Guide de survie en milieu sexiste

34 35 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) structurel est donc exactement le même.» : la neurobiologiste Catherine Vidal B montre en se basant sur des techniques d’imageries cérébrales que seules 10% des connexions nerveuses entre neurones sont réalisées à la naissance et que les 90% se construisent «progressivement au gré des influences de la famille, de l’éducation, de la culture, de la société». Ainsi, si les femmes et les hommes adoptent des comportements stéréotypés, «la raison tient d’abord à une empreinte culturelle rendue possible grâce aux propriétés de plasticité du cerveau humain». Catherine Vidal B réfute ainsi l’idée d’un déterminisme biologique et estime que du fait de la plasticité neuronale, la différence entre les cerveaux des deux sexes est négligeable comparée aux différences individuelles. «On ne trouve aucune différence entre les cerveaux des bébés filles et des bébés garçons concernant toutes les autres fonctions du cerveau, qu’elles soient cognitives – telles que l’intelligence, la mémoire, l’attention, le raisonnement – ou sensorielles, comme la vision ou l’audition. C’est ce qui se passe après la naissance qui compte le plus. Les interactions de l’enfant avec son environnement social, affectif, culturel vont en effet jouer un rôle majeur dans la construction du cerveau.» 11 Il n’y a pas de «cerveau gauche masculin» et de «cerveau droit féminin». Dans les années 1970, des chercheurs américains lancent la théorie des deux cerveaux: l’hémisphère gauche serait spécialisé dans le langage, tandis que le droit serait spécialisé dans la représentation de l’espace. Le pas est vite franchi pour attribuer aux hémisphères cérébraux les différences de compétences entre hommes et femmes (plutôt que de remettre 11/ «Il est impossible de deviner si un cerveau appartient à un homme ou une femme», Le Monde, 25 mai 2013. 12/ Usha Goswami, «Neuroscience and education: from research to practice?», Université de Cambridge, 2006. 13/ LafortuneB Stéphanie, «Méfiez-vous des neuromythes », 2013. 14/ «Child Development : Myths and Misunderstandings », Sage Publication Inc. New York, 2013. 15/ Catherine VidalB, « Le cerveau, le sexe et l’idéologie dans les neurosciences », L’orientation scolaire et professionnelle, avril 2002. 16/ Shaywitz BA, Shaywitz SE, Pugh KR, « Sex differences in the functional organization of the brain for language », Nature, 16 février 1995. 17/ Iris E. Sommer, André Aleman, Metten Somers, « Sex differences in handedness, asymmetry of the Planum Temporale and functional language lateralization », US National Library of Medicine, avril 2008 et Anelis Kaisera, Sigrid Schmitzd, «On sex/gender related similarities and differences in fMRI language research », US National Library of Medicine, octobre 2009. en question le système éducatif et ses traitements différenciés) ! Ainsi, les compétences des hommes en logique et mathématiques résulteraient d’un plus grand développement de l’hémisphère droit, tandis que l’aptitude des femmes au langage serait associée à leur hémisphère gauche. La «théorie des deux cerveaux» connaît un grand succès médiatique et commercial dans les années 1970 (et jusqu’à nos jours), or cette théorie n’a jamais été validée par des données expérimentales rigoureuses: il s’agissait essentiellement d’observations issues d’expériences sur des rats, extrapolées à l’humain. «Il faut toujours demeurer prudent lors de l’interprétation de résultats d’études: une expérience sur des rats ne peut pas être généralisée à l’apprentissage humain.» : selon une étude de 2006 12, «ce mythe du cerveau gauche et du cerveau droit ne tient pas compte du fait que les hémisphères cérébraux sont interconnectés et travaillent rarement de façon isolée.» 13 « Dans le cerveau, les deux hémisphères communiquent ensemble pendant la plupart des tâches et travaillent en coopération tant qu’ils le peuvent. » 14 - Mercer B Jean A. Il n’y a pas de lien entre le sexe et les fonctions cognitives. « Une majorité de travaux relatant des différences entre les sexes présentent des biais méthodologiques qui résistent mal à une analyse scientifique rigoureuse. » 15 La femme est souvent présentée comme ayant plus d’aptitudes au langage. En 1995, cette affirmation est confortée par une expérience reposant sur la comparaison de l’activité cérébrale de 19 femmes et 19 hommes durant un test de langage 16. Les résultats montrent que les hommes utilisent uniquement l’hémisphère gauche, alors que 11 femmes sur 19 utilisent les deux hémisphères. Un constat suffisant pour que l’équipe de recherche bâtisse des conclusions sur l’utilisation optimale du cerveau féminin dans l’exercice du langage… et que cela soit abondamment relayé par les médias. D’autres équipes de recherche ont voulu en savoir plus. Une trentaine d’études comparant des centaines d’hommes et femmes prouvent, en 2008-2009, qu’il n’y a aucune différence statistique dans la répartition des aires du langage. 17 En 1990, une enquête portant sur dix millions d’élèves établit que les garçons sont plus performants que les filles dans la résolution d’un problème

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