Plan de gestion du Parc du Grand Lagon Sud (2025-2034)

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 1 PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 2025-2034

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 2 TABLE DES MATIERES PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 2025-2034 1 1 LE CONTEXTE 6 2 LA METHODE D’ELABORATION DU PLAN DE GESTION 8 2.1 LES ACTEURS DE L’ELABORATION DU PLAN DE GESTION 8 2.1.1 le comité technique 8 2.1.2 le comité de gestion 8 2.1.3 le conseil scientifique provincial du patrimoine naturel 8 2.1.4 Les parties prenantes 8 2.2 LES ETAPES DE L’ELABORATION DU PLAN DE GESTION 8 2.2.1 les ateliers participatifs 8 2.2.2 les consultations individuelles 9 3 LES OBJECTIFS DE GESTION 10 3.1 LES ENJEUX DE CONSERVATION ET LES FACTEURS D’INFLUENCE 10 3.1.1 Définition d’un enjeu selon le Cahier Technique CT-88 10 3.1.2 Définition d’un facteur d’influence selon le CT-88 11 3.1.3 Les principaux enjeux du Grand Lagon Sud 11 3.1.4 Les facteurs d’influence qui s’exercent sur le Grand Lagon Sud 12 3.2 LA DEFINITION DES DIFFERENTS OBJECTIFS 13 3.2.1 Définition d’un Objectif à Long Terme (OLT) selon le CT-88 13 3.2.2 Schéma de construction des OLT 14 3.2.3 Définition des OLT 18 3.2.4 Définition d’un OP selon le cahier technique CT-88 18 3.2.5 Le cas du plan de gestion du Grand Lagon Sud 19 4 LE PLAN D’ACTIONS 19 4.1 LE CADRE LOGIQUE GENERAL 19 4.1.1 Les catégories d’actions 19 4.1.2 Le pilotage des actions 20 4.1.3 Les niveaux de priorité 20 4.2 LE PLAN D’ACTION DE LA PROVINCE SUD 22 4.2.1 Les actions par direction provinciale 22 4.2.2 Les actions de la DDDT 22 4.2.3 Les actions par catégorie 22 4.2.4 Les actions par niveau de priorité 22 4.2.5 Les actions par secteur géographique 22 4.2.6 Le plan d’action province Sud 24 4.3 LA FEUILLE DE ROUTE DES PARTENAIRES 31 4.3.1 Les actions par catégorie 31 4.3.2 Les actions par niveau de priorité 31 4.3.3 Les actions par secteur géographique 31 5 LA GOUVERNANCE DU PARC DU GRAND LAGON SUD 38

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 3 GLOSSAIRE ACCS Association pour la Conservation des Chauves-Souris de Nouvelle-Calédonie ADL Aquarium Des Lagons AMP Aire Marine Protégée ANCB Agence NéoCalédonienne de la Biodiversité (ex CEN) AOT Autorisation d’Occupation Temporaire AP Aire Protégée ARGS Association de Reboisement du Grand Sud ASBO Association de Sauvegarde de la Biodiversité d’Ouvéa CANC Chambre d’Agriculture de Nouvelle-Calédonie CAPS Centre Administratif de la Province Sud CBNC Conservatoire Botanique de Nouvelle-Calédonie CCCE Comité Consultatif Coutumier Environnemental CICS Comité d’Information, de Concertation et de Surveillance sur les impacts environnementaux du site industriel de Goro CIE Centre d’Initiation à l’Environnement CNRS Centre National de Recherche Scientifique COTECH Comité Technique CPS Communauté du Pacifique CR Classement UICN des espèces menacées « en danger CRitique » CSPPN Conseil Scientifique Provincial du Patrimoine Naturel CT-88 Cahier Technique 88 CITES Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (« Convention on International Trade in Endangered Species of Wild Fauna and Flora » en anglais) DAEM Direction de l’Aménagement, de l’Équipement et des Moyens de la province Sud DAM Direction des Affaires Maritimes du gouvernement de Nouvelle-Calédonie DASS Direction des Affaires Sanitaires et Sociales du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie DAVAR Direction des Affaires Vétérinaires Alimentaires et Rurales du gouvernement de la NouvelleCalédonie DCJS Direction de la Culture, de la Jeunesse et des Sports de la province Sud DCP Dispositifs de Concentration des Poissons DDDT Direction du Développement Durable des territoires de la province Sud DDET Direction du Développement Economique et du Tourisme de la province Sud DERES Direction de l’Education et de la Réussite de la province Sud DIMENC Direction de l’Industrie des Mines et de l’Energie du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie DPJEJ Direction de la Protection Judiciaire, de l’Enfance et de la Jeunesse du gouvernement de la NouvelleCalédonie DPM Domaine Provincial Maritime DRH Direction des Ressources Humaines de la province Sud DSIN Direction du Système d’Information et du Numérique de la province Sud DSCGR Direction de la Sécurité Civile et de la Gestion des Risques du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie EN Classement UICN des espèces menacées « En Danger » ENP Espace Naturel Protégé EPFL École Polytechnique Fédérale de Lausanne FANC Forces Armées en Nouvelle-Calédonie GDE Gestion Des Eaux GDI Gardien des Îles IAC Institut Agronomique Calédonien ICPE Installations Classées pour la Protection de l’Environnement IFREMER Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer IMMA Zone Importante pour les Mammifères Marins (« Important Marine Mammals Area » en anglais) INPN Inventaire National du Patrimoine Naturel IRD Institut de Recherche et de Développement LC Classement UICN des espèces de préoccupation mineure (« Least Concern » en anglais) NASA National Aeronotics and Space Administration NT Classement UICN des espèces quasi menacées (« Near Threatened » en anglais)

