SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL À L’HORIZON 2025

SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL À L’HORIZON 2025 Ensemble pour développer l’autosuffisance alimentaire

Novembre 2016 Ce document peut être amené à être modifié par décision du bureau de l’Assemblée.

Schéma de Développement Agricole Provincial

S SOMMAIRE UNE AGRICULTURE CALÉDONNIENNE EN MUTATION L’ÉTAT DES LIEUX DU SECTEUR AGRICOLE Introduction 3. DIAGNOSTICS DES THÉMATIQUES TRANSVERSALES Partie 1 1.1 Le contexte géographique 1.2 Le contexte foncier 1.3 La ressource en eau 1.4 Les principales activités agricoles 1.5 Le contexte de l’agriculture en province Sud 1.6 L’environnement 1.7 L’économie 1.8 Le volet social 1. CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ET ÉCONOMIQUE 2.1 La filière bovine 2.2 La filière avicole (chair) 2.3 La filière céréales et oléoprotéagineux 2.4 La filière fruits et légumes 2.5 Les autres filières à enjeux 2. DIAGNOSTICS DES FILIÈRES 10 6 18 38 4 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE

SOMMAIRE Partie 3 1. LES MESURES EN FAVEUR DE L’AGRICULTURE EN NOUVELLE-CALÉDONIE 1.1 Les baux ruraux 1.2 Les produits phytopharmaceutiques 1.3 Les signes de qualité 1.4 Les soins vétérinaires 2.1 L’organisation de l’espace rural 2.2 La préservation des espaces agricoles 2.3 La ressource en eau 2.4 La structuration des filières 2.5 Les diagnostics agricoles et l’animation de développement local 2.6 L’agriculture familiale 2.1 Le cadre logique de la PPAP 2.2 La ressource en eau 2.3 La connaissance de la fertilisation des sols 2.4 La lutte biologique 2.5 Les actions à mener dans les principales filières 2. LES AXES D’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE 2. LE PLAN D’ACTION PROVINCIAL 3. LES ORIENTATIONS STRATÉGIQUES PAR FILIÈRES 4. LA SYNTHÈSE DES OBJECTIFS À L’HORIZON 2025 3. LES DISPOSITIFS DE SOUTIEN À LA PPAP ANNEXES GLOSSAIRE 3.1 Les orientations par filières prioritaires 3.2 Les autres filières à enjeux 3.1 Les aides financières à l’investissement 3.2 Les aides directes à l’investissement 3.3 Les aides indirectes à l’investissement 3.4 Les aides financières à l’exploitation Partie 2 1. LE CADRE, LES ENJEUX ET LES AMBITIONS DE LA PPAP LES ORIENTATIONS STRATÉGIQUES 1.1 La Politique Publique Agricole Provinciale (PPAP) 1.2 Les priorités de développement 1.3 La méthode et les objectifs MESURES D’ACCOMPAGNEMENT ET DISPOSITIFS DE SOUTIEN 42 46 54 65 70 74 98 104 114 5 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016

Pour conforter sa démarche, la province Sud s’est appuyée sur le dernier recensement général agricole de 2012 (RGA) qui tirait déjà la sonnette l’alarme sur un secteur en souffrance. L’agriculture calédonienne est en déclin, du fait du vieillissement de ses acteurs dont la moyenne d’âge est de 53 ans, du manque d’attractivité du secteur entraînant un exode important, d’un individualisme économique bien ancré, de revenus jugés trop faibles par les jeunes agriculteurs (156 000 F/mois en moyenne) et en n, par la perte des outils de production. En 20 ans, la population agricole familiale a diminué de deux tiers, passant de 40 000 à 13000 personnes sur l’ensemble du pays et de 12 000 à 4 300 en province Sud. Il en est de même pour les salariés permanents non familiaux. Sous la pression exercée par le développement économique dynamique et l’urbanisation, la moitié des exploitations agricoles du pays a disparu en moins de 20 ans. Les petites et les grandes exploitations sont les plus touchées, alors que celles de moyenne envergure ont augmenté surtout dans le sud-ouest de la province Sud. Les surfaces agricoles utilisées (SAU) ont diminué d’un quart en province Sud, tandis que les pâturages largement majoritaires, sont restés stables. On note également une forte diminution de la surface agricole entretenue (SAE), -35% en NouvelleCalédonie et -29% en province Sud. En 2013, le constat alarmant a été confirmé puisque la product ion en volume ne peut couvrir les importations de produits agricoles : taux de couver ture de 42 % en va l eur et 15% en volume. Cette accumulation de signaux a conduit la province Sud à réagir pour améliorer à son niveau, l’autosuf sance alimentaire et insuf er une relance à la lière agricole en structurant sa production, ses moyens et ses ressources. La tenue des «Assises provinciales 2014 du développement rural » est la première étape de ce projet d’envergure. La Politique Publique Agricole Provinciale (PPAP) se veut innovante par la participation des acteurs, ambitieuse dans ses enjeux et généreuse dans ses réformes. Le consommateur également dans la PPAP C’est ce pari d’une nouvelle vision qui conduit nécessairement à des changements de grande envergure, car force est de constater que le consommateur calédonien subit les pénuries récurrentes en produits frais : c’est malheureusement l’offre qui fait le marché. Pour la première fois, le consommateur est placé au même titre que le producteur et les autres acteurs de la lière au cœur de la politique agricole de la province. C’est là que réside toute l’originalité de la démarche. L’agriculture calédonienne est en pleine transformation sur les plans politique, économique et dans ses modes de fonctionnement. Des modifications en profondeur s’annoncent pour la majorité des filières du pays. Pour accompagner cette mutation, la province Sud s’est inscrite dans une démarche volontaire et participative avec les autres acteurs publics du secteur, mais aussi les producteurs et, c’est une nouveauté, en prenant en compte l’avis et les préoccupations du consommateur calédonien. En 2014, les Assises provinciales du développement rural ont permis de faire le point et de mettre au jour les forces et les faiblesses des filières agricoles. Le constat est simple : le monde agricole ne peut plus s’affranchir d’une mutation essentielle à sa survie. Marché Agriculture responsable devant le supermarché Géant 6 UNE AGRICULTURE CALÉDONIENNE EN MUTATION SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE

