16 17 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) Mythe 1 : « C’est comme ça depuis la préhistoire... » L’homme préhistorique chassait, la femme préhistorique attendait dans la caverne, avec les enfants Ce mythe tend à légitimer : - la répartition sphère privée-sphère publique entre femmes et hommes; - le fait que les femmes n’ont pas le sens de l’orientation; - la complémentarité homme-femme et le partage des tâches, pour la survie de l’espèce; - que les choses sont immuables. Déclinaisons du mythe : les stéréotypes et les assignations au quotidien • C’est comme ça depuis la nuit des temps. Nous héritons de nos ancêtres: c’est le principe de l’évolution! • Dans la nature, le mâle sort chasser et la femelle reste au nid avec les petits. Un homme doit travailler pour nourrir sa famille; une femme reste à la maison pour s’occuper des enfants. • Il y a une stratégie de perpétuation de l’espèce: la femelle va chercher le mâle capable de la protéger, elle et sa progéniture, pour leur garantir une sécurité matérielle. • L’homme appartient à la sphère publique. Son domaine est l’extériorité (pénis). La femme appartient à la sphère domestique. Son domaine est l’intériorité (vagin). • Les hommes et les femmes ont des compétences différentes et complémentaires depuis toujours! • Les hommes sont des guerriers-nés, des conquérants, des compétiteurs, des explorateurs; les femmes sont la douceur, le soin, elles ont le sens du sacrifice. • Les femmes n’ont pas leur place dans l’espace public. La preuve : elles n’ont aucun sens de l’orientation! La rue, la ville, c’est le territoire des hommes. Déconstruire le mythe Questions à se poser: - Qu’est-ce que la Préhistoire? - Comment cette vision des rôles hommes-femmes à la Préhistoire a-t-elle été fondée et nous a été transmise? - Que savons-nous vraiment de la manière dont vivaient les êtres humains à la Préhistoire? Qu’est-ce que la Préhistoire? La préhistoire (sans majuscule) est une discipline qui a pour ambition de reconstituer l’histoire et la vie des êtres humains depuis leur apparition sur Terre jusqu’à l’apparition de l’écriture, au cours de la période chronologique du même nom (la Préhistoire avec majuscule). Elle se fonde sur l’analyse et l’interprétation des témoignages de la présence humaine, tels que les vestiges archéologiques (squelettes, objets…) et les œuvres de l’art pariétal (ou art rupestre: dessins, impressions, gravures… sur des parois, dans des grottes). S’agissant donc d’interprétation de témoignages, il est nécessaire de prendre en compte, dans une perspective de lecture plus globale des analyses effectuées: le préhistorien-la préhistorienne (son histoire, ses croyances, ses qualifications…), ainsi que le contexte social, historique, culturel dans lequel évoluent les sciences elles-mêmes, comme celles et ceux qui les agissent. Par exemple, les sciences archéologiques et anthropologiques sont nées au 19 e siècle et sont teintées des rapports hommes-femmes de cette époque. Un autre élément à considérer est le pouvoir d’action accordé au préhistorien-à la préhistorienne. Jusqu’au milieu du 20 e siècle environ, le préhistorien était considéré comme un généraliste pouvant réaliser l’ensemble des études liées à la fouille d’un site. Souvent à l’origine des fouilles effectuées, il était présent sur le terrain, effectuait toutes les analyses, interprétait et diffusait ensuite les résultats de ses recherches au grand public. Aujourd’hui, cette vision du travail du préhistorien-de la préhistorienne est révolue : s’il-elle dirige encore les opérations, elle-il fera nécessairement appel à d’autres spécialistes de disciplines connexes: géologie, paléontologie, physique nucléaire pour la réalisation de datations absolues et génétique pour la recherche et l’analyse d’ADN fossile. En un peu plus d’un siècle, la
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