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 4 OBLIC Observatoire du Littoral de Nouvelle-Calédonie OEIL Observatoire de l’Environnement en Nouvelle-Calédonie OLT Objectif à Long Terme ONG Organisation Non Gouvernementale OP Objectif de Plan OPC Observatoire des Pêches Côtières PCI Patrimoine Culturel Immatériel PGE Plan de Gestion Environnemental PGLS Parc du Grand Lagon Sud PM Patrimoine Mondial PNMC Parc Naturel de la Mer de Corail PRNC Prony Resources New Caledonia PS Province Sud REOM Redevance d’Enlèvement des Ordures Ménagères RORC Réseau d’Observation des Récifs Coralliens SCS Service de Connaissance et Stratégie SGAP Service de Gestion des Aires Protégées SGPR Service de Gestion et Préservation des Ressources SII Service de l’Incubation et de l’Innovation SPL Société Publique Locale SPPAT Service de Prévention de Proximité et d’Accompagnement Technique TIG Travaux d’Intérêts Généraux UNC Université de Nouvelle-Calédonie UICN Union Internationale pour la Conservation de la Nature UNESCO Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture VU Classement UICN des espèces menacées VUlnérables WWF World Wildlife Fund for nature (Fond Mondial pour la Nature) ZMEL Zone de Mouillages et d’Equipements Légérs

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 5 LISTE DES FIGURES Figure 1. Partie du bien calédonien inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO...................................................................................... 6 Figure 2 : Le Parc du Grand Lagon Sud et ses aires marines protégées. ................................................................................................. 7 Figure 3. Schéma de construction des OLT ............................................................................................................................................ 14 Figure 4. Actions pilotées par la province Sud par catégorie d’actions.................................................................................................... 22 Figure 5. Nombre d’actions pilotées par la province Sud en fonction de leur niveau de priorité.............................................................. 22 Figure 6. Répartition des actions pilotées par la province Sud selon le secteur géographique concerné ............................................... 23 Figure 7. Répartition des actions pilotées par les autres partenaires selon leur catégorie...................................................................... 31 Figure 8. Répartition des actions pilotées par les autres partenaires selon leur niveau de priorité ......................................................... 31 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Les aires marines protégées au sein du Parc du Grand Lagon Sud....................................................................................... 6 Tableau 2. Construction des OLT du plan de gestion du Grand Lagon Sud ........................................................................................... 15 Tableau 3. Objectifs de plan du second plan de gestion du Parc du Grand Lagon Sud.......................................................................... 19 Tableau 4. Définition des catégories d’actions selon le CT-88 ................................................................................................................ 19 Tableau 5. Répartition des actions par service au sein de la DDDT........................................................................................................ 22 Tableau 6. Plan d’actions de la province Sud.......................................................................................................................................... 24 Tableau 7. Nombre d’actions pilotées par les autres acteurs .......................................................................... Erreur ! Signet non défini. Tableau 8. Feuille de route globale des partenaires................................................................................................................................ 32

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 6 1 LE CONTEXTE En 2008, en reconnaissance de leur valeur universelle exceptionnelle, une partie des lagons et récifs de Nouvelle-Calédonie a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Plusieurs critères ont participé à l’obtention de ce label d’exception :  Une beauté naturelle exceptionnelle  Un exemple représentatif de processus écologiques et biologiques en cours  Des habitats naturels importants pour la conservation in situ de la biodiversité marine Le bien calédonien est défini comme un bien naturel en série, composé de six zones géographiques (appelées « sites »). Chacun des sites contribue à la valeur universelle exceptionnelle du bien dans son ensemble et l’ensemble des sites intègre tous les espaces clés essentiels au maintien de ce caractère exceptionnel. Des zones tampons marines et terrestres ont été définies en périphérie des zones du bien, afin de limiter les perturbations à proximité immédiate du bien. Les trois provinces et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie sont responsables de la gestion et du maintien du bon état de conservation des sites sur leurs territoires respectifs. L’ANCB assure la coordination de l’ensemble du bien en série. En province Sud, on retrouve deux sites : le Grand Lagon Sud (GLS) et la Zone Côtière Ouest (ZCO). Couvrant 314 500 hectares, la zone inscrite de bien du Grand Lagon Sud représente 20% de la surface du bien calédonien et 0,2% de l’espace maritime de la Nouvelle-Calédonie. Cette zone a été retenue pour « ses paysages exceptionnels, sa grande biodiversité, la présence d’espèces emblématiques (baleines, tortues, oiseaux marins, requins blancs) et l’existence d’aires marines protégées (Yves Merlet, Ile Casy, Grand Port) ». En 2009, la province Sud a créé le Parc du Grand Lagon Sud (article 215-12 du code de l’environnement de la province Sud), qui englobe la zone de bien (314 500 hectares), les zones tampons marines (338 000 hectares ) et terrestres (19 500 hectares) ainsi que plusieurs aires marines protégées : la réserve naturelle intégrale Yves Merlet, la réserve naturelle de l'Aiguille de Prony, une partie de la réserve naturelle du Grand Récif Aboré et de la passe de Boulari, la réserve naturelle saisonnière de Grand Port et l’aire de gestion durable des ressources de l’Île Casy. Le premier plan de gestion du Parc du Grand Lagon Sud a été établi en 2013 pour une durée de cinq (5) ans (2013-2017). Il a permis d’associer l’ensemble des parties prenantes : autorités locales, populations, associations, industriels, acteurs de la vie économique locale, professionnels, gestionnaires et politiques. La participation de l’ensemble de ces acteurs est à nouveau reconduite pour la construction de ce deuxième plan de gestion, qui couvre la période 2025-2034, avec une évaluation prévue à mi-parcours en 2028. Au cours de la période 2018-2022, le premier plan de gestion a continué à être utilisé comme feuille de route. Conformément aux exigences de l’UNESCO, l’inscription du bien en série s’est accompagnée de la mise en œuvre d’une gestion participative avec des comités locaux rassemblant l’ensemble des parties prenantes : autorités locales, populations, acteurs socioéconomiques, gestionnaires et politiques. Le plan de gestion, outil de planification des actions à mener, prend en compte le lien terre-mer et notamment les pressions exercées à terre sur la santé des écosystèmes marins. Il constitue le cadre opérationnel proposant à court, moyen et long terme, des actions de préservation, d’acquisition de connaissances, et de mise en valeur du patrimoine naturel. Le présent document technique constitue un outil d’aide à la mise en place du second plan de gestion. Il rappelle les valeurs ayant permis l’inscription du site au patrimoine mondial, les enjeux de conservation et de gestion de la zone, les objectifs de gestion (à long et moyen termes) et présente le plan d’action. Une description de la méthode utilisée pour la construction de ce plan de gestion est également présentée. Figure 1. Partie du bien calédonien inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le Parc du Grand Lagon Sud couvre 672 607 hectares (ha), dont :  17 088 ha sont classés en réserve naturelle intégrale ;  1 314 ha sont classés en réserve naturelle ;  152 ha sont classés en aire de gestion durable des ressources. Tableau 1 : Les aires marines protégées au sein du Parc du Grand Lagon Sud. Appellation de l’aire marine protégée Type d’aire marine protégée Année de création Superficie (ha) Parc du Grand Lagon Sud Parc provincial 2009 672 607 Grand Port Réserve naturelle saisonnière 2006 1 311 Aiguille de Prony Réserve naturelle 1993 3 Grand Récif Aboré et Passe de Boulari Réserve naturelle 1981 641 Île Casy Aire de gestion durable des ressources 1993 152 Yves Merlet Réserve naturelle intégrale 1970 17 088

