Guide de survie en milieu sexiste

70 71 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) Nicolas Murcier B le loup dans la bergerie. Nicolas Murcier B est chercheur en sciences de l’éducation, spécialisé dans l’étude des milieux d’accueil de la petite enfance. Dans ses différentes recherches, il démontre que, malgré les transformations se produisant au sein de la cellule familiale, les représentations sociales du champ de la petite enfance se maintiennent. L’accès des hommes aux professions et aux institutions d’accueil de la petite enfance demeure marginal et complexe. Les pratiques professionnelles dans les métiers de la petite enfance prennent toujours appui sur la réitération de l’expérience maternelle et la «sacralisation» du rôle de la mère dans le développement de l’enfant. Selon Nicolas Murcier B, l’introduction de professionnels en milieux d’accueil collectif exige une redéfinition des places et des rôles, tant masculins que féminins, auprès des jeunes enfants. Se basant sur de nombreux exemples issus du terrain, il explique que l’arrivée, aussi marginale soit-elle, d’hommes dans les milieux d’accueil de la petite enfance suscite des craintes de la part des professionnelles et de certains parents. Le spectre de la pédophilie est présent dans les inconscients, mais l’arrivée des professionnels est également souvent perçue comme un risque potentiel de concurrence pour les professionnelles, dans un champ d’action strictement féminin, même s’il est peu reconnu et mal rémunéré! Françoise Thébaud B un regard sur la médicalisation de la maternité. Historienne française, spécialiste de l’histoire des femmes, cofondatrice en 1995 de la revue «Clio, Femmes, genre, histoire», Françoise Thébaud B centre le propos de son ouvrage «Quand nos grand-mères donnaient la vie. La maternité en France dans l’entre-deux-guerres» sur l’évolution fulgurante de la médicalisation de la maternité en quelques décennies. L’auteure analyse l’action médicale qui entoure la grossesse et l’accouchement, mais aussi le lieu où se déroulent les accouchements : la maternité, en tant qu’institution. Dans une histoire de la mise au monde et de « l’élevage» du tout-petit, elle décrit les évolutions de l’obstétrique et de la puériculture, ainsi que le passage de l’accouchement à la maison vers l’accouchement médicalisé à l’hôpital, Pour aller plus loin… 74/ Lesage SachaB, «La maternité, hier et aujourd’hui », FAPEO, 2014 6/15. 75/ http://www.womenology.fr/reflexions/lhistoire-de-la-maternite-de-lantiquite-a-nos-jours 76/ «Elisabeth Badinter contre les tyrans de la maternité », Le Point, n°1951, 2010. ment naturalisées. Grâce à son instinct maternel, elle se doit de vivre une maternité radieuse, d’être particulièrement attentive à donner de l’amour à ses enfants et de veiller à ce qu’ils aient une personnalité épanouie.» 74 Au 21e siècle, bien que les représentations traditionnelles de la maternité aient été mises à mal, les injonctions sur les femmes restent importantes. La maternité, en devenant un projet individuel, davantage choisi et investi, voire idéalisé, fait peser sur les mères d’énormes pressions quant au bonheur de cet enfant qu’elles ont désiré. Cette vision d’une maternité présentée comme l’aboutissement d’une vie de femme est également terriblement culpabilisante pour celles qui ne désirent pas devenir mères. «Tous les choix féminins sont ainsi analysés au regard d’une histoire ambivalente de la maternité, entre soumission et liberté.» 75 «Notre société occidentale est hyper individualiste et hédoniste. Chaque individu recherche en priorité son épanouissement personnel. La femme a appris à penser «moi d’abord ». Mais quand elle décide d’avoir un enfant (…), elle doit inverser la donne, c’est « lui d’abord». Or, depuis trente ans, les devoirs maternels qui n’ont pas cessé de s’alourdir, rendent la situation des mères qui travaillent de plus en plus insoutenable. (…) C’est une réassignation de la place des mères à la maison, considérée comme leur place naturelle. » 76

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