25 Comme le précise le rapport d’information de l’Assemblée Nationale du 4/7/2019 pour la délégation Outre-mer sur la production audiovisuelle dans l’Outre-mer, l’Outre-mer était la grande oubliée des chaînes nationales généralistes : 0.38 % de la programmation totale sur la période 2005-2015, et 1.23 % de la programmation en Journal Télévisé ; une situation donc contrastée entre le dynamisme local et l’invisibilité nationale. Une des missions du CSA est de s’assurer que la programmation reflète la diversité de la société, or les spectateurs (surtout les jeunes) ne se retrouvent pas dans les programmes nationaux, ils s’orientent donc vers Netflix, YouTube ou autres productions étrangères ; pour exemples la Guadeloupe et la Martinique, parmi les premiers consommateurs mondiaux de Netflix ! En dehors de France Ô (200.000 téléspectateurs), seules TF1 et France Info abordent les sujets ultramarins (127 sujets TF1 en 2018), mais rarement aux heures de grande écoute. Les Outre-mer restent les territoires oubliés des grandes chaînes publicitaires nationales, malgré les contrats d’objectifs et les exigences de la loi ; la visibilité ultramarine reste marginale : ces territoires restent victimes des clichés « carte postale », sont essentiellement évoqués lors de catastrophes, ou traités rapidement… Pour exemple le « journal de l’Outre-mer » disparaît de France 3 en 2014, sans aucun commentaire du CSA ! En 2018, le Pôle Outre-mer de France Télévision et le réseau Premières participait à hauteur de 5M€ à la production locale, dont 1M€ en coproduction (surtout en Nouvelle-Calédonie, Réunion et Martinique). Le SPACOM relève cependant que moins de 5 % du CA de toutes les chaînes du réseau Premières revient à production locale ultramarine et 80 % des budgets sont consommés par la masse salariale de ces chaînes, ce qui laisse peu de moyens pour la production. Les 9 stations du réseau Outre-mer de FTV sont aujourd’hui chargées d’assurer la continuité territoriale audiovisuelle entre la métropole et l’Outre-mer. Grace à leur fort ancrage local, elles contribuent au rayonnement régional des territoires ; mais, même si elles ont su rester à la pointe sur les enjeux numériques, leur coût d’entrée demeure élevé, des zones blanches persistent, et les restrictions des droits de diffusion sont des freins. Ces stations ont permis l’éclosion d’un écosystème de production sur les territoires, comme en Nouvelle-Calédonie par exemple, où « Itinéraires » a permis à la filière de se développer dans le genre documentaire et magazine. L’Outre-mer est apparue il y a moins de 20 ans dans le paysage audiovisuel français, les filières locales se sont consolidées et professionnalisées à des rythmes et des niveaux différents, mais on peut dire aujourd’hui qu’il existe une filière professionnelle sur l’ensemble des territoires. La Nouvelle-Calédonie est le territoire d’Outre-mer le plus avancé en termes de production de films documentaires et magazines suivi de près par La Réunion et la Polynésie. La Polynésie, la Réunion et la Guyane sont les leaders dans le développement de la filière fiction. La Guadeloupe et la Martinique sont très actifs depuis quelques années. Bien que certains territoires soient plus avancés que d’autres, l’audiovisuel apparaît pour tous comme un levier de développement économique direct (emploi techniciens, figurants), indirect (visibilité touristique liée images et professionnalisation de la filière liée à la formation) et induit (hébergement, restauration, logistique), notamment dans les territoires à fort taux de chômage (en moyenne 2x plus élevé qu’en métropole). L’Outre-mer a longtemps été tenu en marge des politiques culturelles et les projets étaient souvent plus attractifs sur les iles voisines. Longtemps la production a été réduite à des productions extérieures, métropolitaines pour la majorité, qui venaient tourner sur nos Territoires. Le système de production français est volontariste et efficace, mais ce constat ne se retrouve pas en Outre-mer où il y a moins de guichets accessibles, un manque de moyens, des circuits de diffusion restreints… toutefois certaines évolutions sont encourageantes (déploiement de conventions…). La production Outre-mer est aussi une filière avec des singularités locales. En Nouvelle-Calédonie par exemple, de par l’éloignement de la métropole, de nombreuses sociétés de production ont été créées par des réalisateurs qui ont investi dans leur matériel de production et de tournage. Le profil des professionnels est très polyvalent. Un producteur peut être réalisateur, opérateur image, monteur… Un véritable atout en termes de création mais aussi de flexibilité face aux aléas du marché. a. Les spécificités ultramarines b. Un manque de visibilité 2. L’EXEMPLE DES OUTRE-MER : DES NIVEAUX TRÈS DIFFÉRENTS
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