Comprendre la transidentité

12 une fille”), on va lui attribuer certains goûts et comportements, le traiter et l’éduquer d’une certaine manière (lui acheter des robes, des poupées, peindre la chambre en rose, se projeter “quand elle aura un amoureux” etc). Or rien ne permet en fait de faire toutes ces déductions des organes génitaux! Avoir une vulve ne signifie pas que l’on va avoir un développement corporel femelle,ni qu’on va s’identifier femme,ni qu’on va aimer les hommes ou vouloir jouer à la poupée. On observe que cette catégorisation est binaire,il n’existe que deux catégories, et peu perméable, on doit correspondre à la totalité de la catégorie, qui recoupent comme on l’a vu, des éléments très différents tels que le corps, l’apparence, l’identité, le comportement, les goûts, l’orientation sexuelle…). Mais dans d’autres sociétés, le système de catégorisation genrée n’est pas forcément binaire, certaines sociétés répartissent les individus en 3 catégories, 5 catégories, qui s’organisent selon des stéréotypes de genre différents (par exemple, dans certaines sociétés la chasse est une activité typiquement féminine). Au delà de l’assignation de genre à la naissance, les personnes se voient en fait ré-assigner un genre tout au long de leur vie par des biais sociaux comme le langage,etnotammentsur lecritèredeleurapparence.Parexemple,onappellera plus spontanément une personne avec des cheveux longs “Madame”, et une personne avec de la barbe “Monsieur”: il s’agit d’un réflexe d’assignation de genre. C’est ce même raccourci de pensée qui nous pousse à penser qu’une personne ayant une apparence jugée “masculine” aura forcément un pénis. Nous avons en fait tendance à penser que les organes génitaux, le corps, l’identité de genre, les goûts, les comportements, l’apparence et l’orientation sexuelle d’une personne,quelle qu’elle soit,correspondent forcément de façon conforme au schéma standard “masculin” ou “féminin”. Mais la réalité est que toutes ces choses sont bien distinctes, et que rien ne permet de les lier entre elles.Ce schéma de pensée conduit à l’invisibilisation et à disqualification des identités des personnes trans, qui sont jugées anormales (voire inexistantes) de par leur non-conformité à la norme corps / identité.C’est ce que l’on appelle le cissexisme. On appelle “expression de genre” la façon qu’a une personne d’exprimer son genre, à travers par exemple sa façon de parler, ses vêtements, son attitude, ses goûts, ou son apparence générale. Le fait de juger qu’une personne a une expression de genre (c’est-à-dire finalement, une apparence, un comportement) féminine ou masculine relève du stéréotype de genre. Il ne permet en aucun cas de déduire l’identité de genre de la personne. Une personne avec une expression de genre non conventionnelle pour son genre assigné à la naissance n’est donc pas forcément une personne transgenre: un

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