Conservation du Palmier Chou : Saribus jeanneneyi

Le Saribus jeanneneyi a été découvert dans le grand Sud en 1893 par M. Jeanneney. Il a été décrit en 1910 par le botaniste Odoardo Beccari. C’est le seul palmier calédonien à feuille palmée. Ce palmier se distingue également par ses jeunes feuilles comestibles, qui était autrefois exploité par les bagnards qui ont décimé la population. Il était alors considéré comme disparu mais en 1980, trois petits peuplements ont été retrouvés, classant ce palmier comme très vulnérable.

Le Le Saribus jeanneneyi est classé en danger critique d’extinction selon l’UICN (2016). Sa répartition naturelle est extrêmement limitée (micro-endémisme : il ne se trouve que dans une petite zone géographique) avec seulement 15 individus, dont un seul semencier (un arbre capable de produire des graines). Ces populations font face à des menaces persistantes sur leur habitat. Ce palmier élégant et esthétique est très recherché par les collectionneurs, ce qui accroît les risques de prélèvement.

Dans les années 1980, des actions ont été entreprises pour la sauvegarde de cette espèce :

• Les prospections ont permis de répertorier 2 petites populations.
• La Population 1 avec 1 arbre fructifère et 18 jeunes plants (juvéniles).
• La Population 2 avec 11 jeunes plants et 1 souche (similaire à un adulte).

En collaboration avec Orstom, DDER et CSF, environ 140 graines ont été récoltées pour soutenir la conservation en produisant des plants à partir de ces graines

Dans les années 1990, l’association Chamberonya composée de passionnés de palmiers a pris en charge la gestion du palmier. Ainsi, 25 plants ont été produits, mais le suivi a été interrompu à cause de pillages dans la population 1, ce qui a compromis les efforts de conservation.

Au début des années 2000, la situation était préoccupante :

– La Population 1 ne comptait plus que 7 juvéniles survivants et 1 arbre mature.
– La prospection a révélé d’autres populations (Population 2 avec 10 individus, et les populations 3 et 4 avec 1 individu chacune).

Des transferts de plants ont été réalisés entre différentes institutions, et une convention entre la Province Sud et l’Université de la Nouvelle-Calédonie (UNC) a été mise en place pour des essais de reproduction in vitro (technique permettant de cultiver des plantes à partir de cellules). Ces premiers essais n’ont pas abouti à la production de plants, les cellules étant restées au stade de « cal » (amas de cellules non différenciées)

Initié en 2000 et structuré en 2008, ce programme est conduit par La province Sud (Parc Provincial de la Rivière Bleue) , en partenariat avec l’Institut Agronomique Calédonien (IAC) et Prony Ressources NC. Il s’articule autour de deux axes principaux :

1. La Préservation in situ de la population naturelle comprenant le suivi phénologique, le suivi sanitaire et la prospection en vue de retrouver d’autres individus.
2. Conservation ex situ de l’espèce comprenant la protection des infrutescences par la mise en défend des fruits (pose de filets), la mise en production des graines récoltées et l’acclimatation et plantation dans le Parc Provincial de la Rivière Bleue.
   
   

De 2008 à 2023, cinq conventions tripartites ont été établies entre la Province Sud, l’IAC, et Prony Ressources. L’objectif était d’optimiser le processus de récolte et de développer des techniques de germination. Ce travail a permis de récolter un total de 195 graines, entraînant la plantation de 57 individus au Parc Provincial de la Rivière Bleue, dont 48 survivent en 2023.

Actuellement, 56 individus vivent au Parc, et des recherches de multiplication in vitro sont en cours, montrant des résultats prometteurs pour la survie de cette espèce en danger critique d’extinction. Bien que les taux de germination soient satisfaisants, le taux de survie reste faible, ce qui nécessite une attention continue.

Une étude récente sur la consommation des fruits de Saribus a été menée au Parc Provincial Zoologique et Forestier (PPZF). Des enveloppes des graines ont été proposées aux roussettes, des mégachiroptères endémiques. Des traces de consommation (morsures) similaires à celles observées dans le milieu naturel ont été observées, prouvant ainsi la consommation des fruits de Saribus par ces mammifères volants. Leur rôle dans la dispersion naturelle des fruits de Saribus est ainsi avéré et crucial pour la régénération de cette espèce.

La conservation du Le Saribus jeanneneyi est un exemple inspirant de collaboration entre scientifiques, collectivités et passionnés de la nature. Ensemble, nous pouvons contribuer à préserver cette espèce unique pour les générations futures. Nous vous invitons à visiter le parc et découvrir la beauté de ce palmier exceptionnel, symbole de notre engagement envers la biodiversité !