Aujourd hui, notre taux de couverture des besoins alimentaires en olume ne dépasse pas les 15 % (avec les produits transformés). Nous avons donc une très forte marge de progression. Pour cela, il y a des réformes essentielles à faire pour développer l autosu sance alimentaire. Nicolas Metzdorf, Président de la commission du Développement Rural, “ “ Assises provinciales du développement rural 2014 Ainsi, un premier rendez-vous a réuni du 27 au 30 octobre 2014, les acteurs du monde rural néo-calédonien : éleveurs, cultivateurs, hor t icul teurs, aquacul teurs et les inst i tutions à La Foa et à Nouméa dans le cadre des «Assises provinciales 2014 du développement rural » pour une plus grande autosuf sance alimentaire. Durant quatre jours, sur le mode participatif, plus d’un millier de participants sont intervenus dans les 16 « ateliers lières ». De communes ré exions ont émergé des propositions et de grandes orientations se sont dessinées. À partir de ce socle de travail, les équipes de la direction du Développement Rural (DDR) et de la Chambre d’agriculture ont analysé les données des lières et tracé les grandes lignes de la PPAP. Lors d’un second rendez-vous, le 17 juin 2015 à Bourail, le Président de la province Sud, Philippe Michel, a procédé à la restitution des Assises 2014 où les professionnels sont encore venus en nombre (plus de 600 personnes). La totalité des orientations et des mesures proposées par secteurs de production, puis par thématiques transversales a été validée par l’assemblée. Au cours de cette rencontre, une première mesure pour l’avenir de l’agriculture a été annoncée : la mise en place du régime des baux ruraux. Ce dernier a été entériné par une loi du pays le 7 avril 2016 au Congrès. Dès la fin de la restitution des Assises en juin 2015, la DDR a travai l lé à l ’élaboration d’un nouveau système d’aides provinciales le « dispositif de soutien à la PPAP », qui a été présenté aux professionnels au premier semestre 2016. Sans attendre sa mise en appl ication, des mesures transitoires aux projets structurants ont été élaborées pour 2016. Ce soutien immédiat et renforcé, proposé aux professionnels volontaires, a fait émerger d’intéressants et signi catifs projets dans les lières céréales, fruits et légumes et avicole. À l’identique de la démarche collective portée par la charte bovine, l’accompagnement d’agrégateurs – outils d’organisation des filières qui peuvent dépasser le champ provincial – est une des clés de la réussite de la PPAP. À ce titre, la Province a soutenu la création de l’Interprofession Fruits et Légumes de Nouvelle-Calédonie (IFEL NC) dans le cadre des réunions de compétitivité filières, organisées par le gouvernement. De même, a n de créer des synergies possibles entre les lières agricoles des provinces Nord et Sud, les présidents Philippe Michel et Paul Néaoutyine se sont rencontrés à Koné le 21 octobre 2015 où la démarche de la PPAP de la province Sud a été présentée aux délégations. 7 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016

Part ie

1 L’état des lieux du secteur agricole

L’agriculture contribue pour 2,4 % du PIB de l’Australie. Ses productions principales destinées à l’export sont la laine, la viande, le blé et le coton. En Nouvelle-Zélande, environ 55% du territoire (soit 11,7 millions d’hectares), sont dédiés à l’agriculture, dont plus de 90 % en pâturage. La production est essentiellement orientée vers l’élevage et l’agriculture contribue à hauteur de 5% au PIB du pays. Elle est aujourd’hui le premier exportateur net mondial de produits laitiers (1). La Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans un entre-deux, à la fois dans une agriculture traditionnelle issue du monde kanak, avec des exploitations et des stations d’élevage de taille moyenne pour trouver son équilibre entre une agriculture familiale, et une agriculture d’économie de marché. Elle doit se résoudre à de grandes modifications sur le plan géographique qui passent par une réforme du foncier. La Nouvelle-Calédonie peut miser sur la qualité de ses produits. Mais la bataille se joue d’abord sur son territoire, car il est impératif d’ouvrir les terres publiques et coutumières à l’agriculture et donc au développement économique. La spéculat ion foncière sur les terres de droi t commun est aussi un f rein à prendre en considération. Ce sont les enjeux géographiques majeurs pour le développement de la Brousse et la survie de l’agriculture calédonienne. 1.1 Le contexte géographique 1. CONTEXTE GÉOGRAPHIQUE ET ÉCONOMIQUE Dans le Pacifique Sud, l’agriculture est la base de l’économie de la plupart des îles et archipels. Mais cette dernière repose le plus souvent sur des systèmes agricoles traditionnels, transformés au fil des ans sous l’influence de l’économie de marché. Deux poids lourds dominent le secteur, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 10 LE RECENSEMENT GÉNÉRAL DE L’AGRICULTURE (RGA) Ce recensement est effectué tous les dix ans. Il permet l’actualisation des connaissances du secteur agricole sur un très large éventail de thèmes : nombre d’exploitants et d’exploitations, répartition des surfaces agricoles, nombre d’élevages, niveau d’équipement, emploi. Les données couvrent l’échelle communale, provinciale et l’ensemble de la Nouvelle‑Calédonie. La Nouvelle-Calédonie a organisé quatre RGA, en 1983, 1991, 2002 et 2012. Le premier avait recensé 12 747 exploitations sur une surface agricole utilisée totale de 292650 hectares. Celui de 2012 dénombre 4506 exploitations, sur une surface agricole utilisée de 182026 hectares.

