CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (21) Réception par les enfants de ces modèles parentaux Les enfants ont différentes manières de réagir aux violences. L’enfant peut penser qu’en adoptant un comportement « parfait » aux yeux de son père, il va éviter la récidive des scènes de violences conjugales. Or, comme rien ne peut réellement les empêcher, l’enfant va vivre un constat d’échec qui engendre souvent un sentiment d’impuissance et également de culpabilité. Afin de se protéger psychologiquement, les enfants peuvent s’identifier à l’agresseur, en l’observant régulièrement avoir recours à la force ou aux menaces pour maintenir son contrôle, ce que l’enfant peut reproduire auprès de son entourage familial ou de ses pairs, et même auprès du parent-victime. L’enfant peut donc reproduire les mécanismes de l’agresseur, mais aussi être exposé·e à nouveau à ce modèle si le parent-auteur de violences reproduit ce schéma de violences conjugales avec une nouvelle compagne. Les enfants peuvent avoir le sentiment d’être à l’origine et responsables des violences conjugales37. Ils et elles peuvent aussi adopter une posture de protection envers le parent-victime ; plus il et elle grandit, plus le risque d’altercation physique avec le parent-auteur prend de l’ampleur. Dans cette posture, l’enfant perd sa place d’enfant, puisqu’à l’inverse c’est normalement aux parents de le protéger. L’indissociabilité de la conjugalité et de la parentalité Les violences dans le couple affectent simultanément les sphères conjugale et parentale. Les violences conjugales empêchent la négociation au sein de la parentalité, car le parent-auteur domine, manipule et instrumentalise également le lien parental38. Il est nécessaire de considérer la mère également comme une partenaire victime de violences conjugales en dehors de son statut de mère39, afin d’articuler cette position avec celle de la protection de son enfant. Il importe ainsi ne pas la rappeler uniquement à ses responsabilités parentales40, afin de prévenir un glissement automatique de femme-victime à mère-responsable et donc de ne pas caractériser la victime uniquement par son incapacité à se protéger et protéger ses enfants41. En effet en cas de violences conjugales du père, il arrive souvent que l’on reproche aux mères leur incapacité à protéger leurs enfants. On pointe alors leur participation passive, sans prendre en compte l’impact (temporaire) que les violences subies ont pu avoir sur leur capacité parentale. PARTIE 1 / INTRODUCTION : ENJEUX ET CONSTATS
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