13 . . . E N C O R E M A L P R I S E N C H A R G E La prise en charge du harcèlement sexuel se heurte souvent au silence des victimes. Une personne sur dix ne parle à personne des agissements subis, et dans 70% des cas, ni l’employeur, ni la direction, n’ont été informés de la situation. Cette solitude s’exprime dans les faits, mais elle est aussi ressentie par les personnes harcelées, car elles sont 65% à estimer n’avoir pu compter que sur ellesmêmes. Au final, à peine 5% des situations évoquées font l’objet d’un procès. En outre, quand elle a lieu, la dénonciation des faits se fait encore bien souvent au détriment de la personne victime : lorsque la situation a été portée à la connaissance de l’employeur ou de la direction, 40% des personnes harcelées estiment que l’affaire s’est achevée à leur détriment, ce qui ne favorise pas les éventuels signalements ultérieurs. Même parmi les femmes victimes déclarant que l’affaire s’est conclue au détriment de l’auteur (35%), près de la moitié d’entre elles estiment que celui-ci n’a finalement pas été sanctionné et déclarent au contraire des répercussions négatives sur leur carrière. Force est donc de constater que, dans la majorité des situations de harcèlement sexuel, l’auteur des faits ne fait pas face aux conséquences de ses actes et ne voit pas sa responsabilité réellement engagée. Une hausse des signalements et des plaintes a été observée dans le contexte de libération de la parole et de prise de conscience collective des violences faites aux femmes, né de l’affaire Weinstein qui a éclaté en octobre 2017 et du mouvement #MeToo qui s’en est suivi. Le renforcement des obligations des employeurs en matière de prévention et de sanction du harcèlement sexuel, qui fait suite à cette mobilisation inédite, assure une meilleure prise en charge de ces situations. 2) Comprendre le harcèlement sexuel L E T E R R E A U F A V O R A B L E D E S I N É G A L I T É S F E M M E S / H O M M E S Si les auteurs de faits de harcèlement sexuel ne sont pas toujours des hommes, et les victimes pas toujours des femmes, l’ampleur et la banalisation des comportements relevant du harcèlement sexuel ne peuvent néanmoins être comprises sans rappeler le contexte des inégalités femmes/hommes et des violences faites aux femmes dans notre société. Au cœur de ces inégalités et des processus de domination qui favorisent le maintien des hiérarchies entre femmes et hommes, les violences contre les femmes prennent de multiples formes : psychologiques, verbales, économiques, physiques ou sexuelles. La répression du harcèlement sexuel dans les relations de travail, qui figure dans la législation française depuis 1992, s’inscrit dans l’histoire de la longue lutte contre le « droit de cuissage » et vise à répondre à la
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