1.2 Le contexte foncier En Nouvelle-Calédonie, la terre occupe «une place très importante (…) plus culturelle qu’économique. Car les terres ne sont pas forcément mises en valeur. La pratique de la location agricole (fermage) est d’ailleurs relativement rare (14% de la Surface Agricole Utile). Ce constat d’un attachement à la terre, sans forcément un souci de rentabilité est particulièrement vérifié sur les terres coutumières. Globalement, les Nouméens perçoivent le reste de la Nouvelle‑Calédonie comme un espace où il n’y a pas et où il ne peut y avoir de valeur ajoutée. Très peu d’entreprises s’installent dans les communes de l’intérieur ou dans les îles Loyauté. Se pose alors la question des incitations et des garanties pour que les entreprises s’installent en brousse. » Cet ext rai t , issu de l ’atel ier 8 de NC 2025, résume à lui seul la problématique majeure de l ’agr icul ture en Nouvel leCalédonie. Le constat est sans appel : le monde rural est en déclin économique. 11 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016 EN PROVINCE SUD La majorité des terres agricoles est détenue par les agriculteurs qui les exploitent. Le foncier privé a perdu 15 % de sa surface en 2002 et couvre 112 000 ha. Deux tiers des exploitations sont situées sur 101 300 ha. Le foncier coutumier ne représente plus qu’une faible surface en province Sud. Il diminue de 30 % comme partout sur le territoire, de 9 000 ha il passe à 6 300 ha. Un quart des exploitations occupe 4 700 ha de terres coutumières. Le foncier domanial progresse de 21% et atteint 12 200 ha, sur lequel les exploitations occupent 5 000 ha de terres. Enfin, une centaine d’exploitations sont installées sur un foncier mixte alliant les terres privées, coutumières ou domaniales. Le mode de faire valoir indirect (location) représente 16 000 ha. Depuis une dizaine d’années, les espaces de loisirs sont de plus en plus recherchés en brousse. La pression exercée pas ces petits investisseurs privés est forte notamment sur la bande littorale et le long des cours d’eau. Le prix des terrains a tendance à flamber, ce qui n’incite pas les jeunes à s’installer.

La Nouvelle-Calédonie dispose d’une ressource en eau superficielle globalement abondante. Cependant, le relief escarpé de la Grande Terre, la superficie limitée des bassins versants, ses particularités géologiques et climatologiques induisent des contrastes importants dans la répartition de cette ressource. Dans les îles, la ressource est exclusivement souterraine, grâce aux rivières invisibles qui parcourent la roche calcique. Sur la Grande Terre, la climatologie, la géologie et la topographie permettent de définir trois grandes régions hydrologiques : la côte Est, la côte Ouest et le Sud. « Le contexte général reste toujours celui de petits bassins versants montagneux à fortes pentes, présentant des temps de transfert hydrique très courts, car la longueur des rivières excède rarement 50 km entre l’amont et l’embouchure. Les conséquences hydrologiques sont la formation de crues éclairs, sources d’inondations et de processus érosifs intenses et des étiages parfois sévères». (Source : Atlas de la Nouvelle-Calédonie) Sur la Grande Terre, il tombe en moyenne chaque année 1850 mm de pluie. La ressource en eau est dépendante d’une dynamique hydrologique très rapide. En clair, nous ne possédons pas de nappes phréatiques importantes qui se vident et se rechargent sur des périodes de plusieurs années, comme cela peut être observé en France. Ainsi, les pluies tombées en juillet/août vont conditionner et influencer la période sèche de décembre à avril. Ces «pluies récentes» jouent un rôle primordial. L’eau tombée dans les massifs montagneux met maximum six mois pour rejoindre le lagon. Entre temps, elle peut se retrouver dans les massifs et les vallées de montagne dans des réservoirs naturels d’eau douce appelés nappes perchées. La montagne joue alors un rôle de filtration. En aval, les nappes alluviales des basses plaines sont alimentées par les cours d’eau et exploitées principalement pour l’agriculture de la côte Ouest. Les besoins en eau potable sont occasionnellement renforcés par des captages à 80 % réalisés en surface. La gestion intégrée et raisonnée des ressources en eau garantit les droits d’eau octroyés et pérennise le fragile équilibre établi sur chaque cours d’eau. Ainsi, tout nouveau projet de prélèvement d’eau est analysé au regard des activités existantes sur le bassin versant et également du besoin écologique du cours d’eau utile au maintien de la vie et de la faune aquatique. Les Conseils de l’eau Depuis 2009, la province Sud soutient les initiatives locales mises en place dans le cadre de Conseils de l’eau. Ils sont les relais des administrés de la Province et travaillent en partenariat étroit avec la DDR de la province Sud. Actuellement, il en existe quatre : la Néra (Bourail), Moindou, La Foa (Farino, Sarraméa, La Foa) et prochainement La Moindah (Poya). Les associations d’irrigants Deux associations syndicales libres gèrent chacune un périmètre irrigué dans les secteurs de la Ouaménie (ASLAHO) et de la Tamoa (ASLAHT). Elles sont composées de riverains utilisateurs et adhérents. Une retenue d’eau a été réalisée sur chacun de ces secteurs afin de permettre un soutien du niveau d’eau de la rivière en période sèche. Des initiatives locales de regroupement d’exploitants agricoles autour du sujet de l’eau émergent et reçoivent toute l’attention de la DDR. Les thématiques telles que l’économie d’eau, le choix des cycles de culture, le matériel utilisé, etc. sont aujourd’hui les préoccupations des exploitants qui cherchent à sécuriser leurs revenus. Autorisation du domaine public uvial Suivi qualitatif et quantitatif des eaux (mesure du débit d’eau des rivières,suivi des nappes et de la qualité des eaux, etc.) Mise en place des périmètres de protection des eaux et les barrages hydroélectriques COMPÉTENCES NOUVELLECALÉDONIE COMPÉTENCES PROVINCES Gestion des ressources en eau : autorisations de prélèvements d’eaux super cielles et souterraines Entretien et aménagement des cours d’eau en partenariat étroit avec les services du gouvernement. Répartition des compétences relatives à la gestion des ressources en eau La ressource en eau 1.3 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 12

