Mieux protéger et accompagner les enfants victimes de violences conjugales

CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (20) L’impact des violences conjugales sur les compétences parentales D’après plusieurs études, entre 40 et 60 % des partenaires violents sont aussi des pères violents28. Également, l’un des principaux facteurs de risque d’agressions sexuelles de la part du père est la violence conjugale contre la mère29. Dans les situations où les enfants ne sont pas directement ciblé·es par l’auteur des violences, des études montrent que ces pères, exerçant des violences sur leur partenaire sont peu impliqués et peu empathiques vis-à-vis de leurs enfants. Leur faculté à tenir compte des besoins de leurs enfants et de les faire passer avant les leurs est largement restreinte30. Ils sont également plus susceptibles d’avoir recours à la force physique et verbale. Ils connaissent aussi une propension plus forte au dénigrement et à l’instrumentalisation de l’enfant. Enfin, ce mode parental est aussi marqué par la distance voire le rejet affectif, et l’impulsivité. En effet, les parents-auteurs ont tendance à se mettre rapidement en colère et font preuve d’un mode parental très autoritaire et coercitif31. Les auteurs de violences conjugales ont une tendance importante à justifier leurs actes de violence par le mauvais comportement de l’enfant, tout en culpabilisant et décrédibilisant la mère-victime sur sa compétence parentale, et procèdent donc à un renversement de la culpabilité. Les agresseurs peuvent avoir tendance à agir sous le coup de l’émotion, ​car ils sont dans l’incapacité à réguler leur état émotionnel, y compris dans leurs réactions face au comportement de l’enfant. 32. Par ailleurs, le parent-auteur de violences peut aussi adopter un comportement très différent en n’exerçant aucune discipline, et en étant très peu impliqué, voire permissif et négligent vis-à-vis de l’éducation de ses enfants33. D’après le 5ème Plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes 2017-2019 : « Les enfants témoins de violences sont des victimes. Assister aux violences commises par son père sur sa mère a des conséquences sur les enfants : en tant que témoins, ils [et elles] deviennent des victimes. Un mari violent n’est pas un bon père »34. La mère, en plus d’être sous emprise vis-à-vis de son partenaire dans la sphère conjugale, est aussi victime d’emprise parentale, c’est-à-dire que l’auteur des violences se sert de la parentalité comme terrain de prise de pouvoir sur elle. Il arrive qu’elle ne soit donc que partiellement disponible pour la protection de ses enfants et qu’elle ne connaisse qu’une capacité moindre à se protéger et à les protéger face à de nouveaux passages à l’acte sur elle-même ou sur eux. À cela il faut ajouter la diminution de l’estime de soi que l’auteur des violences conjugales lui impose, ainsi que la disqualification permanente dont elle est victime, et enfin, l’isolement qui l’empêche de compter sur de la famille ou des ami·es. L’auteur exerce une violence sur la victime en tant que femme, mais aussi directement sur la « dimension maternelle de sa partenaire »35 – ces actes de dénigrement pouvant également avoir lieu devant l’enfant, ils discréditent l’autorité maternelle. Certaines recherches montrent que les mères victimes de violences peuvent aussi adopter un mode éducatif comparable aux situations sans violences, voire de meilleure qualité. En effet, certaines mères violentées développeraient un surcroit d'attention et d’empathie envers leurs enfants pour les protéger, les soutenir et compenser ce qu'ils vivent. « Pour beaucoup de victimes, la séparation avec l’agresseur peut permettre une amélioration de leurs compétences parentales et de leur fonctionnement en général »36. PARTIE 1 / INTRODUCTION : ENJEUX ET CONSTATS

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