Juillet 2022 ÉTUDE DU MARCHÉ AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE FÉDÉRATION INDÉPENDANTE DES PRODUCTEURS AUDIOVISUELS DE NC/ BUREAU D'ACCUEIL DE TOURNAGE/ PROVINCE SUD
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ÉTUDE DU MARCHÉ AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE 3 SOMMAIRE PRÉAMBULE 4 SYNTHÈSE 5 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE A. ETAT DES LIEUX 6 a. Une grande diversité d’activités et de métiers 6 b. Une grande diversité de programmes 8 c. Typologie du secteur calédonien 9 d. Des organisations professionnelles structurées 12 e. Des diffuseurs impliqués mais aux moyens limités 13 f. Un soutien indispensable des pouvoirs publics 15 g. Évolution de la filière 20 B. UN SECTEUR PORTEUR POUR LA NC 21 a. Un modèle économique basé sur la production locale 21 b. Une filière à retombées multiples 22 c. Une place significative dans l'économie du pays 23 C. FORCES ET FAIBLESSES 24 Forces et faiblesses de la filière calédonienne en matière de productions et co-productions locales 24 2. L’EXEMPLE DES OUTRE-MER : DES NIVEAUX TRÈS DIFFÉRENTS 25 a. Les spécificités ultramarines 25 b. Un manque de visibilité 25 c. Des acteurs d’accompagnement et de financement 27 d. Des initiatives locales 27 e. Des enjeux spécifiques 28 3. L’EXEMPLE DE NOS VOISINS DU PACIFIQUE 29 a. Un mot d’ordre commun : attirer les supers productions internationales 29 b. Une tentative de synergie au niveau du Pacifique 29 4. L’EXEMPLE DE LA MÉTROPOLE : UN MARCHÉ NATIONAL QUI LUTTE POUR MAINTENIR SA POSITION, UN SOUTIEN IMPORTANT DES POUVOIRS PUBLICS 30 a. Un marché impacté par la crise sanitaire 30 b. Une évolution de la production par genre 30 c. Des diffuseurs sous tension financière 31 d. Des programmes français qui s’exportent de plus en plus 32 e. Des industries techniques performantes et reconnues 32 f. Des organismes de soutien rodés 32 g. Des aides publiques à plusieurs niveaux 33 h. Des réformes indispensables 34 5. PERSPECTIVES ET PRÉCONISATIONS 35 A. DÉVELOPPER LES PRODUCTIONS ET COPRODUCTIONS LOCALES 35 a. Améliorer et pérenniser le Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie (FAC NC) 35 b. Faciliter l’accès aux autres sources de financement publiques 36 c. Instaurer des mesures fiscales et bancaires, partenariats 36 d. Faciliter l’accès à la distribution et diffusion 36 B. STRUCTURER ET PROFESSIONNALISER LA FILIÈRE 37 a. Unifier la filière et sa gouvernance 37 b. Améliorer la visibilité et la lisibilité de la filière 37 c. Développer la formation 37 d. Simplification administrative 37 C. AMÉLIORER LES CONDITIONS D’ACCUEIL DES PRODUCTIONS EXTÉRIEURES 38 a. Définir des aides spécifiques 38 b. Mettre en place des incitations financières 38 ANNEXES - ANNEXE 1 : ENTRETIENS RÉALISÉS DANS LE CADRE DE L’ÉTUDE (SEPTEMBRE 2020 À MAI 2021) 42 - ANNEXE 2 : BIBLIOGRAPHIE & SOURCES 43 - ANNEXE 3 : FILMOGRAPHIE CALÉDONIENNE (NON EXHAUSTIVE) 44 - ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE 52 - ANNEXE 5 : LEXIQUE 53
4 Forte de son expérience, des actions déjà réalisées et de ses contacts à la fois en Métropole mais aussi Outre-mer, la Fédération Indépendante des Producteurs Audiovisuels de Nouvelle-Calédonie (FIPA.NC) a répondu et remporté cette offre en s’alliant les conseils d’un consultant privé connaissant le tissu économique et institutionnel calédonien. L’objectif de cette étude est tout d’abord de dresser un état des lieux du fonctionnement de la filière, mais aussi d’évaluer le poids du secteur au sein de l’économie calédonienne, et, enfin, de proposer des actions afin de dynamiser la politique d’accompagnement du secteur. Pour ce faire, une compilation de nombreux éléments (statistiques, études, publications…) a été réalisée afin de comparer le secteur calédonien à l’audiovisuel en France, avec un focus sur l’Outre-mer mais également une ouverture vers nos voisins régionaux ; ceci afin de replacer la filière locale dans un contexte plus global, de pouvoir apprécier son positionnement mais aussi de s’inspirer des bonnes pratiques de nos homologues et autres voisins. Les professionnels ont été sollicités par le biais d’un questionnaire permettant demieux définir le profil de ceux qui forment le paysage audiovisuel calédonien, les principaux représentants des différents métiers du secteur ont été reçus en entretiens afin de recueillir leur historique, leurs données, leur vision mais aussi les freins et leviers identifiés… Tout ceci dans le but d’associer les parties prenantes à cette démarche. Ce travail a abouti à une série de préconisations, classées par ordre de « priorité », soit de par leur urgence, soit du fait de leur facilité de mise en œuvre rapidement. Il est important de noter que la crise sanitaire est venue perturber non seulement la réalisation de cette étude mais aussi et surtout tout le contexte économique mondial, perturbations auxquelles la Nouvelle-Calédonie n’a évidemment pas échappé. Par ailleurs, nous précisons que les données chiffrées se rapportent à la filière hors « diffusion » (chaînes et cinéma) pour ne représenter que les producteurs, techniciens (acteurs directs), et autres intervenants (tels que coiffeuse, maquilleuse, acteurs, décorateur, photographe… considérés comme indirects puisque non dédiés uniquement à