CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (38) La deuxième raison tient au fait que, tout comme la victime, l’enfant a appris à vivre la violence en secret. Il [ou elle] doit donc d’autant plus être aidé[·e] pour « briser le silence » qu’il [ou elle] ressent probablement des émotions assez intenses. Troisièmement, élevé[·e] « sous la loi du plus fort, l’enfant n’a pas forcément, comme l’aurait l’adulte, des repères de ce que serait un fonctionnement familial sans violence, alors même qu’il [ou elle] est à un âge où il [ou elle] élabore, entre autres, ses compétences relationnelles ».77 Il est donc essentiel de : / permettre à l’enfant d’exprimer son ressenti et sa représentation de la situation (« est-ce que tu sais pourquoi tu es ici ? »), en validant ses émotions, y compris négatives (peur, colère) ; / énoncer, en faisant référence à la loi, le fait que la violence est interdite et que, lorsqu’elle se produit, elle nécessite de l’aide ; EXEMPLES DE BONNES PRATIQUES ASSOCIATIVES DE MISE EN PLACE D’ACCUEIL DES ENFANTS CO-VICTIMES : / Au sein du service d’accueil et de mise en sécurité de l’association Flora Tristan, un espace est exclusivement réservé aux enfants, afin qu’ils et elles puissent retrouver « leur place d’enfant ». Cet espace permet aux enfants de mettre les mots sur leurs émotions et sur leur vécu, ainsi que de les exprimer à l’aide de jeux. L’enjeu est aussi de donner du sens à leur vécu et de leur expliquer leur présence dans cet hébergement (ce n’est ni un hôtel, ni un lieu de vacances, ni un lieu thérapeutique). Le personnel présent dans cet espace est spécifiquement formé aux violences conjugales et à leurs conséquences sur l’enfant80. / L’association Solidarité Femmes - Le Relais 77, propose dans le cadre de ses « ateliers-enfants » trois groupes : un premier avec les enfants de 3 à 6 ans, un deuxième avec les enfants de 6 à 12 ans, et enfin un troisième avec les mères de ces enfants. Les professionnel·les s’occupant des groupes concernant les enfants et les mères ne sont pas les mêmes. Ainsi, les deux groupes concernant les enfants sont composés de six séances consécutives sur des programmes précis : 1- La première séance permet aux enfants et aux intervenant·es de se présenter, mais aussi de poser les règles (interdit de la violence par exemple). 2- La deuxième séance porte sur l’identification des émotions, sur le support d’activités comme la représentation de saynètes vécues par les enfants aux moyens de petites figurines (ce qui évite d’impliquer directement leur corps dans la représentation des violences). 3- La troisième porte sur la gestion de la colère et de la peur, et des stratégies que l’on peut mettre en place. 4- La quatrième porte sur l’identification des personnes auprès desquelles ils et elles peuvent trouver un soutien. 5- La cinquième porte sur les différences entre la colère et la violence et les stratégies pour ne pas se mettre en difficulté. 6- Enfin, la dernière, constitue une séance « bilan »81. / se positionner vis-à-vis de l’enfant : lui dire qui l’on est, ce que l’on fait, de manière à ce qu’il ou elle puisse accorder sa confiance et lui expliquer simplement l’aide apportée à sa mère en le ou la rassurant sur le fait que la séparation avec elle sera temporaire, par exemple si l’un·e de ses parents est reçu·e seul·e par un·e médecin·e, ou les services de police ; / évaluer les effets de la violence sur son développement78. Les professionnel·les qui animent cet accompagnement doivent donc être formé·es sur la traumatologie et la spécificité des violences conjugales et de leurs conséquences sur les enfants. Ainsi, ils et elles doivent mettre en place un cadre permettant la libération de la parole sur ces éléments traumatiques, sans appliquer une forme de « neutralité bienveillante », puisqu’il s’agit d’aller à l’encontre des schèmes des violences et de la stratégie de l’agresseur79. PARTIE 4 / RENFORCER ET DÉVELOPPER LES DISPOSITIFS D'ACCOMPAGNEMENT ET DE SOINS DES ENFANTS ET DES MÈRES VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES
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