Octobre 2025 | SUD'MAG #29 | 27 SUR LE TERRAIN ,, Les cinq piliers d’une nouvelle stratégie Pour répondre à ces défis, la province Sud a bâti une stratégie concertée reposant sur cinq grandes orientations, traduites en treize actions concrètes. • Diminuer la densité du parc social. Cela passe par la transformation d’une partie des logements sociaux en logements intermédiaires ou en accession, par la cession de bâtiments, mais aussi par l’écrêtage ou la démolition des ensembles les plus dégradés. L’objectif est de rééquilibrer l’offre et de redonner attractivité et diversité aux quartiers. • Repenser l’attribution et la gestion. Les élus provinciaux et communaux voient leur rôle renforcé dans les commissions d’attribution, pour une gestion plus transparente et plus réactive. Une meilleure connaissance de l’occupation du parc permettra également d’anticiper les évolutions et d’adapter les réponses. • Reloger les familles aux besoins spécifiques. La Province entend mobiliser le parc vacant pour accueillir des publics vulnérables ou particuliers : personnes âgées, personnes en situation de handicap, jeunes, travailleurs pauvres, victimes de violences intrafamiliales. Elle souhaite aussi développer l’accession à la propriété, notamment en brousse, afin d’offrir des solutions durables à ceux qui souhaitent s’installer en dehors de l’agglomération. • Réenclencher la résorption des squats. « Il n’est plus acceptable de laisser prospérer des zones de non-droit », affirme Sonia Backès. La méthode combinera expulsions légales et relogement des familles volontaires, pour une approche à la fois ferme et responsable. • Réorienter les aides individuelles. Ces aides seront désormais tournées vers l’accession dans l’ancien, à condition que les projets s’accompagnent de travaux de rénovation. Elles permettront aussi de soutenir la sécurisation des logements individuels, en complément du nouveau dispositif SudSécurité. Être réaliste et responsable. Cette stratégie ne repose pas sur la multiplication des constructions neuves, mais sur la transformation de l’existant. Elle privilégie le rééquilibrage et la diversification, avec l’idée que la mixité résidentielle et la revalorisation des quartiers constituent les meilleures réponses aux fractures sociales et aux tensions. Elle tient aussi compte des réalités économiques : la flambée de la vacance dans le parc social, la baisse des prix dans le privé (jusqu’à moins 50 % dans certains secteurs), la multiplication par quatre de l’offre locative privée, qui entraînent une chute des loyers de 20 à 35 %. IL FAUT RESTAURER LA TRANQUILLITÉ RÉSIDENTIELLE ET RECRÉER DES ESPACES DE VIE ATTRACTIFS. Sonia Backès, présidente de la province Sud Dans ce contexte, investir massivement dans du neuf n’aurait pas de sens. Mieux vaut accompagner la mutation des quartiers, soutenir les bailleurs dans la rénovation et la gestion, et encourager les parcours résidentiels qui valorisent la responsabilité et l’ancrage des ménages. Restaurer la tranquillité. Au-delà des chiffres, c’est une vision sociale et sécuritaire qui guide cette politique. Restaurer la tranquillité résidentielle, recréer des espaces de vie attractifs, soutenir les familles les plus vulnérables : autant d’objectifs qui visent à redonner confiance aux habitants. « Il n’est plus acceptable de laisser prospérer des zones de non-droit génératrices de criminalité », insiste la présidente. Les opérations d’écrêtage, de désurbanisation ou de relogement s’accompagneront d’actions ciblées pour améliorer le cadre de vie, développer les commerces de proximité et renforcer la sécurité, pour lesquelles les communes devront prendre toute leur place. La province Sud affirme ainsi un choix clair : celui de transformer plutôt que de subir, de rééquilibrer plutôt que de concentrer, de résorber plutôt que de laisser prospérer l’habitat illicite. «Ferme mais responsable» : cette formule résume l’esprit d’une stratégie qui vise à rompre avec les logiques anciennes et à construire un modèle plus équilibré, plus sûr et plus durable. Pour les élus, cette réalité s’inscrit également dans une crise plus large avec entre janvier et juin 2025, plus de 19 000 demandeurs d’emploi qui se sont présentés à la Direction provinciale de l’emploi et du logement, pour seulement 600 postes proposés en moyenne chaque mois... Ainsi, plus de 11 000 emplois salariés ont été perdus, soit une baisse de 17 % en un an. La consommation chute, les prix de l’alimentation augmentent (+5,9 % sur un an), les dossiers de surendettement explosent (+268 %), tandis que les crédits à l’habitat s’effondrent de 41 %. Dans ce contexte, la demande en logement social a reculé de 33 % depuis 2023 : de nombreux ménages n’ont plus les moyens d’assumer un loyer, même modéré.
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