Etude du marché audiovisuel et cinématographique en NC

26 France Ô n’a malheureusement jamais vraiment joué un rôle de tremplin pour les productions locales au niveau national. A l’époque de France Ô, un producteur calédonien produisait des films 100 % local avec des budgets en moyenne 3 à 4 fois inférieurs aux producteurs nationaux pour des films diffusés sur les mêmes réseaux. A sa création, le SPACOM espérait faire bouger les lignes de la chaîne afin de faire changer les idées préconçues des décideurs de la chaîne qui n’avaient pas pris la mesure de la professionnalisation des filières locales sur les 20 dernières années. L’objectif était d’essayer de faire remonter des films documentaires, magazines et du flux vers France Ô en production 100 % locale ou en coproduction équitable avec les productions nationales. Mais en 2019, malgré un engagement du président de la République à maintenir la seule chaîne de la TNT consacrée à la France des Outre-mer, une réforme de l’audiovisuel public a signé la fin de France Ô, et la chaîne a cessé d’émettre, alors même que les producteurs ultramarins commençaient à peine à travailler en direct avec eux. C’est alors qu’est mis en place le « pacte pour la visibilité des Outre-mer », suite au rapport parlementaire de 2019. Ce pacte repose sur 3 axes structurants au service de la visibilité : une stratégie de contenus intégrant la visibilité des Outre-mer (accompagnement, investissement, festival par bassin, formation…), une organisation renforcée avec une équipe dédiée et une technologie améliorée (fluidifier la circulation de contenus, augmenter les bandes passantes, gestion des archives, passage en HD…). Des objectifs sont fixés de visibilité en 1ere partie de soirée sur France 2, France 3 (case « Ligne bleue Outre-mer » en 3e partie de soirée), France 5 (case historique « La case du siècle »), une diversification des thèmes & genres, une reprise des tournages, le développement de projets, un évènement annuel visant à mobiliser plusieurs chaînes, genres et émissions…sans oublier les 25 engagements et 11 indicateurs pris pour garantir une présence pérenne de l’outre-mer dans l’offre globale. En 2019 il y a eu 80 % de sujets supplémentaires concernant l’outre-mer dans les éditions nationales de France 2 et France 3, 2h35 d’actualité ultramarine dans la grille de France info, des mobilisations spécifiques (ex. : référendum Nouvelle-Calédonie), des prime time en progression (8.2 millions téléspectateurs sur programmes ultramarins chaque semaine), 1.5 million de visites mensuelles sur le portail « Outre-mer la 1° », opération « cœur Outre-mer » en octobre 2020… A noter que 70 % téléspectateurs considèrent que France 2/3/5 contribuent au lien entre les citoyens de tous les territoires, 61 % estiment que France 2/3 et France info permettent de mieux connaître la diversité ultramarine. Malheureusement Le Pacte de Visibilité est loin de répondre aux attentes des producteurs locaux. La terminologie du pacte a en effet été détournée d’objectifs visant à donner une réelle visibilité aux Outre-mer à plusieurs niveaux : - Donner plus de visibilité au national à des productions locales : être visible, c’est d’une part être regardé par le monde, mais aussi donner à voir qui on est au monde. A ce jour un seul axe fonctionne. La métropole regarde l’Outre-mer mais l’Outre-mer reste exclue du processus de visibilité. - Idemavec la terminologie « Œuvres Ultra-Marines » ou « Œuvres « initiées en Outre-mer » qui n’impliquent en rien la participation d’une société de production locale ou même d’un réalisateur local. Résultat : le Pacte ne participe malheureusement pas au développement de nos filières ni à donner une image fidèle de la réalité de nos territoires. Un travail est donc à mener par les syndicats de production et les élus politiques ultramarins pour que le mot VISIBILITÉ prenne sa véritable dimension et qu’une réflexion commune soit menée avec France Télévisions et les différents acteurs du Pacte pour que les productions locales soient inclues dans les programmations au national avec les mêmes chances qu’une production métropolitaine intra-périphérique ou régionale. A ce jour, de très rares productions 100 % locales ont été diffusées sur les cases « labélisées » visibilité (France 3 : la ligne bleu Outre-mer et France 5 : la Case du siècle) Un long chemin est à parcourir pour que l’Outre-mer donne à percevoir sa vision du monde à la Métropole et que les filières locales bénéficient pleinement de cette « visibilité » annoncée. Au-delà d’une vision, c’est aussi une nécessité économique qui engendrera une professionnalisation et une pérennisation des filières audiovisuelles ultramarines. Toutefois, la signature, en octobre 2021, d’un nouveau Pacte pour la Visibilité des Outre-mer qui comporte 15 engagements au service de 3 objectifs (améliorer la visibilité par l’enrichissement mutuel des offres audiovisuel public, améliorer la distribution de contenus et services ultramarins et favoriser la présence d’ultramarins dans les programmes et leur conception) ainsi qu’une obligation de rendre compte, laisse espérer qu’une place méritée sera attribuée à l’audiovisuel ultramarin. Pour ce qui est des longs métrages, ils sont bien évidemment tributaires des salles de cinéma, or le maillage est faible : 27 établissements ultramarins représentant 77 salles, soit 1.3 % du parc français pour un nombre d’entrées de 3.7 millions sur un total national de 201 millions (recettes 1.336 Md€). Au-delà des salles, la distribution de productions locales reste marginale, l’affiche étant plutôt réservée aux films à grand spectacle. 2 L’EXEMPLE DES OUTRE-MER : DES NIVEAUX TRÈS DIFFÉRENTS

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