l’audiovisuel). Nos remerciements vont tout d’abord au Bureau d’Accueil des Tournages (BAT), représenté par Bénédicte Vernier, Manon Bordaberry et leur stagiaire Orana Larthomas qui nous ont ouvert leur porte mais également leurs données afin de relayer dans ce rapport les informations pertinentes et nécessaires à la compréhension de la filière dans son ensemble. Nous tenons à remercier également Terence Chevrin de l’Association Calédonienne des Producteurs de Fiction (ACPF), Claire Cousergue de Syndic’art, Wallès Kotra de NC la 1ère, Delphine Ollier pour le Festival du Film de La Foa, Ashley Vindin de Calédonia, Samantha Reynaud et Franck Carpentier pour Canal+ , René Boutin pour le Festival NC la 1ère Ânûû-rû Âboro , Michel Richard représentant la Mission aux Affaires Culturelles au Haut-Commissariat, Douglas Hickson & Michel Auclair du Cinécity, Séverine Lathuilière et Hélène Singer pour MK2. LE 3 JUILLET 2020, LA PROVINCE SUD A LANCÉ UN APPEL D’OFFRES VISANT À RÉALISER UNE ÉTUDE DU MARCHÉ AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE EN NOUVELLE-CALÉDONIE. L’OBJECTIF DE CETTE ÉTUDE EST TOUT D’ABORD DE DRESSER UN ÉTAT DES LIEUX DU FONCTIONNEMENT DE LA FILIÈRE, MAIS AUSSI D’ÉVALUER LE POIDS DU SECTEUR AU SEIN DE L’ÉCONOMIE CALÉDONIENNE PRÉAMBULE ÉTUDE DU MARCHÉ AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
5 La filière s’est structurée progressivement au cours des 20 dernières années, et compte aujourd’hui environ 165 professionnels actifs (recensement BAT) représentant 100 équivalents temps plein. Elle est constituée de professionnels polyvalents et expérimentés, exerçant sous forme de société ou d’entreprise unipersonnelle. Au global, la FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE CALÉDONIENNE est un secteur d’activité porteur. Elle génère des retombées économiques importantes en termes d’emploi local, d’achats de biens, de locations, d’hébergements, et de prestations de services. Elle représente ainsi environ 1.3 milliard de francs de retombées économiques locales (hors diffuseurs) et occupe une place significative, et étonnamment assez peu reconnue, dans l’économie du pays. La particularité de la FILIÈRE AUDIOVISUELLE, ET CINÉMATOGRAPHIQUE CALÉDONIENNE réside dans ses différentes retombées indirectes pour le territoire, et dans son caractère éminemment transverse qui la place à la croisée de nombreux enjeux et parties prenantes publiques ou privées. Elle favorise ainsi la promotion du patrimoine calédonien (culturel, humain, historique…) et dynamise la création artistique locale. Elle contribue à informer sur les enjeux sociaux, environnementaux et humains auprès de la population locale, régionale et internationale. Elle est aussi un outil de rayonnement du territoire et contribue à faire connaître et à valoriser la Nouvelle-Calédonie dans le monde entier. Le FACNC (Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie) est aujourd’hui la principale mesure de soutien financier public local à la filière. Le FACNC est doté d’une enveloppe annuelle d’environ 125 MF (moyenne 2017-2021). Son bilan 2017-2020 montre que le soutien à la production locale permet un effet de levier de 3 puisque les 557 millions d’aides apportés sur 4 ans ont généré 1.7 milliard de retombées locales. Son existence, ainsi que la politique soutenue de la province Sud et en faveur de la filière, ont contribué au développement et à la structuration progressive du secteur. Toutefois, cette filière demeure fragile sur un certain nombre de points. Le contexte sanitaire mondial — selon une étude de l’Observatoire des métiers de l’audiovisuel, publiée en mai 2021, la crise sanitaire a entraîné une baisse de chiffre d’affaires pour 77 % des entreprises interrogées — ainsi que les difficultés politiques et institutionnelles locales qui ont conduit à une paralysie du FACNC pendant plusieurs mois, ont mis en lumière ces faiblesses. Plusieurs leviers accessibles aux pouvoirs publics calédoniens permettraient de renforcer la FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE CALÉDONIENNE et de lui assurer un avenir pérenne dans un monde en perpétuel mouvement, où le numérique prend de plus en plus de place, où l’information circule de plus en plus vite, et où les grandes plateformes de diffusion de vidéo à la demande (ou SMAD, Service de Média A la Demande, du type Netflix) bouleversent les règles du jeu. Ainsi, à la lumière de l’historique et de l’analyse de la filière locale, des tendances du secteur, d’outils de comparaison avec les autres Outre-mer, la région Pacifique et la Métropole et des bonnes pratiques internationales, les professionnels calédoniens ont élaboré un certain nombre de préconisations qui, sous la forme d’actions concrètes, permettraient de développer l’activité du secteur, de répondre à ses enjeux et de permettre son positionnement en tant que filière d’avenir pour le territoire. LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE CALÉDONIENNE EST CONSTITUÉE DE PROFESSIONNELS PRENANT EN CHARGE LA PRODUCTION, L’ÉCRITURE, LE TOURNAGE, LA POST-PRODUCTION ET LA DISTRIBUTION DE CONTENU AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE. SYNTHÈSE 1 Source : ISEE NC, fichier du BAT NC, entretiens, budgets réels de producteurs, recoupements et analyses I. Laran et FIPANC.
