Les forêts calédoniennes représentent notre bien précieux au-delà des clivages du pays.
La Nouvelle-Calédonie fait partie des 35 « points chauds » (hot spot) mondiaux de biodiversité. Un point chaud est une zone géographique possédant une grande richesse de biodiversité particulièrement menacée par l’activité humaine.
Devant les dangers qui la menace, nous sommes aujourd’hui confrontés à une urgence sociétale.
La province Sud mène une politique ambitieuse en termes de préservation de l’’environnement et de développement durable sur l’ensemble de son territoire. Pour conduire au mieux cette politique, la province Sud a adopté en 2009 un code de l’environnement qui traduit la détermination de ses engagements dans ce domaine.
En 2020, la province Sud a décidé d’élaborer une stratégie de reboisement, en collaboration étroite avec tous les acteurs concernés, et en s’appuyant particulièrement sur les associations.
Une forêt, qu’est-ce que c’est ?
Un ensemble assez étendu d’espèces végétales comportant plusieurs hauteurs et plusieurs espèces, survivant sans aide humaine, rendant des services écosystémiques comme la limitation du changement climatique et de ses effets, l’absorption du CO2, la protection de la qualité et de la quantité d’eau disponible, la protection des sols, le maintien d’un cadre de vie sain et apportant des ressources aux populations (bois, nourriture, éco-tourisme, culture, etc.).
Les différents écosystèmes concernés par cette définition sont les suivants :
Le projet de conception d’une politique de reboisement de la province Sud est né de la volonté politique de l’exécutif provincial en place, menée par son premier vice-président Philippe Blaise.
Partant du constat alarmant que la forêt calédonienne perdait chaque année du terrain face aux feux, aux espèces envahissantes, aux défrichages, la décision a été prise de se doter d’une politique volontariste pour renverser la tendance, avec des objectifs ambitieux :
Remettre l’arbre au cœur des paysages et des usages ;
Consolider le modèle économique de Sudforêt ;
Encourager l’utilisation de l’arbre dans les systèmes agricoles à des fins de résilience climatique et de diversification économique ;
Participer à la lutte contre le réchauffement climatique (atténuation et adaptation);
Concourir à la restauration de sites dégradés et la sauvegarde de la biodiversité ;
Sensibiliser les générations futures pour des changements de comportement.
La collectivité souhaite ainsi se doter d’une Politique Provinciale de Reboisement pour les dix ans à venir, construite en partenariat avec les parties prenantes (associations, opérateurs forestiers, scientifiques, collectivités, etc.) agile et évolutive, cohérente avec les enjeux économiques, environnementaux et sociétaux, portant sur les axes prioritaires suivants :
Une sylviculture ambitieuse, respectueuse de l'environnement et tournée vers l'avenir ;
Le développement de l'agroforesterie dans le milieu rural ;
Un faisceau d'actions en faveur de la gestion, de la restauration et de la sauvegarde des bassins versants ;
Promouvoir la sensibilisation au regard de l'importance de l'arbre dans les espaces de la province Sud.
La province Sud a choisi de co-construire la politique de reboisement avec les acteurs impliqués : Ambassadeurs, scientifiques, collectivités locales, institutions, associations, agriculteurs, pépiniéristes, botanistes, etc.
Après une première grande réunion qui a eu lieu en septembre 2020 posant la volonté politique par la signature de la Charte, puis une seconde en mai 2021 avec les Ambassadeurs de la Forêt pour lancer la co-construction de la politique provinciale de reboisement, les acteurs ont été invités à travailler au cours d’une série de trois ateliers pour écrire les grandes lignes de la politique provinciale liée à l’arbre, la politique provinciale de Reboisement.
Le premier atelier (le 8 juin 2021) a porté sur la forêt productive (sylviculture et agroforesterie) et le second (17 juin 2021) la forêt naturelle. Les acteurs ont été invités à proposer des objectifs, des axes stratégiques et une première série d’actions liés à chaque thématique, dans le cadre de la politique reboisement. Le troisième atelier (1er juillet 2021) a permis aux acteurs de compléter les actions, les reformuler, les prioriser et déterminer leur gouvernance et mode de financement. C’est ainsi que le travail cumulé de ces trois ateliers a donné forme à des grandes lignes, des pistes, qui sont reprises dans le présent document.
