Boite à outils pour l'analyse de genre dans les systèmes de

BOÎTE À OUTILS POUR L’ANALYSE DE GENRE DANS LES SYSTÈMES DE SANTÉ

Jhpiego | 2 TABLE DES MATIÈRES

SECTIONS PAGE ABRÉVIATIONS 04 INTRODUCTION 06 L’INTÉGRATION DU GENRE 14 L’ANALYSE DE GENRE 16 LE CADRE D'ANALYSE DE GENRE 22 FIGURE 1: LE CADRE D'ANALYSE DE GENRE 23 FIGURE 2: LES SEPT ÉTAPES D’UNE ANALYSE DE GENRE 24 L’OUTIL D’ANALYSE DE GENRE ACCOMPAGNÉ DE QUESTIONS THÉMATIQUES 30 ANALYSE DES CONTRAINTES: EXAMEN DE L’IMPACT DES INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES SUR LES RÉSULTATS DE SANTÉ 66 ILLUSTRATION DU PROCESSUS D’INTÉGRATION DU GENRE DANS LE CADRE DE MCSP ENCART EXEMPLE DU PARCOURS D’INTÉGRATION DU GENRE 70 ANNEXES 74 ANNEXE I: CONCEPTS ET DÉFINITIONS LIÉS AU GENRE 75 ANNEXE II: LISTE ANNOTÉE D’OUTILS DE COLLECTE ET D'ANALYSE DE DONNÉES 78 ANNEXE III: RÉFÉRENCES 125 ANNEXE IV: EXEMPLES DE QUESTIONS D’ENQUÊTE SUR LES CONNAISSANCES, LES PRATIQUES ET LA COUVERTURE AU YÉMEN 127

ABRÉVIATIONS CAG Cadre d'analyse de genre CAP Connaissances, attitudes et pratiques CDV Conseil et dépistage volontaires CEDAW Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes CMMV Circoncision masculine médicalisée et volontaire CPC Connaissances, pratiques et couverture GTIG Groupe de travail interagences sur le genre IST Infection sexuellement transmissible OMS Organisation mondiale de la Santé PF Planification familiale PSME Programme de survie de la mère et de l’enfant PTME Prévention de la transmission mère-enfant du VIH PVVIH Personnes vivant avec le VIH SAD Système automatisé de directives S&E Suivi et évaluation SPN Soins prénatals SR Santé reproductive SRMNI Santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile TCE Transfert conditionnel en espèces USAID Agence des États-Unis pour le développement international. VBG Violences basées sur le genre Jhpiego | 4

Jhpiego a financé la production et la publication de ce document. Le financement du Programme de survie de la mère et de l’enfant de l’USAID a contribué au développement de certains outils de collecte de données et au cadre d’intégration du genre cité dans les annexes. Ce document a été préparé par Deborah Caro, PhD et Caitlin Nordehn de Cultural Practice et Myra Betron de Jhpiego. Il a été relu par Joya Banerjee et Sonia Elabd de Jhpiego. La mise en page et la conception graphique ont été réalisées par Be the Change Group Inc. Les auteurs souhaitent remercier les personnes suivantes pour leur relecture minutieuse du document: Michal Avni (USAID), Joan Kraft (USAID), Niyati Shah (USAID), Christina Maly (Jhpiego), LindaFogarty (Jhpiego), ConstanceNewman(IntraHealth International), Ashley Jackson (PSI), Elizabeth Silva (Asia Foundation), et Rosemary Morgan (École Bloomberg de santé publique de l’Université John Hopkins). REMERCIEMENTS Consultez la version la plus récente de ce document en ligne à l’adresse suivante http://gender.jhpiego.org/analysistoolkit

BUT DE LA BOÎTE À OUTILS POUR L’ANALYSE DE GENRE Le but de la Boîte à outils pour l’analyse de genre est de fournir des questions de recherche pour orienter la collecte des données pendant la réalisation d’une analyse de genre au sein d’un projet. La boîte à outils fournit des exemples de questionsrelativesauxcinqdomainesdécritsdans le Système automatisé de directives 205 (ADS) de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), notamment: 1) Les lois, les règlementset lespratiques institutionnelles; 2) Les normes et les croyances culturelles: 3) Les rôles et responsabilités liés au genre, et les différences entre les sexes en termes de répartition du temps; 4) L’accès aux, et le contrôle des, actifs et des ressources; et 5) Les modèles de pouvoir et de prise de décision. L’outil présente des exemples de questions générales et axées sur la santé; les questions sont organisées en matrices liées aux différents niveaux du système de santé.Il s’agit d’identifier de façon plus précise les inégalités liées au genre ayant des implications pour les programmes intervenant à différents niveaux du système de santé. La Boîte à outils de Jhpiego a été conçue pour aider le personnel à concevoir des études de base, ou des études sur les connaissances, les attitudes et les pratiques (CAP) qui intègrent des questions pouvant permettre de collecter des données importantes sur le genre.Elle est également destinée à toutes les personnes qui travaillent à divers niveaux du système de santé. Par exemple, elle présente des orientations sur le type d’informations axées sur le genre qui sont importantes au niveau institutionnel pour ce qui concerne la qualité des soins, ainsi que les questions liées au travail qui touchent les agents de santé. Au niveau des districts, la boîte à outils fournit des conseils sur des questions concernant: l’allocation des ressources, les ressourceshumaines, lesprocéduresd’orientation vers d’autres services, et les systèmes de logistique. Au niveau national, la boîte à outils se penche sur les questions relatives aux politiques, au suivi et à l’évaluation (S&E), et aux systèmes d’information. Dans l’ensemble, les questions sont beaucoup plus précises que celles figurant dans la grande majorité des guides d’analyse de genre qui proposent des questions plutôt générales au sujet du genre et des inégalités liées au genre. Par exemple, nous posons des questions telles que « Quelles décisions prennent les hommes/ les femmes dans les ménages à l’égard de la planification familiale (PF), des soins prénatals (SPN), du conseil et du dépistage volontaires du VIH (CDV), de la prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME), et d’autres types INTRODUCTION 1. Jhpiego | 6