Réaliser un film est long et compliqué. Il faut parfois plusieurs mois, voire des années pour un long métrage. De la conception à la diffusion en passant par la réalisation, le tournage et la finalisation, la qualité d’une œuvre audiovisuelle diffusée à l’antenne ou en salle repose sur différentes étapes et un travail d’équipe. Selon le format du film, les compétences impliquées ou le nombre d’intervenants peuvent être très variables. En Nouvelle-Calédonie, il existe d’ores et déjà de nombreux profils mais certaines compétences manquent ou demandent à être développées. ÉTAPE 1 : L’ÉCRITURE Tout part d’une idée. Il se peut que les origines du film (de fiction ou documentaire) soient attribuées à un auteur ou un réalisateur, mais l’idée peut aussi germer dans l’esprit d’un scénariste ou d’un producteur. Si l’idée provient d’une œuvre préexistante (un livre par exemple) le producteur doit acheter les droits qui lui permettent de l’exploiter. Suivant qui a eu cette idée, un auteur ou un scénariste peut être engagé pour la développer et écrire un scénario. C’est une étape longue qui consiste à développer une idée originale pour pouvoir ensuite la communiquer aux différents interlocuteurs nécessaires à la fabrication du film. ÉTAPE 2 : DÉVELOPPEMENT ET PRÉ-PRODUCTION Cette étape consiste à définir puis rechercher les moyens techniques, humains et financiers qui permettront de réaliser le film. Pendant cette phase, le producteur avec ou sans directeur de production établit le coût du film et trouve les financements. Il aide aussi le réalisateur à redéfinir son projet, en fonction des moyens obtenus. Puis la préparation du tournage se met en place : les lieux de tournage sont sélectionnés par le réalisateur (en collaboration avec le régisseur général, dans le cas de la fiction, l'équipe technique et la production), un directeur de casting trouve les acteurs qui incarneront les personnages à l’écran (pour les fictions ), l’auteur et/ou le réalisateur effectuent les repérages et identifient les protagonistes (pour les documentaires) ; un chef opérateur va préparer ensuite l’apparence qu’aura le film du point de vue de l’image et de la lumière. Dans le cas d’une fiction il faut également préparer les costumes, créer les décors dresser une liste de matériel… ÉTAPE 3 : LE TOURNAGE OU LA PRODUCTION DU FILM La production du film correspond à la phase d'organisation du tournage (constitution des équipes techniques et artistiques, casting, plan de travail) et au tournage proprement dit. C’est en général lors de cette phase qu’interviennent le plus de métiers différents, notamment pour ce qui est des fictions : ceux de la prise de vues (chef opérateur, cadreur, machiniste, assistant opérateur, ingénieur du son, perchiste…), des décors (chef décorateur, assistant, accessoiriste…), du costume, du maquillage, de la coiffure, de la production. Du directeur de production qui doit tenir le budget au régisseur (et son équipe) qui fera en sorte que tout soit à temps sur les lieux de tournage en termes de transport des équipes, de nourriture, de décors… Les métiers liés à l’interprétation sont clés en fiction (artiste-interprète, cascadeur, répétiteur, agent …). Les tournages, parce qu’ils coûtent très cher, ont un planning très serré. a. Une grande diversité d’activités et de métiers LA PRÉSENTE ÉTUDE SE CONCENTRE PRINCIPALEMENT SUR LES ACTIVITÉS LIÉES À L’AUDIOVISUEL ET AU CINÉMA, EN DEHORS DES ACTIVITÉS LIÉES À LA DIFFUSION (CHAÎNES DE TV, SALLES DE CINÉMA). A. ETAT DES LIEUX 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE ÉTUDE DU MARCHÉ AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
7 ÉTAPE 4 : LA POST-PRODUCTION Il s’agit de la phase de montage après le tournage, elle peut durer plusieurs mois. Les différents éléments du film (images, effets spéciaux, sons) sont assemblés. Il y a souvent beaucoup d’images : chaque plan peut nécessiter plusieurs prises (fiction) ou des tournages longs (documentaire). Le monteur sélectionne et organise tous les plans retenus : c’est le dérushage. Une synchronisation sonore peut-être nécessaire. Il faut ensuite mixer (ingénieur du son, sound designer) et créer l’ambiance sonore du film. On réalise alors des bruitages (bruiteur) et l’on ajoute parfois une voix-off (acteur). Suivant la nature du film, les effets spéciaux peuvent être intégrés, tâche qui peut être lourde et faire appel à une multitude de métiers très spécialisés (animateur, matte painter, rigger…). L’étalonneur sera ensuite chargé d’harmoniser l’esthétique (couleur, saturation, netteté, contraste…) de l’image sur l’ensemble de l’œuvre. ÉTAPE 5 : DISTRIBUTION ET DIFFUSION La vie du film ne fait que commencer : il va falloir le montrer au public. Il existe de nombreux moyens pour ça, des chaînes de télévision au SMAD, ou la sortie en salle de cinéma. C’est là qu’interviennent aussi les distributeurs qui sont chargés de la promotion des œuvres et peuvent les monétiser entre la production et les exploitants. Dans le cas des documentaires, les distributeurs interviennent principalement sur les œuvres qui peuvent avoir une diffusion internationale… PROCESSUS TYPE DE CRÉATION AUDIOVISUELLE Périmètre de l'étude : "filière audiovisuelle“ Phases principales Préparation Objectif • Rédaction d'une œuvre (scénario, synopsis) • Repérages • Auditions et sélection d'intervenants • Réalisation de pilote • … • Réalisation et tournage de l'œuvre • Post-production : étalonnage, montage • Monétisation des œuvres : lien entre le producteur et les exploitants • Promotion des œuvres • Exploitation de contenu audiovisuel via diffusion sur différents supports : (en salles, hertzien, TNT, satellite, câble, fibre optique…) • Producteur délégué, exécutif • Directeur, chargé, assistant de production • Régisseur, fixeur • Location manager • Réalisateur, assistant réalisateur • Acteur, comédien, figurant • Technicien image, son • Costumier, décorateur • Graphiste, dessinateur • Techniciens de postproduction • Monteur • … • Auteur • Scénariste • Distributeur • Attaché de presse • Chaînes TV • Programmateur et exploitants de salle de cinéma • Services de médias audiovisuels à la demande (SMAD) Rôles principaux ECRITURE DÉVELOPPEMENT ET PRÉ PRODUCTION PRODUCTION POST PRODUCTION DISTRIBUTION Développement Distribution Diffusion Écriture Production 1 2 3 4 5