Panorama des principales activités agricoles 38% 2% 41% 15% Chi re d’a aires SAU Emplois Acteurs 12 Md F CFP Élevage bovin et autres élevages HS Fruits & légumes et autres lières végétales Autres filières agricoles Céréales & fourrages 222 200 ha 832 emplois 1803 Acteurs 15% 2% 1% 78% 24% 2% 51% 12% 37% 33% 2% 28% Pyramide des âges de l’agriculture calédonienne En 2014, la filière historique qu’est l’élevage bovin, associée aux élevages hors-sol (cochons, volailles,...), n’est plus la première activité économique en termes de chiffres d’affaires. Les filières animales sont devancées par les filières végétales, notamment la filière fruits et légumes qui emploie près de la moitié des salariés agricoles et représente 1/3 des exploitants. En 2015, le chiffre d’affaires des filières agricoles atteint 9,1 milliards de francs pour les filières connues à ce jour et détaillées ci-après, hors aquaculture et bois, soit une diminution de 4% par rapport à 2014. L’âge moyen de l’agriculteur calédonien, homme ou femme, est de 53 ans. Plus généralement installé dans le sud-ouest de la Grande Terre, à la tête d’une exploitation de taille moyenne, le plus souvent en famille, ayant choisi l’élevage ou la culture maraîchère, parfois une polyculture. Aujourd’hui, on note un réel vieillissement de la population agricole dans un secteur qui n’est pas rémunérateur puisque le revenu agricole moyen est le plus bas de toutes les catégories socioprofessionnelles de Nouvelle-Calédonie. L’enjeu pour l’agriculture calédonienne réside dans le taux de transmission des exploitations, l’âge des exploitants agricoles et dans leurs revenus. Dans une dynamique de mutation de l’agriculture calédonienne, les enjeux sociaux ont pris une place prépondérante. Une position qui se justifie au regard des chiffres. Ainsi, entre 2002 et 2012 (RGA), 1879 exploitations ont disparu contre seulement 811 nouvellement créées. La population agricole familiale marque un net déclin avec une diminution de 38%. 1.4 Les principales activités agricoles 13 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016 500 400 300 200 100 0 0 100 200 300 400 500 Âge Hommes Femmes 70 et + 60 à 69 50 à 59 40 à 49 30 à 39 20 à 29 10 à 19 0 à 9 Chefs d’exploitation Autre population agricole familiale

1.5 Le contexte de l’agriculture en province Sud Seuls 37% des chefs d’exploitation considèrent l’agriculture comme étant leur activité principale, alors que 40 % ont une autre activité professionnelle et 21 % sont des retraités. L’âge moyen de la population agricole est passé de 36 à 41 ans. Plus d’un tiers des exploitants agricoles a au moins 60 ans. Si pour certains la succession semble assurée par la famille, dans un cas sur trois, l’exploitant n’a pas de successeur. L’agriculture se féminise, 24% de femmes sont chefs d’exploitation, contre 18% en 2002. La force de travail que représentent les actifs familiaux ainsi que la main-d’œuvre occasionnelle fait vivre 4 300 personnes, soit 2,3 % de la population provinciale totale. Pour autant, la population agricole familiale a diminué d’un millier de personnes en dix ans. Les 1595 exploitations installées en province Sud sont plus grandes et plus souvent marchandes qu’ailleurs sur le territoire. L’activité agricole conserve un certain attrait puisque le nombre d’exploitations a diminué de 7% en 10 ans contre 19% sur l’ensemble du territoire. Deux régions se distingent en province Sud Le sud-ouest, plus attractif, qui s’étend de Dumbéa à Poya Sud, compte 1240 exploitations sur la quasitotalité de la surface agricole utile. Le cheptel bovin occupe en moyenne 85 ha, alors que la surface agricole utilisée (SAU) est de 6 ha. Le sud-est, qui comprend l’île des Pins, le MontDore, Nouméa, Thio et Yaté. Il regroupe 355 petites exploitations. Le cheptel bovin est concentré à Thio. Depuis 2002, la SAU en province Sud a diminué de 1,5% par an, tandis que la province Nord en perdait 40 sur la même période. Les cultures qui gagnent du terrain sont les légumes frais, les plantes florales et ornementales, les céréales et les cultures fourragères. Les tubercules tropicaux occupent encore 190 ha, alors qu’ils baissent fortement sur le reste du territoire et l’arboriculture fruitière croît de 2%. Toutefois, rapportées à la population calédonienne et à ses besoins, ces tendances restent modestes, car d’autres cultures sont en recul, comme les fruits et légumes de plein champ qui perdent 21% de surface en 10 ans. Le cheptel bovin occupe toujours la majeure partie de la SAU. Bourail, La Foa et Boulouparis, réunissent les deux tiers du cheptel provincial et 40 % de l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie. L’élevage porcin s’est accru de 35 %, les 20 plus grosses exploitations concentrent à elles seules 90 % du cheptel de la province Sud. Les plus gros élevages de volai l les : poules, poulets de chair et poules pondeuses se t rouven t à Dumbéa . Sept é l evages sur l es 533 recensés regroupent 80 % du cheptel . L’élevage de cai l les a doublé en 10 ans. L’élevage ovin croî t de 18 % ; l’apiculture reste une activité secondaire, seulement 37% des exploitants vendent leur production de miel. Sur les 3 760 chevaux, plus d’un millier élevé dans des exploitations sans bovins sont probablement destinés à des activités de loisirs. Les caprins sont en nette régression et les élevages de lapins se situent presque tous en province Sud. L’agriculture intensive s’installe en province Sud entraînant une mécanisation plus accrue : 60 % des exploitations possèdent au moins un tracteur et autres engins à chenilles. L’irrigation des cultures est utilisée par les deux tiers des exploitants qui estiment avoir les ressources en eau suffisantes pour arroser 6 600 ha, soit près de 10 % de la SAU. Un peu plus de la moitié des exploitations utilisent des intrants chimiques, engrais et pesticides. Enfin, plus des trois quarts des exploitants de fruits et légumes commercialisent tout ou partie de leurs produits. Cependant, 59% préfèrent les circuits de commercialisation courts de vente directe au consommateur ou au détaillant, plutôt que de s’adresser à un intermédiaire : colporteur, grossiste, centrale d’achat… Quant aux éleveurs de bovins, trois quarts d’entre eux s’adressent à la centrale d’achat qu’est l’OCEF. Le quart restant des produits est destiné aux besoins de la famille, à des dons et aux échanges coutumiers. Le chef d’exploitation de la province Sud a en moyenne 54 ans. 130 400 ha, c’est la surface occupée par les exploitations de la province Sud, soit 19% du total provincial. L’agriculture est contrastée : entre la région sud-ouest qui concentre 80 % des exploitations et des surfaces agricoles utiles et la région sud-est qui est composée de très petites unités sur de petites surfaces SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 14