d’interventions? » Ces questions permettent d’identifier les inégalités et les contraintes liées au genre qui ont un impact sur la réalisation des objectifs du programme de santé et qui produisent des résultats négatifs pour ce qui concerne la santé des femmes, des filles, des hommes et des garçons. L’ensemble des ressources citées à l’Annexe II est quelque peu éclectique et est basée sur ce qui est disponible et accessible en ligne. Ces ressources comprennent une variété d’enquêtes et d’outils participatifs, ainsi que des fiches de contrôle, des guides d’indicateurs et des manuels de formation comportant des modules sur l’analyse de genre. D’autres ressources sur l’intégration du genre sont disponibles sur le site web du Groupe de travail interagences sur le genre (GTIG), et sur le site web du GTIG sur le genre et la santé de K4Health (http://bit.ly/1PoAGzF). UTILISATEURS CIBLES La boîte à outils est destinée aux responsables de programmes, aux chefs de projets et au personnel technique qui élaborent les objectifs des programmes, conçoivent les activités, formulent et evaluent les indicateurs, et appuient la mise en œuvre. L’analyse de genre peut être effectuée par un membre du personnel ou un consultant ayant une expertise en matière de genre. Il est cependant recommandé d’impliquer d’autres acteurs du projet dans la formulation du plan de travail, ainsi que l’analyse des résultats issus de sources primaires et secondaires; l’implication d’autres acteurs du projet permettra d’augmenter les chances que les questions d’égalité des sexes et de facteurs déterminants en matière de santé soient pris en compte lors de la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation du projet. Plus l’analyse de genre correspond aux objectifs du projet et au contexte local, plus les conclusions et les recommandations seront utiles. Le genre se réfère aux rôles, comportements, activités et attributs qui sont déterminés socialement, et qu’une société considère comme appropriés pour les hommes et les femmes. (OMS 2013b) En mettant l’accent sur l’égalité des sexes, les projets peuvent examiner la manière dont les différences de pouvoir entre les sexes contribuent à des inégalités chez les femmes et les hommes en termes de risques, d’exposition, de vulnérabilités et d’état de santé. Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 7

Les inégalités liées au genre proviennent du traitement différent et inégal des femmes et des hommes; ce traitement inégal est articulé par le biais d’institutions économiques, sociales et politiques qui renforcent de façon systématique les inégalités entre les sexes pour ce qui concerne les rôles, les décisions, les droits et les opportunités. Dans la plupart des sociétés, les inégalités structurelles entraînent un désavantage pour les femmes par rapport aux hommes; ces derniers, dans leur ensemble, jouissent généralement d’un exercice du pouvoir plus important et d’un meilleur accès aux opportunités par rapport aux femmes. Des groupes particuliers de femmes et d’hommes sont susceptibles d’être plus ou moins favorisés que d’autres, en fonction de leur classe economique, de leur éducation, de leur race, de leur caste, de leur origine ethnique et de leur âge (entre autres variables sociales). Jhpiego | 8

POURQUOI SE CONCENTRER SUR LES INÉGALITÉS LIÉES AU GENRE DANS LES PROGRAMMES DE SANTÉ? L’égalité des sexes est largement reconnue comme un résultat fondamental des efforts de développement (Banque mondiale 2011). Les institutions, les responsables de programme et les décideurs politiques reconnaissent de plus en plus l’égalité des sexes comme une composante essentielle pour l’amélioration de la santé des populations dans le monde (Kim et al. 2013, Grépin et al. 2013, Banque mondiale 2011, OMS 2011c, Sen et Östlin 2007, USAID 2012, Yamin 2013a, 2013b). Pourtant, même si l’intérêt porté à l’égalité des sexes est de plus en plus important dans l’ordre du jour mondial, elle est toujours absente ou mal comprise sur le plan opérationnel par la plupart des acteurs mondiaux (Hawkes et al. 2013). L’intégration du genre dans le domaine de la santé est un processus de sensibilisation et de création de connaissances, ainsi qu’un processus de responsabilisation pour répondre aux inégalités entre les sexes au sein des systèmes et programmes de santé. L’intégration du genre est désormais une politique des principaux bailleurs de fonds et des gouvernements à travers le monde. L’amélioration de l’égalité entre les sexes est fermement associée à une productivité accrue, à de meilleurs résultats en matière de développement pour les générations futures, et à des améliorations dans le fonctionnement des institutions (Grépin et al. 2013, Banque mondiale 2011). Un système de santé qui répond de manière appropriée aux problèmes de santé associés aux inégalités entre les sexes est un système qui a la capacité de répondre aux normes, aux rôles et aux relations liés au genre par le biais de politiques, de programmes et de services de santé (OMS 2011). L’intégration du genre est une stratégie pour garantir que les préoccupations et les intérêts des hommes et des femmes soient pris en compte dans le fonctionnement et les structures institutionnelles des systèmes de santé. Afin que les systèmes de santé soient réactifs et redevables en vue d’atteindre des résultats équitables entre les sexes, il est nécessaire que le genre soit pris en compte dans les politiques, les programmes et les services de santé, depuis la conception jusqu’à l’évaluation finale. Unepublicationrécentede l’Organisationmondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) concernant des consultations portant sur l’agenda de santé post2015 affirmait: La discrimination contre les femmes et les filles, y compris les violences basées sur le genre, la discrimination économique, les inégalités en matière de santé de la reproduction, et les pratiques traditionnelles néfastes, demeure l’une des formes d’inégalité les plus répandues, et l’une des causes profondes les plus importantes des problèmes de santé chez les femmes et les enfants. (ONU 2013a: 36) Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 9