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 7 Figure 2 : Le Parc du Grand Lagon Sud et ses aires marines protégées. Légende Aires Protégées Aire de gestion durable des ressources Réserve naturelle Réserve naturelle intégrale Réserve naturelle saisonnière Parc

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 8 2 LA METHODE D’ELABORATION DU PLAN DE GESTION 2.1 LES ACTEURS DE L’ELABORATION DU PLAN DE GESTION 2.1.1 LE COMITE TECHNIQUE Le COTECH se compose :  D’agents techniques provinciaux de la DDDT;  De l’assistance à maîtrise d’ouvrage : les bureaux d’études Bio eKo consultants et CORTEX. Le COTECH a eu en charge la discussion des éléments techniques proposés par l’assistance à maîtrise d’ouvrage et a accompagné les propositions faites pour validation. Ces discussions et validations se sont faites au travers de plusieurs réunions qui se sont tenues au CAPS. 2.1.2 LE COMITE DE GESTION Pour le Grand Lagon Sud, trois comités de gestion (associations de type loi 1901) ont été formés en 2010 et 2011, au sein des zones habitées du Parc du Grand Lagon Sud : Île Ouen, tribu de Goro et Île des Pins. Au cours du premier plan de gestion, le fonctionnement des comités de gestion locaux s’est avéré difficile faute notamment d’un accompagnement sur le terrain et de membres suffisamment formés à ce type de gestion. Le projet INTEGRE (2013 à 2017), coordonné par la CPS, a participé au « renforcement de la gestion participative et intégrée du Grand Lagon Sud » par le financement de deux postes sur une durée de trois (3) ans : un chargé d’étude des dossiers patrimoniaux du Grand Lagon Sud et un animateur à mi-temps du dossier patrimoine mondial à l’Île des Pins. À ce jour, seuls les comités de gestion de l’Île Ouen et le comité de gestion de l’Île des Pins sont actifs. Le comité de gestion de Goro est en sommeil depuis plusieurs années et aucune volonté n’est exprimée pour sa redynamisation. Les échanges par courriels et par téléphone entre les comités de gestion actifs et le SGAP sont réguliers. Il n’y a pas de planning des rencontres ; celles-ci s’organisent plutôt au fil de l’eau suivant les besoins et les projets en cours. 2.1.3 LE CONSEIL SCIENTIFIQUE PROVINCIAL DU PATRIMOINE NATUREL Le CSPPN est composé de 23 scientifiques, experts dans tous les domaines. Comme prévu dans le code de l’environnement (article 124-) ce conseil peut être sollicité pour donner un avis sur certaines modifications du code de l’environnement mais également pour questionner ce dernier. Il peut s’autosaisir sur des questions de fond, toujours dans son champ d’intervention. Le CSPPN est également consulté pour donner son avis sur le plan de gestion du Parc du Grand Lagon Sud et sa pertinence scientifique. 2.1.4 LES PARTIES PRENANTES Les communes Les autorités locales Les acteurs du monde économique Les associations locales 2.2 LES ETAPES DE L’ELABORATION DU PLAN DE GESTION L’élaboration de ce second plan de gestion a eu pour objectif d’associer l’ensemble des acteurs sous forme d’ateliers participatifs mettant en présence l’ensemble des sensibilités. A cet effet, ont été organisés :  quatre (4) ateliers participatifs pour la mise à jour du diagnostic : 8 et 9 juillet à l’île des Pins avec entre autres le comité de gestion de l’Île des Pins, 19 juillet 2021 au Centre Administratif de la province Sud (CAPS), 2 juin à Goro, 09 et 10 juin 2022 au Mont-Dore avec entre autres le comité de gestion de l’Île Ouen ;  quatre (4) ateliers participatifs pour l’élaboration du plan d’action : 2 juin à Goro, 9 et 10 juin 2022 au Mont-Dore avec le comité de gestion de l’Île Ouen, 21 septembre 2022 au CAPS et le 8 décembre 2022 au CAPS avec le comité de gestion de l’Île des Pins. 2.2.1 LES ATELIERS PARTICIPATIFS L’objectif des ateliers participatifs a été dans un premier temps de collecter les savoirs, à la fois de la part des scientifiques qui étudient la zone et des locaux et usagers de la zone pour l’élaboration du diagnostic exhaustif de la zone. Dans un second temps, d’autres ateliers participatifs ont été organisés pour l’élaboration du plan d’action. Ces derniers ont permis de tenir compte de l’avis de l’ensemble des acteurs concernés présents, qu’ils fassent partie du comité de gestion ou du tissu social, économique ou environnemental (privés et publics) de la zone du Grand Lagon Sud. À noter qu’en raison de l’annulation d’ateliers en raison de la crise Covid-19, les ateliers au Mont-Dore et à Goro ont servi à la fois pour le diagnostic et pour l’élaboration participative du plan d’actions. 2.2.1.1 La méthode Moroni Cette méthode est un outil d’animation original et dynamique basé sur le croisement de visions des participants. De par sa mise en œuvre, elle est censée favoriser :  L’appropriation d’un sujet, d’un thème, … ;  La formulation d’idées, la production de propositions et d’orientations d’actions ;  Les discussions et le débat en respectant les différents points de vue et en laissant le temps à chacun de s’exprimer (l’objectif n’est pas d’aboutir à un consensus). Piloté par trois (3) animateurs, ce dispositif permet de travailler, dans une même séquence, sur trois thèmes différents, autour de trois (3) tables ; chacun des trois groupes de travail pouvant intégrer jusqu’à 10-15 personnes. Idéalement, chaque groupe doit être composé de personnes des deux sexes, de différents âges, de divers milieux socio-économiques et présentant des sensibilités ou préoccupations diverses concernant les thèmes débattus. Selon la taille des groupes, et afin de laisser à chacun le temps d’exposer son avis, chaque séquence peut durer entre une (1) heure et deux (2) heures, se partageant en des temps égaux de participation entre les différents ateliers. Chaque atelier de travail traite d’un enjeu prioritaire de gestion et toutes les personnes participantes doivent contribuer à toutes les thématiques, ce qui facilite l’appropriation des sujets et multiplie les propositions. 2.2.1.2 Le déroulement d’une séquence Pour chacun des thèmes définis, une séquence se déroule en trois (3) étapes.  Étape 1 : le premier groupe de travail produit des pistes de réponses (brutes) à l’enjeu de gestion défini ;  Étape 2 : l’animateur résume au prochain groupe de travail (groupe 2) les réponses apportées par le groupe 1 : le groupe 2 critique et précise la liste des pistes exposées précédemment et précise les acteurs impliqués pour chaque action ;  Étape 3 : l’animateur résume au prochain groupe de travail (groupe 3) les réponses apportées par les groupes 1 et 2 : le groupe 3 critique et précise la liste des pistes développées par ailleurs (acteurs, dispositif, échéance, niveau d’échelle spatiale, indicateurs…).

