Mieux protéger et accompagner les enfants victimes de violences conjugales

CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (17) Ce modèle permet d’appréhender ce qui est difficile à comprendre de prime abord, à savoir pourquoi les victimes restent prisonnières de ces situations. La confiscation du pouvoir de décision et de l'autonomie dans de nombreux domaines rétrécit le champ d'action et réduit à l'extrême la liberté de la victime. Elle perd progressivement et inconsciemment sa capacité à résister et à se révolter. Dans une situation de conflits conjugaux, l’enfant peut être protégé·e lorsque ses parents sont amené·es à mettre leurs différends de côté. Or, les violences conjugales se basent sur des mécanismes de domination qui s’exercent dans la durée. L’exposition à ces violences ne conduit pas systématiquement à un danger physique, mais bien un danger plus subtil de violences psychologiques. Aujourd’hui, en dépit de la connaissance des impacts de l’exposition des enfants aux violences conjugales, leur statut de victime n’est pas reconnu. _ La Convention d’Istanbul, ratifiée par la France le 4 juillet 2014 et entrée en vigueur le 1er novembre 2014, stipule : « Reconnaissant que les enfants sont des victimes de la violence domestique, y compris en tant que témoins de violence au sein de la famille […] les Parties prennent les mesures législatives ou autres nécessaires pour que, dans l’offre des services de protection et de soutien aux victimes, les droits et les besoins des enfants témoins de toutes les formes de violence couvertes par le champ d’application de la présente Convention soient dûment pris en compte (article 26) ». _ Malgré le fait que l’exposition aux violences conjugales figure parmi la plupart des classifications des organismes en charge de l’évaluation du danger des enfants, elle n’est que très peu mentionnée dans les textes législatifs, mis à part au Québec, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Reconnaître le statut de victime de ces enfants permettrait de mieux organiser leur protection23. LES CONSÉQUENCES DES VIOLENCES CONJUGALES SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’ENFANT ET LES MODÈLES PARENTAUX Les retentissements sur l’enfant peuvent être multiples avec notamment des conséquences pour sa santé et des conséquences socio-comportementales ; celles-ci peuvent également rester masquées et resurgir ultérieurement. / Troubles somatiques, troubles émotionnels etpsychologiques : anxiété, angoisse, dépression, troubles du sommeil, de l'alimentation, syndrome de stress post-traumatique ; / Troubles du comportement : agressivité, violence, baisse des performances scolaires, désintérêt ou surinvestissement scolaire, fugue, délinquance, idées suicidaires, toxicomanie ; / Troubles de l'apprentissage, symptômes physiques (énurésie par exemple) et cognitifs ; / Une faible estime de soi, une image négative, font également partie des conséquences qui entacheront les relations adultes. PARTIE 1 / INTRODUCTION : ENJEUX ET CONSTATS

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