Documentaire : les mots des jeunes de Saint-Louis

Actualité publié(e) le 16/02/2018

L’auditorium de la province Sud affichait complet, mercredi 14 février : des représentants des institutions, mais aussi des habitants du Mont-Dore et de la tribu de Saint-Louis avaient fait le déplacement à l’invitation de l’exécutif provincial. La raison ? La projection en avant-première du documentaire « Saint-Louis, une histoire calédonienne », produit par NC1ere, donnant pour la première fois largement la parole aux jeunes de la tribu.

Le silence a vite laissé place à des applaudissements nourris, mercredi soir, à la fin de la projection du documentaire « Saint-Louis, une histoire calédonienne ». Pendant 52 minutes, le film, tourné au sein de la tribu de Saint-Louis en 2016 et 2017 et qui sera diffusé sur NC1ere le 6 mars prochain, donne pour la première fois la parole aux jeunes. Leurs peurs, leurs envies, leur rapport au monde du travail, mais aussi leur ressenti vis-à-vis des « étrangers » (qui n’habitent pas la tribu), des tensions entre les clans, de cette route très empruntée qui coupe leur tribu en deux, sans oublier l’avenir institutionnel et leur vision de l’avenir plus ou moins proche…

« Ce que l’on a découvert ensemble ce soir est de grande qualité et a vocation à bâtir et développer la communauté de destin que Tjibaou et Lafleur nous ont laissé en héritage », a tenu à souligner le président de la province Sud, Philippe Michel, à l’initiative de cette projection et du débat qui a suivi. Car le prochain référendum sur l’autodétermination et les violences à répétition commises par les jeunes de Saint-Louis mettent la tribu au cœur des interrogations sur l’avenir du pays. Et la parole qui est ici donnée pour la première fois à cette jeunesse révèle le chemin qu’il reste à parcourir pour vivre le « destin commun ». « Il faut que tout cela participe à une prise de conscience collective des enjeux de la Nouvelle-Calédonie et notamment la difficulté que nous avons à intégrer certaines populations, et en particulier les habitants de Saint-Louis, ajoute le président. Ils sont le symbole de tous ces questionnements et de ces enjeux d’avenir ».

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Un débat sans tabou

« Saint-Louis, une histoire calédonienne » a été écrit et réalisé par Ben Salama et Thomas Marie, des reporters venus de Métropole, mais qui connaissent bien la Calédonie pour avoir notamment déjà tourné le documentaire « Naissance d’une nation ». « Nous avons fait ce film en toute liberté, confie Ben Salama. Une liberté de la part de la production, mais aussi des jeunes qui nous ont parlé de tout. Ils nous ont ouvert leur porte, fait découvrir leur univers. Ils s’exposent au regard de tous, et ils n’ont pas demandé à voir le film avant qu’il ne soit projeté ». D’ailleurs du côté de Saint-Louis, le film a été bien accueilli, les gens assurent s’y retrouver et même découvrir des jeunes en qui ils ne croyaient plus.

« Ce film interpelle sur une question qui s’adresse à tous, note Philippe Michel. Et cette question est posée par un jeune éducateur spécialisé natif de Saint-Louis : comment tresser la natte ? Ce documentaire ouvre des perspectives formidables, en même temps qu’il nous ramène au travail que l’on doit encore engager collectivement pour permettre à cette jeunesse de trouver sa place ».

Lors du débat qui a suivi la projection le public nombreux a également pu s’exprimer librement et interpeller les politiques et les responsables présents : le président de la Province, le député Philippe Gomès, mais aussi le Haut-commissaire, le procureur de la République et les réalisateurs. Des questions à fleur de peau posées par des habitants du Mont-Dore sud victimes de « caillassages », des questions de travailleurs sociaux aux prises avec cette jeunesse, mais aussi des témoignages de parents habitant Saint-Louis et s’inquiétant pour leurs enfants… « Depuis des mois, nous travaillons tous ensemble (la ville du Mont-Dore, la province Sud, le haut-commissariat, les forces de l’ordre, la justice...) dans un dialogue permanent avec les autorités coutumières et les associations de jeunes et de femmes. C’est long mais c’est le chemin pour améliorer la situation et avancer tous ensemble pour le bien de tous ».

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