8 ON DISTINGUE TRADITIONNELLEMENT DEUX TYPES DE PROGRAMMES : - Les programmes de flux, qui ne sont diffusés en général qu’une seule fois. Ces programmes n’ont pas de valeur patrimoniale, ils sont éphémères. Les journaux et magazines d’information, les émissions de plateaux (jeux, débats, divertissement, météo, compétions sportives, télé-achat, messages publicitaires, auto-promotion, services de télétexte…) sont des programmes de flux. Ils peuvent éventuellement être rediffusés en tant qu’archives (émissions d’humour d’analyse ou de commémoration…) - Les programmes de stock, aussi appelés programmes de catalogue, sont diffusables plusieurs fois. À l’issue de la première diffusion, ils conservent un intérêt pour le spectateur. Cette valeur patrimoniale se traduit par une valeur économique qui peut se négocier et se renégocier durant de nombreuses années et sur de nombreux supports (cinéma, TV, VOD…) Les documentaires, les fictions, les œuvres d’animation, les captations de spectacles vivants ainsi que des magazines d’information économiques ou culturels réalisés majoritairement hors plateau rentrent dans la catégorie des programmes de stock. IL EXISTE DE NOMBREUX FORMATS DANS LE DOMAINE DU CINÉMA OU DE L’AUDIOVISUEL : - Fiction : œuvre dont l’histoire est fondée plus souvent sur des faits imaginaires que sur des faits réels. Elle est destinée à la télévision, au cinéma et/ou web. Elle peut se présenter sous forme unitaire ou de série. Ces œuvres peuvent être réalisées en prise de vue réelle ou en animation. On parle également de court et de long métrage. - Documentaire : œuvre traitant de la réalité, passée ou présente, ayant fait l’objet d’un travail de recherche, d’analyse, d’écriture, traduisant l’originalité du regard de son auteur. Il est généralement destiné à la télévision, au cinéma et/ou web. Il peut se présenter sous la forme unitaire ou de série incluant un certain nombre d’épisodes traitant du même thème. - Magazine : programme qui propose des reportages et des interviews, réalisé selon un modèle de conducteur similaire d’une émission à l’autre. Il peut revêtir de nombreux formats : sujet central ou différentes thématiques. - Téléréalité : genre plus récent qui connaît un essor depuis les années 2000. Elle existe sous de nombreux formats mais avec un principe unique : mettre des gens ordinaires dans des situations extraordinaires. - Émissions de variétés : s’articulent autour de la musique ou du spectacle, permettent aux artistes de faire leur promotion. - Information : journaux télévisés ou pastilles d’information. Les chaînes d’infos en continu et les réseaux sociaux ont considérablement changé nos habitudes. - Émissions de service : très courtes, périodiques, ces émissions ont pour but d’aérer la grille de programmation. Elles traitent de sujets de société variés. - Clips ou vidéoclips : court-métrage tourné en vidéo qui illustre une chanson et présente le travail d’un artiste musicien. b. Une grande diversité de programmes 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
9 Un questionnaire établi par le Bureau d’Accueil des Tournages et disponible du 28 juillet au 10 août 2021 a été envoyé aux acteurs recensés par le BAT afin de mieux cerner ceux qui animent aujourd’hui la filière calédonienne, que ce soit au travers de leur activité ou de leur statut. Il leur a également été proposé de nous faire part de leurs propositions pour développer la filière. Sur les 165 acteurs en exercice, 86 ont répondu. L'enquête en ligne ainsi que le recoupement et l'analyse des données statistiques montrent que la filière audiovisuelle calédonienne compte aujourd'hui environ 165 professionnels représentant 100 équivalents temps plein. c. Typologie du secteur calédonien • RÉPARTITION DES ACTEURS DE LA FILIÈRE PAR ACTIVITÉS ET HYPOTHÈSE D'APPARTENANCE TEMPS PLEIN. Hypothèse d'appartenance à la filière audiovisuelle après analyse du libellé activité principale exercée Source : ISEE NC, Fichiers du BAT NC, entretiens. Recoupement et analyses : I. Laran et FIPA.NC Code APE Nb Ent actives Hypothèse appart Nb rectifié 18.13Z Activité de pré-presse (graphiste) 7 15 % 1 59.11A Production de films et de programmes pour la télévision 38 90 % 34 59.11B Production de films institutionnels et publicitaires 12 90 % 11 59.11C Production de films pour le cinéma 10 100 % 10 59.12Z Post-production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision 7 100 % 7 59,13 A distribution films ciné 1 100 % 1 59.13B Edition et distribution vidéo 13 90 % 12 59.14Z Projection de films cinématographiques 1 50 % 1 59.20Z Enregistrement sonore et édition musicale 4 50 % 2 74.20Z Activité photographique 13 30 % 4 90.01Z Arts du spectacle vivant 12 40 % 5 90.02Z Activité de soutien au spectacle vivant 15 50 % 7 90.03A Création artistique relevant des arts plastiques 8 30 % 2 90.03B Autre création artistique 5 25 % 1 Autres (décors, rédaction, doc, maquillage, coiffure…) 19 10 % 2 TOTAL 165 100
• LES DIFFÉRENTES ACTIVITÉS Parmi les personnes interrogées, 17 % exercent dans les métiers de la production, 16 % dans l’image, 10 % en réalisation, 7 % en post-production et 4 % dans les métiers du son, alors que 12 % d’entre eux interviennent plutôt dans la décoration, le maquillage, ou en tant que comédiens. On note une polyvalence certaine des acteurs puisque 34%d’entreeuxsontprésents surplusieurs fonctions. • LE TYPE DE STRUCTURE Une majorité des acteurs du secteur sont patentés (58 %), 32 % sont organisés en SARL et seulement 8 % sont salariés. 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 %100 % Patenté.e Salarié.e Autre Gérant.e de SARL • LA LONGÉVITÉ DES STRUCTURES Des entreprises pérennes avec 72 % d’entre elles en activité depuis plus de 10 ans + 20 ans 15 à 20 ans 10 à 15 ans -10 ans Nb ent 25 20 15 15 10 5 0 10 • L'ENQUÊTE EN LIGNE ET LES DIFFÉRENTS ENTRETIENS MENÉS AUPRÈS DES PROFESSIONNELS ONT PERMIS DE PRÉCISER LE PROFIL DE LA FILIÈRE : 58 %DE PATENTÉS 72 %DES STRUCTURES ONT PLUS DE 10 ANS 17 % Métiers de la production 16 % Métiers de l'image 4 % Métiers du son 7 % Métiers de la post production 10 % Métiers de la réalisation 12 % Métiers de la décoration, du maquillage, de la comédie 34 % PRÉSENTS SUR PLUSIEURS FONCTIONS 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
