Mars 2020 – Observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la culture et la communication – 57 Auteurs affiliés à l’Agessa : dégradation des perspectives de revenus au fil des générations Gwendoline VOLAT 12 p., mars 2016 coll. « Culture chiffres », 2016-2 Instauré par la loi no 75-1348 du 31 décembre 1975 relative à la sécurité sociale des artistes auteurs d’œuvres littéraires et dramatiques, le régime de sécurité sociale des auteurs a été confié à l’Agessa pour les auteurs de l’écrit, à partir du 1er janvier 1978. Les premiers relevés de situation sociale existent donc depuis 1979 : ce sont ces données qui ont été exploitées pour étudier la population des auteurs et l’évolution de leur situation sociale et économique du début des années 1980 jusqu’en 2013. Près de 5 300 auteurs de l’écrit affiliés à l’Agessa en 2013 : des effectifs en hausse depuis trente ans En 2013, 5 300 auteurs de l’écrit sont affiliés à l’Agessa. Le seuil d’affiliation est fixé à 900 fois la valeur du Smic horaire pour les revenus issus de la création. Depuis 1979, ce sont 11 800 auteurs qui ont été affiliés au moins une année à ce régime. 1 550 auteurs se sont affiliés la première année, puis chaque année un flux moyen de 210 sortants pour 90 entrants porte les effectifs à 5 280 auteurs en 2013, soit un triplement de la population en trente-cinq ans. Les écrivains sont toujours les plus nombreux, ils forment près de la moitié de la population des auteurs en 2013, mais leur part relative a baissé, avec l’entrée dans le régime des illustrateurs et des traducteurs à partir des années 1990. Sur dix auteurs en 2013, un peu moins de la moitié sont écrivains, trois sont illustrateurs et deux sont traducteurs. L’âge d’affiliation recule au fil du temps mais les durées d’affiliation sont plus longues Pour l’ensemble des auteurs affilés avant 2005, l’âge moyen d’affiliation est de 34 ans. Les nouvelles générations d’auteurs, en revanche, celles qui se sont affiliées pour la première fois à partir de 2005, entrent plus tardivement dans le régime d’auteur : 39 ans pour l’ensemble, 43 ans si l’on est écrivain, 37 ans pour les traducteurs et 33 ans pour les illustrateurs, qui ont toujours formé la catégorie d’auteurs la plus jeune. Si l’on entre progressivement plus tard dans le statut d’auteur, on y reste néanmoins plus longtemps : les durées d’affiliation s’allongent à partir du milieu des années 1980, et la génération affiliée entre 1995 et 1999 reste affiliée enmoyenne douze ans, contre neuf pour la génération affiliée dix ans plus tôt. D’unemanière générale, les très courtes périodes d’affiliation (moins de trois années) reculent, signe d’une stabilisation du statut. Une population d’auteur qui se féminise mais n’échappe pas au vieillissement La part des femmes a progressé en trente ans : elles forment désormais la moitié des auteurs contre 40 % en 1980. Si la profession de traducteur se décline majoritairement au féminin en 1980 comme en 2013 (68 % de traductrices), les femmes ont progressé au sein des écrivains (50 %, soit une progression de 20 points en trente ans). En trente ans, lamoyenne d’âge des auteurs est passée de 36 ans en 1980 à 47 ans en 2013, ce qui s’explique par un doublemouvement : la part des jeunes auteurs recule (les 18-29 ans forment 4 % seulement des auteurs) tandis que celle des plus de 45 ans a plus que doublé (54 % de l’ensemble). Ce phénomène de vieillissement de la population concerne toutes les catégories d’auteurs, y compris les illustrateurs traditionnellement les plus jeunes, qui ont 42 ans en moyenne en 2013 contre 33 en 1980. Le revenu d’auteur progresse au fil des années d’affiliation Le fait de s’installer durablement dans le statut d’auteur est synonyme de progression des revenus issus de la création. La première année d’affiliation, un auteur sur deux déclare 9 000 euros annuels de droits d’auteur, puis le revenu médian augmente rapidement, pour atteindre un maximum de 27 000 euros après vingt ans de carrière. Selon les catégories d’auteur, les premiers revenus d’auteur et leur progression varient : les premiers revenus sont plus élevés pour les écrivains mais progressent légèrement moins vite ensuite (9 700 euros et +9 % par an), tandis que les premiers revenus des illustrateurs et des traducteurs sont moindres (respectivement 8 600 euros et 7 900 euros), mais progressent légèrement plus vite au cours des dix premières années d’affiliation. Les revenus des femmes auteurs significativement moindres que ceux des hommes Les carrières des femmes auteurs sont moins rémunératrices que celles de leurs homologues masculins et ce, quelle que soit leur activité : elles perçoivent des revenus moins élevés que les hommes, et l’écart se creuse au fil des années d’affiliation. La première année, une femme écrivain déclare 21 % de revenus en moins par rapport aux hommes, et l’écart atteint 30 %après vingt années d’affiliation. C’est au sein de la profession d’illustrateur que la situation est la plus contrastée : l’écart entre les revenus féminins et masculins atteint 41 % après vingt ans de carrière. De moins en moins d’auteurs vivent exclusivement des revenus de la création Aux droits d’auteur peuvent s’ajouter d’autres formes de revenu, issues d’une activité indépendante ou salariée, exercée parallèlement à l’activité de création. Si la part des auteurs ne déclarant que des droits d’auteur progresse avec le nombre d’années d’affiliation – ils sont 7 sur 10 dans ce cas après vingt ans d’affiliation –, on observe qu’elle tend à diminuer depuis le début des années 2000, comme s’il était de plus en plus difficile de ne vivre que de la création et que l’auteur était contraint à une certaine pluriactivité, caractéristique par ailleurs des professions culturelles. En 2013, un peu plus de la moitié des auteurs (54 %) ne vivent que de leur plume, pour un revenu annuel total de 21 100 euros. Ceux qui cumulent activité salariée et/ou revenus d’indépendant ont des revenus totaux plus élevés (de 26 000 à 33 100 euros annuels). Des revenus moins concentrés En 2013, 1 %des auteurs lesmieux rémunérés (revenus d’auteur supérieurs à 306 900 euros annuels) se partagent 20 %des revenus d’auteur. Ce sont pour la plupart des hommes ; âgés en moyenne de 52 ans et affiliés depuis seize ans. Sept d’entre eux sur dix sont écrivains et près de six sur dix vivent à Paris. Pour autant, la mesure de la concentration des revenus montre que la répartition est relativement plus égalitaire en 2013 qu’au début des années 1980. Des perspectives de revenus moindres pour les jeunes générations d’auteurs Selon leur année d’affiliation, les auteurs ont des perspectives d’évolution des revenus différentes. Si les revenus d’auteur médians sont comparables les premières années, les nouvelles générations, affiliées après 2000, ne connaissent pas les mêmes croissances de revenu : après dix ans d’affiliation, les générations d’auteurs les plus récemment affiliés gagnent 17 % de moins. Cet effet de génération s’observe pour les écrivains et les illustrateurs, mais ne concerne pas les traducteurs.
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