Plan de gestion du Parc du Grand Lagon Sud (2025-2034)

PLAN DE GESTION DU PARC DU GRAND LAGON SUD 12 3.1.3.10 Les oiseaux marins L’abondance des îlots présents dans le Parc du Grand Lagon Sud offre une multitude d’habitats favorables à la nidification de communautés diversifiées et abondantes d’oiseaux marins. Sur l’ensemble du Parc du Grand Lagon Sud, cent quatre-vingt mille (180 000) couples reproducteurs, quatorze (14) espèces d’oiseaux marins nicheurs et une densité remarquable de balbuzards (Pandion haliaetus) ont été recensés. Toutefois certaines espèces sont particulièrement fragiles : sur les quatorze (14) espèces nicheuses, cinq (5) ne sont retrouvées que sur cinq (5) sites ou moins et en effectif très faible. Au niveau de l’Île des Pins, l’îlot Kutomo se démarque par la présence de la plus grande colonie de puffins du Pacifique (Ardenna pacifica) de Nouvelle-Calédonie. Plus de quatre-vingt-quinze (95 000) terriers actifs y ont été comptabilisés en 2011. 3.1.3.11 Les dugongs La Nouvelle-Calédonie abrite la plus grande population mondiale de dugongs, après l’Australie et le Golfe Persique. Il est inscrit sur la Liste Rouge de l’UICN (espèce « Vulnérable ») et sa chasse est interdite depuis 1962 en province Sud. Le Parc du Grand Lagon Sud est peu fréquenté par les dugongs. Les scientifiques suggèrent que cela pourrait être en lien avec leur chasse passée. Les survols aériens ont toutefois montré des densités moyennes de dugongs au niveau de Port Boisé, de l’Île Ouen (plateau des 5 miles), de Mato et du canal Woodin. Aucune donnée sur la population du Grand Lagon Sud n’ayant été acquise depuis plus de dix (10) ans, l’évolution de cette population sur la dernière décennie n’est pas connue. 3.1.3.12 Les baleines à bosse Les baleines à bosse (Megaptera novaeangliae) du lagon Sud de la Grande Terre sont étudiées par l’association « Opération Cétacés » depuis 1995. La population fréquentant le Parc du Grand Lagon Sud est la même que celle présente sur les rides de Norfolk et des Loyauté justifiant « la nécessité de considérer l’ensemble de cette zone géographique pour leur protection ». Cette zone a été reconnue comme une IMMA par le groupe de travail sur les mammifères marins de l’UICN. Le lagon Sud de la Grande Terre est un des sites majeurs de reproduction : l’observation de mâles chanteurs, de groupes « compétiteurs » et de mères accompagnées de leurs baleineaux en atteste. La zone principale de fréquentation se situe à la sortie de la baie de Prony (entre le Cap N’Dua, l’Île Ouen et le récif Gué). 3.1.4 LES FACTEURS D’INFLUENCE QUI S’EXERCENT SUR LE GRAND LAGON SUD 3.1.4.1 La pêche La faible densité de population en Nouvelle-Calédonie, et dans le Parc en particulier, préserve d’une pression forte de la pêche vivrière sur les ressources marines. De plus, la réglementation provinciale encadre cette pratique par l’adoption de règles sur les quotas, les espèces, les zones, les saisons, les engins de pêche. Il en résulte que la pression de la pêche, bien que non négligeable, se maintient à un niveau globalement faible mais localement plus important sur certains espaces (ceux les plus proches de la côte ou autour des îlots les plus fréquentés par les plaisanciers). D’après les gardes nature, les zones les plus fréquentées par les pêcheurs sont situées entre Uitoé et Mato, modérément fréquentées entre Mato et les 5 Îles et peu fréquentées au-delà des 5 Îles. Ce gradient de pression est directement lié à l’accessibilité et à l’éloignement des zones depuis Nouméa et le Mont Dore. 3.1.4.2 L’agriculture Aucune agriculture intensive n’est pratiquée dans les communes de Yaté et de l’Île des Pins, ni sur l’Île Ouen. Les modes d’exploitation sont essentiellement traditionnels, avec quelques petites installations maraîchères ou de petits élevages hors sol un peu plus intensifs mais d’ampleur très limitée. Les impacts environnementaux de l’agriculture sont davantage liés à la préparation des terres par brûlis (culture sur brûlis), qui fragilise les sols et participe à leur érosion. 3.1.4.3 L’aquaculture L’aquaculture est très peu pratiquée dans le PGLS. Seule l’huîtrière d’Arembo est installée en baie de Prony. Elle produit une espèce locale Saccostrea echinata. L'huitrière peut avoir un effet bénéfique sur l'écosystème marin, notamment par l'amélioration de la qualité de l'eau, si elle est bien gérée. Une attention particulière est à porter sur d’éventuelle perturbation des écosystèmes de façon très localisée (modification des courants, propagation d’espèces envahissantes ou de maladies). 