Plan de gestion du Parc du Grand Lagon Sud (2025-2034)

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 11 3.1.2 DEFINITION D’UN FACTEUR D’INFLUENCE SELON LE CT-88 Les pressions ou facteurs d’influence sont l’ensemble des facteurs naturels et anthropiques qui agissent de façon directe ou indirecte sur l’existence, l’état et l’évolution des enjeux. Ces facteurs exercent une influence positive (leviers/opportunités) ou négative (menaces/pressions) sur l’état des enjeux de l’ENP. Afin de les caractériser, il faut s’intéresser à :  Leur nature : naturel ou anthropique ;  Leurs effets : positif ou négatif, direct ou indirect ;  Leur durée : temporaire ou permanent, à court, moyen et /ou long terme :  Leur échelle : locale, régionale, territoriale, globale ;  Leur intensité : forte, modérée, faible ;  Les enjeux et les facteurs d’influence du Grand Lagon Sud. Dans le cadre de la mise à jour du diagnostic, les pressions et menaces ont été synthétisées sous forme de tableaux par zones :  Goro-Port Boisé : de la baie de Goro au cap N’Dua, incluant les récifs lagonaires de la passe de la Havannah au droit de cette zone ;  Baie de Prony : du cap N’Dua à la presqu’île de Montravel ;  Île Ouen : Île Ouen, canal Woodin et plateau des 5 miles ;  Merlet : ensemble de la réserve intégrale Yves Merlet ;  Île des Pins : Île des Pins et ses îlots, jusqu’à la passe de la Sarcelle ;  Grand Récif Sud et îlots : du Grand Coude au plateau des 5 miles (exclu) et tous les îlots hormis ceux de la passe de la Havannah. Ce zonage n’a aucune existence administrative ou coutumière, il n’a pour autre but que de simplifier la lecture des enjeux, pressions et menaces à une échelle géographique plus restreint 3.1.3 LES PRINCIPAUX ENJEUX DU GRAND LAGON SUD 3.1.3.1 Les paysages Un des critères d’inscription du bien au patrimoine mondial est la beauté exceptionnelle des paysages. En effet, le Grand Lagon Sud incarne parfaitement ce critère puisqu’il englobe un chapelet d’îlots coralliens, peu élevés, colonisés par la végétation ou l’Île des Pins avec ses « champignons calcaires surélevés flottant sur les eaux turquoise d’une limpidité immaculée ». 3.1.3.2 L’herpétofaune L'île des Pins est une zone d'enjeu international pour la conservation des reptiles terrestres, notamment en raison de son exceptionnel taux d'endémisme. Les îlots périphériques constituent des refuges pour des espèces menacées, dont certaines sont micro-endémiques, comme le scinque géant Phoboscincus bocourti. Les études récentes ont permis de recenser vingt-quatre (24) espèces de lézards, révélant l'importance de poursuivre les recherches pour combler le déficit de connaissances, en particulier sur les îlots peu explorés. 3.1.3.3 Les bulimes Le bulime, escargot emblématique et endémique de l'île des Pins, contribue à la régénération des sols forestiers grâce à sa présence dans l'écosystème local. Les deux (2) espèces présentes sur l'île, Placostylus fibratus et Placostylus porphyrostomus, font l'objet de suivis scientifiques en raison de leur importance écologique et culturelle. Des programmes de conservation et d'élevage ont été mis en place pour mieux comprendre leur dynamique de population et soutenir leur préservation. 3.1.3.4 Le couvert végétal originel Le couvert végétal originel des zones tampons terrestres du Parc Provincial du Grand Lagon Sud, est constitué principalement de forêts denses. À l'île des Pins, la forêt humide sur sol calcaire abrite une flore riche et endémique, notamment des pins colonnaires et des kohus. L'île Ouen, bien que marquée par l'érosion, présente des efforts de revégétalisation pour restaurer la végétation littorale. Sur l'îlot Casy, la forêt humide littorale domine, avec une forte proportion d'espèces endémiques. 