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 9 2.2.1.3 Le déroulement des ateliers de construction du deuxième plan de gestion Les comptes rendus de l’ensemble des ateliers sont en annexe 2. a) Ateliers diagnostic Les ateliers diagnostic ont permis de :  La remise en contexte de la révision du plan de gestion et de la tenue de ces ateliers ;  La présentation de l’évaluation du premier plan de gestion ;  Des discussions par thématique : habitats et espèces remarquables marins et terrestres, pratiques de pêche et ressources halieutiques, pressions sur le milieu naturel. Ainsi ces ateliers ont permis de collecter des informations précieuses qui viennent compléter les connaissances issues des suivis et missions scientifiques pour la rédaction du diagnostic environnemental de la zone. Les ateliers ont été conclus par une restitution « à chaud » de l’ensemble des discussions menées. b) Ateliers plan d’actions Les ateliers plan d’actions, regroupés au Mont-Dore et à Goro avec les ateliers diagnostic, ont concerné :  La présentation des premiers éléments du diagnostic ;  La mise en contexte de la tenue de ces ateliers ;  La construction du second plan de gestion organisée par thématique permettant à chaque participant de proposer des actions. Ces discussions se sont déroulées par groupe si le nombre de participants le permettait ou en plénière lorsque le nombre de participants étaient insuffisants. Les ateliers diagnostic (au CAPS à gauche, à l’Île des Pins à droite) Les ateliers diagnostic et plan d’action (à la tribu de Goro à gauche, à la commune du Mont-Dore à droite) Les ateliers actions au CAPS 2.2.2 LES CONSULTATIONS INDIVIDUELLES Certains acteurs, non présents lors des ateliers participatifs ou pour des besoins de clarification, ont été consultés de manière individuelle :  Les différents services provinciaux ;  Les communes : Mont-Dore, Yaté, Île des Pins ;  L’IRD, l’IAC ;  La DIMENC, plus précisément OBLIC ;  Le WWF ;  L’ŒIL ;  L’OPC ;  SPL agence d’attractivité Sud Tourisme. Le SGAP (Service de la Gestion des Aires Protégées), service de la province Sud en charge de la mise à jour du plan de gestion a également complété ces échanges par des rencontres avec la commune de l’Île des Pins et les comités de gestion :  Le 18 avril 2023 à l’Île des Pins ;  Le 27 juin 2023 avec le Maire de l’Île des Pins qui s’est déplacé au CAPS pour échanger avec le SGAP sur le plan d’action ;  Le 13 juillet 2023 avec la présidente du comité de gestion de l’Île Ouen au CAPS pour un après-midi d’échanges avec le SGAP sur le plan d’action ;  Le 6 novembre 2023, à la grande chefferie de l'Ile des Pins, avec le comité de gestion de l'Île des Pins pour faire un point d'avancement. Enfin, dans le cadre de la prise en compte de la résilience face au changement climatique au sein du nouveau plan de gestion, des entretiens ont été réalisés avec des scientifiques de l’IRD et du CNRS.