Atelier « Forêt naturelle » du 17 juin : Production de documents
Les actions à envisager doivent permettre d’atteindre les objectifs et sous-objectifs ci-dessous :
Augmenter les surfaces valorisées en sylviculture
Augmenter les surfaces valorisées en agroforesterie
Contribuer à protéger, renforcer et enrichir les forêts productives pour les aider à survivre aux sècheresses, cyclones et autres évènements destructeurs
Créer de nouvelles filières liées à l’arbre
Favoriser les filières à haute valeur ajoutée (endémiques)
Produire du bois pour lutter contre le changement climatique (puits de CO2)
Axes stratégiques
Les objectifs pourront être atteints en empruntant les chemins ci-dessous :
Actions relevant d’une synergie entre la forêt productive et la forêt naturelle
Certaines actions forment un trait d’union entre les forêts naturelles et les forêts productives, elles sont présentées dans ce chapitre. Elles sont présentées par ordre de priorité, selon les choix des participants.
Elles sont présentées sous la forme de fiches-actions synthétiques. Les informations présentes sur chaque fiche sont susceptibles d’être complétées dans le cadre de l’écriture de la politique provinciale de reboisement. Ce sont ici des grandes lignes.
Voici un récapitulatif des actions relevant d’une synergie entre la forêt productive et la forêt naturelle, classées par axe stratégique et priorité :
C’est une grande « communauté de l’arbre et de la forêt » que nous proposons de créer, avec l’implication des principaux partenaires qui se sont mobilisés durant ces ateliers, menés par l’énergie des Ambassadeurs et soutenus par la collectivité provinciale. Une communauté qui est amenée à travailler de concert pour les forêts, mettant en synergie toute sa diversité pour atteindre les objectifs.
Validation et diffusion
La présente feuille de route, une fois validée par les acteurs principaux et l’exécutif de la province Sud, va être traduite en politique provinciale, sous la forme d’un schéma directeur de la forêt. Ce schéma directeur sera porté à la connaissance d’un public large, sous la forme d’un document didactique, téléchargeable sur le site web de la province Sud.
Mobilisation
La Foire de Bourail sera la première étape de mobilisation du grand public : Les visiteurs du pavillon provincial seront sensibilisés et invités à rejoindre la communauté des Ambassadeurs, car la forte implication de relais de terrain sera nécessaire pour mettre en œuvre de nombreuses actions identifiées, notamment celles de sensibilisation et d’éducation mais aussi de science participative, de suivi, de surveillance.
Financements
Des financements vont être recherchés : réponse aux appels à projets internationaux, réflexion à mener sur la création d’un Fonds forêt et des mesures de compensation, etc.
Approfondissements
Les informations manquantes identifiées par les participants vont être collectées et rassemblées, si elles existent. Elles vont rejoindre les autres données gardées au sein de la province Sud et de ses partenaires, pour que les premières actions puissent se mettre en œuvre.
Des visites de terrain vont être organisées afin de développer, renforcer et faire vivre la « communauté de l’arbre et de la forêt » qui s’est créée, mais aussi de partager les connaissances et les expertises des uns et des autres. Un programme sera bientôt proposé.
Définition commune des indicateurs chiffrés
Il faut à présent réunir les acteurs par action et définir ensemble des objectifs et indicateurs chiffrés et les pas de temps associés afin que chacun puisse, au sein de son organisme, mettre en œuvre les actions nécessaires à la réussite de cette politique.
Les actions à mettre en œuvre en année 1
Le degré de priorité des actions indiqué par les participants aux ateliers, ainsi que la facilité de leur mise en œuvre et la logique de séquençage ont été pris en compte pour identifier les premières actions qui seront lancées en année 1.
Elles sont présentées ci-dessous (se référer aux fiches-actions dans les pages précédentes pour les détails).
La Politique Provinciale de Reboisement a souhaité s’appuyer dès 2020 sur les initiatives et actions menées par les acteurs les plus impliqués dans le reboisement, particulièrement les associations locales et les ONG les plus dynamiques dans ce domaine.
