Mieux protéger et accompagner les enfants victimes de violences conjugales

En France, en moyenne 143 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré des formes de violences sexuelles et/ou physiques au sein de son couple. 42 % ont moins de 6 ans. Deux sur trois vivent dans un foyer où les violences sont répétées1. Il s’agit d’une évaluation qui ne concerne que les violences sexuelles et/ou physiques déclarées. Si on tenait compte des violences psychologiques (les plus répandues selon l’enquête ENVEFF), ainsi que du fait que de nombreuses violences restent sous-déclarées par les victimes, l’estimation du nombre d’enfants exposé·es aux violences serait beaucoup plus élevée. La Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF) a estimé, à partir des chiffres de l’enquête ENVEFF, le nombre d’enfants concerné·es par l’exposition aux violences conjugales en France à 4 millions2. Il est essentiel de considérer que toute violence faite aux femmes est également une violence faite aux enfants.3 Dans 10 % des cas de violences conjugales recensés dans le rapport Henrion, les violences s’exerçaient aussi sur les enfants. Pour les enfants ayant une mère victime de violences conjugales le risque est 6 à 15 fois plus élevé d’être elles-euxmêmes directement la cible de ces violences4. Le fait d’avoir des enfants, notamment en bas âge, est un facteur de risque supplémentaire de violences conjugales5. En 2020, 14 enfants ont été tué·es dans le cadre des violences au sein du couple. Huit enfants sont décédé·es concomitamment à l’homicide de leur mère et six ont été tué·es par le L'AMPLEUR DES VIOLENCES CONJUGALES SUBIES PAR LES ENFANT parent-auteur de violences conjugales, sans que l’autre parent ne soit elle aussi tuée6. Les enfants étaient présent·es dans 47 % des cas de féminicides analysés en 2019 par le ministère de la Justice.7 Les données de l’enquête Virage (violences et rapports de genre) publié par l’INED et le Centre Hubertine Auclert, Violences vécues par les femmes et les hommes en Île-de-France : famille, conjugalité, travail, études et espaces publiques8 précisent qu’« une Francilienne sur trois déclare qu’un·e enfant s’est interposé·e lors des violences exercées par son partenaire, sur les 12 derniers mois [et que] près de 30 % des femmes déclarant des violences au sein du couple au cours de leur vie indiquent que d’autres personnes ont assisté aux violences, en particulier des enfants. » Comme pour les appels en France9, près de huit Franciliennes sur dix appelant le 3919 (Violences Femmes Info) ont des enfants. 3 % des Franciliennes appelant le 391910 sont enceintes au moment de l’appel : la grossesse, l’adoption et la naissance d’un·e enfant sont des facteurs d’aggravation ou d’apparition des violences qui sont fréquemment cités par les victimes11. Sur l’ensemble des appels au 3919 en France en 2019, 33 % des femmes ont déclaré que les enfants ont subi des maltraitances de la part de leur père. Malgré les violences conjugales, dans près d’une situation sur dix, l’enfant réside pourtant chez le père (5 %) ou est en résidence alternée (7 %)12. En prenant en compte uniquement les dépenses de l’Aide sociale à l’enfance et celles liées aux décès des enfants, les coûts de l’incidence des violences au sein du couple sur les enfants sont évalués à 422 millions d’euros pour la société13. CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (14) PARTIE 1 / INTRODUCTION : ENJEUX ET CONSTATS

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