6 2 De quoi les féministes au Québec se plaignent-elles? Leur souffrance n’est rien comparée à celle des femmes dans d’autres pays. Des politiques publiques qui donnent des résultats! Une amie découragée vous dit que ces statistiques sont une fatalité? Au contraire! Des politiques publiques ambitieuses peuvent faire changer les chiffres. Un exemple : le Québec peut se vanter d’avoir un large réseau de centres de la petite enfance (CPE). Et, « comme par hasard », après les provinces maritimes, le Québec est la province où le taux d’emploi des femmes est le plus élevé et où l’écart salarial entre les femmes et les hommes est le moins important9. Coïncidence? Pas du tout : l’accessibilité des services de garde au Québec et le taux d’emploi des femmes seraient liés10. Comme quoi, quand on veut, on peut! C’est sans compter que certains groupes de femmes sont particulièrement défavorisés dans notre société. Citons, à titre d’exemple, le fait que les femmes autochtones représentent 16 % des femmes assassinées au pays (alors qu’elles ne représentent que 4 % de la population)7 ou le fait que la pauvreté touche de façon disproportionnée les femmes immigrantes ou issues de minorités visibles8. On est parfaitement d’accord : c’est au niveau global qu’il y a le plus de pain sur la planche! Voici quelques exemples : L es femmes représentent les 2/3 des adultes analphabètes dans le monde, une proportion qui n’a pas bougé depuis deux décennies11. 1 6 millions de filles âgées de 6 à 11 ans n’iront jamais à l’école, soit le double du nombre de garçons en passant12. 2 ,7 milliards de femmes rencontrent des barrières légales à l’emploi et dans 18 pays, les maris peuvent encore empêcher légalement leur conjointe ou épouse de travailler13. U ne femme sur trois sera victime de violence, souvent de la part d’une personne de son entourage14. E n ne permettant pas aux femmes de jouer le même rôle que les hommes sur le marché du travail, on prive l’économie mondiale de 28 trillions de dollars15. Oui, vous avez bien lu, des trillions (un trillion, ça, c’est un million de millions!). Mais, ce n’est pas parce que c’est moins rose ailleurs qu’il faut se taire ici. Au contraire : l’expérience du Québec nous montre que c’est lorsqu’on ose parler, marcher, revendiquer et critiquer qu’on peut espérer atteindre l’égalité entre les genres.
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