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 10 3 LES OBJECTIFS DE GESTION 3.1 LES ENJEUX DE CONSERVATION ET LES FACTEURS D’INFLUENCE 3.1.1 DEFINITION D’UN ENJEU SELON LE CAHIER TECHNIQUE CT-881 Le CT-88, guide d’élaboration des plans de gestion des espaces naturels a été rédigé par un consortium d’auteurs impliqués dans la gestion des espaces naturels français (entre autres les Réserves naturelles de France, l’Agence Française pour la Biodiversité, le Conservatoire du littoral, la Fédération des parcs naturels régionaux de France, etc.) dans le but de formaliser une culture commune autour de la conception des plans de gestion et d’offrir un référentiel simple et pratique identifiant les bases communes aux différents réseaux d’espaces protégés. Ce guide est régulièrement complété et mis à jour au gré des évolutions et de besoins, des pratiques et de la réglementation. Le groupement Bioeko-CORTEX s’est largement inspiré de ces écrits pour l’élaboration du présent plan de gestion et y fait maintes fois référence dans ce document technique. Littéralement, un enjeu désigne « ce qui est en jeu », « ce qui est à perdre ou à gagner » sur le site. Les enjeux peuvent être :  Des éléments du patrimoine naturel, géologique ou culturel du site ;  Des fonctions particulières du site qui peuvent être : o Écologiques (site de nidification, reproduction, site de repos, nurserie…). Les enjeux écologiques sont le dénominateur commun à tous les types d’ENP ; o Socio-économiques (zone agropastorale d’intérêt, zones touristiques, …). Dans tous les cas, le développement des enjeux socio-économiques doit demeurer compatible avec le maintien en bon état de santé des enjeux écologiques. o Culturels (zone tabou, PCI…) Les principales caractéristiques des enjeux sont synthétisées ci-après :  Ils sont formalisés à la lumière de l’analyse des informations recueillies lors du diagnostic ;  Ils expriment les responsabilités de l’ENP au niveau national et international ;  Ils sont peu nombreux et intégrateurs (peuvent concerner plusieurs espèces ou habitats, des processus écologiques…) ;  Ils peuvent être partagés par plusieurs ENP ;  Leur état actuel (ou passé si actuellement dégradé) sert de référence à la définition de la stratégie long terme ;  Ils doivent être partagés par les acteurs impliqués dans l’organe de gouvernance et le conseil scientifique compétent ;  Il est toujours préférable de les spatialiser afin de faciliter leur appropriation et gestion. Une fois identifiés, les enjeux de conservation doivent être décrits du point de vue de :  Leur état de conservation au moment de la rédaction du plan ;  Des facteurs qui influencent cet état. 1 http://ct88.espaces-naturels.fr/ 2 La méthode de l'INPN repose sur plusieurs principes : 1. Collecte de données : L'INPN agrège des informations provenant de multiples sources, telles que des inventaires de faune et de flore, des études scientifiques, des bases de données d'organismes publics et privés, ainsi que des contributions citoyennes. 2. Validation scientifique : Les données collectées sont vérifiées et validées par des experts scientifiques pour garantir leur fiabilité et leur qualité. Comment identifier les enjeux écologiques ou de conservation (patrimoine naturel, géologique et culturel) ? (CT-88, 2021) La définition des enjeux de conservation du patrimoine naturels constitue le premier maillon des plans de gestion. L’identification de ces enjeux repose sur l’identification de la ou des responsabilités particulières de l’ENP que ce soit au plan local, national ou international. Cette identification des responsabilités repose sur l’analyse des éléments du patrimoine naturel décrit dans l’état des lieux et qui font l’intérêt du site (liste des espèces, habitats, fonctionnalités écologiques, objets géologiques…). Trois (3) critères de responsabilités sont à prendre en compte pour identifier les réels enjeux de conservation en présence : - la sensibilité du patrimoine naturel : elle renseigne sur la fragilité et sur la capacité de résilience (des outils ont été mis au point pour caractériser la sensibilité des espèces (Liste Rouge UICN) et des habitats (Méthode de INPN2) sur la sensibilité écologique ou liste rouge des écosystèmes) - la représentativité du site pour ce patrimoine naturel qui renseigne sur la proportion présente sur le site considéré par rapport à une échelle plus large (nationale ou internationale, ex. : aire de répartition d’une espèce ou d’un écosystème), ainsi que des spécificités locales éventuelles, source de singularité (phénotypes particulier, site isolé, sous population génétique…) - le rôle fonctionnel du site : il s’agit de définir l’importance du site sur le plan d’une fonctionnalité. Pour des espèces il peut s’agir de zone de reproduction, d’hivernage ou de migration. Pour les habitats leur rôle fonctionnel peut être par exemple : un réservoir de biodiversité/corridors écologiques, une zone de production primaire importante… La responsabilité repose donc sur le croisement de ces trois critères. Si les critères de représentativité et de fonctionnalité peuvent à eux seuls permettre d’identifier un enjeu, le critère de sensibilité ne suffit pas à lui tout seul à caractériser la présence d’un enjeu. Un enjeu peut être considéré comme fort s’il répond à deux des trois critères ci-dessus. Il devient un enjeu prioritaire/majeur pour l’ENP s’il répond aux trois (3). 3. Diffusion : Les informations validées sont ensuite mises à disposition du public, des chercheurs, et des gestionnaires de l'environnement à travers le site web de l'INPN. Cette diffusion vise à sensibiliser le grand public et à aider à la prise de décision en matière de conservation. 4. Mise à jour continue : L'INPN est une base de données dynamique qui est constamment enrichie et mise à jour pour refléter les dernières connaissances sur le patrimoine naturel.