En mettant l’accent sur l’égalité des sexes, les projets peuvent examiner la manière dont les différences de pouvoir entre les sexes contribuent àdes inégalitéschez les femmeset leshommesen termes de risques, d’exposition, de vulnérabilités et d’états de santé. Les approches qui intègrent la dimension du genre estiment que les statuts social, politique, économique, et éducatif des femmes et des hommes, ainsi que leurs états de santé, sont non seulement interconnectés, et interdépendants, mais aussi modifiables. Par conséquent, que les programmes de santé axés sur le genre aient pour cible la santé des femmes, des enfants ou des hommes, afin qu’ils soient fructueux, ils doivent souvent être multisectoriels et impliquer une grande diversité de parties prenantes de sexe féminin et masculin. Les politiques (http://1.usa.gov/205mqxM) et les stratégies de santé mondiales de l’USAID sont conçues pour assurer que la réduction des inégalités entre les sexes fasse partie intégrante des efforts d’amélioration de l’accès, de l’utilisation et de la qualité des soins de santé. Le Cadre des Femmes, des Filles et de l’Égalité des sexes propose des stratégies interdépendantes pour l’atteinte de résultats de santé améliorés par le biais de résultats de santé intermédiaires: » » La réduction des inégalités entre les hommes et les femmes pour ce qui concerne l’accès et le contrôle des actifs et des ressources économiques et sociaux » » La capacité accrue à prendre des décisions sans crainte de coercition ou de menace de violence » » L’adoption accrue de normes de genre qui valorisent les hommes et les femmes de manière égale » » Une participation plus égale des femmes et des hommes en tant que décideurs et concepteurs au sein de leurs sociétés » » La réduction des disparités entre les droits et les statuts des hommes et des femmes Pour atteindre ces résultats, l’USAID attend des programmes qu’ils mettent en œuvre une variété de stratégies. Par exemple, la Stratégie du Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le SIDA (PEPFAR) (http://1.usa. gov/1J7AByn) précise que ses programmes doivent: » » Assurer la prévention, les soins, le traitement et le soutien en matière de VIH d’une manière équitable entre les sexes » » Mettre en œuvre des activités de prévention de la violence basée sur le genre (VBG) et fournir des services de soins post-VBG » » Mettre en œuvre des activités pour changer les normes néfastes (et inégales) liéest au genre, et promouvoir des normes positives (égales) » » Promouvoir des politiques liées au genre qui renforcent la protection juridique » » Améliorer l’accès équitable des sexes aux sources de revenus et aux ressources productives, y compris l’éducation Jhpiego | 10

QUELLE EST LA DIFFÉRENCE ENTRE UN ACCENT PLACÉ SUR LA SANTÉ DES FEMMES ET UNE ATTENTION PORTÉE À L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LA SANTÉ? En règle générale, l’accent sur la santé des femmes et des filles se penche sur les conditions de santé et les morbidités associées aux rôles reproductifs des femmes, sans examiner les dynamiques sociales inégales qui elles aussi produisent des mauvais résultats de santé. Les programmes qui sont conçus pour traiter la santé des femmes et des filles se concentrent généralement sur leurs besoins de santé sans examiner comment leurs positions subordonnées au foyer, dans les communautés et dans les sociétés plus larges dans lesquelles elles vivent contribuent à leurs comportements de santé, leur état de santé, et leurs résultats de santé1. Un accent placé sur l’égalité des sexes examine et tente de corriger la façon dont les différences de pouvoir entre les sexes contribuent à des inégalités chez les femmes et les hommes en termes de risques, d’exposition, de vulnérabilités et d’états de santé. Les approches qui intègrent la dimension du genre estiment que les statuts social, politique, économique, et éducatif des femmes et des hommes, ainsi que leurs états de santé, sont non seulement interconnectés, et interdépendants, mais aussi modifiables. Par conséquent, que les programmes de santé axés sur le genre aient pour cible la santé des femmes, des enfants ou des hommes, afin qu’ils soient fructueux, ils doivent souvent être multisectoriels et impliquer une grande diversité de parties prenantes de sexe féminin et masculin. Bien que l’attention portée sur les inégalités entre les sexes dans les programmes de santé soit liée à d’autres types de problèmes, tels que l’équité socio-économique, les droits humains, et les soins respectueux et de qualité, l’inégalité liée au genre est une question qui mérite d’être traitée de façon individuelle. Le Tableau 2 met en évidence certaines différences clés dans l’attention portée sur l’égalité des sexes, les droits humains et la qualité des soins. 1Un accent placé sur la santé des femmes ne comprend pas nécessairement une étude de la façon dont la santé des femmes est affectée par les inégalités dans la répartition du travail, l’allocation des ressources, la prise de décision, ou la mobilité. La participation des hommes et des garçons aux activités de santé axées sur les femmes est rarement promue. Par conséquent, les différences en termes de santé entre les femmes et les hommes sont souvent considérées comme étant naturelles dans la mesure où elles sont perçues et traitées comme fondamentalement liées aux différences physiologiques entre les femmes et des hommes, et qu’elles correspondent aux différents rôles des hommes et des femmes. Par exemple, le fait que les femmes soient perçues comme étant principalement chargées de s’occuper des enfants en raison de leurs capacités physiologiques. Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 11

