supérieure à 50 %, et une sur deux envisageait déjà, dès juin, des licenciements ou une baisse durable d’activité. Au second trimestre 2024, l’indicateur du climat des affaires (ICA) s’effondre à 77,9, soit une chute de 18 points, atteignant un niveau inférieur à celui observé pendant la crise COVID. Dans son rapport publié en juillet, l’IEOM indique que 40 % des commerces ont dû interrompre leur activité pendant plusieurs semaines, faute d’accès ou à cause des dégradations. Le tableau de bord du troisième trimestre confirme l’ampleur des dégâts : près de 13 000 emplois privés ont été détruits entre mai et septembre. La majorité des entreprises commerciales n’ont pas retrouvé leur niveau d’activité à la rentrée. Le crédit aux entreprises est en net recul, tout comme l’investissement. Enfin, dans son rapport annuel de décembre 2024, l’IEOM chiffre la baisse globale du chiffre d’affaires des entreprises à –12 % sur l’année, tous secteurs confondus. Le commerce, la restauration et les services de proximité sont les plus touchés, notamment dans l’agglomération de Nouméa. La province Sud concentre près de 70 % des aides d’urgence versées dans le cadre du plan de soutien économique post-crise. Indispensable. Les chiffres sont éloquents : depuis sa mise en place, plus de 92 % des demandes ont été acceptées. Une enquête réalisée en 2023 auprès de 141 bénéficiaires montre que 96 % d’entre eux se déclarent satisfaits ou très satisfaits, notamment sur la simplicité des démarches et la qualité du suivi par les services provinciaux. Surtout, les retours terrain indiquent une baisse sensible des actes délictueux dans les mois suivant l’installation des dispositifs de sécurité. La répartition géographique montre une concentration des aides à Nouméa, où l’activité économique est la plus dense, mais des communes comme Bourail, Dumbéa, La Foa ou Païta en ont également bénéficié. En Brousse, les dossiers concernent principalement des commerces d’alimentation, d’habillement, des stationsservice, des bars, des coiffeurs, des officines de santé et des restaurateurs… Signe de la pérennisation du dispositif, 20 millions de francs ont été inscrits au budget 2025. La date de clôture fixée initialement au 1er janvier 2026, a été repoussée à 2027. Parmi les pistes à l’étude : une réduction du nombre de pièces justificatives, un élargissement à de nouveaux secteurs d’activité, et plus de matériels éligibles. La police et la gendarmerie, associées aux réflexions, se disent favorables à cette évolution. Au-delà de l’aide financière, c’est un accompagnement global qui est proposé aux professionnels : conseils, audits, contacts directs avec les référents sûreté, délais de traitement réduits… Ce partenariat étroit entre acteurs publics et tissu économique vise à créer un climat de confiance et de résilience. La collectivité entend bienmontrer qu’elle reste aux côtés des commerçants, pilier essentiel du lien social et de la vitalité urbaine. « Alors que l’insécurité reste l’un des premiers freins à l’activité, ces mesures offrent une réponse concrète, immédiate et ciblée. En sécurisant les commerces, on protège aussi les emplois, la vie de quartier, et l’attractivité des communes », indique Naïa Wateou, élue provinciale et présidente de la Commission du développement économique.

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