66 67 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) 67/ Cova AnneB, «Où en est l’histoire de la maternité ? », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 21, 2005. 68/ Paul Piret, «Une loi entrée dans l’histoire », La Libre Belgique, 3 avril 2010. 69/ Cova AnneB, «Où en est l’histoire de la maternité ? », Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, 21, 2005. 70/ Lesage SachaB, «La maternité, hier et aujourd’hui », FAPEO, 2014 6/15. action collective en faveur des familles nombreuses. Son fondateur, le statisticien Jacques Bertillon, s’entoure d’une équipe exclusivement masculine et «L’Alliance» fonctionne en groupe de pression pour impulser une politique en faveur de la natalité, en bénéficiant de nombreux soutiens parmi les parlementaires français 67. Cette période correspond aussi au début de la répression de l’avortement dans plusieurs pays européens. En Belgique, le code pénal de 1867 inscrit l’avortement au rang des «crimes et délits contre l’ordre des familles et la moralité publique». La loi sanctionne d’un emprisonnement de deux à cinq ans tant la femme qui y a recours que la personne qui la fait avorter, les peines étant fort aggravées si cette dernière est médecin, sage-femme ou pharmacien-ne 68. En France, la majorité du corps médical se prononce contre l’avortement et se réjouit lorsque sont promulguées les lois de 1920-1923 qui le condamnent. En Italie, les lois de «pubblica sicurezza» (sécurité publique) de 1926 sont destinées à empêcher la propagande en faveur de l’avortement et du contrôle des naissances: l’avortement devient un crime d’État, la vente de contraceptifs est interdite, ainsi que l’éducation sexuelle. 69 «Après la Première GuerreMondiale, pendant laquelle les femmes durent remplacer les hommes sur le marché du travail, l’État s’inquiète de la dépopulation et met en place des politiques de natalité (alors qu’auparavant l’avortement était chose courante, il devient sévèrement sanctionné). Ainsi, l’État commence à franchir les frontières de la vie privée ; la famille (…) commence à faire l’objet de décisions politiques. On voit apparaître des encouragements symboliques tels que la fête des mères et la médaille de la famille française ; on pousse les femmes à revenir au foyer. » 70 Ainsi, au 20e siècle, l’identité féminine est, dans un premier temps, mise à mal par les propagandes nationalistes qui suivent les deux guerres mondiales: de manière violente par la répression de la contraception et de l’avortement, ou de manière symbolique par l’encouragement à la maternité, comme la fête des mères initiée en 1926. Dans un second temps, le contrôle accru de la procréation et la médicalisation de la grossesse et de l’accouchement vont fortement modifier le rapport des femmes à leur propre corps. Deux ouvrages vont contribuer à révolutionner la représentation de la maternité au 20e siècle. Dans «Le deuxième sexe» en 1949, Simone de BeauvoirB dissocie définitivement la femme de la mère. Elle affirme que l’instinct maternel n’existe pas et que la maternité aliène la femme: la femme n’est plus «sujet» de son corps, l’enfant «se fait» en elle. Cette vision révolutionnaire de la maternité provoque de nombreuses polémiques
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