50 51 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) 40/ The Conversation, «La fabrique des filles et des garçons : hormones, attention aux interprétations », 23 décembre 2015. 41/ Science&VieB, Dossier «Homme & Femme, les vraies différences », 18, janvier-février-mars 2016. 42/ The Conversation, «La fabrique des filles et des garçons : hormones, attention aux interprétations », 23 décembre 2015. 43/ Idem. 44/ Van AndersB Sari, Steiger Jeffrey, Goldey Katherine, «Effects of gendered behavior on testosterone in women and men», Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America (PNAS), University of Wisconsin, 28 septembre 2015. «Chez les humains, l’organe sexuel le plus important, c’est le cerveau… Ses capacités cognitives confèrent à la sexualité humaine des dimensions multiples qui mettent en jeu la pensée, le langage, les émotions, la mémoire… Le désir sexuel d’abord est le fruit d’une construction mentale qui varie selon la vie psychique et les événements de la vie. Rien à voir avec un simple réflexe déclenché par la testostérone. » 40 Une hormone est une substance sécrétée par une glande endocrine, agissant à distance et par voie sanguine sur des récepteurs spécifiques: elle transmet un message sous forme chimique dans l’organisme. Les hormones mâles sont regroupées sous le terme d’androgènes, dont la testostérone produite par les testicules. Parmi les hormones femelles figurent les œstrogènes et la progestérone, secrétées par les ovaires. Les testicules et les ovaires se sont différenciés dans la vie intra-utérine sous l’action de gènes portés par les chromosomes sexuels. Cependant, les hommes et les femmes possèdent chacun-e des hormones mâles et femelles: c’est leur taux qui fait la différence entre les deux sexes! «À 20 ans, le taux moyen de testostérone dans le sang d’un homme est de 3 à 8 nmol/l, et de 0,1 à 0,9 pour une femme. Ce profil hormonal est si spécifique qu’il constitue, depuis 2011, le critère retenu par les instances sportives pour déterminer quelle athlète est autorisé-e à courir dans une compétition féminine ou pas. En d’autres termes, le taux de testostérone définit également une frontière entre homme et femme.» 41 L’action des hormones est souvent évoquée pour expliquer d’éventuelles différences entre les comportements hommes-femmes. Ceci peut s’expliquer par l’effet qu’ont les androgènes, les œstrogènes et la progestérone sur l’apparence et le maintien des caractéristiques sexuelles secondaires masculines et féminines. Un raccourci, inapproprié, est ainsi fait entre apparence et comportement attendu. La testostérone est souvent pointée comme un facteur explicatif de certaines attitudes associées au genre masculin: force, compétitivité, agressivité, manque d’empathie… Des études récentes viennent battre en brèche ces idées reçues. «Parmi les hormones censées guider nos comportements, la testostérone a une place de choix. C’est elle qui rendrait les hommes dragueurs, compétitifs, égoïstes, coléreux et violents. La testostérone a sans conteste des effets sur le corps, en agissant sur le volume et la force musculaire. Mais quant à son action sur le cerveau et les comportements, on est loin d’un consensus scientifique. Dans la population générale d’hommes adultes en bonne santé, il n’y a pas de relation statistiquement significative entre le désir sexuel et la concentration de testostérone dans le sang.» 42 Quant au rôle de la testostérone dans l’agressivité et la violence, des enquêtes réalisées chez des garçons adolescents de 13-16 ans montrent que la concentration de testostérone dans le sang n’est pas associée à des comportements agressifs ou de prise de risque. «Chez les hommes auteurs d’actes de délinquance, le taux de testostérone n’est pas corrélé avec le degré de violence des comportements. En revanche, une corrélation forte est observée avec les facteurs sociaux, tels que le niveau d’éducation et le milieu socio-économique. » 43 Une autre étude 44 d’une équipe interdisciplinaire américaine montre une relation inversée entre le comportement et la production de testostérone! Plutôt que de hauts niveaux de testostérone engendrant des comportements considérés comme masculins, ce serait le fait d’adopter un comportement agressif ou de pouvoir qui ferait grimper le niveau de cette hormone! Des comédien-ne-s des deux sexes ont été invité-e-s à jouer un acte de pouvoir (un licenciement abusif). En mesurant le taux de testostérone avant et après la performance, le constat a été qu’il était plus élevé après l’acte de pouvoir, même fictif, et ce chez les deux sexes. Une seconde expérience a eu lieu avec les mêmes comédien-ne-s, à qui il a été demandé, indépendamment de leur sexe, de jouer la scène deux fois, en adoptant des attitudes corporelles dites masculines, puis des attitudes corporelles dites féminines. Le résultat n’a pas changé: c’est l’acte de pouvoir en tant que tel qui fait la différence! «Les pressions culturelles poussant les hommes à exercer une autorité, à prendre des décisions, à avoir du pouvoir et les femmes à éviter de le faire, pourraient ainsi expliquer pourquoi les niveaux de testostérone tendent à être plus élevés chez les hommes que chez les femmes.»
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