LES THÉMATIQUES TRANSVERSALES 1.6 L’environnement Cette thématique est d’un enjeu crucial pour la Nouvelle-Calédonie. Archipel isolé au cœur du Pacifique, l’environnement occupe une place de choix au sein des préoccupations pour la préservation du milieu naturel. Aujourd’hui, le paysage environnemental calédonien, en termes d’agriculture, bénéficie de plusieurs points forts comme une densité rurale faible et un pays d’élevage par tradition. L’agriculture calédonienne propose une forte diversité des modes de production et notamment l’émergence de plusieurs modes de production certifiés «Agriculture responsable» ou encore «Label fermier». On note également un essor louable de l’agriculture biologique avec les premières certifications depuis 2011 et la création d’un réseau d’agriculteurs «bio» volontaires. Cependant, les principales faiblesses viennent du terrain et de la géologie même de l’archipel. Sa nature insulaire par essence, mais aussi des sols fragiles, sensibles à l’érosion et un volume de production végétale faible, malgré sa forte biodiversité. C’est la ressource en eau qui pose aujourd’hui le plus de problèmes et plus précisément son irrégularité, avec des risques forts et aujourd’hui permanents entre des périodes de sécheresse et d’inondation, sans oublier la pollution de la ressource. Aujourd’hui, la thématique environnementale présente plusieurs opportunités à mettre en exergue. Il s’agit avant tout de proposer un nouvel affichage en faveur de ce que l’on appelle l’agro-écologie avec la mise en place de référentiels (en cours d’acquisition) pour la microbiologie des sols, le compost, la gestion de la ressource en eau, la lutte contre l’érosion. Il est ressorti de l’atelier des Assises la nécessité de mettre en place des itinéraires techniques respectueux de l’environnement (PBI, SCV…) en cours de transfert chez les agriculteurs volontaires. Ont également été identifiés, des potentiels en énergies renouvelables et notamment la biomasse. Les Assises du développement rural ont été l’occasion de s’intéresser de près à des thématiques dites transversales et de mesurer au regard de l’agriculture calédonienne leurs forces et leurs faiblesses. Ainsi, l’environnement, l’économie, le volet social ainsi que le foncier agricole ont fait l’objet d’ateliers spécifiques qui ont permis de mettre au jour également les opportunités de chacune d’entre elles. En matière d’environnement, les principaux enjeux identifiés concourent à favoriser les productions saines préservant la santé publique et le milieu naturel. De même, il semble important de promouvoir l’indépendance énergétique et alimentaire et de lutter contre le changement climatique. Ce double pari ne peut se faire sans une amélioration de la performance économique des exploitations agricoles. Reste l’enjeu majeur, la consolidation de la gouvernance de la politique agricole. Cette thématique revêt une importance capitale à la réussite de la mutation du secteur agricole. L’objectif est de consolider la gouvernance de la politique agricole. 15 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016

1.7 L’économie 1.8 Le volet social Les Assises du développement rural ont permis de recenser les faiblesses de l’agriculture calédonienne. Elles ont aussi permis de faire émerger les opportunités en matière d’économie, comme un marché local porteur, en quantité comme en prix, doublé d’une forte demande des consommateurs calédoniens vers plus de garantie sur les produits mis sur le marché. L’agriculture calédonienne dispose sur le terrain d’une large marge de progression en ce qui concerne l’étalement des productions afin de sortir de la saisonnalité plusieurs filières. À «contresaison», il existe encore de nombreuses opportunités à saisir à l’export. Reste néanmoins à régler plusieurs freins et pas des moindres. À commencer par des baisses importantes de la Surface Agricole Utile qui a diminué de 14% ces dix dernières années. Ajouté à cela, une accession difficile au foncier et une spéculation foncière non agricole créant une concurrence forte. Aujourd’hui, deux tiers des agriculteurs pluriactifs et/ ou retraités vivent en autosubsistance. Sur le plan technique, des filières peu structurées en termes d’approvisionnement, de sécurisation en produits phytosanitaires à usage agricole (PPUA), en génétique, en semences, mais aussi pour accéder au marché ne contribuent pas à la réussite économique du secteur agricole calédonien. Le constat des faiblesses en matière économique est complété par le constat d’une faiblesse du dispositif de recherche & développement. Mais le potentiel est là. Avec notamment des surfaces agricoles mécanisables et irrigables facilement. Les produits agricoles locaux sont sains et il est important de le faire reconnaître publiquement en termes de communication comme de contrôle qualité. Enfin, l’agriculture commerciale est aujourd’hui concentrée dans le Sud, là où vit la grande majorité des Calédoniens. Les agriculteurs calédoniens rencontrent de nombreux problèmes, véri tables freins au développement du secteur comme l’absence d’un guichet unique pour les professionnels, l’insuffisance d’une gouvernance locale au niveau de la commune et peu ou pas de mutualisation entre professionnels. À noter également, des politiques agricoles de développement malheureusement différentes suivant les Provinces et une transmission des exploitations aujourd’hui mise en péril avant tout par le faible taux de jeunes agriculteurs. Le métier souffre d’une faible reconnaissance et le manque de communication du monde professionnel agricole calédonien finit par dresser un sombre tableau. Pourtant, la diversité des territoires, le noyau de professionnels performants et leur forte volonté de s’engager en faveur du développement durable permettent de capitaliser sur l’avenir. Aux Assises du développement rural, d’autres opportunités ont été identifiées, comme l’existence d’éléments factuels permettant de montrer l’évolution des pratiques des agriculteurs calédoniens qui veulent se moderniser. Les Assises ont également permis de mettre en évidence un regain d’intérêt de la société civile pour le retour à la terre et ses valeurs. Pépinière réalisant une greffe Foire de Bourail SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 16