GENRE DROITS HUMAINS QUALITÉ DES SOINS OBJECTIF Égalité des chances pour les hommes, les garçons, les femmes et les filles Réalisation des droits humains tels qu’ils sont énoncés dans la Déclaration des droits de l’Homme et les autres mécanismes internationaux sur les droits humains Application des normes cliniques à partir d’évidences et de meilleures pratiques RÉSULTAT Des politiques et des interventions équitables réduisent la discrimination et élargissent les opportunités pour les hommes, les femmes, les filles et les garçons Les garants des droits s’acquittent de leurs obligations et les détenteurs des droits peuvent exercer l’ensemble de leurs droits Application des protocoles et des normes PROCESSUS Les résultats de l'analyse contextuelle sont appliqués à la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des programmes Sensibilisation aux normes et aux principes universels des droits de l’Homme à travers des programmes. Recherche de cadres juridiques plus efficaces; et chercher à rendre plus efficaces la mise en œuvre et l’application des cadres juridiques afin de garantir les droits. Et prévoir de l’éducation afin de sensibiliser les individus sur leurs droits. Des normes fondées sur des évidences sont transmises par le biais de formations initiales et en cours d’emploi, de la supervision et de politiques et de protocoles écrits en matière de soins cliniques. ACCENT Catégories de personnes construites socialement (hommes, femmes, garçons et filles). Le genre est relationnel et implique l’examen de la manière dont les relations de pouvoir facilitent ou réduisent les opportunités pour les femmes et les hommes La capacité des individus à exercer leurs droits, et les garants des droits chargés d’assurer les droits individuels Clients individuels et prestataires de soins de santé TABLEAU 2: COMPARAISON DES APPROCHES EN FONCTION DE L’ATTENTION AU GENRE, AUX DROITS HUMAINS ET À LA QUALITÉ DES SOINS Jhpiego | 12

Ces trois approches sont importantes et complémentaires dans le cadre d’un système de santé en bon état de fonctionnement. Même si ces approches se chevauchent, elles traitent souvent différents niveaux du système de santé, sachant que la qualité des soins est principalement concernée par les soins de santé dispensés par les services de santé. Les approches fondées sur les droits humains se concentrent principalement sur les politiques et la mise en œuvre des politiques. Les approches fondées sur l’intégration du genre mettent l’accent sur tous les niveaux du système de santé. Un intérêt porté à l’inégalité entre les sexes, combiné à une perspective de droits humains, produit une approche qui met l’accent sur la discrimination structurelle et la privation des droits des femmes et des filles (Yamin 2013a). En mettant l’accent sur les droits des femmes et des filles, les approches fondées sur les droits humains visent également à lutter contre les inégalités sous-jacentes qui privent les femmes et les filles de leurs droits, notamment l’inégalité entre les sexes. Même si toutes les approches basées sur les droits humains ne visent pas cet objectif, elles visent cependant les droits des femmes et des filles en raisondes engagements pris par la plupart des pays lors de: la Conférence internationale sur la population et le développement; et la Conférence internationale sur les femmes à Pékin. Ces conférences stipulaient la nécessité d’autonomiser les femmes dans leurs relations, et à travers des politiques, des lois et des services de santé (Yamin 2013, IIMMHR 2010). Lorsque les femmes et les filles sont habilitées à exercer leurs droits en matière de soins de santé sans discrimination basée sur le genre, elles sont habilitées à exiger des soins de santé de qualité. De même, les prestataires de santé qui subissent la discrimination basée sur le genre et qui sont incapables d’exercer leurs propres droits sont peu susceptibles de fournir des soins de santé de qualité. Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 13

L’INTÉGRATION DU GENRE 2. L’INTÉGRATION DU GENRE SE RÉFÈRE AUX STRATÉGIES APPLIQUÉES LORS DE L’ANALYSE, LA CONCEPTION, LA MISE EN ŒUVRE ET L’ÉVALUATION DES PROGRAMMES POUR POUVOIR PRENDRE EN COMPTE LES NORMES LIÉES AU GENRE ET RÉPONDRE AUX INÉGALITÉS ENTRE LES SEXES. L’intégration du genre contribue au développement et à lamise enœuvre de programmes, de politiques et de services de santé qui transforment les normes liées au genre (genre-transformateurs). Les approches genre-transformatrices ont pour objectif de changer les normes liées au genre qui limitent l’accès des hommes et des femmes aux services de santé et qui les empêchent d’atteindre un bon état de santé. Ces approches remettent en cause et s’opposent à la distribution inégale du pouvoir, le manque de ressources, les opportunités et les avantages limités, et les restrictions sur les droits humains. Sur le plan opérationnel, les approches genre-transformatrices encouragent des changements au niveau des rôles socialement prescriptifs des hommes et des femmes, une plus grande égalité dans la distribution des biens et des services, et le partage du pouvoir et de la prise de décision dans le foyer, en politique, et dans les activités économiques. Elles se traduisent également par l’implication plus active des hommes dans les programmes de santé consacrés aux femmes et aux enfants, et par un pouvoir de prise de decision plus important chez les femmes pour ce qui concerne les investissements en santé. L’intégration du genre dans le domaine de la santé est le processus de sensibilisation, de création de connaissances, et de responsabilisation en matière de réponse aux questions de genre au sein des systèmes et programmes de santé. L’intégration du genre est désormais une politique de l’USAID ainsi que de lamajorité d’autres bailleurs de fondsmajeurs. L’intégration du genre est également une politique observée par plusieurs gouvernements à travers le monde. L’amélioration de l’égalité entre les sexes est fermement associée à une productivité accrue, à de meilleurs résultats en matière de développement pour les générations futures, et à des améliorations dans le fonctionnement des institutions (Grépin et al. 2013, Banque mondiale 2011). Jhpiego | 14