Cette approche globale du reboisement se décline des montagnes (forêts humides) jusqu’à la mer (mangroves). L’ensemble des composantes du projet repose sur des solutions pragmatiques et innovantes pour arriver à véritablement protéger ou à restaurer tous les types d’écosystèmes forestiers présents en province Sud.
Parmi les nombreux acteurs qui se mobilisent au quotidien pour sauver et restaurer les forêts calédoniennes, les associations environnementales sont très actives et contribuent à la restauration des écosystèmes et la sensibilisation des publics. C’est pourquoi il a été proposé à neuf d’entre elles de s’associer à l’effort provincial et porter la voix des forêts et des citoyens en tant qu’Ambassadeurs de la Forêt.
ONG internationale qui encourage les initiatives à tous les niveaux (gouvernements, entreprises, associations et particuliers) et développe des partenariats constructifs tant avec les acteurs publics qu’avec les entreprises sur la base de solutions techniques, économiques, et sociales en faveur de la protection de notre planète et la mise en place d’un développement durable.
ONG internationale de conservation de la nature qui cherche à protéger les hotspots de biodiversité, les espaces sauvages à forte biodiversité ainsi que les régions maritimes importantes.
Caledoclean est une jeune association qui œuvre pour la promotion de l'éco-citoyenneté au travers de projets et d'actions écologiques participatives.
Ses actions s’articulent autour d’actions de dépollution, de reboisement, de sensibilisation et de recyclage.
Association environnementale qui agit pour la protection de l'environnement calédonien en :
- développant l'éducation à l'environnement en élaborant des outils éducatifs, scientifiques et culturels au service du patrimoine naturel de la Nouvelle-Calédonie ;
- favorisant la bonne gestion des milieux naturels, acceptée par tous, qu'il s'agisse d'élus, de propriétaires publics, privés, d'associations, et de tout autres usagers ;
- représentant une capacité d'expertise unique dans le milieu associatif ;
- instaurant des partenariats constructifs avec les institutions, les établissements publics et privés, les élus
et les associations de protection de l'environnement ;
- développant le comportement éco-citoyen pour améliorer notre cadre de vie.
Association environnementale qui milite pour la transition écologique afin de de préserver efficacement et durablement le droit à un environnement sain pour toutes et tous y compris pour les plus démuni(e)s et les plus vulnérables au changement climatique. Elle mène des actions en faveur de la protection et de la préservation des mangroves en Nouvelle-Calédonie.
Association de quartier créée en 2018 qui protège et valorise un morceau de forêt sèche d’une surface de 4,5 hectares située au centre-ville de Nouméa.
Association d’intérêt général, fondée en 2001, dont la mission est la préservation de la biodiversité ordinaire et extraordinaire (faune et flore), en France et à l’international. Noé mène des programmes de préservation d’espèces menacées (Palmiers et Conifères) et de conservation d’espaces naturels, ainsi que des programmes d’éducation et d’accompagnement visant à sensibiliser chacun d’entre nous à des comportements plus respectueux de l’environnement.
Association fondée en 2006 autour d’un but : la protection des tortues marines et de leurs sites de pontes sur le littoral de Bourail, en Nouvelle-Calédonie. Cette association réalise aussi des plantations sur le littoral.
Association locale participant activement à des opérations de reboisement organisées avec des partenaires locaux (WWF et Bwärä Tortues Marines) afin de sensibiliser les populations locales, les tribus et le grand public sur la protection des forêts.
Les Ambassadeurs de la Forêt ont été invités à signer avec le province Sud la Charte de l’Arbre et des Forêts, qui inclut notamment un point portant sur la co-création de la politique provinciale de reboisement.
Cette charte vise à partager les valeurs de conservation de la biodiversité mais aussi de respecter la réglementation et collaborer à la connaissance et au suivi des plantations organisées sur le territoire de la province Sud.
Elle permet aujourd’hui de renforcer les liens qui unissent la province Sud aux différents acteurs qui œuvrent dans la protection de l’environnement et de réaffirmer la place du patrimoine environnemental calédonien au cœur de la politique provinciale.
Signature de la Charte de l’arbre et des forêts le 20 mai 2021 avec Sos Mangroves, WWF, Calédoclean, Mocamana, Conservation International, Bwara Tortues Marines, Noé, Mont Vénus, Comité de gestion Azareu.