Guide de survie en milieu sexiste

88 89 Pour une éducation à l’égalité des genres / Guide de survie en milieu sexiste (Tome 1) 98/ Françoise HéritierB, Le Figaro Magazine, juillet 2011. 99/ «En Éthiopie, Awra Amba, le village de l’égalité entre femmes et hommes », www.tv5monde.com, 9 novembre 2014. Quelles conséquences sur les rapports de genre dans ces sociétés ? Comme décrit dans ce qui précède, les sociétés matrifocales sont dépeintes comme des sociétés non sexistes, plus respectueuses des droits de chacun-e. L’anthropologue Françoise HéritierB est plus sévère dans le regard qu’elles porte sur le fonctionnement de ces sociétés: «On trouve des sociétés de droit matrilinéaire. On a pu penser qu’elles étaient matriarcales parce que la filiation passe par les femmes, de même que les droits sur les terres, mais ce sont les hommes qui ont le pouvoir: ce n’est plus en tant que père d’un enfant ou de mari d’une femme, mais en tant que frère d’une femme qui a autorité sur sa sœur et les enfants de sa sœur. C’est toujours récupéré…» 98 Matrifocalité ne signifie donc pas nécessairement «égalité des genres» dans ces sociétés, car les femmes et les hommes n’y ont pas toujours les mêmes droits, ni les mêmes tâches à accomplir et que les rôles peuvent être clivés. Cependant, l’écart entre les positions sociales des unes et des autres y est moindre que dans les sociétés patriarcales. Non seulement les hommes ne sont pas dévalorisés dans les sociétés matrifocales, mais leur place sociale est reconnue, leur pouvoir politique est réel, ainsi que leur rôle dans l’économie de la communauté. Les femmes, quant à elles, sont respectées et ne souffrent pas des mêmes violences que dans les sociétés de type patriarcal. Il existe donc d’autres voies, au-delà du patriarcat et du matriarcat fantasmé en miroir. L’existence, aujourd’hui, de ces sociétés matrifocales montre qu’il est possible de trouver des formes d’organisations sociales plus justes pour chacun-e, abouties et stables. L’expérience de la communauté des Awra Amba quant à elle, prouve qu’il est possible d’établir de nos jours ce type d’organisation de manière volontaire. 99 Égalité hommes-femmes et développement. Aujourd’hui, les politiques de développement Nord-Sud dites «sensibles au genre» cherchent à promouvoir des pratiques et modes organisationnels qui intègrent, dès le départ, l’enjeu de l’égalité entre hommes et femmes. Il ne s’agit pas de remplacer une domination par une autre, mais bien de travailler à plus d’égalité, pour une société au service de tous et toutes, en cherchant des moyens de ne pas reproduire les schémas d’oppression. Pour en savoir plus sur ces politiques de développement : • le site de l’ONG «Le Monde Selon les Femmes» : www.mondefemmes.be • le site «Genre en action» du «Réseau international francophone pour l’égalité des femmes et des hommes dans le développement » : www.genreenaction.net Quant à la «Commission Femmes et Développement », il s’agit d’une commission d’avis en matière d’égalité entre les femmes et les hommes auprès du-de la Ministre belge de la Coopération au développement. Instaurée en 1993, elle a été créée afin de soutenir et de renforcer la prise en compte de l’égalité des genres dans la formulation et la mise en œuvre de la politique belge de coopération au développement. La loi du 25 mai 1999 relative à la Coopération Internationale définit pour la Belgique les priorités de la coopération et souligne l’importance de l’égalité de genres comme l’une des dimensions transversales à intégrer dans les programmes de développement, quel que soit le secteur concerné. Pour en savoir plus : www.dgcd.be/fr/cfd Nicole-Claude MathieuB et les rapports de genre dans les sociétés non-patriarcales. Nicole-Claude MathieuB est une anthropologue française, militante féministe, connue pour ses travaux sur le genre. Ses principaux articles d’anthropologie sur la condition féminine, l’identité et le genre sont rassemblés dans un recueil intitulé «L’Anatomie politique. Catégorisations et idéologies du sexe». Elle a dirigé la rédaction de l’ouvrage «Une maison sans fille est une maison morte: la personne et le genre en sociétés matrilinéaires Pour aller plus loin…

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