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L’ANALYSE DE GENRE: DÉFINITION OPÉRATIONNELLE DE L’USAID L’analyse de genre, telle que définie par l’USAID, est un outil analytique et de sciences sociales utilisé pour identifier, comprendre et expliquer: les disparités entre les hommes et les femmes au sein des ménages, des communautés et des pays; et la pertinence des normes liées au genre et des relations de pouvoir dans un contexte spécifique. Une telle analyse implique généralement un examen des aspects suivants: les différences entre le statut des femmes et des hommes, et leur accès différentiel aux actifs, aux ressources, aux opportunités et aux services; l’influence des rôles et des normes liés au genre sur la répartition du temps entre le travail rémunéré, le travail non-rémunéré (y compris la production desmoyens de subsistance et l’apport de soins auxmembres de la famille) et les activités de bénévolat; l’influence des rôles et des normes liés au genre sur les rôles de leadership et de prise de décision; les contraintes, les opportunités et les points d’entrée pour réduire les écarts entre les sexes et autonomiser les femmes; et les impacts différentiels possibles des politiques et programmes de développement sur les hommes et les femmes, y compris les conséquences imprévues ou négatives. (USAID 2013, p. 24) L’analyse de genre est une méthode systématique visant à examiner les différences entre les rôles et les normes relatifs aux femmes et aux hommes, aux filles et aux garçons; les différents niveaux de pouvoir qu’ils détiennent; leurs différents besoins, contraintes et opportunités; et l’impact de ces différences sur leurs vies. QU’EST-CE QU’UNE ANALYSE DE GENRE? L’ANALYSE DE GENRE 3. L’ANALYSE DE GENRE EST À LA BASE DE L’INTÉGRATION DU GENRE. DANS L’IDÉAL, IL S’AGIT DE LA PREMIÈRE ÉTAPE DU PROCESSUS D’INTÉGRATION DU GENRE. Jhpiego | 16

L’ANALYSE DE GENRE EST-ELLE OBLIGATOIRE POUR TOUS LES PROJETS? Les bailleurs de fonds demandent de manière croissante aux programmes d’effectuer une analyse de genre. Par exemple, l’indicateur personnalisé du Bureau de la santé mondiale de l’USAID visant la documentation des progrès réalisés pour ce qui concerne sur la Politique d’égalité des sexes est le suivant:« [l]a proportion des projets de santé mondiaux qui intègrent une stratégie de genre dans les activités du projet. » Une analyse de genre est très bénéfique pour la conception d’une stratégie de genre bien informée et adaptée aux contraintes et opportunités liées au genre issues du contexte local et du projet. Une analyse de genre est également essentielle lorsque le genre constitue une composante clé des activités ou des résultats du projet. Le département canadien des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement exige que les bénéficiaires des financements effectuent une analyse de genre dans le cadre de la conception des programmes. De plus en plus d’autres bailleurs de fonds l’exigent également. POURQUOI DEVONS-NOUS EFFECTUER UNE ANALYSE DE GENRE? Au-delà des exigences des bailleurs de fonds, l’objectif d’une analyse de genre est de répondre aux questions clés suivantes: » » Quels sont les différents effets que pourraient avoir les résultats attendus des interventions sur les femmes et les hommes? » » De quelle manière les différents rôles et positions des femmes et des hommes pourraient ils influencer le travail à entreprendre? En fin de compte, la conduite d’une analyse de genre consiste à comprendre et à aborder les inégalités entre les sexes pour ce qui concerne le pouvoir et les privilèges ; elle consiste aussi à comprendre et à répondre à l’utilisation de tactiques telles que la violence, qui visent à renforcer les droits et privilèges inéquitables. En comprenant comment ces disparités affectent la santé et entravent l’atteinte des objectifs du projet, nous réussirons à atteindre et à maintenir les impacts du projet. En outre, cette analyse permet au personnel de comprendre les contributions du projet à la promotion de l’égalité des sexes. COMMENT EFFECTUER UNE ANALYSE DE GENRE? Afin d’effectuer une analyse de genre élémentaire, les projets doivent au minimum, recueillir des données secondaires sur les normes liées au genre dans le pays d’intervention. Les missions de l’USAID ont souvent commandé des évaluations de la dimension du genre. Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 17

Celles-ci sont consultables sur le site « Development Experience Clearinghouse « (http://1.usa.gov/1RLUpdI). En outre, les modules de l’Enquête démographique et de santé (http:// bit.ly/1noESDE) sont souvent des sources utiles de données quantitatives sur l’autonomie et le statut économique des femmes, ainsi que sur les attitudes et les expériences des femmes en matière de violences basées sur le genre. Le projet WomenStats (http://bit.ly/1RqHwVR) héberge également la compilation électronique la plus importante de données quantitatives et qualitatives sur le statut des femmes – y compris les questions de participation politique, de propriété foncière, et de violence domestique – dans 173 pays. En outre, de nombreux pays qui sont signataires de la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) soumettent des rapports périodiques sur l’état d’avancement de leurs engagements vis-àvis de la CEDAW. Des rapports du même type sont souvent préparés par des organisations nationales des droits des femmes. Ces sources d’information fournissent une image générale sur la condition et les droits des femmes. Afin de comprendre les facteurs qui influencent l’utilisation et l’offre des services de santé dans une région ou une communauté donnée, il est importantd’acquérirunecompréhensionprofonde de lamanière dont les relations et les normes liées au genre affectent les dynamiques aux niveaux de l’individu, du ménage, de la communauté, de la structure sanitaire et des politiques de santé. Lorsque les données n’existent pas au niveau des sources secondaires, il pourrait s’avérer nécessaire de recueillir des données primaires afin de répondre aux questions axées sur le genre qui ont été conçues pour le projet et qui sont orientées aux intervenants et aux bénéficiaires du projet. La collecte de données primaires est aussi justifiée lorsque les données recherchées n’apparaissent pas dans des évaluations antérieures. Par exemple, des questions clés qui s’appliquent aux divers niveaux d’une intervention de santé sont: » » Niveau individuel: Quelles sont les connaissances des femmes et des hommes en matière de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile (SRMNI)? » » Niveau du ménage: Qui décide si une femme peut recourir à des soins, pour elle-même ou pour son enfant? » » Niveau de la communauté: Quels rôles les hommes et les femmes jouentils dans l’allocation des ressources communautaires pour ce qui concerne la facilitation de l’accès des hommes et des femmes aux soins de santé (par exemple, les routes, le transport, l’approvisionnement en sang et en médicaments, et la surveillance des établissements de santé)? » » Niveau de la structure sanitaire: Comment la prestation des soins est-elle organisée pour répondre aux différents besoins des hommes, des femmes, des garçons et des filles? Jhpiego | 18