LA QUESTION FONCIÈRE La situation foncière est au cœur du débat dans la mise en place de la politique agricole provinciale. De nombreuses terres ne sont plus disponibles ou exploitables en raison de problèmes de succession, du mitage et du front urbain. Les conséquences sont connues : une raréfaction des terres agricoles et l’augmentation des prix due à la spéculation. Pour répondre à cette problématique, les élus du Congrès ont adopté une loi du pays portant création du Code rural et pastoral néo-calédonien et contenant les baux ruraux. Porté par le président de la commission de l’agriculture de la province Sud, Nicolas Metzdorf, ce texte doit inciter les propriétaires à louer leurs terres. Il s’agit d’un « contrat de confiance» qui doit permettre aux porteurs de projet et aux jeunes en particulier de retrouver également non seulement le goût de l’agriculture, mais faciliter les démarches pour s’installer dans leur région. Aujourd’hui, la revendication du lien à la terre est satisfaite. En parallèle, seize plans d’urbanisme directeur (PUD) ont été initiés ou réalisés sur 29 communes rurales. Il est désormais possible d’assigner à l’ADRAF de nouvelles missions dans le cadre de son transfert. Enfin, l’existence de périmètres locatifs irrigués a été identifiée en province Sud. C’est l’état des lieux dressé par les Assises du développement rural en 2014, consolidé par deux modes de faire-valoir du foncier calédonien : des terres coutumières de GDPL à fort potentiel de valorisation, et des exploitants le plus souvent propriétaires de leurs terres, avec la possibilité de les louer en complément retraite. Néanmoins, des faiblesses importantes, voire handicapantes pour le secteur, ont pu être mises en exergue, à commencer par un coût parfois très élevé du foncier privé et un statut du foncier coutumier inadapté au développement économique. La forte déprise agricole de ces 20 dernières années s’est ajoutée à un mitage amorcé à proximité des villages avec une véritable concurrence d’usages. En 2014, le constat était alarmant avec une véritable incertitude sur le cadastre, les servitudes et des revendications qui empêchent d’envisager un avenir serein pour le secteur agricole. En plus du problème des terres, l’accès limité à la ressource en eau dans certaines régions, tant en termes de distribution que de disponibilité, finit de dresser un portrait plutôt négatif du foncier agricole calédonien. Nessaquacole à Nessadiou 17 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016

2. DIAGNOSTICS DES FILIÈRES Au vu des contraintes supportées par l’agriculture calédonienne, il est apparu important d’établir un diagnostic exhaustif sur l’ensemble du pays, afin d’identifier les forces et les faiblesses de toutes les filières. Les données de l’ensemble des acteurs locaux, ainsi que les Assises du développement rural de 2014 ont permis de dégager quatre filières dites prioritaires. Elles ont été déterminées au regard de l’assiette des Calédoniens, mais aussi par leur fort potentiel de développement en termes de volume de production. Toujours dans l’objectif d’atteindre une autosuffisance alimentaire de 30 % d’ici 2025. La filière bovine représente 80 % des terres occupées par l’agriculture. C’est une filière historique et prioritaire. La filière avicole présente un fort potentiel de développement. Aujourd’hui, le poulet est la première viande consommée après le poisson. La filière céréales et oléoprotéagineux va nous permettre de réduire notre dépendance à l’importation en nourrissant à la fois les hommes et les bêtes. Enfin, la filière fruits et légumes représente également une priorité pour l’assiette des Calédoniens. Les produits issus des quatre filières prioritaires animales et végétales composent la plus grande partie de l’assiette du consommateur calédonien : la viande rouge pour la filière historique ou bien la viande de poulet, accompagnée de frites ou de riz et des oignons ou des tubercules. Et sans oublier d’incorporer dans la ration des fruits et des légumes nécessaires à une bonne santé. De cette économie circulaire émergent les actions coordonnées du foncier, des filières animales et des céréales. La pêche, l’aquaculture et la sylviculture ne sont pas dans ce dispositif. Même si le poisson représente la première source de protéines animales consommées en NouvelleCalédonie, le secteur spécifique sera traité à part, ainsi que celui de l’aquaculture. Synergie entre filière animale et végétale La filière bovine peut augmenter son activité par une intensification fourragère et une valorisation des sous-produits végétaux issus des filières céréales. De plus, en fournissant l’espace nécessaire à la plantation de céréales (en autoconsommation ou en location), elle permet une production locale de provende qui aura un impact direct sur l’approvisionnement des filières hors-sol (porcine et avicole), bovine et équine, par un gain de rentabilité. Les déchets de tous les élevages hors-sol (fientes de poule, lisiers) sont valorisés pour réduire les coûts des intrants dans les cultures. À travers ces trois rouages clés de la PPAP, la valorisation des filières est optimisée. Parcellle de maïs grain SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 18

2.1 La filière bovine ZOOTECHNIE • Difficultés de mise en œuvre de la lutte contre la tique • Niveau technique hétérogène • Difficulté d’accès ou manque d’indicateurs de productivité et de performance FONCIER Même si 80 % des terres agricoles sont occupées par l’élevage, la disparition des exploitations reste inquiétante (24% en moins en 2012, source RGA). De plus, le coût de l’implantation pour un pâturage existant à améliorer est de 75000 francs par hectare et de 100 000 francs par hectare pour un pâturage non existant à implanter. Ajouté à la raréfaction et au coût des terres, le foncier est un frein majeur au développement de la filière. PRODUCTION Elle reste insuffisante (3300 tonnes) au regard des 7000 tonnes consommées chaque année, soit 23 kg en moyenne par habitant. ABATTAGE • Irrégularité de la production en qualité et en quantité • Capacité actuelle de stockage OCEF insuffisante • Pas (peu) d’offres de prestation d’abattage (produits différenciés, circuits courts) COMMERCE Manque de main-d’œuvre qualifiée dans les boucheries + OCEF Qualité hétérogène de la découpe Grilles de classification inadaptées et/ou contestées Forces et faiblesses des différents maillons de la filière (Source : PPAP 2015, Bourail - DDR Province Sud) Le cheptel calédonien est présent sur tout le territoire mais avec une concentration plus forte sur la côte Ouest, historiquement «broussarde». Au 31 décembre 2015, 65000 bovins sont recensés, dont 38 000 vaches allaitantes pour 530 exploitations. 1200 exploitations agricoles ont au moins un bovin. 19 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016 ÉLEVAGE BOVIN 3 300 t 6 000 t Génétique Zootechnie Foncier PRODUCTION COLLECTE TRANSPORT LOGISTIQUE ABATTAGE, DÉCOUPE, TRANSFORMATION COMMERCE DISTRIBUTION Équipements CONSOMMATEURS

