Mieux protéger et accompagner les enfants victimes de violences conjugales

CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (36) Compte tenu des traumatismes générés sur les enfants et les parents-victimes par les violences conjugales, il est nécessaire de renforcer l’accès de ces derniers et dernières à des dispositifs d’accompagnements et de soins spécialisés. L’expertise en matière d’accompagnement spécialisé d’enfants co-victimes existe, elle a notamment été développée par les associations spécialisées dans l’accompagnement des femmes victimes de violences (par exemple au sein du réseau de la Fédération Nationale Solidarité Femmes), en se basant sur des expérimentations développées au Québec, en Belgique et en Suisse. Ces méthodes visent à travailler avec les enfants afin de les aider à mettre des mots sur les violences auxquelles ils et elles ont assisté et/ou ont subi, développer leurs capacités, et ainsi diminuer le traumatisme. Des permanences de soins psycho-traumatiques destinées spécifiquement aux enfants co-victimes des violences conjugales ont été également développées par l’Institut de Victimologie de Paris73. Cependant : / L’offre de l’accompagnement des enfants n’est aujourd’hui proposée que par un nombre restreint d’associations spécialisées qui accompagnent les femmes victimes et leurs enfants. Il est donc nécessaire de renforcer l’offre de ces dispositifs spécialisés. Toutes les associations accueillant les femmes victimes de violences devraient être en capacité de proposer des dispositifs d’accompagnement spécialisés aux enfants co-victimes. / L’offre de soins psycho-traumatiques destinée spécifiquement aux enfants co-victimes des violences conjugales qui en ont besoin, comme par exemple celle proposée par l’Institut de Victimologie de Paris, n’est pas suffisante compte tenu du manque de permanences spécialisées pour couvrir le territoire régional, ainsi que des délais d’attente de plusieurs semaines, voire mois. / Les structures généralistes de soins médico-psychologiques des enfants, comme les CMPP (centre médico-psycho-pédagogiques), ne sont pas suffisamment outillées pour identifier les enfants co-victimes de violences conjugales et leur proposer une prise en charge qui permette de travailler spécifiquement sur les conséquences des violences auxquelles ces enfants ont été exposé·es74. Il est nécessaire de renforcer la formation de ces professionnel·les sur les violences conjugales et leurs conséquences sur les enfants. Il convient également de développer et de mettre en application la mesure 18 du premier Plan interministériel de lutte et de mobilisation contre les violences faites aux enfants 2017-2019 : « Envisager l’extensionde la prise en charge à 100% [gratuité, c’est-à-dire exonération du ticket modérateur, de la prise en charge thérapeutique et du suivi médical] aux victimes de toutes les formes de violences durant leur enfance »76. PARTIE 4 / RENFORCER ET DÉVELOPPER LES DISPOSITIFS D'ACCOMPAGNEMENT ET DE SOINS DES ENFANTS ET DES MÈRES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES _ L’article 26 sur la protection et soutien des enfants témoins de la Convention d’Istanbul stipule : « Les Parties prennent les mesures incluant les conseils psychosociaux adaptés à l’âge des enfants témoins de toutes les formes de violence couvertes par le champ d’application de la présente Convention et tiennent dûment compte de l’intérêt supérieur de l’enfant »75. _

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