3.1.3.5 La flore micro-endémique La flore des îles des Pins et Ouen est d'une grande richesse et inclut plusieurs espèces micro-endémiques. Sur l'île des Pins, dix-sept (17) espèces végétales sont uniquement présentes sur certains sites, telles qu'Elaeodendron pininsulare, avec une forte diversité due à la géologie unique de l'île. À l'île Ouen, des efforts de revégétalisation ont permis de redécouvrir Mezoneuron ouenensis, une espèce considérée en danger critique d'extinction, contribuant ainsi à la conservation de la flore locale. 3.1.3.6 Les mangroves Zone de transition entre la terre et la mer, elles sont essentielles à la protection des côtes, jouent un rôle de tampon et de filtre contre les pollutions terrestres, et sont une nurserie, un refuge, une zone d’alimentation ou de reproduction pour de nombreux animaux marins. Peu présentes de l’Île des Pins et de superficies limitées autour de l’Île Ouen et au sein de la baie de Prony, la formation la plus étendue se situe au droit de la tribu de Goro. Aucune étude ne vient renseigner la santé de ces mangroves ni leur fonctionnalité et il n’existe aucun programme de suivi des mangroves au sein du Parc du Grand Lagon Sud. 3.1.3.7 Les herbiers marins Véritables prairies sous-marines, ils poussent généralement dans les eaux peu profondes proches de la côte et des îlots. Ils stabilisent les fonds grâce à leurs racines, atténuent la force des vagues grâce à leurs feuilles, sont une zone de nurserie, de refuge, d’alimentation ou de reproduction de nombreux animaux marins. Mal connus car rarement étudiés et non surveillés, ils suscitent toutefois l’inquiétude des habitants de l’Île des Pins, l’Île Ouen et Goro. Dans le Parc du Grand Lagon Sud, des herbiers sont présents :  Au sein des principales baies de l’Île des Pins, autour de certains îlots et sur le littoral entre Kéré et Kurénya.  Sur les façades est et sud de l’Île Ouen ainsi que dans les baies Blanche et Ouenni sur la façade ouest.  En baie de Prony : autour de l’Île Casy et de l’Ilot Montravel, au sein des baies Nord, de la Somme, et du récif de Prony.  De manière quasi continue entre le cap N’Dua et la baie Taaré au nord de la tribu de Goro. 3.1.3.8 Les récifs coralliens Présents à la côte, autour des îlots et à la barrière, ils jouent un rôle primordial dans la protection des côtes, sont un lieu de concentration de la vie marine et participent au bien-être des Hommes en les émerveillant, en les nourrissant ou en leur apportant des revenus monétaires. Les récifs du Parc du Grand Lagon Sud ont fait l’objet de plusieurs types de suivis biologiques et de missions d’inventaire. 3.1.3.9 Les tortues marines Les tortues marines sont menacées de disparition au niveau mondial et protégées par le code de l’environnement de la province Sud. La Nouvelle-Calédonie est une zone majeure de reproduction des tortues vertes et grosse tête : le Grand Lagon Sud est l’un de ces sites majeurs, où 15 à 30% des femelles tortues grosse tête du Pacifique Sud viennent se reproduire durant l’été austral. À l’exception de l’Île des Pins, où des tortues vertes viendraient pondre, les îlots du Parc du Grand Lagon Sud sont exclusivement fréquentés par les tortues grosse tête à la saison de ponte. Toutefois, de nombreuses tortues vertes, en grande majorité des juvéniles, y vivent et s’y alimentent. Les marquages (balises Argos et bagues) confirment la migration des tortues vertes entre les aires de nutrition de la côte Est australienne et les aires de ponte calédoniennes (PNMC). La fréquentation par les tortues grosse tête en période de ponte n’est pas homogène : trois (3) îlots concentrent chaque année plus de 50% du total des pontes recensées sur la zone tandis que certains îlots ne sont jamais fréquentés. Durant l’été 2021, un record a été atteint depuis le début des suivis, avec deux cent cinquante (250) pontes enregistrées (soixante-quinze (75) femelles reproductrices) sur les vingt-quatre (24) îlots et un succès d’émergence très élevé, atteignant 80%.

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