» » Niveau de la gouvernance/politique du système de santé: De quelle manière les politiques de santé et l’allocation des ressources soutiennent-elles l’égalité des sexes à différents niveaux du système de santé? L’analyse de genre fait appel à des méthodes d’analyse et de collecte de données quantitatives et qualitatives standard issues des sciences sociales. Ces méthodes permettent de répondre aux questions de recherche concernant la façon dont les différences et les inégalités entre les sexes influeront sur les résultats du projet, et les différents effets du projet sur la santé, les opportunités et la condition des hommes et des femmes. Puisque l’analyse de genre est comparative et relationnelle, la principale différence entre une analyse de genre et les autres types de recherche sociale opérationnelle et formative est que l’analyse de genre exige que les hommes, les garçons, les femmes, et les filles participent de façon égale à la recherche en répondant aux enquêtes, et en participant à des groupes de discussion, des interviews, et d’autres exercices de collecte de données qualitatives. Les méthodes quantitatives sont mieux adaptées pour produire des informations sur les écarts et les disparités mesurables entre les hommes et les femmes concernant leur état de santé et leur accès aux soins. La recherche quantitative est également utile pour identifier les différents types d’inégalité, et pour produire les preuves des associations et des corrélations significatives qui existent entre les inégalités liées au genre et les restrictions pour ce qui concerne l’accès aux, et l’utilisation des, ressources et services de santé. Les méthodes qualitatives permettent de mieux comprendre la façon dont les hommes et les femmes vivent les inégalités liées au genre dans différents contextes ; elles permettent également de mieux comprendre la manière dont ces inégalités affectent la capacité des femmes et des hommes à adopter des pratiques saines, et à se servir du système de santé pour obtenir des services en cas de besoin. Les méthodes de recherche participative sont utiles pour impliquer directement les hommes et les femmes dans l’évaluation, le questionnement et l’identification de solutions aux problèmes de santé impliquant des questions de genre. Parmi les methodes de recherche participative on peut compter le mapping, les arbres décisionnels, la classification, ou d’autres outils de rechercheaction qui peuvent être utilisés pour impliquer directement les hommes et les femmes dans le processus de recherche en tant que participants et partenaires au niveau local. À QUEL MOMENT DEVONS-NOUS EFFECTUER UNE ANALYSE DE GENRE? Dans l’idéal une analyse de genre est effectuée avant ou au début d’un projet pour informer la conception du projet. Les résultats d’une analyse de genre représentent la base d’élaboration d’indicateurs sensibles ou réactifs au genre pouvant être utilisés pour surveiller les réductions ou les augmentations de disparités entre les sexes pour ce qui concerne la prise de décision, le contrôle des ressources et le leadership. Les résultats sont également utiles pour la mise au point d’indicateurs de santé ventilés par sexe pour Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 19

surveiller les différences en termes de livrables et de résultats de santé chez les hommes, les garçons, les femmes et les filles.S’il n’est pas possible d’effectuer une analyse de genre au début d’un projet, il peut être utile d’en faire une sous forme d’étude spéciale ou dans le cadre d’une évaluation à mi-parcours. En réalité, qu’une analyse de genre soit effectuée ou non au début du projet, il est important de ventiler les données selon le sexe et d’assurer le suivi de toutes les données de surveillance lorsque les personnes sont l’unité de mesure afin d’identifier toute augmentation ou diminution potentielle des disparités entre les sexes pour ce qui concerne: la participation; l’accès aux, et le contrôle des, ressources;l’exercice des droits;et les avantages. Une tendance positive ou négative peut inciter un projet à réorienter la collecte des données au cours du projet afin de comprendre quelles contraintes liées au genre contribuent à des traitements et à des résultats inégalitaires, de quelle manière et pour quelles raisons. Lorsque des instruments conçus pour mesurer l’autonomisation sont appliqués au début d’un projet, il est utiledemesurer lesmêmes indicateurs à la fin pour évaluer comment le projet a affecté la condition relative des hommes et des femmes. QUI DOIT EFFECTUER L’ANALYSE DE GENRE? En cas de collecte de données primaires, il est important de faire appel à des chercheurs formés et dotés de compétences solides pour superviser le processus et la collecte des données. Les collecteurs de données disposant de bonnes compétences de facilitation sont les meilleurs. Si vous comptez vous appuyer sur des données secondaires, il est important de faire appel à un spécialiste du genre ou à une personne ayant une certaine expérience ou compétence en matière d’analyse et d’intégration du genre pour l’analyse des données. Le Manuel d’intégration du genre dans les Programmes de santé de la reproduction et de lutte contre le VIH (http://bit.ly/1UVJgV7) offre également des instructions détaillées sur l’utilisation d’un Cadre d’analyse de genre (CAG) pour résumer et analyser les données de sorte à informer la conception d’un programme. Il sera toujours important de discuter avec et de solliciter l’appui de spécialistes du genre et d’autres experts techniques sur le projet afin de prioriser les stratégies et les interventions qu’il convient d’intégrer dans le projet pour répondre aux questions liées au genre issues de votre analyse. COMMENT RÉALISER UNE ANALYSE DE GENRE? Une analyse de genre comprend deux parties. La première partie consiste à identifier les inégalités, les écarts et les disparités dans un contexte donné. Afin d’identifier les lacunes et les disparités résultant des différences entre les sexes, il est nécessaire de recueillir des informations et des données sur les rôles, les relations et les identités de genre qui sont liés à des problèmes spécifiques de santé. La deuxième partie de l’analyse consiste à examiner les données recueillies sur les différences liées au genre afin de déterminer et de hiérarchiser les contraintes et les opportunités liées au genre ainsi que leur incidence sur l’atteinte des objectifs de santé, et de l’égalité des sexes. Jhpiego | 20

