CENTRE HUBERTINE AUCLERT Centre Francilien de ressources pour l’égalité femmes-hommes (50) MISE À JOUR 2021 : Suite au Grenelle des violences conjugales de 2019, l'une des mesures adoptées vise à ce qu’« un état de la situation soit demandé systématiquement à l’Aide sociale à l’enfance en cas de violences conjugales, et à défaut une évaluation administrative de la situation familiale ». Il ne s’agit pas d’une mesure nouvelle, mais elle est actuellement appliquée de façon hétérogène. PARTIE 6 / RENFORCER LE RÔLE DE LA PROTECTION DE L'ENFANCE DANS LA DÉTECTION DES ENFANTS CO-VICTIMES DE VIOLENCES CONJUGALES SYSTÉMATISER LE REPÉRAGE PAR LES PROFESSIONNEL·LES DE LA PROTECTION DE L'ENFANCE DES VIOLENCES SUR LES MÈRES ET LEURS ENFANTS Il est important de comprendre les conséquences du huis-clos des violences conjugales dans la difficulté à verbaliser les violences subies, vues ou entendues. L’enfant comme le parent-victime se retrouvent immergé·es dans un modèle vertical et rigide du pouvoir décisionnel imposé par l’agresseur. Ainsi, l’enfant observe l’asymétrie relationnelle entre ses parents et intériorise que l’expression de son altérité est dangereuse. Une loi du silence se met donc en place dans ces familles, l’enfant et le parent-victime des violences peuvent alors se retrouver dans une posture de co-protection. Sans oublier les risques de souffrances émotionnelles et donc les possibles et fréquentes difficultés comportementales des enfants co-victimes de violences106. Le ou la professionnelle doit permettre de briser ces dynamiques et d’aider à verbaliser les violences. Il faut encourager les victimes et poser un cadre permettant la libération de parole concernant ces éléments traumatiques107. Les professionnel·les pourraient alors s’atteler à ouvrir un espace de parole concernant la violence « plutôt que de considérer le “ professionnel[·le] suivant ” plus compétent pour le faire, professionnel[·le] que la personne n’ira peut-être pas rencontrer »108. Ils et elles doivent prendre l’initiative et de poser systématiquement la question, quel que soit leur domaine de compétence. Par exemple, mettre à disposition des affiches et des plaquettes d’informations relatives aux violences conjugales permet d’instaurer une confiance et d’améliorer le taux de confidence109. Ainsi, instaurer un climat d’écoute, même s’il ne permet pas immédiatement la prise de parole, permet à la victime d’intérioriser le fait que son environnement social est concerné par sa situation (et celle de son enfant) pour, au moment venu, lui permettre de s’appuyer sur une aide professionnelle adaptée et efficace110.
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