Le Pont Pérignon, un des emblèmes du Parc Provincial de la Rivière Bleue, est bien plus qu’un simple ouvrage d’art. Il représente un témoignage précieux de l’histoire de l’exploitation forestière du grand Sud. En effet, l’exploitation forestière, située de part et d’autre de la zone prévue d’être ennoyée par la retenue d’eau du lac artificiel de Yaté, nécessite la rectification du tracé des routes d’accès devant disparaître sous les eaux. Il faut alors créer de nouvelles routes d’exploitation, mais aussi de nombreux radiers et ponceaux. D’autant que, pour traverser la zone de la rivière Blanche devant être ennoyée, il est nécessaire de construire un grand pont à la cote maximale de la retenue d’eau du lac artificiel projeté (160,5 m NGNC).
Son histoire
Le chantier débute par l’établissement d’une passerelle en amont de la rivière Blanche pour accéder à l’autre rive. Dans cet endroit très isolé, il est également nécessaire de construire une petite maison en bois pour assurer un minimum de confort au personnel du chantier. La construction du pont commence le 28 décembre 1959, durant une période de beau temps exceptionnel et de grande sécheresse. Le chantier dure environ 3 mois, employant 14 personnes de la Société des Bois du Sud, avec la participation de la main-d’œuvre de la Société « Le Houp » de monsieur Clément Germain.
Les pieux sont « battus » par Monsieur Chantreux avec la chèvre prêtée par la SLN, et les écrous sont tournés par Monsieur Paul Pérignon lui-même. La préparation et la taille des billes de bois se font à 17 km de là, à la scierie des Bois du Sud.
En 1960, le niveau de la retenue d’eau du lac artificiel est à environ quinze mètres en dessous de sa cote maximale en raison d’une sécheresse persistante. Cependant, en 1961, une période de mauvais temps arrive, accompagnée de fortes pluies. Le niveau d’eau de la retenue d’eau du lac artificiel formé par le barrage subit une hausse importante, entraînant la submersion d’une partie des pistes nouvellement tracées ainsi que du pont récemment construit, ce qui engendre un litige avec ENERCAL.
Devenu un élément touristique incontournable du Parc Provincial de la Rivière Bleue, cet ouvrage est souvent mis en avant pour promouvoir la destination de la Nouvelle-Calédonie en général, et de la province Sud en particulier, en tant que monument historique, objet de toutes les attentions concernant son entretien.
En février 2009, l’assemblée de la province Sud décide d’accroître la surface du parc à 22 400 ha, et intègre le périmètre Ramsar des lacs du Grand Sud en 2014, tandis que le Pont Pérignon est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Description architecturale
- Longueur : 78 m
- Platelage (plateau du pont) : 78 m en pin traité à cœur (tamanou à l’origine)
- Jetées : 100 m (50 m + 50 m) portées plus tard à 128 m
- Piliers : 61 piliers de 8 à 12 m en chêne-gomme
- Piliers : 6 piliers de 13 à 14 m en chêne-gomme
- Contreventements : 6 contreventements de 8 m en chêne-gomme et tamanou
- Bandes de roulement : 78 m² de bandes de roulement en pin traité à cœur (tamanou à l’origine)
- Moises (pièces de bois jumelées) : 4 m³
- Barres de fer : 271 kg
- Pointes : 45 kg