Guide de survie en milieu sexiste

32 33 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) moyenne un peu moins intelligente que l’homme (...). Il est donc permis de supposer que la petitesse relative du cerveau de la femme dépend à la fois de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle.» 7 Au 20 e siècle, les progrès en électronique ouvrent la voie à la recherche des propriétés électriques des cellules nerveuses. Le terme de neurosciences apparaît à la fin des années 1960 pour désigner la branche des sciences biologiques consacrée à l’étude du système nerveux, du point de vue électrophysiologique (réponses électriques des neurones à des stimulations). Renforcées par des techniques toujours plus puissantes (microélectrodes, électro-encéphalographies, IRM...) et par de nouvelles disciplines (neurobiologie, génétique…), les neurosciences affinent la cartographie du cortex: le cerveau est certes constitué de zones fonctionnelles (centres de la parole, de la vue, etc.), mais c’est également une entité dynamique! La plasticité cérébrale (ou neuronale) est une découverte majeure du 21 e siècle en neurosciences. Il s’agit de la capacité du cerveau à créer, défaire ou réorganiser les réseaux de neurones. Le cerveau est ainsi qualifié de malléable ou plastique. Ce phénomène intervient durant le développement embryonnaire, l’enfance, mais aussi la vie adulte, grâce à des apprentissages ou à cause de lésions, de maladies. «La plasticité neuronale est présente tout au long de la vie, avec un pic d’efficacité pendant le développement à la suite de l’apprentissage, puis toujours possible mais moins fortement avec l’adulte.» 8 Que disent les recherches récentes sur les cerveaux des femmes et des hommes? «Le cerveau est un système dynamique, en perpétuelle reconfiguration. » 9 Malgré les avancées en neurosciences, le fonctionnement du cerveau est encore mal connu. Les relations cerveau-esprit (siège des sentiments, des émotions… ou de l’âme selon les croyances) ont fait et font encore l’objet de nombreux débats, aussi bien philosophiques que scientifiques, voire idéologiques. Il circule de nombreux neuromythes: « des croyances erronées sur le fonctionnement du cerveau humain. Ils résultent souvent d’une erreur de compréhension ou de lecture, et parfois d’une déformation délibérée des faits scientifiques (…) dans le but de les rendre plus pertinents au regard de l’éducation.» 10 - OCDE B C’est une réalité de la recherche scientifique: elle tâtonne par hypothèses, lesquelles peuvent à tout moment être affirmées ou infirmées et dont les conclusions peuvent être façonnées au regard d’idéologies diverses. Les études sur les différences cérébrales entre femmes et hommes sont nombreuses, ainsi que les ouvrages de vulgarisation: la difficulté réside dans l’interprétation des résultats, qui peuvent être mal compris, extrapolés (d’expériences réalisées sur des rats pour aboutir à des conclusions sur les êtres humains...) ou généralisés (d’un groupe-test d’individus à l’ensemble des êtres humains), déformés pour corroborer une conception idéologique, simplifiés au point d’en perdre toute nuance, pour faire sensation dans les médias… Le schéma structurel du cerveau ne varie pas avec le sexe. Il est impossible de deviner le sexe d’un individu auquel appartient un cerveau par la seule observation de celui-ci via l’imagerie médicale. De même, on ne note pas de différence anatomique entre les cerveaux des fœtus femelles et mâles au même stade de développement. «Les gènes qui permettent de construire les hémisphères cérébraux, le cervelet et le tronc cérébral sont en effet indépendants des chromosomes X et Y. Le schéma 7/ Broca Paul, « Sur le volume et la forme du cerveau suivant les individus et suivant les races », 1861. 8/ Revue d’histoire des sciences, Armand Colin, Tome 63, 2010. 9/ « Le cerveau, comment il se réorganise sans cesse », La Recherche, Dossier, n°40, Août 2010. 10/ «Comprendre le cerveau : vers une nouvelle science de l’apprentissage », 2002.

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=