ANALYSE DE GENRE: PREMIÈRE PARTIE Elle décrit les relations de genre existantes dans un contexte donné et peut concerner des individus au sein des ménages ou – à une échelle plus grande – les individus dans une communauté, une structure sanitaire, un groupe ethnique, un district ou une nation. Elle implique la collecte et l’analyse non seulement de données ventilées par sexe, mais également d’autres données qualitatives et quantitatives qui expliquent les relations de genre. Les tableaux de la Section 5, qui commence à la page 30 de cette boîte à outils, présentent des questions clés pour une variété de domaines de santé d’intérêt pour Jhpiego qui peuvent contribuer à la conception d’études et d’évaluations pour la collecte de ces informations. ANALYSE DE GENRE: DEUXIÈME PARTIE Elle organise et interprète, de manière systématique, les informations sur les relations de genre afin de clarifier l’importance des différences entre les sexes pour ce qui concerne l’atteinte des objectifs de développement. La Section 6, qui commence à la page 66 de cette boîte à outils, fournit d’autres conseils sur la manière d’analyser les données recueillies, avec un accent particulier sur la façon d’identifier les contraintes et les opportunités liées au genre; cette analyse informera les processus de conception et de S&E du projet. Pour mieux comprendre comment appliquer les résultats d’une analyse, veuillez consultez le Manuel d’intégration du genre dans les programmes de santé de la reproduction et de lutte contre le VIH: de l’engagement à l’action (http://bit.ly/1UVJgV7), qui offre des indications sur l’application des résultats à la formulation des politiques et à la conception, la mise en œuvre, et le S&E des programmes. 1 2 Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 21

Un cadre d’analyse de genre (CAG) fournit une structure pour l’organisation de données sur les rôles et les relations liés au genre. La Figure 1 est un exemple d’un CAG.2 Il représente un moyen de systématiser les informations sur les différences entre les sexes dans différents domaines de la vie sociale, et d’examiner la manière dont ces différences affectent la vie et la santé des hommes, des femmes, des garçons et des filles. LE CADRE D'ANALYSE DE GENRE 4. LES QUATRE DOMAINES DU CADRE: ACCÈS AUX ACTIFS: la manière dont les relations de genre affectent l’accès aux ressources nécessaires pour qu’une personne soit un membre productif de la société. Cela comprend les actifs tangibles (la terre, le capital et les outils) et les actifs intangibles (les connaissances, l’éducation et l’information). CROYANCES ET PERCEPTIONS: elles proviennent des normes ou des croyances culturelles concernant ce que signifie le fait d’être un homme ou une femme dans une société spécifique. Ces croyances affectent le comportement, la tenue vestimentaire, la participation et la capacité de prise de décision des hommes et des femmes. Elles facilitent ou limitent également l’accès des femmes et des hommes à l’éducation, aux services, et aux opportunités économiques. PRATIQUES ET PARTICIPATION: les normes qui influencent le comportement des hommes et des femmes influencent également le type d’activités auxquels ils participent, ainsi que leurs rôles et leurs responsabilités. Cette dimension du cadre résume les informations sur les différents rôles des hommes et des femmes, le moment et le lieu où leurs activités se produisent, leur capacité à participer à différents types d’activités économiques, politiques et sociales, et leur prise de décision. INSTITUTIONS, LOIS ET POLITIQUES: cette dimension se concentre sur les informations concernant les droits formels et informels des homme et des femmes, et la façon dont ils sont touchés différemment par les politiques et les règles régissant les institutions, y compris le système de santé. LE POUVOIR: il imprègne tous les domaines et détermine qui possède, qui peut acquérir et qui peut utiliser des actifs, et qui peut prendre des décisions sur son corps et sur ses enfants. Il détermine si une personne peut tirer parti des opportunités, exercer ses droits, se déplacer et s’associer avec d’autres, conclure des contrats juridiques, et se présenter aux élections et exercer ses fonctions. Le pouvoir détermine également la façon dont les hommes et les femmes sont traités par différents types d’institutions, de politiques et de lois. Les attitudes discriminatoires des prestataires, par exemple, renforcent les inégalités. Les prestataires, en particulier les prestataires de sexe féminin qui travaillent aux niveaux inférieurs, peuvent également être victimes de discrimination et de maltraitances sur le lieu de travail en raison des hiérarchies liées au genre. Jhpiego | 22

ACCÈS AUX ACTIFS CROYANCES ET PERCEPTIONS PRATIQUES ET PARTICIPATION LOIS ET POLITIQUES INSTITUTIONS, Ressources naturelles Actifs productifs Revenu Informations Connaissances Réseaux sociaux Temps, espace et mobilité Répartition du travail au niveaux du ménage et de la communauté Taux de participation à différentes activités Rôles Influence : Accès aux opportunités Mobilité et décisions Croyances sur le comportement approprié Application régulière de la loi Éducation Opportunités d'emploi Services de santé Infrastructures Propriété et droits de succession POUVOIR FIGURE 1 | LE CADRE D’ANALYSE DE GENRE 2 D’autres cadres d’analyse de genre sont structurés de la même façon, mais le regroupement du contenu et des intitulés des domaines peuvent varier. Voici quelques exemples: Agence canadienne de développement international (2007); Agence danoise de développement international (2008); Analyse socioéconomique et de genre de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture; Liverpool School of Hygiene et Tropical Medicine (1995). Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 23

