SudMag, octobre 2025

42 | SUD'MAG #29 | Octobre 2025 La crise de mai 2024 a profondément marqué la Nouvelle-Calédonie. Pénuries, blocages des routes, fermetures de commerces : les habitants ont dû improviser, s’adapter, revoir leurs modes de consommation en privilégiant réparation et prolongement de la durée de vie des objets. Cette expérience a confirmé une évidence : notre modèle linéaire – extraire, produire, consommer, jeter – a atteint ses limites. La province Sud et l’ADEME choisissent d’y répondre par un levier puissant : l’appel à projets « économie circulaire » 2025. Lancé depuis 2019, ce dispositif a déjà permis d’accompagner plus d’une centaine de projets locaux innovants, portés par des collectivités, associations, entreprises ou chambres consulaires. « Son objectif est clair, précise Françoise Suvé, élue provinciale : favoriser l’émergence d’initiatives exemplaires qui réduisent les déchets, réemploient et valorisent les ressources, développent des filières nouvelles et renforcent la résilience du territoire. Deux sessions sont ouvertes cette année et je suis persuadée que les candidatures ne vont pas manquer ». Ces dernières doivent être déposées au plus tard le 14 novembre 2025 pour la première, et le 30 janvier 2026 pour la seconde. Les lauréats seront annoncés respectivement en décembre 2025 et mars 2026. Les structures éligibles sont variées : associations, collectivités, entreprises, établissements de santé ou de restauration, syndicats et fédérations implantés en province Sud. Attention, les particuliers et structures en création en sont exclus. 7 critères. Les projets doivent démontrer leur intégration dans la logique globale de l’économie circulaire, en apportant une innovation technique, organisationnelle, sociale ou environnementale. Le jury, composé de représentants de la province Sud et de l’ADEME, examinera les dossiers selon sept critères, dont l’innovation, la reproductibilité, l’impact sur les ressources et l’emploi, la faisabilité technique, l’effet de levier de l’aide et la qualité du dossier. Côté financement, « les subventions peuvent atteindre jusqu’à 65 % des dépenses éligibles pour les entreprises et 80 % pour les associations ou collectivités. Les dépenses concernées vont des études de diagnostic aux investissements en matériel, en passant par les actions de sensibilisation ou de formation. Les coûts liés au fonctionnement courant, à la publicité commerciale ou aux dépenses engagées avant le dépôt du dossier ne sont pas éligibles », précise Françoise Suvé. Au-delà du soutien financier, l’appel à projets vise à mettre en lumière les initiatives citoyennes et à inspirer d’autres acteurs. Des exemples concrets illustrent cette ambition : mise en place de systèmes de consigne, valorisation des biodéchets, réparation et réemploi dans le textile ou encore innovations dans le BTP. Chacun de ces projets contribue à construire un modèle plus durable, créateur d’emplois et respectueux de l’environnement. Avec ce nouvel appel à projets, la province Sud confirme sa volonté d’inscrire l’économie circulaire au cœur de son schéma provincial de prévention et de gestion des déchets 2023-2027, partie intégrante de sa stratégie de développement durable. Les porteurs de projets ont désormais l’opportunité d’inventer des solutions concrètes pour transformer le territoire et en faire un modèle de sobriété, de créativité et de solidarité. ÉCONOMIE CIRCULAIRE, Relance d’un appel à projets L’économie circulaire, vrai ou faux ? « L’économie circulaire, c’est seulement du recyclage. » Faux. Elle englobe bien plus : réduction, réemploi, réparation, allongement de la durée de vie des objets, valorisation des déchets et innovation dans les modes de production et de consommation. Le recyclage est une composante, mais il arrive en dernier recours. En province Sud, l’économie circulaire vise d’abord à réduire les déchets à la source, à prolonger la durée de vie des objets (réparation, seconde main), à mutualiser les ressources (ex. : partage de matériel), à encourager l’écoconception (produits durables dès la fabrication) et à valoriser localement ce qui peut l’être. • Exemple : le développement des ressourceries et des projets de réemploi soutenus par la Province depuis 2020. « C’est une démarche qui coûte plus cher. » Faux. Si certains investissements sont nécessaires au départ, l’économie circulaire permet à long terme de réduire les coûts en limitant les achats de matières premières et la gestion des déchets. Certaines initiatives demandent un investissement de départ (achat de matériel de réparation, aménagement de sites, formation). Mais sur le long terme, elles permettent de réduire les dépenses : • moins de coûts de collecte et d’enfouissement des déchets, • économies pour les ménages (réparer plutôt qu’acheter du neuf), • baisse de la dépendance aux importations (matières premières, produits finis). « L’économie circulaire crée des emplois. » Vrai. Nouvelles filières de valorisation, ateliers de réparation, conception de produits durables : autant d’opportunités pour générer de l’activité économique locale. Chaque projet soutenu depuis 2020 dans le cadre de l’appel à projets a généré de l’activité : emplois dans la réparation, réemploi textile ou mobilier, collecte et tri des déchets, ou encore dans la valorisation locale de matériaux issus de la construction. « Elle concerne uniquement les entreprises. » Faux. L’économie circulaire est l’affaire de tous : • la province Sud et l’ADEME structurent et financent les projets, • les associations locales inventent des solutions de terrain, • les entreprises innovent dans le recyclage et le réemploi, • et les habitants participent chaque jour, en choisissant de réparer, de rapporter leurs déchets en déchèterie ou d’acheter en seconde main.

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