La voie ferrée “La Lucky Hit Forestière” a joué un rôle clé dans l’exploitation minière et forestière de la région. Depuis ses débuts à la fin du XIXe siècle jusqu’à sa reconversion en sentier de randonnée, ce chemin de fer témoigne des défis et des innovations qui ont marqué la Nouvelle-Calédonie.
Les origines de la voie ferrée (1895 – 1911)
L’histoire de “La Lucky Hit Forestière” commence en 1895, avec la mise en place d’un premier tronçon de 5,5 km pour l’exploitation de la mine de chrome Joséphine. Ce chemin de fer, d’un écartement de 76 cm, servait au transport du minerai vers la zone d’embarquement à l’embouchure de la rivière des Pirogues, facilitant ainsi l’exploitation des ressources minières.
En 1911, les perspectives s’élargissent aux ressources forestières. Une étude de prospection révèle la présence de 5000 hectares de forêts exploitables, comprenant des kaoris, du tamanou et du chêne gomme, à proximité des mines de Mois de Mai et de Gaspard. Cette découverte conduit à la création de la Compagnie Forestière Calédonienne en mai 1911, avec pour objectif d’étendre la voie ferrée de 30 km pour desservir les zones boisées et établir une scierie.
Les premiers travaux et le développement (1913 – 1921)
Les travaux de construction débutent en mars 1913. La voie ferrée part du point d’embarquement situé à l’embouchure de la rivière des Pirogues, puis remonte la vallée en direction de la Haute Yaté. L’ancienne voie ferrée de la mine Joséphine est réutilisée, tandis que 2 km supplémentaires sont posés pour atteindre la forêt des Trois Creeks, couvrant 255 hectares. En avril 1913, les premiers wagonnets destinés au transport des grumes arrivent par paquebot, et une trentaine d’ouvriers sont déjà à pied d’œuvre pour bâtir les infrastructures nécessaires, telles que des habitations et un réseau téléphonique.
La ligne avance au rythme de l’exploitation forestière et la Compagnie Forestière Calédonienne envisage d’employer jusqu’à 300 personnes. Les exportations de bois vers l’Australie commencent dès 1915, avec des contrats conclus pour l’exportation d’essences comme l’araucaria, le kaori, le chêne rouge, et l’acacia. Ce dernier est utilisé pour la fabrication de bois de fusil, en raison de sa grande disponibilité.
En mars 1921, un incendie détruit l’ensemble du matériel moderne de la scierie, contraignant la compagnie à exporter le bois brut. Malgré ce revers, l’entreprise persévère et la construction de la voie ferrée continue, atteignant 18 km en 1923. La ligne suit le cours de la rivière des Pirogues, traversant de nombreux ravins et cours d’eau grâce à des ponts en chêne gomme, certains atteignant 6 à 7 mètres de hauteur. Les arbres abattus durant cette période, notamment les kaoris, étaient souvent âgés de 500 à 700 ans.
La diversification et la seconde vie de la voie ferrée (1931 – 1942)
En 1931, l’exploitation forestière s’interrompt en raison des droits d’entrée prohibitifs en Australie, ce qui entraîne le licenciement des 150 employés de la compagnie. Cependant, dès juillet de la même année, la voie ferrée est réutilisée par des usiniers japonais pour transporter 500 tonnes de chrome des mines Élisabeth et Sunbeam Alice-Louise. En 1935, la Compagnie Forestière Calédonienne reprend ses activités forestières, réhabilitant les infrastructures et relançant l’industrie du contreplaqué en kaori pour répondre à la demande australienne.
La voie ferrée aujourd’hui : Un patrimoine à découvrir
Avec ses 39 km, “La Lucky Hit Forestière” reste la plus longue voie ferrée jamais construite en Nouvelle-Calédonie. Aujourd’hui, une partie de cette ancienne ligne a été transformée en sentier mixte pour les randonneurs et les vététistes. Le sentier “La Forestière” commence derrière le guichet d’accueil du parc et vous plonge dans les paysages de maquis minier, souvent façonnés par les incendies provoqués autrefois par les locomotives à vapeur.
Ne manquez pas de visiter la maison du parc où un ancien wagon, chargé de blocs de chromite, est exposé pour rappeler le passé minier et forestier du site ou de vous rendre dans la vallée de la rivière Blanche pour découvrir la chaudière de la locomobile, treuil à vapeur acheminé par voie ferrée et servant à tirer les troncs d’arbres après abattage.