14 perpétuation des violences au sein de la sphère professionnelle, dans la continuité des violences physiques et sexuelles exercées sur les femmes dans la sphère conjugale et familiale. Malgré les avancées du droit et les évolutions de notre société, le corps des femmes reste trop souvent perçu comme un objet (et les publicités alimentent tous les jours cette idée). Au travail, dans l’espace public ou au sein de leur famille, les femmes ont toutes des anecdotes personnelles sur leur expérience quotidienne du sexisme. Propos machistes, attouchements dans les transports publics, agressions sexuelles, viols : les degrés de gravité sont divers mais tous ces actes relèvent du même processus de domination, alimentant ainsi les violences subies par les femmes. Il est nécessaire d’expliquer les mécanismes qui lient stéréotypes de genre, discriminations et inégalités pour expliquer le fonctionnement insidieux du harcèlement sexuel, et la place qu’il occupe dans le continuum des violences sexuelles. Le harcèlement sexuel ne saurait être compris et présenté comme le produit d’une relation individuelle : ce phénomène et son ampleur s’inscrivent dans le cadre de rapports sociaux inégalitaires entre femmes et hommes, qui caractérisent notre société qui reste marquée par la présence des violences sexistes et sexuelles. D É P A S S E R L E S I D É E S R E Ç U E S Une des tendances fortes concernant le harcèlement sexuel est la catégorisation des victimes, aussi bien que des auteurs de harcèlement. Or le phénomène concerne toutes les catégories sociales et il est impossible de définir un profil-type de la personne victime ou harceleuse. Qui harcèle ? La très grande majorité des auteurs sont des hommes. Dans l’imaginaire collectif, la personne qui harcèle possède une forme d’autorité sur la victime, ce qui est loin d’être toujours vrai. Si le rapport hiérarchique entre la victime et l’auteur du harcèlement est courant et peut éventuellement expliquer la particulière difficulté qu’ont les victimes à rapporter les faits, il est important de souligner qu’un rapport de subordination ou d’autorité ne nait pas du seul rapport hiérarchique entre l’auteur et la victime. L’enquête du Défenseur des droits montre que les simples collègues sont davantage pointés que les supérieurs hiérarchiques. De même, les clients ou fournisseurs sont concernés. Certains contextes professionnels semblent, plus que d’autres, propices aux violences sexistes et sexuelles. Les secteurs qui se caractérisent par la prépondérance d’hommes, par une faible mixité sexuelle et, de ce fait, bien souvent par une culture de métier historiquement masculine voire sexiste, constituent un terreau favorable pour des situations de harcèlement sexiste et sexuel.
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