• LE CHIFFRE D'AFFAIRE DES STRUCTURES Des activités peu rémunératrices avec seulement 31 % des structures réalisant plus de 5 MF de chiffre d’affaires annuel ; d’ailleurs près de la moitié (47 %) exercent une autre activité professionnelle dans un autre secteur. 0 % 10 % 20 % 30 % 40 % 50 % 60 % 70 % 80 % 90 %100 % Moins d'1 million de Francs Entre 1 et 2 millions de Francs Entre 2 et 5 millions de Francs Plus de 5 millions de Francs 30 % 25 % 20 % 15 % 10 % 0 % 5 % 35 % 40 % 45 % < 1 1 à 5 5 à 10 > 10 Nb projets • LES TYPES DE PROJETS Les types de projets les plus fréquents sont les reportages et documentaires TV, les courts-métrages de fiction et les films institutionnels. Viennent ensuite les clips et les séries de fiction puis, dans une moindre mesure, les publicités, les longsmétrages pour le cinéma et les films d’animation. • LOCAL OU INTERNATIONAL ? Les professionnels travaillent en majorité avec les sociétés de productions locales. Plus de 55 % ne travaillent jamais avec les TV métropolitaines ou étrangères. • LES MANIFESTATIONS DE LA FILIÈRE Plus de la moitié des professionnels (54 %) ne participent pas de façon régulière aux manifestations locales de la filière (Festival de la Foa, Festival Ânûû-rû âboro, Festival de l'image sous-marine…) par manque de temps, sentiment de décalage. Les 46 % qui s’y rendent régulièrement le font pour rester informés, s’exposer à la critique et s’améliorer, ou donner de la visibilité à leurs films. 11 • LES PROJETS DE LA FILIÈRE 50 % TRAVAILLENT SUR PLUS DE 5 PROJETS PAR AN 31% STRUCTURES RÉALISENT PLUS DE 5 MF DE CHIFFRE D’AFFAIRES ANNUEL
12 La FIPA.NC (Fédération Indépendante des Producteurs Audiovisuels de NC) regroupe une dizaine de sociétés de production depuis 2013 ; elle a pour mission de promouvoir et soutenir la production de contenu ainsi que de contribuer à la structuration de la filière audiovisuelle et cinématographique en Nouvelle-Calédonie. Fortement impliquée dans la création du Fonds audiovisuel et cinématographique de Nouvelle-Calédonie (FACNC) ainsi que dans le partenariat avec le CNC, elle représente également la filière dans les festivals locaux et internationaux (FIFO, Sunny Side…). Elle est membre du comité de gestion territorial et travaille en relation avec les autres acteurs, que ce soit au sujet de la grille de tarifs des techniciens (avec l’ACPF) ou les autres sujets locaux et régionaux (l’ATPAC, l’ATPA ou encore le SPAPF de Polynésie…) ; elle est membre du SPACOM (Syndicat de la Production Audiovisuelle et Cinématographique des Outre-mer), ce qui lui permet notamment de participer aux travaux sur la filière à l’échelle ultramarine, mais aussi d’être en lien étroit avec le SPI (Syndicat des Producteurs Indépendants). Créée en 2015, l’Association Calédonienne des Producteurs de Fiction (ACPF) réunit les principaux producteurs de fiction du territoire, tous animés par une forte ambition artistique et le désir de faire grandir la création audiovisuelle locale. Courtmétrage, long-métrage ou série, que ce soit pour le cinéma, la télévision ou le web, sont autant de vecteurs de développement culturel, économique et social que l’ACPF promeut. Leur objectif est de développer, structurer et professionnaliser la production de fictions en Nouvelle-Calédonie afin qu’elle devienne une source d’emplois, de revenus et de rayonnement international pour le territoire. Également membre à titre consultatif du FACNC depuis sa mise en place en 2016, l’ACPF œuvre au quotidien pour apporter son expertise auprès des institutions calédoniennes en charge du secteur audiovisuel. Dès 2022, l’ACPF sera constituée de la majorité des producteurs de fiction du territoire, soit plus d’une quinzaine de sociétés de productions. Le Syndic’art, créé en avril 2020, regroupe une centaine d’adhérents, artistes ou techniciens (musiciens, sculpteurs, auteurs, acteurs, théâtre…), qui exercent à titre professionnel sous forme d’entreprises individuelles (ou « patentés »). Les intervenants en audiovisuel sont à ce jour les plus structurés et plus « matures » d’un point de vue professionnel et économique. La complexité réside dans la diversité des intervenants, leurs divergences en termes de priorités, de contraintes, les niveaux d’avancement différents… Mais l’association suit son objectif de défendre les droits des artistes au sens large, de les accompagner dans leurs démarches administratives (harmonisation des contrats, devis, facturation, conditions générales de vente, grilles tarifaires…). Une de ses priorités demeure le statut des « artistes » puisque le statut d’intermittent n’existe pas en Nouvelle-Calédonie : pas de revenus réguliers, prêts bancaires refusés pour acheter du matériel… La Case des Artistes est une association créée fin 2012 pour doter les métiers de la culture d’un statut des artistes et les accompagner dans leur professionnalisation. Elle propose le portage salarial pour pallier le manque de statut d’intermittent pour les artistes locaux (musiciens, danseurs, peintres, acteurs, sculpteurs…). Son action concerne également un aménagement de la base de calcul du RUAMM afin d’adapter les cotisations au revenus réels des artistes. d. Des organisations professionnelles structurées LA STRUCTURATION AMORCÉE IL Y A QUELQUES ANNÉES A PERMIS D’ORGANISER ET DE REGROUPER LES ACTEURS POUR TRAVAILLER ENSEMBLE À LA STRUCTURATION DE LA FILIÈRE ET PORTER D’UNE MÊME VOIX LES PROPOSITIONS D’AMÉLIORATIONS AUPRÈS DES INSTITUTIONS ET AUTRES PARTENAIRES. 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
13 TÉLÉVISIONS Nouvelle-Calédonie La 1ère représente une audience moyenne de 50.000 téléspectateurs. La chaîne injecte environ 150 MF/ an dans le secteur, elle intervient en coproduction, en apport en industrie, en préachat de programme ou encore en achat de production achevée, principalement dans le domaine du documentaire (jusque 40/an). La chaîne contribue également pour 3.3 MF en moyenne/an au fonds de soutien local. 