Guide de survie en milieu sexiste

6 7 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) Au départ de nos expériences personnelles et de nos vécus de militant-e-s, nous avons commencé par lister ces phrases, ces «mythes» que l’on nous présente comme des vérités pour expliquer et justifier les inégalités… et nous avons constaté que ces mythes fondent les stéréotypes sexués, les légitiment et leur donnent de la consistance! Un même mythe peut ainsi être à l’origine de multiples stéréotypes et assignations. Les mythes auxquels nous sommes le plus souvent confronté‑e‑s ont été formalisés et répertoriés, de même que leur déclinaison en stéréotypes sexués, avec une attention à balayer toutes les dimensions descriptives et prescriptives de chaque mythe. Au fur et à mesure de l’avancée de notre travail, notre groupe a réalisé qu’il s’agissait d’un exercice extrêmement riche et qu’il pourrait intéresser d’autres personnes. Nous avons alors décidé que notre recherche ferait l’objet d’une publication : un carnet, destiné à toute personne confrontée à une intox et qui souhaiterait avoir des contre-arguments sous la main! Notre projet a ensuite été sélectionné dans le cadre de l’appel à projets d’Alter-Égales, de la Ministre de l’Enseignement de promotion sociale, de la Jeunesse, des Droits des femmes et de l’Égalité des chances, Isabelle Simonis. Durant la phase de rédaction, nous avons voulu étayer la déconstruction de chaque mythe par des références solides, croisant différentes disciplines (sociologie, anthropologie, psychanalyse, neurosciences, histoire, ethnologie, biologie…), se référant à des auteur-e-s et sources varié-e-s. Des mythes aussi prégnants que l’instinct maternel ou la figure de l’homme préhistorique ne peuvent pas être balayés d’un revers de main. Nous souhaitions donc une déconstruction en profondeur de chaque mythe, sans rogner sur l’espace nécessaire à l’explicitation de notre propos, tout en conservant le côté pratique et ludique que permet une publication sous forme de carnet. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de répartir le contenu de notre travail en deux tomes, comprenant la déconstruction de 5 mythes chacun! Voici donc la petite histoire de ce guide, dont vous tenez le premier tome entre les mains. Certainement perfectible, il a toutefois fait l’objet d’un travail de recherche et d’écriture rigoureux, collectif et militant. Le projet «Pour une éducation à l’égalité des genres» était né... Un groupe, actif, diversifié et militant Après un temps de portage uniquement à l’interne, afin de clarifier nos positionnements, construire notre propos et nos outils (notamment notre formation, à la méthodologie spécifique), le projet Pour une éducation à l’égalité des genres des CEMÉA est porté depuis 2012 par un groupe hétérogène, composé de militant-e-s et formateurs-formatrices de notre mouvement, de participant-e-s à nos formations et de partenaires de l’associatif, qui se réunissent régulièrement afin de vivre des activités et de partager questionnements, outils et expériences. Le groupe se saisit de tensions à l’œuvre autour de l’égalité femmes-hommes, pour les triturer, les décortiquer, analyser leur traitement médiatique et leurs impacts, mais aussi pour prendre conscience de leurs résonances dans nos propres vies… afin d’en percevoir les mécanismes et les enjeux. Intox, mythes et stéréotypes... C’est au cours de ces rencontres, début 2015, que nous avons réalisé que nous étions toutes et tous confronté-e-s, à un moment donné, aux mêmes idées reçues dans notre lutte pour l’égalité entre hommes et femmes. Que ce soit au cours d’un repas de famille, d’une soirée entre ami-e-s ou d’une discussion entre collègues, il arrive toujours un moment où l’on nous assène (souvent pour clore le débat) une «vérité» afin de légitimer le système inégalitaire et les traitements différenciés: «De toutes façons, c’est comme ça depuis la préhistoire!, Les femmes et les hommes n’ont pas le même cerveau !, C’est à cause des hormones...» Ce genre de petites phrases dont nous savons pertinemment en les entendant qu’elles relèvent de l’intox, mais que nous avons du mal à démonter, faute de ressources, de références et d’avoir pris le temps de construire un contre-argument. Notre groupe s’est alors donné comme objectif de trouver des stratégies de contre-discours efficaces et simples à utiliser, aussi simples que les discours sexistes et aliénants que nous voulons combattre. Nous avons eu l’envie de concevoir un contre-argumentaire, pour pouvoir répondre du tac au tac à ces intox dans notre vie de tous les jours!

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