Le cheptel bovin La province Sud abrite 60 % du cheptel calédonien. Mais les structures sont de tailles variables. Ainsi, 60 % des élevages ont moins de 50 têtes et 20 % ont plus de 100 têtes. Avec 2107 tonnes en 2015, les importations de viande bovine augmentent de 20 % par rapport à l’année précédente (1 756 tonnes). Si la filière bovine calédonienne possède un réel potentiel de production, de consommation, d’outils de transformation et d’accompagnement des producteurs, elle n’en est pas moins confrontée à une baisse préoccupante de la production, du nombre d’éleveurs et de leur présence équilibrée sur le territoire. Face à ces menaces, les différents partenaires de la filière, signataires de la charte bovine, ont décidé de s’unir et d’agir conjointement. Productions en volume et en valeur Les abattages des bouchers de l’intérieur connus s’élèvent à 643 tonnes, pour 3 032 têtes en 2015. En 2014, ces abattages s’élevaient à 588 tonnes de carcasses pour 3065 têtes. Le poids moyen des veaux a augmenté de 10 % par rapport à 2014, celui des gros bovins de 9%. Certaines déclarations d’abattage pouvant arriver plus tardivement, les données sont susceptibles d’évoluer. La production totale «OCEF et bouchers de l’intérieur » en 2015 est provisoirement arrêtée à 3 396 tonnes de carcasses pour 1922 millions de francs. Elle était de 3 484 tonnes pour 1 952 millions de francs en 2014, soit 2,5% de moins en volume et 1,5% de moins en valeur. Avec 2 107 tonnes en 2015, les importations de viande bovine augmentent de 20 % par rapport à l’année précédente (1756 tonnes). SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 20 Entre 80 et 90 élevages quali és résistants ou tolérants à l’amitraze (lutte contre la tique) Province Sud - La Foa : 10 584 bovins Bourail : 10 107 bovins Dont 30 000 vaches allaitantes Les races les plus représentées : Limousin, Bramousin, Brahman, Croisement, divers 70 000 bovins 516 élevages Production (en tonnes et MF) de viande bovine 2006 2 992 1 221 Poids (T) Valeur (MF) 2007 3 131 1 382 2008 3 147 1 374 2009 3 192 1 416 2010 3 425 1 508 2011 3 414 1 493 2012 3 416 1 686 2013 3 297 1 640 2014 3 484 1 952 2015 3 396 1 922 4 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 3 500 3 000 2 500 2 000 1 500 1 000 500 0 (tonnes) (MF) (Source : DAVAR, 2015 ) Le cheptel bovin calédonien

2.2 La filière avicole (chair) Forces et faiblesses des différents maillons de la filière (Source : PPAP 2015, Bourail - DDR 2015) POUSSINS La production calédonienne de poussins (poulettes industrielles et fermières, poussins de chair standards et fermiers) est assurée à 90 % par le Couvoir de Koé. Le reste de la production est assuré par le GIE Meru qui fournit sa production exclusivement à la trentaine d’éleveurs membre du GIE. En province Sud, le Couvoir de Koé produit la totalité des poussins. Avec une capacité de production d’un million de poussins, il est en capacité de doubler sa production. ALIMENTATION Ut i l i sat ion des céréales impor tées dans l’alimentation des volailles PRODUCTION • Difficultés d’approvisionnement en génétique • Un seul couvoir : r isque sanitaire, pas de production d’animaux de basse-cour • Performances hétérogènes dans les petits ateliers • Peu de fabrication d’aliments et de stockage à la ferme • Localisation des élevages dans les zones en voie d’urbanisation : conflits d’usage • Manque de données sur la production ABATTAGE • Manque d’abattoirs et d’équipements de découpe et de transformation. Avec une cinquantaine d’élevages commerciaux, trois couvoirs destinés à la production de poussins de 1 jour et cinq abattoirs destinés en majorité à l’abattage de poulets, la capacité de production du territoire est relativement importante, mais sous-utilisée. COMMERCE • Seulement 3% des producteurs (une cinquantaine) commercialisent leurs produits. Ils regroupent à eux seuls 80 % du cheptel avicole calédonien. • Pas d’animation de la filière • Pas de groupement de producteurs 21 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016 Main-d’oeuvre Poussins Alimentation PRODUCTION COLLECTE TRANSPORT LOGISTIQUE ABATTAGE, DÉCOUPE, TRANSFORMATION COMMERCE DISTRIBUTION Équipements AVICULTURE 830 t 3 600 t CONSOMMATEURS Bâtiments En 2015, la Nouvelle-Calédonie a produit 830 tonnes de viande de poulet pour près de 620 millions de francs et 29 tonnes de produits de basse-cour pour plus de 35 millions de francs. Les volumes de production de 2015 sont sensiblement comparables à ceux de 2005, la production a très faiblement progressé depuis dix ans sur le poulet de chair et fortement diminué pour la basse-cour. Le marché de la volaille de chair est prépondérant en Nouvelle-Calédonie, il pèse 10 500 tonnes et 3 milliards de francs en 2015. Le poulet, qui représente plus de 90 % des volumes sur le marché de la volaille de chair, est la première viande consommée par les Calédoniens avec près de 38 kg/habitant et par an. C’est le cinquième poste de dépense dans le budget alimentaire des Calédoniens. C’est un marché dynamique qui a fortement progressé ces dix dernières années, notamment grâce aux importations de viande brute congelée et de produits transformés. Malgré la protection partielle de la production locale par des quotas ou des taxes de soutien, celle-ci a progressé moins vite que les importations, avec un taux de couverture qui a stagné entre 7 et 8% en volume entre 2005 et 2015.