30 % des programmes télé de NC la 1ère sont produits localement, le reste provient des chaînes du groupe. Il serait possible de diffuser davantage de produits locaux, mais le souci reste de savoir qui peut les financer : « la télévision joue le jeu mais ne peut porter le secteur à elle seule ». Selon son responsable, il est complexe de trouver des acteurs qui s’investissent dans la durée et permettent la formation des équipes, c’est pourquoi la chaîne regrette le manque de mobilisation des élus et le manque de référent sur le sujet audiovisuel. Nos voisins polynésiens ont su attirer l’attention, notamment grâce au FIFO ; quant à la Réunion, « Réunion Film » reçoit chaque année une vingtaine de télévisions du monde entier pour leur présenter les conditions de tournage ; sans oublier l’Australie et la Nouvelle-Zélande qui ont su développer une réelle industrie cinématographique. Il serait possible de proposer des tournages locaux à des productions extérieures, mais il faut trouver les financements et avoir les moyens techniques et du personnel qualifié. Il nous faudrait être plus attractifs vis-à-vis des opérateurs, y compris Amazon ou Netflix, or la Calédonie demeure qualifiée comme « peu accueillante » ! CANAL+ est présente depuis 1994 en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui 1 foyer calédonien sur 2 est abonné aux services de la chaîne. La société est impliquée dans le soutien à la production locale à hauteur d’environ 42 MF/an en moyenne sur ces 5 dernières années (55 M en 2017 – 40 M en 2021) plus 15MF/ an dans le fonds de soutien. Depuis 2016, CANAL+ CALEDONIE consacre au moins un rendez-vous par mois à des documentaires, des captations musicales ou théâtrales, et plus récemment à des fictions réalisées localement. Les films sont diffusés sur l’ensemble des CANAL+ ultramarins et via l’appli MyCANAL. Quelques films locaux ont intégré la grille de CANAL+ national ces dernières années. En février 2021, elle a lancé PACIFIC+, nouvelle chaîne disponible sur le Canal 10, consacrée aux productions locales. La chaîne soutient le Festival du cinéma de la Foa et le Ride Film Festival. Selon ses responsables, l’évolution du soutien à la filière audiovisuelle et cinématographique dépendra notamment de l’évolution de la fiscalité : un taux réduit de TGC sur les abonnements permettrait de maintenir, voire d’augmenter leur niveau d’intervention. Calédonia se définit comme une chaîne citoyenne, de proximité (locale et régionale). Elle a été créée à l’initiative de la province Nord en 2011 pour proposer une alternative à NC1ère, plus orientée vers les productions locales et la mise en valeur des acteurs locaux. Les trois provinces et la SAEML Nord Avenir en sont aujourd’hui actionnaires. Son audience et sa part de marché sont grandissantes avec 27.800 téléspectateurs en 2020 et 98.000 abonnés sur les réseaux sociaux (+30 % en 2020), mais le modèle économique demeure fragile du fait du manque de financements et de leur pérennité. En effet, la situation financière que connaît la chaîne depuis 3 ans limite ses interventions, donc les possibilités d’achat et de diffusion des œuvres locales. La chaîne rachète certains droits de diffusion à NC1ère. Elle a soutenu le fonds de soutien à raison de 3MF par an de 2017 à 2019. e. Des diffuseurs impliqués mais aux moyens limités LE RÔLE DES DIFFUSEURS EST MAJEUR PUISQUE LEUR ENGAGEMENT DE DIFFUSION CONDITIONNE L’ACCÈS AUX AIDES, RENFORCE LA CONFIANCE DES FINANCEURS ET ASSURE LA VISIBILITÉ DES PRODUCTIONS LOCALES.
14 CINÉMAS Cinécity, premier multiplex de 12 salles (jusqu’à l’ouverture du MK2 – fin 2021), a nécessité 1.3 MdF d’investissements ; il est en activité depuis 2003. Il achète les droits francophones pour le pacifique (Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis & Futuna et Vanuatu) pour les commercialiser dans les salles de la zone. 75 % des entrées de salles proviennent de la diffusion de grosses productions américaines. Le Cinécity dédie tout de même, depuis 2016, une salle à la programmation d’art et d’essai ainsi qu’à la production locale (« ciné d’ici et d’ailleurs ») grâce à une contribution de la province Sud (200 KF/film – environ 5 MF/an). Il diffuse également des œuvres locales en amont des séances. Le complexe calédonien a enregistré des années record autour de 430.000 entrées, mais une baisse certaine est entamée avec 360.000 entrées en 2019 et une crise sanitaire sans précédent à suivre. En effet, outre la fermeture des salles durant les périodes de confinement, le contexte mondial amène les productions étrangères (majorité des diffusions) à ne plus vouloir diffuser leur stock du fait du manque de spectateurs de par le monde, sans oublier une réelle difficulté à réaliser de nouvelles productions dans ce contexte. MK2 : Le multiplex de 14 salles (2.5 MdF d’investissements) qui a ouvert ses portes fin 2021 à Dumbéa se veut être un « lieu de vie et de culture » original : nourriture saine et locale, visites de musées virtuelles, ciné débat, conférences, scolaires, artistes locaux, évènements thématiques... MK2 estime qu’il y a un réel potentiel en Nouvelle-Calédonie et qu’il est nécessaire de retenir les talents locaux en créant un studio, et en accompagnant la formation, notamment dans le domaine de l’animation... Des contacts ont déjà été pris avec les universités locales et régionales (Australie et Nouvelle-Zélande). L’objectif serait d’avoir « un ancrage de l’animation française dans le Pacifique », de devenir un point d’étape incontournable. Pour MK2, le développement du secteur doit s’appuyer sur la nature, la culture, le patrimoine et la jeunesse métissée du pays, orientée vers l’avenir, car c’est « l’image » dont les gens ont besoin aujourd’hui, basée sur la nature et l’homme. De plus, le rayonnement de la « marque » MK2 peut être un relais des productions locales auprès de festivals internationaux de renom. Cette arrivée laisse entrevoir un espoir d’aide à la production cinématographique, ce qui permettrait de dynamiser la création et la production de films locaux. La question est posée de l’avenir des deux multiplex calédoniens (seule la Réunion a deux multiplex pour 900.000 habitants, sans évaluation de l’impact de la crise sanitaire), sachant que la fréquentation moyenne risque d’évoluer à la baisse d’une manière générale et qu’il faudra se partager la zone de chalandise (ou zone d’influence cinématographique) qui, elle, n’évolue pas. A noter tout de même que la fréquentation des salles en Calédonie demeure plus importante que dans le reste de l’Outre-mer, mais que le cinéma français attire peu (15 % des ventes ici contre 30 % en Métropole). FESTIVALS Afin de compléter le panorama des possibilités de diffusion locales, il faut prendre en compte les festivals qui font partie intégrante de la valorisation des productions locales. Le Festival Ânûû-rû Âboro existe depuis 2006 et dispose aujourd’hui d’une aura