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 11 3.1.2 DEFINITION D’UN FACTEUR D’INFLUENCE SELON LE CT-88 Les pressions ou facteurs d’influence sont l’ensemble des facteurs naturels et anthropiques qui agissent de façon directe ou indirecte sur l’existence, l’état et l’évolution des enjeux. Ces facteurs exercent une influence positive (leviers/opportunités) ou négative (menaces/pressions) sur l’état des enjeux de l’ENP. Afin de les caractériser, il faut s’intéresser à :  Leur nature : naturel ou anthropique ;  Leurs effets : positif ou négatif, direct ou indirect ;  Leur durée : temporaire ou permanent, à court, moyen et /ou long terme :  Leur échelle : locale, régionale, territoriale, globale ;  Leur intensité : forte, modérée, faible ;  Les enjeux et les facteurs d’influence du Grand Lagon Sud. Dans le cadre de la mise à jour du diagnostic, les pressions et menaces ont été synthétisées sous forme de tableaux par zones :  Goro-Port Boisé : de la baie de Goro au cap N’Dua, incluant les récifs lagonaires de la passe de la Havannah au droit de cette zone ;  Baie de Prony : du cap N’Dua à la presqu’île de Montravel ;  Île Ouen : Île Ouen, canal Woodin et plateau des 5 miles ;  Merlet : ensemble de la réserve intégrale Yves Merlet ;  Île des Pins : Île des Pins et ses îlots, jusqu’à la passe de la Sarcelle ;  Grand Récif Sud et îlots : du Grand Coude au plateau des 5 miles (exclu) et tous les îlots hormis ceux de la passe de la Havannah. Ce zonage n’a aucune existence administrative ou coutumière, il n’a pour autre but que de simplifier la lecture des enjeux, pressions et menaces à une échelle géographique plus restreint 3.1.3 LES PRINCIPAUX ENJEUX DU GRAND LAGON SUD 3.1.3.1 Les paysages Un des critères d’inscription du bien au patrimoine mondial est la beauté exceptionnelle des paysages. En effet, le Grand Lagon Sud incarne parfaitement ce critère puisqu’il englobe un chapelet d’îlots coralliens, peu élevés, colonisés par la végétation ou l’Île des Pins avec ses « champignons calcaires surélevés flottant sur les eaux turquoise d’une limpidité immaculée ». 3.1.3.2 L’herpétofaune L'île des Pins est une zone d'enjeu international pour la conservation des reptiles terrestres, notamment en raison de son exceptionnel taux d'endémisme. Les îlots périphériques constituent des refuges pour des espèces menacées, dont certaines sont micro-endémiques, comme le scinque géant Phoboscincus bocourti. Les études récentes ont permis de recenser vingt-quatre (24) espèces de lézards, révélant l'importance de poursuivre les recherches pour combler le déficit de connaissances, en particulier sur les îlots peu explorés. 3.1.3.3 Les bulimes Le bulime, escargot emblématique et endémique de l'île des Pins, contribue à la régénération des sols forestiers grâce à sa présence dans l'écosystème local. Les deux (2) espèces présentes sur l'île, Placostylus fibratus et Placostylus porphyrostomus, font l'objet de suivis scientifiques en raison de leur importance écologique et culturelle. Des programmes de conservation et d'élevage ont été mis en place pour mieux comprendre leur dynamique de population et soutenir leur préservation. 3.1.3.4 Le couvert végétal originel Le couvert végétal originel des zones tampons terrestres du Parc Provincial du Grand Lagon Sud, est constitué principalement de forêts denses. À l'île des Pins, la forêt humide sur sol calcaire abrite une flore riche et endémique, notamment des pins colonnaires et des kohus. L'île Ouen, bien que marquée par l'érosion, présente des efforts de revégétalisation pour restaurer la végétation littorale. Sur l'îlot Casy, la forêt humide littorale domine, avec une forte proportion d'espèces endémiques. 3.1.3.5 La flore micro-endémique La flore des îles des Pins et Ouen est d'une grande richesse et inclut plusieurs espèces micro-endémiques. Sur l'île des Pins, dix-sept (17) espèces végétales sont uniquement présentes sur certains sites, telles qu'Elaeodendron pininsulare, avec une forte diversité due à la géologie unique de l'île. À l'île Ouen, des efforts de revégétalisation ont permis de redécouvrir Mezoneuron ouenensis, une espèce considérée en danger critique d'extinction, contribuant ainsi à la conservation de la flore locale. 3.1.3.6 Les mangroves Zone de transition entre la terre et la mer, elles sont essentielles à la protection des côtes, jouent un rôle de tampon et de filtre contre les pollutions terrestres, et sont une nurserie, un refuge, une zone d’alimentation ou de reproduction pour de nombreux animaux marins. Peu présentes de l’Île des Pins et de superficies limitées autour de l’Île Ouen et au sein de la baie de Prony, la formation la plus étendue se situe au droit de la tribu de Goro. Aucune étude ne vient renseigner la santé de ces mangroves ni leur fonctionnalité et il n’existe aucun programme de suivi des mangroves au sein du Parc du Grand Lagon Sud. 3.1.3.7 Les herbiers marins Véritables prairies sous-marines, ils poussent généralement dans les eaux peu profondes proches de la côte et des îlots. Ils stabilisent les fonds grâce à leurs racines, atténuent la force des vagues grâce à leurs feuilles, sont une zone de nurserie, de refuge, d’alimentation ou de reproduction de nombreux animaux marins. Mal connus car rarement étudiés et non surveillés, ils suscitent toutefois l’inquiétude des habitants de l’Île des Pins, l’Île Ouen et Goro. Dans le Parc du Grand Lagon Sud, des herbiers sont présents :  Au sein des principales baies de l’Île des Pins, autour de certains îlots et sur le littoral entre Kéré et Kurénya.  Sur les façades est et sud de l’Île Ouen ainsi que dans les baies Blanche et Ouenni sur la façade ouest.  En baie de Prony : autour de l’Île Casy et de l’Ilot Montravel, au sein des baies Nord, de la Somme, et du récif de Prony.  De manière quasi continue entre le cap N’Dua et la baie Taaré au nord de la tribu de Goro. 3.1.3.8 Les récifs coralliens Présents à la côte, autour des îlots et à la barrière, ils jouent un rôle primordial dans la protection des côtes, sont un lieu de concentration de la vie marine et participent au bien-être des Hommes en les émerveillant, en les nourrissant ou en leur apportant des revenus monétaires. Les récifs du Parc du Grand Lagon Sud ont fait l’objet de plusieurs types de suivis biologiques et de missions d’inventaire. 3.1.3.9 Les tortues marines Les tortues marines sont menacées de disparition au niveau mondial et protégées par le code de l’environnement de la province Sud. La Nouvelle-Calédonie est une zone majeure de reproduction des tortues vertes et grosse tête : le Grand Lagon Sud est l’un de ces sites majeurs, où 15 à 30% des femelles tortues grosse tête du Pacifique Sud viennent se reproduire durant l’été austral. À l’exception de l’Île des Pins, où des tortues vertes viendraient pondre, les îlots du Parc du Grand Lagon Sud sont exclusivement fréquentés par les tortues grosse tête à la saison de ponte. Toutefois, de nombreuses tortues vertes, en grande majorité des juvéniles, y vivent et s’y alimentent. Les marquages (balises Argos et bagues) confirment la migration des tortues vertes entre les aires de nutrition de la côte Est australienne et les aires de ponte calédoniennes (PNMC). La fréquentation par les tortues grosse tête en période de ponte n’est pas homogène : trois (3) îlots concentrent chaque année plus de 50% du total des pontes recensées sur la zone tandis que certains îlots ne sont jamais fréquentés. Durant l’été 2021, un record a été atteint depuis le début des suivis, avec deux cent cinquante (250) pontes enregistrées (soixante-quinze (75) femelles reproductrices) sur les vingt-quatre (24) îlots et un succès d’émergence très élevé, atteignant 80%.

