30 Guide - Comportements sexistes & violences sexuelles Que sont les violences sexistes et sexuelles ? Fiche 7 - Les mutilations sexuelles féminines Définition Les mutilations sexuelles féminines recouvrent toute intervention pratiquée sur les organes sexuels féminins sans raison médicale, notamment l’excision et l’infibulation. L’excision est l’ablation totale ou partielle du gland du clitoris et des petites lèvres. L’infibulation, avec ou sans excision, est l’ablation totale ou partielle des petites et/ou des grandes lèvres. Les deux côtés de la vulve sont alors cousus bord à bord ou accolés, de telle façon qu’il ne subsiste qu’une minuscule ouverture pour l’écoulement des urines et des règles. La vulve laisse place à une cicatrice très dure, qu’il faudra inciser au moment du mariage ou de la naissance d’un enfant. Les mutilations sexuelles féminines sont de très anciennes pratiques coutumières qui ne correspondent aux préceptes d’aucune religion. Elles constituent de graves atteintes à la dignité et à l’intégrité physique des filles et des femmes. Elles ont en effet de graves conséquences psychologiques et physiques pouvant aller jusqu’à la mort : saignements, douleurs chroniques, infections vulvaires, urinaires et gynécologiques, conséquences sur la vie sexuelle, complications lors des accouchements, psychotraumatismes et ses conséquences – angoisses, anxiété, dépression –, etc. État des lieux Longtemps considérées comme des pratiques essentiellement africaines, les mutilations sexuelles féminines touchent, à des degrés divers, toutes les régions du monde. Au sein d’un même pays la pratique des mutilations sexuelles peut varier d’une ethnie à une autre, d’une zone géographique à une autre. En Afrique, on estime que 91,5 millions de femmes et de filles de plus de 9 ans vivent actuellement avec les conséquences de mutilations sexuelles féminines et que 3 millions de filles par an risquent de subir une mutilation. De fait, sur ce continent, une femme sur trois âgées de 15 à 49 ans serait concernée. Ces pratiques sont également observées dans le Proche-Orient (Égypte, Irak, Yémen…) ainsi qu’en Asie (Indonésie, Malaisie…). Le phénomène concerne également les pays occidentaux en tant que pays d’immigration. En France, les mutilations sexuelles féminines ont été découvertes lors de l’arrivée de femmes africaines sur le sol national au titre du regroupement familial. Le premier décès répertorié d’une enfant suite à une excision remonte à 1978 et les premiers cas rapportés par les centres de protection maternelle et infantile à 1982. Malgré un abandon progressif de la pratique en France grâce à la répression judiciaire et aux actions de prévention menées par les services publics et les associations, les séjours dans le pays d’origine de la famille peuvent constituer des périodes à risques pour les filles et jeunes femmes concernées. Une première étude estimait qu’environ 60 000 femmes adultes ayant subi une mutilation sexuelle féminine vivaient en France au milieu des années 200029. Une actualisation de ces données a été réalisée en 2019 qui estime qu’au début des années 2010, environ 125 000 femmes adultes ayant subi une mutilation sexuelle féminine vivaient en France30. Cette augmentation en l’espace de 10 ans s’explique à la fois par la féminisation de la population migrante et par le vieillissement des « deuxièmes générations » qui entrent désormais dans la tranche d’âge mesurée. La plupart de ces femmes sont originaires de cinq pays : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Mali et la Guinée. Leur répartition géographique sur le territoire français est fortement concentrée en Île-de-France, où la moitié d’entre elles vivent, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Nouvelle-Aquitaine et en Provence-Alpes-Côte d’Azur. 29. Andro A, Lesclingand M. Les mutilations sexuelles féminines : le point sur la situation en Afrique et en France. InedPopulations et Sociétés. 2007. 30. Lesclingand M, Andro A, Lombart T. Estimation du nombre de femmes adultes ayant subi une mutilation génitale féminine vivant en France, BEH n°21. 23 juillet 2019.
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