internationale, mais il accuse une baisse de budget de 75 % en 3 ans, ce qui fait peser une inquiétude quant à son avenir. Le festival s’estime peu valorisé et peu soutenu par les institutions et les autres acteurs locaux. D’autre part le Festival du cinéma de La Foa, créé en 1998 pour satisfaire un public en quête de films d’auteurs et de cinéma indépendant, a récemment fait le constat que sa 1ère décennie lui a permis de faire en sorte que les gens se connaissent, de les motiver à faire des courts-métrages, que la 2ème décennie a vu la professionnalisation des acteurs, et il espère que la 3ème décennie verra une orientation vers le long métrage. Avec une aide à la musique de film (1,6 MF alloué à la musique de film entre 2013 et 2021 financé par les partenaires du festival et Glencore), des projections de longs-métrages inédits et un concours de courts-métrages locaux, ce festival stimule la création locale depuis plus de 20 ans. EN RÉSUMÉ Le paysage médiatique local s’est étoffé avec l’arrivée de nouveaux diffuseurs, cependant leur apport demeure très en deçà des besoins de la production. Ainsi, leur apport dans les plans de financement des documentaires se limite souvent à des montants de 15 à 20 000 € d’apport en numéraire par heure de programme, alors que des projets métropolitains destinés aux chaînes ultramarines reçoivent des financements minimum de l’ordre de 30 à 40 000 €. Par ailleurs, la fiction est très peu soutenue par les diffuseurs locaux. Canal+ s’est dernièrement positionnée en soutenant quelques projets de fictions locales (courts métrages ou série) mais l’apport global des chaînes est loin d’être suffisant pour développer ces formats. Malgré leur volonté de soutenir la filière locale, les difficultés budgétaires des diffuseurs ont pour conséquence une révision à la baisse du budget des productions, amenant les projets à être simplifiés, voire réécrits… Résultat : une qualité moindre et des possibilités de diffusion à l’extérieur limitées. 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
15 Dès 2005 la province Sud a été particulièrement active dans le secteur. Jusqu’en 2017, les 3 provinces et le gouvernement apportaient un soutien à la filière de manière distincte, chacune disposant de son guichet. Depuis 2017, le Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie rassemble les 3 provinces, le gouvernement et des acteurs privés autour du sujet. Le Bureau d’Accueil des Tournages Fondé en 2005 par la province Sud, le Bureau d’Accueil des Tournages (BAT) a pour mission d’apporter un service gratuit d'aide et d'assistance technique et logistique à toute société de production ou réalisateur indépendant, dans la mise en place de son projet de film (fiction, documentaire, animation, clip, pub, programme de flux). Il est le premier point d'ancrage des sociétés de production de films locales, nationales et internationales. Il est composé de deux personnes, rémunérées par la province Sud, et travaillant au sein de la Direction de la Culture de la Jeunesse et des Sports (DCJS). Le BAT est membre du réseau national Film France depuis 2006 et bénéficie ainsi d'une vitrine sur l'international, de la synergie du réseau, et d'outils de travail et de communication. Concrètement il offre un service « à la carte » au regard des besoins spécifiques de chaque projet : • Recherche de décors (pré-repérages avec photographies et fiches techniques, mise en place d'une base de données de décors) • Conseil et assistance dans le choix des sujets et la mise en place des plannings de tournage • Démarches administratives (autorisations de tournages, courriers officiels) • Interface avec les autorités politiques, coutumières, administratives • Recensement de figurants, acteurs et techniciens (à ce jour plus de 4000 personnes inscrites dans les fichiers) • Organisation de castings (parutions de communiqués presse, phoning et recensement au préalable des candidats) • Aide logistique : réservations et tarifs préférentiels sur les hébergements et transports, recensement de prestataires et services divers, recherche d'accessoires, équipement etc. Le BAT possède également du matériel de machinerie professionnel à disposition gratuite des productions, sous certaines conditions. Outil indispensable qui fait l’unanimité quant à sa compétence et la nécessité de son action, il a permis plusieurs coproductions avec des productions métropolitaines. Il s’assure de la recevabilité et l’instruction des dossiers présentés au Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie. La province Sud a créé en 2005 la CAPAC (Commission des Aides aux Productions Audiovisuelles et Cinématographiques), dispositif doté d’une enveloppe de 385 MF (données BAT) pour la période 2009-2016 (par la suite les contributions ont été redirigées vers le FACNC). Sur la période 2010-2014, la Capac a contribué à la réalisation de 183 projets (dont 33 % de documentaires), soit 4700 jrs tournage et 1.828 embauches locales, mobilisé 385 MF d’aides de la province Sud pour 1.7 MdF de retombées économiques pour le territoire. La province Sud accueille le BAT et propose des dispositifs d’éducation et de soutien à l’image tels que l’opération « collège au cinéma » … mais les problématiques budgétaires et la remise en question annuelle des enveloppes sont bel et bien présents et ne manquent pas d’impacter la filière et ses acteurs. La province Sud dispose également d’une aide à la réalisation de courts-métrages de fiction (dans le cadre des aides à la création de la province Sud), doté d’une enveloppe d’un peu plus de 2 millions de francs/an. La province Nord a aidé 79 productions pour 115 MF entre 2010 et 2014. Elle intervient principalement dans le cadre du festival « Ânûû-rû Âboro» et a fortement contribué à la mise en place et au financement de la chaîne télé locale Calédonia (1.2 MdF de 2012 à 2014). Elle contribue au FACNC et soutient quelques rares projets documentaires. Elle abonde également le Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie La province des Iles a toujours été peu présente dans le secteur mais abonde le Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie modestement depuis 2020. Elle soutient également à la marge des projets documentaires. f. Un soutien indispensable des pouvoirs publics LA POLITIQUE AUDIOVISUELLE EN NOUVELLE-CALÉDONIE SE STRUCTURE DEPUIS PLUS DE 15 ANS.
