Guide de survie en milieu sexiste

44 45 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) 29/ www.latoupie.org «Alarme citoyens ! Formez vos convictions ! » consulté en juin 2016. 30/ «Besoin, désir et demande : un débroussaillage théorique », Praxis 74, Travail social et psychanalyse, juillet 2014. 31/ Freud SigmundB, «Pulsions et destins des pulsions », 1915. 32/ «Les pulsions : du point de vue de Freud», Le Bulletin Freudienne, n°35-36, 2000. Il est intéressant de comparer leur gradation: on passe d’un manque réel de quelque chose qui met en danger la vie même (manger, dormir) à un ressenti, «un sentiment de privation de ce dont on croit manquer» proche de la notion de «désir» (qui est d’ailleurs évoquée), pour arriver enfin à une chose «considérée comme nécessaire», c’est-à-dire où la valeur accordée dépasse largement la valeur réelle et la question de la nécessité vitale. Cette confusion entre la privation réelle et le sentiment de privation, entre le manque d’une chose nécessaire et le manque d’une chose estimée comme nécessaire, est un processus à l’œuvre et constamment alimenté dans notre société de consommation. «Derrière les notions de marché, de libre-échange, de croissance à tout prix, on trouve la nécessité de satisfaire les besoins du consommateur. Ces besoins sont liés aux époques et aux types de société et dans notre société de consommation, ils semblent non seulement en forte croissance, mais quasiment sans limites. Cette notion de «besoins du consommateur» est en fait un amalgame pervers entre les besoins qui sont naturels et nécessaires et les désirs ou envies, plus éphémères, changeants et subjectifs. Pervers, car qu’il nous laisse croire qu’il est impératif de satisfaire ces besoins.» 29 Dans le langage courant, comme dans nos comportements ou nos attitudes, la notion de «besoin» (nécessité, souvent objective et consciente, à dominante physiologique) se confond ainsi souvent avec la notion de «désir» (envie, souvent subjective et parfois inconsciente, à dominante psychologique). «Freud, lui-même (…) ne confondait pas désir et besoin. Le besoin, naissant d’une excitation endogène, trouve sa satisfaction par une action adéquate qui procure l’objet manquant (nourriture, par exemple). Le besoin est une tension organique provenant toujours d’un manque et il traduit la nécessité d’un retour à l’équilibre par la satisfaction. Le besoin est d’origine somatique, il cherche sa satisfaction par l’obtention d’un objet spécifique (…). Le désir – un concept-clé de la psychanalyse – ne peut se réduire au besoin, car le désir n’est pas en relation avec un objet réel... » 30 - Didelet Serge B Et la pulsion? Terme de psychanalyse, la notion de «pulsion» a été théorisée par Sigmund Freud B au début du 20 e siècle. «Le concept de pulsion nous apparaît comme un concept limite entre le psychique et le somatique, comme le représentant psychique des excitations issues de l’intérieur du corps et parvenant au psychisme (...)» 31 Selon Freud, le corps connaît des excitations qui déclenchent des besoins impérieux et amènent un état de tension. «Freud distingue deux types d’excitations: les excitations externes que le sujet peut fuir ou dont il peut se protéger, les excitations internes auxquelles l’organisme ne peut échapper. Le corps ne peut les fuir et un travail doit les rendre constantes, de telle sorte qu’elles ne soient plus perceptibles.» 32 - Nicole Stryckman B Pour la psychanalyse, les pulsions, forces incontrôlables, pousseraient donc l’être humain vers l’action à l’insu de son plein gré. À l’état primaire (sauvage, animal), il se laisserait guider par elles, mais en tant qu’être social et civilisé, il a appris à les contrôler. «La conscience est la conséquence du renoncement aux pulsions.», disait Freud. Nos pulsions seraient donc ce qui reste de plus animal en l’être humain. De nos jours, l’utilisation du terme «pulsion» a largement dépassé le cadre strict de la psychanalyse, pour évoquer toute forme d’élan incontrôlé/ incontrôlable qui saisit l’être humain, de «l’achat compulsif» à la pulsion amoureuse... ou criminelle. Utilisation parfois bien commode pour justifier un comportement inapproprié ou dangereux. Source : www.latoupie.org «Alarme citoyens ! », consulté en juin 2016. Besoin Désir ou envie Naturel et nécessaire Non naturel, éphémère Objectif Subjectif Presque identique d’une société à l’autre Fortement lié au contexte, société, culture, époque Les besoins ne sont pas infinis Les désirs qui peuvent s'appliquer à tout sont infinis Il fait souffrir jusqu’à ce qu’il soit satisfait. Sa non-satisfaction peut entraîner la mort. A peine satisfait, il réapparaît. Dominante physiologique Dominante psychologique

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