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 12 3.1.3.10 Les oiseaux marins L’abondance des îlots présents dans le Parc du Grand Lagon Sud offre une multitude d’habitats favorables à la nidification de communautés diversifiées et abondantes d’oiseaux marins. Sur l’ensemble du Parc du Grand Lagon Sud, cent quatre-vingt mille (180 000) couples reproducteurs, quatorze (14) espèces d’oiseaux marins nicheurs et une densité remarquable de balbuzards (Pandion haliaetus) ont été recensés. Toutefois certaines espèces sont particulièrement fragiles : sur les quatorze (14) espèces nicheuses, cinq (5) ne sont retrouvées que sur cinq (5) sites ou moins et en effectif très faible. Au niveau de l’Île des Pins, l’îlot Kutomo se démarque par la présence de la plus grande colonie de puffins du Pacifique (Ardenna pacifica) de Nouvelle-Calédonie. Plus de quatre-vingt-quinze (95 000) terriers actifs y ont été comptabilisés en 2011. 3.1.3.11 Les dugongs La Nouvelle-Calédonie abrite la plus grande population mondiale de dugongs, après l’Australie et le Golfe Persique. Il est inscrit sur la Liste Rouge de l’UICN (espèce « Vulnérable ») et sa chasse est interdite depuis 1962 en province Sud. Le Parc du Grand Lagon Sud est peu fréquenté par les dugongs. Les scientifiques suggèrent que cela pourrait être en lien avec leur chasse passée. Les survols aériens ont toutefois montré des densités moyennes de dugongs au niveau de Port Boisé, de l’Île Ouen (plateau des 5 miles), de Mato et du canal Woodin. Aucune donnée sur la population du Grand Lagon Sud n’ayant été acquise depuis plus de dix (10) ans, l’évolution de cette population sur la dernière décennie n’est pas connue. 3.1.3.12 Les baleines à bosse Les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) du lagon Sud de la Grande Terre sont étudiées par l’association « Opération Cétacés » depuis 1995. La population fréquentant le Parc du Grand Lagon Sud est la même que celle présente sur les rides de Norfolk et des Loyauté justifiant « la nécessité de considérer l’ensemble de cette zone géographique pour leur protection ». Cette zone a été reconnue comme une IMMA par le groupe de travail sur les mammifères marins de l’UICN. Le lagon Sud de la Grande Terre est un des sites majeurs de reproduction : l’observation de mâles chanteurs, de groupes « compétiteurs » et de mères accompagnées de leurs baleineaux en atteste. La zone principale de fréquentation se situe à la sortie de la baie de Prony (entre le Cap N’Dua, l’Île Ouen et le récif Gué). 3.1.4 LES FACTEURS D’INFLUENCE QUI S’EXERCENT SUR LE GRAND LAGON SUD 3.1.4.1 La pêche La faible densité de population en Nouvelle-Calédonie, et dans le Parc en particulier, préserve d’une pression forte de la pêche vivrière sur les ressources marines. De plus, la réglementation provinciale encadre cette pratique par l’adoption de règles sur les quotas, les espèces, les zones, les saisons, les engins de pêche. Il en résulte que la pression de la pêche, bien que non négligeable, se maintient à un niveau globalement faible mais localement plus important sur certains espaces (ceux les plus proches de la côte ou autour des îlots les plus fréquentés par les plaisanciers). D’après les gardes nature, les zones les plus fréquentées par les pêcheurs sont situées entre Uitoé et Mato, modérément fréquentées entre Mato et les 5 Îles et peu fréquentées au-delà des 5 Îles. Ce gradient de pression est directement lié à l’accessibilité et à l’éloignement des zones depuis Nouméa et le Mont Dore. 3.1.4.2 L’agriculture Aucune agriculture intensive n’est pratiquée dans les communes de Yaté et de l’Île des Pins, ni sur l’Île Ouen. Les modes d’exploitation sont essentiellement traditionnels, avec quelques petites installations maraîchères ou de petits élevages hors sol un peu plus intensifs mais d’ampleur très limitée. Les impacts environnementaux de l’agriculture sont davantage liés à la préparation des terres par brûlis (culture sur brûlis), qui fragilise les sols et participe à leur érosion. 3.1.4.3 L’aquaculture L’aquaculture est très peu pratiquée dans le PGLS. Seule l’huîtrière d’Arembo est installée en baie de Prony. Elle produit une espèce locale Saccostrea echinata. L'huitrière peut avoir un effet bénéfique sur l'écosystème marin, notamment par l'amélioration de la qualité de l'eau, si elle est bien gérée. Une attention particulière est à porter sur d’éventuelle perturbation des écosystèmes de façon très localisée (modification des courants, propagation d’espèces envahissantes ou de maladies). 3.1.4.4 La mine et la métallurgie Sur la dernière décennie, la zone marine du Parc du Grand Lagon Sud a subi plusieurs incidents de pollution liés aux activités d’exploitation du nickel, mais la menace diminue, notamment avec l’amélioration de la gestion des eaux dans les bassins versants. Le suivi de la qualité des masses d’eau dans le cadre de l’exploitation minière de PRNC a pu démontrer que sur la dernière décennie la qualité des eaux de la zone portuaire (Prony), du canal de la Havannah et des zones témoins n’a pas significativement varié. Une attention particulière devrait être portée dans le cadre de la gestion du DPM. 3.1.4.5 Les incendies Les feux sont particulièrement destructeurs en Nouvelle-Calédonie. D’origine humaine dans 99% des cas, ils conduisent à la perte annuelle moyenne de 27 000 hectares de végétation. Les zones terrestres incluses ou limitrophes au Parc du Grand Lagon Sud sont faiblement concernées par les feux à l’exception de l’île des Pins. Sur la période 2012-2018, la densité moyenne du nombre d’incendies pondérés par leur superficie a été considérée comme faible pour la zone côtière allant de Goro à la baie de Prony et pour l’Île Ouen, et très élevée pour l’Île des Pins. 3.1.4.6 Le tourisme et la plaisance L’encadrement des activités en lien avec le tourisme et la plaisance est nécessaire au regard de la sensibilité des fonds marins et de la maîtrise des risques en matière d’impacts liés au mouillage forain des navires, notamment sur des sites tels que la baie de Prony, où les fonds marins, même profonds, sont tapissés de coraux fragiles (ce qui constitue d’ailleurs une des particularités de cette baie). Le débarquement des Hommes (voire de chiens) sur les îlots doit également faire l’objet d’une attention particulière pour ne pas compromettre la reproduction de ces espèces, en période de nidifications des oiseaux marins et accentuer le risque des incendies. 3.1.4.7 Les espèces exotiques envahissantes Sur les îlots du Parc du Grand Lagon Sud, les fourmis et les rongeurs sont les deux principales espèces exotiques envahissantes menaçant la faune des îlots. La présence du rat est le facteur le plus limitant pour le succès de la reproduction des oiseaux marins et des reptiles sur les îlots. Ceux du Parc ont bénéficié de campagnes d’éradication des rongeurs en 1998. Plusieurs missions de contrôle ont confirmé la réussite des opérations d’éradication, hormis sur l’Îlot Kié au nord de la réserve Merlet. À l’Île des Pins, la pression exercée par les espèces exotiques envahissantes animales est particulièrement marquée : bétail ensauvagé sur l’île principale, rats noirs et chiens sauvages sur l’Îlot Brosse, chèvres et chats sur l’Îlot Kumo, chats et chiens sur l’Îlot Kûtomo. Le défrichement des terres induit également une dynamique d’implantation des espèces exotiques envahissantes végétales. Le pin des Caraïbes (Pinus caribaea), planté à partir des années 1960 pour la filière sylvicole est aujourd’hui en pleine expansion à l’Île des Pins. Le trafic maritime au sein du Parc du Grand Lagon Sud, dont 50 % est lié à l'industrie minière et aux navires de croisière, qui empruntent des eaux internationales, représente une source de préoccupation certaine vis-à-vis de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes marines. 3.1.4.8 Le changement climatique L’érosion côtière, effet déjà perceptible du changement climatique, est une menace grandissante pour les côtes, îles et îlots de Nouvelle-Calédonie, à laquelle ceux du Parc du Grand Lagon Sud n’échappent pas. L’OBLIC a pour mission de documenter ces mouvements sédimentaires afin d’aider à la prise de décision pour s’y adapter. À l’Île Ouen, la tribu de Ouara subit une forte pression due à l’érosion qui entraîne des phénomènes de submersion marine dans la tribu. Localisée dans le fond d’une baie où les vagues peuvent pénétrer, combiné à la faible altitude des terrains habités et à l’absence de relief du site, la tribu de Ouara est très exposée au risque de submersion marine. À l’Île des Pins, l’ensemble des sites prospectés montraient des signes d’érosion. Sur l’Île Casy, un participant à l’atelier a souligné l’érosion très marquée de la zone de campement au nord de l’îlot. Concernant les îlots du Parc marin, suivant leur exposition, certains sont particulièrement exposés au phénomène d’érosion.