FIGURE 2 | LES SEPT ÉTAPES D’UNE ANALYSE DE GENRE Les étapes clés d’une analyse de genre sont décrites en détail dans la Figure 2. La Boîte à outils de l’analyse de genre de Jhpiego se concentre principalement sur les Étapes 4 et 5 ci-dessous – l’identification du manque d’informations essentielles et l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de collecte de données. La boite à outils utilise le CAG pour organiser les questions afin de recueillir des informations sur les relations et les rôles de genre dans le cadre des programmes de santé. Les questions présentées dans les tableaux illustrent les types d’informations recueillies dans le cadre d’une analyse de genre. Elles ne sont pas destinées à être un ensemble exhaustif de questions. UN PLAN DE COLLECTE DE DONNÉES SECONDAIRES Élaborer un plan de collecte de données lié aux objectifs du projet pour répondre aux questions suivantes: » » De quelle manière les résultats attendus des interventions affecteront ils différemment les femmes et les hommes? » » De quelle manière les différents rôles et positions (sociales, politiques, économiques) des femmes et des hommes influenceront ils le travail à entreprendre? Le plan doit inclure une matrice de collecte des données qui comprend les questions de recherche liées au genre qu’il convient de poser, les données à recueillir, la source des données, les/la personne(s) qui recueillera/ ront les données, les méthodes de collecte et d’analyse des données, et la manière dont les données seront utilisées. 1 EXAMEN DES SOURCES DE DONNÉES SECONDAIRES Effectuer une recherche d’études publiées et non publiées axées sur les questions de genre, ainsi qu’une recherche de bases de données ventilées par sexe et ayant un lien avec les objectifs du projet. 2 Jhpiego | 24

ANALYSE DES DONNÉES SECONDAIRES Utiliser le CAG, qui est composé de quatre domaines (accès aux actifs, croyances et perceptions, pratiques et participation, et institutions, lois et politiques – sachant que le pouvoir est un domaine transversal aux quatre domaines), pour organiser les données sur les différences entre les sexes tirées de sources existantes. Évaluer si les données existantes conviennent pour permettre au projet de comprendre comment les objectifs du programme de santé pourraient être affectés par les différences et les inégalités entre les sexes dans les domaines suivants: » » Les différences dans l’accès des femmes et des hommes aux actifs, aux ressources et aux services de santé. » » Les différences entre les femmes et les hommes pour ce qui concerne la répartition du temps entre le travail rémunéré, non rémunéré, et bénévole, et les responsabilités de prise en charge au sein du ménage et de la communauté. » » Les différences et les inégalités dans les rôles de leadership, la prise de décision et le statut juridique. Et enfin, évaluer dans quelle mesure les effets différentiels possibles des politiques et programmes de santé sur les femmes et les hommes – y compris les effets inattendus – pourraient avoir un impact positif ou négatif sur les opportunités, la santé, la position socioéconomique, et le bien-être des hommes et des femmes. 3 IDENTIFICATION DES LACUNES ET DES CONTRADICTIONS CRITIQUES EN MATIÈRE D’INFORMATIONS Si l’examen initial ne répond pas aux critères de l’Étape 3, identifier les données manquantes, puis élaborer un plan de collecte de données. En plus des lacunes relatives aux données disponibles sur les questions de genre liées au projet, certains résultats sont susceptibles d’être contradictoires et de nécessiter un examen approfondi. Le choix des méthodes et le nombre de thèmes abordés peuvent être limités en raison du budget disponible. Il sera donc nécessaire de classer les thèmes par ordre de priorité sur la base d’une évaluation de leur pertinence et de leur impact potentiel sur les objectifs du projet. 4 Boîte à outils sur la collecte et l’analyse de données sur le genre | 25

ÉLABORATION D’UN PLAN ET D’UN SYSTÈME DE COLLECTE DE DONNÉES PRIMAIRES Cette Boîte à outils sert de guide pour l’élaboration des questions de recherche et pour la sélection des méthodes de recherche. Les exemples de questions fournies par domaine indiquent le type de données qui doivent être recueillies, même si les objectifs et l’axe du projet détermineront la pertinence des questions. Pour certaines questions il est mieux indiqué d’utiliser une méthode de recherche quantitative tandis que d’autres nécessiteront une méthode de recherche qualitative. Des annotations sur les différentes méthodes quantitatives et qualitatives sont incluses pour guider la sélection de laméthode appropriée à la tâche. Les questions axées sur le genre peuvent être intégrées dans des instruments existants (voir les exemples de questions d’enquête sur les Connaissances, les pratiques et la couverture (CPC) au Yémen dans l’annexe IV) ou ajoutées à des travaux complémentaires de recherche qualitative ou quantitative. 5 ANALYSE DES DONNÉES Les données axées sur le genre peuvent être analysées à l’aide de méthodes standard d’analyse quantitative et qualitative. Ce qui distingue l’analyse est l’accent placé sur les données liées aux domaines du CAG. L’analyse doit être conçue pour comparer les informations sur les hommes et les femmes, et sur les différentes catégories de femmes et d’hommes (par exemple, selon l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, l’âge, la classe, la caste, le lieu de résidence, et la race). Ces comparaisons doivent révéler les domaines où ilexistedesécartsetdesinégalitéssusceptibles d’affecter les femmes et les hommes pour ce qui concerne : les taux de participation, le leadership, l’accès aux services, et l’adoption de comportements ou de traitements sains. Il s’agit également de cerner les inégalités et les écarts qui exposent les hommes ou les femmes à différents risques et vulnérabilités ayant un impact sur leur santé. L’analyse doit également expliquer les raisons qui font que ces écarts et ces disparités existent, et la manière dont ils affectent les opportunités et les aspirations des hommes et des femmes. 6 Jhpiego | 26

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