Guide de survie en milieu sexiste

62 63 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) 56/ Vidal CatherineB, «Le cerveau évolue-t-il au cours de la vie ? », Le Pommier, 2009. 57/ Vanier CatherineB, «Qu’est ce qu’on a fait à Freud pour avoir des enfants pareils?», Flammarion, 2012. 58/ Interviews extraites du Dossier «L’instinct maternel existe-t-il vraiment ?», Psychologies, juin 2012. 59/ Simone de BeauvoirB, «Le deuxième sexe », Gallimard, 1986. 60/ Lesage SachaB, «La maternité, hier et aujourd’hui », FAPEO, 2014 6/15. La notion d’instinct maternel ramène la femme à l’animal, la femelle, elle réduit les femmes à leur fonction de génitrice, niant la singularité du parcours de chacune, niant l’intensité du travail psychique et de l’inconscient. En outre, l’idée d’un instinct inné «naturel» culpabilise celles, très nombreuses, qui n’éprouvent aucune pulsion protectrice et affectueuse envers leur nouveau-né, et qui construisent leur sentiment maternel, parfois dans la difficulté. Même si une femme peut éprouver pour son enfant, dès sa naissance -ou bien avant- l’amour le plus vif, la tendresse la plus absolue, voire la passion la plus totale, l’intensité ou la violence de ses sentiments ne sont pas instinctuels, mais nés de sa singularité la plus personnelle.» Catherine Vidal B : Les hormones ne sont pas toutes puissantes ! 56 «La question de l’instinct maternel est une question propice à l’idéologie. Qu’il existe un instinct maternel chez l’animal, c’est une évidence. Le problème de fond est l’extrapolation à l’humain que l’on voudrait réduire à une machine cérébrale qui obéirait simplement aux hormones. C’est une vision réductionniste qui ignore la dimension psychique et sociale des êtres humains. L’être humain est avant tout diversité et complexité. Son comportement ne peut pas être programmé, parce que son cerveau est unique en son genre: le cortex cérébral de l’homme est bien plus développé que celui de n’importe quel animal, y compris le singe. Voilà pourquoi, grâce à son «libre arbitre», l’Homo sapiens est capable de court-circuiter les programmes instinctifs dépendants des hormones. Tout ce qui relève des instincts chez l’animal est contrôlé chez nous par la culture. L’être humain peut décider de faire la grève de la faim ou de renoncer à la sexualité. (...) Le vécu d’une femme face à son enfant est le produit de son histoire personnelle, et du contexte social, économique, politique dans lequel naît cet enfant.» Catherine VanierB : Il ne faut pas confondre instinct et amour maternel. 57 «Chez nous les humains, qui sommes des animaux très dénaturés, la question des instincts passe au second plan, et est totalement remaniée, retravaillée, restructurée par la question du langage, du rapport à l’autre, par l’histoire des sujets. L’instinct maternel est imbriqué dans l’histoire de chaque femme, d’où naîtra, ou non, la possibilité pour elle d’être rapidement en lien avec son bébé. (...) Si une mère éprouve des difficultés à être en lien avec son bébé, il faut qu’elle s’interroge, qu’elle se demande pourquoi, qu’elle visualise les obstacles pour pouvoir les surmonter. Il n’y a pas de mauvaise mère, cela n’existe pas. Il n’y a que des mères empêchées par leur propre histoire, par ce qui ne s’est pas - ou trop - inscrit chez elles; des mères qui n’y arrivent pas. Les gens confondent instinct maternel et amour maternel. Il faudrait, dans notre société actuelle, que toutes les mères soient forcément bonnes. Parce que cela nous renvoie à l’image de la maternité épanouie, de la Vierge et de l’enfant, du «ne faire qu’un»… Dans une société où tout s’écroule, ou tout n’est que crise, il y a une chose dont on voudrait être sûrs: c’est qu’une mère est forcément tout amour pour son bébé, et vice-versa.» 58 Quelle est l’évolution de la notion de «maternité»? «Que l’enfant soit la fin suprême de la femme, c’est là une affirmation qui a tout juste la valeur d’un slogan publicitaire. » 59 - Simone de Beauvoir B Le concept de maternité n’est pas naturel : il s’est construit socialement, politiquement, culturellement, idéologiquement, dans notre histoire occidentale, en tant que «mythe social qui servirait à justifier le fonctionnement des sociétés, à organiser une manière de voir le monde et de pousser les individus à se comporter de telle ou telle manière.» 60

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