3.1.4.4 La mine et la métallurgie Sur la dernière décennie, la zone marine du Parc du Grand Lagon Sud a subi plusieurs incidents de pollution liés aux activités d’exploitation du nickel, mais la menace diminue, notamment avec l’amélioration de la gestion des eaux dans les bassins versants. Le suivi de la qualité des masses d’eau dans le cadre de l’exploitation minière de PRNC a pu démontrer que sur la dernière décennie la qualité des eaux de la zone portuaire (Prony), du canal de la Havannah et des zones témoins n’a pas significativement varié. Une attention particulière devrait être portée dans le cadre de la gestion du DPM. 3.1.4.5 Les incendies Les feux sont particulièrement destructeurs en Nouvelle-Calédonie. D’origine humaine dans 99% des cas, ils conduisent à la perte annuelle moyenne de 27 000 hectares de végétation. Les zones terrestres incluses ou limitrophes au Parc du Grand Lagon Sud sont faiblement concernées par les feux à l’exception de l’île des Pins. Sur la période 2012-2018, la densité moyenne du nombre d’incendies pondérés par leur superficie a été considérée comme faible pour la zone côtière allant de Goro à la baie de Prony et pour l’Île Ouen, et très élevée pour l’Île des Pins. 3.1.4.6 Le tourisme et la plaisance L’encadrement des activités en lien avec le tourisme et la plaisance est nécessaire au regard de la sensibilité des fonds marins et de la maîtrise des risques en matière d’impacts liés au mouillage forain des navires, notamment sur des sites tels que la baie de Prony, où les fonds marins, même profonds, sont tapissés de coraux fragiles (ce qui constitue d’ailleurs une des particularités de cette baie). Le débarquement des Hommes (voire de chiens) sur les îlots doit également faire l’objet d’une attention particulière pour ne pas compromettre la reproduction de ces espèces, en période de nidifications des oiseaux marins et accentuer le risque des incendies. 3.1.4.7 Les espèces exotiques envahissantes Sur les îlots du Parc du Grand Lagon Sud, les fourmis et les rongeurs sont les deux principales espèces exotiques envahissantes menaçant la faune des îlots. La présence du rat est le facteur le plus limitant pour le succès de la reproduction des oiseaux marins et des reptiles sur les îlots. Ceux du Parc ont bénéficié de campagnes d’éradication des rongeurs en 1998. Plusieurs missions de contrôle ont confirmé la réussite des opérations d’éradication, hormis sur l’Îlot Kié au nord de la réserve Merlet. À l’Île des Pins, la pression exercée par les espèces exotiques envahissantes animales est particulièrement marquée : bétail ensauvagé sur l’île principale, rats noirs et chiens sauvages sur l’Îlot Brosse, chèvres et chats sur l’Îlot Kumo, chats et chiens sur l’Îlot Kûtomo. Le défrichement des terres induit également une dynamique d’implantation des espèces exotiques envahissantes végétales. Le pin des Caraïbes (Pinus caribaea), planté à partir des années 1960 pour la filière sylvicole est aujourd’hui en pleine expansion à l’Île des Pins. Le trafic maritime au sein du Parc du Grand Lagon Sud, dont 50 % est lié à l'industrie minière et aux navires de croisière, qui empruntent des eaux internationales, représente une source de préoccupation certaine vis-à-vis de l’introduction d’espèces exotiques envahissantes marines. 3.1.4.8 Le changement climatique L’érosion côtière, effet déjà perceptible du changement climatique, est une menace grandissante pour les côtes, îles et îlots de Nouvelle-Calédonie, à laquelle ceux du Parc du Grand Lagon Sud n’échappent pas. L’OBLIC a pour mission de documenter ces mouvements sédimentaires afin d’aider à la prise de décision pour s’y adapter. À l’Île Ouen, la tribu de Ouara subit une forte pression due à l’érosion qui entraîne des phénomènes de submersion marine dans la tribu. Localisée dans le fond d’une baie où les vagues peuvent pénétrer, combiné à la faible altitude des terrains habités et à l’absence de relief du site, la tribu de Ouara est très exposée au risque de submersion marine. À l’Île des Pins, l’ensemble des sites prospectés montraient des signes d’érosion. Sur l’Île Casy, un participant à l’atelier a souligné l’érosion très marquée de la zone de campement au nord de l’îlot. Concernant les îlots du Parc marin, suivant leur exposition, certains sont particulièrement exposés au phénomène d’érosion.

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