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 13 3.2 LA DEFINITION DES DIFFERENTS OBJECTIFS 3.2.1 DEFINITION D’UN OBJECTIF A LONG TERME (OLT) SELON LE CT-88 Un Objectif à Long Terme (OLT) définit l’état ou le fonctionnement souhaité par rapport à la situation actuelle de l’enjeu, qu'il faut viser pour le préserver. Il ne s’agit pas de ce que l’on veut FAIRE mais ce que l’on veut ATTEINDRE comme résultat. Il s’agit donc d’un choix stratégique, qui engage les acteurs sur le long terme et guide leurs décisions. La phase de concertation à ce stade est donc cruciale et doit être bien préparée. La définition des OLT doit permettre :  De répondre aux responsabilités qui incombent au gestionnaire ;  D’avoir une vision claire, précise et partagée de l’état que l’on souhaite atteindre pour un enjeu particulier ;  D’identifier ce que l’on évaluera pour mesurer l’efficacité de la gestion à l’issue dudit plan de gestion ;  De fixer un cadre stratégique orientant les choix opérationnels à engager sur le court/moyen terme. Quelle que soit la méthode utilisée, la formulation des OLT doit être faite de manière à ce que cet objectif soit évaluable. Caractéristiques des objectifs de long terme ou finalités pour les enjeux de conservation (patrimoine naturel, géologique et culturel) (CT-88, 2021) Ces objectifs : - Doivent être d’autant plus ambitieux que l’enjeu auquel ils se rapportent est prioritaire. En d’autres termes, les enjeux de conservation pour lesquels l’AP a des responsabilités ou un rôle fonctionnel importants ; - Doivent être partagés par l’ensemble des parties prenantes intégrées dans l’instance de gouvernance de l’AP ; - Constituent la référence à laquelle le gestionnaire se réfèrera pour évaluer les résultats de la gestion et le cas échéant ajuster les actions ; Dans le cas d’AP à objectifs multiples, des intérêts divergents peuvent apparaître entre les OLT/finalité issus d’enjeu de conservation et ceux issus d’enjeux socio-économiques. Leur formulation doit donc autant que faire se peut rechercher la compatibilité entre ces différents OLT/finalités et si nécessaire faire l’objet d’arbitrage par l’organe de gouvernance au regard du niveau d’importance des enjeux considérés et de leurs exigences respectives. Dans tous les cas la primauté doit être donnée aux obligations règlementaires relatives à la préservation du patrimoine naturel ; Ces OLT/finalités doivent converger avec les objectifs généraux d’autres documents de gestion ou de planification qui concerneraient le site ; Dans la majorité des cas un seul OLT est formulé par enjeu ; Leur révision n’intervient que si l’enjeu est modifié ou le résultat atteint.

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 14 3.2.2 SCHEMA DE CONSTRUCTION DES OLT La définition des OLT s’est basée à la fois sur les finalités d’inscription du bien au patrimoine mondial et sur les objectifs fixés sur le premier plan de gestion (2013-2017). La démarche de construction des OLT est décrite au travers du schéma ci-dessous. Figure 3. Schéma de construction des OLT

RkJQdWJsaXNoZXIy MjE1NDI=