16 Le FACNC a été créé en 2017 pour permettre de financer la production et la préparation d’œuvres audiovisuelles ou cinématographiques. Ses objectifs sont : • développer une industrie cinématographique et audiovisuelle de qualité, • donner une meilleure lisibilité à la politique territoriale, • mettre en œuvre une cohérence dans le soutien des institutions à la production locale et extérieure, • attirer les productions et les talents extérieurs, • favoriser les retombées économiques et la diffusion des films calédoniens, • constituer un patrimoine cinématographique et audiovisuel calédonien NB : à la création du Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie, le BAT - et ses deux salariés - a été désigné, service instructeur et secrétariat du nouveau Fonds de soutien. Cette situation perdure depuis cette date. LeFinancementduFondsAudiovisuel etCinématographiquedeNouvelle-Calédonie (FACNC) est assurépar legouvernement (52 MF/an de 2017 à 2020, 25MF en 2021), la province Nord (4.6 MF/en en moyenne), la province Sud (47 MF/an), la province des Iles (500 KF depuis 2020), NC la 1ère (3.3 MF/an environ), Canal + Calédonie (15 MF/an), Calédonia (3 MF les 3 premières années), l’OPT (moyenne de 7.4 MF/an), Lagoon (450 KF/an depuis 2018). Après un fort soutien du secteur privé au démarrage du fonds (22 % du montant global en 2017), le public a largement pris le relais (jusqu’à 96 % en 2019), mais la tendance s’inverse de nouveau depuis 2020 pour arriver à une répartition 20/80 en 2021. Un comité de gestion décide de l’octroi des aides du fonds. Hébergé à la Direction de la Culture du gouvernement, ce fonds est concrètement suivi et mis en œuvre par le BAT et le cabinet en charge de l'audiovisuel au sein du gouvernement.. Le comité de gestion regroupe : les deux membres du service instructeur (BAT), un membre du gouvernement en charge de l’audiovisuel qui préside le comité de gestion, deux experts du secteur nommés par arrêtés, un représentant de la province Nord, un représentant de la province des Iles, un représentant du Haut-Commissariat (MAC) ; ainsi qu’à titre consultatif et sans droit de vote : deux représentants des organisations professionnelles (1 FIPANC et 1 ACPF), trois représentants des diffuseurs (1 NC la 1ère, 1 Canal+ Calédonie, 1 Calédonia), un représentant de l’OPT (contributeur du fonds) et un de Lagoon (également contributeur du Fonds). Le comité est convoqué par son président, issu du gouvernement. De fait, en l’absence de gouvernement, et de membre en charge de l’audiovisuel, le fonctionnement du fonds est totalement paralysé. Cette situation s’est déjà produite à deux reprises, depuis la création du fonds et a notamment conduit en 2020-2021 a une situation catastrophique pour la filière calédonienne. Outil de soutien financier à la filière, le Fonds Audiovisuel et Cinématographique de Nouvelle-Calédonie peut intervenir pour des aides à la préparation, à la production ou encore à la formation. Il permet de soutenir des projets de documentaires et de fictions (unitaire ou en série), mais aussi des clips vidéo, des magazines… qu’ils soient diffusés à la télé, sur SMAD ou au cinéma. Les aides sont plafonnées en fonction des dépenses locales réellement engagées en Nouvelle-Calédonie. Les productions extérieures peuvent en bénéficier sous condition de co-production avec une société locale. Le FACNC est un guichet unique qui a pour avantage de raccourcir les délais de traitement en lieu unique, à la fois en termes de dépôt, d’instruction et versement. Un tel dispositif ne devrait pas être soumis aux aléas politiques et institutionnels liés par exemple à l’absence de gouvernement. 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
17 Les budgets des 208 dossiers soutenus par le fonds de soutien à hauteur de 660 MF représentent 3,2 milliards de francs de dépenses totales et des retombées économiques locales de l’ordre de 2,1 milliards de francs, soit un effet de levier de 3 puisque pour 1 CFP d’aide publique locale, les retombées pour le territoire sont de 3 CFP. 43 entreprises et 1 association ont porté les 208 dossiers de financement auprès du fonds audiovisuel calédonien depuis sa création, sachant que 60 de ces dossiers concernent des co-productions avec des sociétés métropolitaines. LE BILAN DU FONDS AUDIOVISUEL ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE 2017-2021 : Sur ces 5 années d’exercice, 296 dossiers ont été présentés au fonds de soutien, sur lesquels 208 ont été retenus afin d’obtenir un financement. 296 DOSSIERS PRÉSENTÉS 44 ENTREPRISES LE FACNC EST AUJOURD'HUI UN DISPOSITIF DE SOUTIEN ESSENTIEL À LA CRÉATION LOCALE ET SOCLE DE LA FILIÈRE AIDES ATTRIBUÉES ET NOMBRE DE PROJETS SOUTENUS DEPUIS LA CRÉATION DU FONDS : Ce graphique permet de constater qu’en moyenne 3 dossiers sur 4 obtiennent un accord de financement par le fonds de soutien. Il convient de préciser que les ¾ des projets bénéficient d’une aide à la production, ce qui correspond à 96 % des montants alloués sur la période 2019-2021, puisque l’aide à la préparation n’a été active, quant à elle, qu’à partir de cette date. Historique des attributions d'aides du FACNC en volume et en montants 2017 Montant total des aides FACNC (m CFP) #Projets soumis #Projets aidés 133MF 150MF 147MF 127MF 104MF 661MF 60 54 61 70 51 296 40 43 45 51 29 208 2018 2019 2020 2021
18 Ces données nous permettent de constater que le genre documentaire est le plus représenté en nombre de projet et donc en montant global. Cependant, le montant moyen de l'aide au documentaire est de 2.6 MF et atteint 5.8 MF pour les longs métrages de fiction, voire près de 9 MF pour les séries de fiction dont le budget est bien plus conséquent. Les courts-métrages de fiction et les magazines sont aidés pour environ 3 MF par projet. Nombre Montant total CFP Montant total Euro DOCUMENTAIRES 138 360 390 000 CFP 3 020 112 € WEB DOC 1 2 000 000 CFP 16 760 € MAGAZINE 20 82 800 000 CFP 693 874 € SERIE DE FICTION 14 123 200 000 CFP 1 032 431 € COURTS MÉTRAGES DE FICTION 17 53 075 000 CFP 444 775 € LONGS MÉTRAGES DE FICTION 6 29 630 000 CFP 248 303 € CLIP 11 9 100 000 CFP 76 259 € FORMATION 1 985 000 CFP 8 254 € TOTAUX 208 661 180 000 CFP 5 540 769 € RÉPARTITION DU MONTANT D'AIDE À LA PRODUCTION DE 2017 À 2021 PAR GENRE (M CFP) 138 1 1 14 20 17 6 11 Formation 985 000 CFP Web doc 2 000 000 CFP Clip 9 100 000 CFP Longs Métrages de fiction 29 630 000 CFP Courts Métrages de fiction 53 075 000 CFP Magazine 82 800 000 CFP Série de fiction 123 200 000 CFP Documentaires 360 390 000 CFP Nombre de projets retenus 1. PANORAMA DE LA FILIÈRE AUDIOVISUELLE ET CINÉMATOGRAPHIQUE DE NOUVELLE-CALÉDONIE
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