Productions en volume et en valeur En particulier, le marché du poulet possède une structure de prix atypique, avec une différence de prix au kilo significative entre les produits importés congelés (410 F/kg) et le poulet standard local (1 200 F/kg) et une faible différence de prix au kilo entre les produits locaux standards (1200 F/kg) et fermiers (1 500 F/kg). C’est donc un marché qui n’est pas clairement segmenté, pour lequel il existe une rupture au niveau du milieu de gamme. Les Calédoniens, notamment de la catégorie socio-professionnelle « employés et ouvriers », consomment de plus en plus de poulets standards importés, majoritairement sous forme de cuisses et hauts de cuisse congelés, bien que la part des produits transformés à base de volaille (saucisses et produits panés) soit en augmentation ces dix dernières années. Contrairement à la moyenne des denrées alimentaires. L’origine des produits est le principal facteur de choix pour tous les consommateurs, qui associent les produits frais locaux à une meilleure qualité organoleptique, malgré le fait que les produits congelés soient plus abordables en termes de prix et plus pratiques à consommer. Le prix est d’ailleurs le second facteur de choix pour l’ensemble des catégories socio-professionnelles, même s’il reste nettement plus important pour les employés et ouvriers. 700 600 500 400 300 200 100 0 1 000 900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 en MF en tonnes Production (en tonnes et MF) de viande de poulet (Source : DDR, 2015) SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 22

La production locale de volailles de chair D’après le RGA de 2012, plus de 1400 exploitations agr icoles déclarent posséder un cheptel avicole, soit environ 340 000 poules et coqs et 43 500 volailles de basse-cour. Néanmoins, seulement 3% des producteurs (une cinquantaine) commercialisent leurs produits et regroupent à eux seuls 80 % du cheptel avicole calédonien. Parmi cette cinquantaine d’éleveurs professionnels, une trentaine est regroupée en province Nord autour du GIE Meru. En province Sud, la vingtaine d’aviculteurs restante est répartie en : 4 producteurs d’œufs (58% du cheptel de poules et de coqs), 8 producteurs de poulets de chair (30 % du cheptel de poules et de coqs) et une petite dizaine de producteurs de volailles de basse-cour. Le reste du cheptel est détenu par des particuliers et est destiné à l’autoconsommation ou au marché non officiel. La production locale de volaille de chair est largement dominée par le poulet de chair standard, avec la SARL Couvoir de Koé, qui produit à elle seule plus de la moitié des volumes de volaille de chair et plus de 90 % des poussins de 1 jour en Nouvelle-Calédonie. Avec une cinquantaine d’élevages commerciaux, trois couvoirs destinés à la production de poussins de un jour et cinq abattoirs destinés en majorité à l’abattage de poulets, la capacité de production du territoire est relativement importante mais sous-utilisée. La filière avicole chair locale bénéficie d’une bonne image auprès des consommateurs qui reconnaissent la qualité organoleptique et sanitaire des produits ; par un savoir-faire important des éleveurs, des bâtiments et équipements corrects et un statut sanitaire de l’archipel favorable. La maîtrise des techniques d’élevage et des prix de vente rémunérateurs permet par ailleurs aux exploitations existantes de maintenir des niveaux de rentabilité satisfaisants, malgré le surdimensionnement, les coûts élevés de certains investissements (couvoirs et abattoirs) et les coûts de production. Stimulé par l’augmentation de la demande, le marché de la volaille de chair est globalement porteur, surtout sur les produits de découpe et de transformation, mais aussi sur les produits transformés. Il y aurait pour la filière poulet de chair, un potentiel de 1 000 tonnes supplémentaires à capter annuellement sur l’import, à condition que les niveaux de prix et de qualité soient ajustés, et que la segmentation soit éclaircie. Cependant, malgré un potentiel de développement certain, la progression de cette filière est aujourd’hui limitée par l’étroitesse du marché, des coûts de production élevés et d’importantes problématiques de maind’œuvre. Cette filière fortement concurrentielle est aussi impactée par un faible nombre d’acteurs, un fort individualisme des éleveurs existants et un manque de concertation. 23 SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE PROVINCIAL - 2016

2.3 La filière céréales et oléoprotéagineux En 2015, la production s’élève à 6 738 tonnes, soit 40 % de plus qu’en 2014. Elle dépasse ainsi son niveau de 2005 (6 290 tonnes), soit l’année observée la plus productive entre 1989 et 2014. En valeur, la production de 2015 représente 371 millions de francs, soit 40 % de plus qu’en 2014. Cette production concerne uniquement le maïs en 2015, un peu de sorgho avait été produit en 2014 et est issu à 59% de la province Sud. FONCIER • Les cultures situées dans des zones à risques • Faible taux de couverture de céréales (9%) • Mi tage amorcé à proximi té des vi l lages (concurrence d’usages) • Coût élevé du foncier privé • Accès limité à la ressource en eau (disponibilité et distribution) • Durée de location faible par rapport à l’activité INTRANTS • La disponibilité des produits phytosanitaires à usage agricole • Menaces phytosanitaires SEMENCES • L’absence d’organi sat ion par rappor t à l’approvisionnement des semences de maïs • Le manque de rationalisation du type d’engrais • La gouvernance de la filière pomme de terre (semences, quota) LOGISTIQUE – SÉCHAGE - STOCKAGE Faible capacité de stockage aux normes d’engrais TRANSFORMATION • Infrastructures et équipements à moderniser • Nouvelles unités à créer pour les céréales de diversification COMMERCE L’augmentation des coûts des matières premières SCHÉMA DE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE - ÉTAT DES LIEUX 24 Forces et faiblesses des différents maillons de la filière (Source : DDR 2015) CÉRÉALES OLÉOPROTÉAGINEUX 4 400 t 24 300 t Foncier Intrants Semences COLLECTE TRANSPORT LOGISTIQUE SÉCHAGE STOCKAGE TRANSFORMATION COMMERCE DISTRIBUTION CONSOMMATEURS COMMERCE Équipements

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